Les Excentricités du langage/Édition Dentu, 1865/G

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E. Dentu (p. 150-169).
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Gabegie : Mauvais dessein. De l’ancien mot gaberie : tromperie. V Roquefort. — « Assurément, il y a de la gabegie là-dessous. » — Deslys.

Gabelou : Employé des contributions indirectes. — Du vieux mot gabloux : officier de gabelle. V. Roquefort. — « Bras-Rouge est contrebandier… il s’en vante au nez des gabelous. » — E. Sue.

Gadoue : Sale femme. — Du vieux mot gadoue : ordure, fumier. — « Fils, mon fiston, roule ta gadoue, mon homme, ça pue. » — Cat. poissard, 1844. — Rouler veut dire ici Mener plus loin.

Gafe : Soldat de service. — Gafe de sorgue : Patrouille. — Gafer : Guetter. — Gafeur : Sentinelle (Vidocq). — Est-ce une acception figurée du vieux mot gafe : crochet ? — Gafer serait mot à mot accrocher (V. ce mot) les malfaiteurs. C’est une image analogue à celle que présente la raclette. V. ce mot.

Galapiat : Galopin. — Corruption du mot. — « Il dit aux avocats : Vous êtes un tas de galapiats qui vous fichez du monde. » — Balzac.

Gai (Être) : Montrer une gaîté due à un léger excès de boisson.

Galette : Homme nul et plat ; contre-épaulette portée autrefois par les soldats du centre. — « Pour revêtir l’uniforme et les galettes de pousse-cailloux. » — La Bédollière. — Aux écoles militaires, une sortie galette est une sortie dont tous les élèves profitent, même ceux qui sont punis.

Galier : Cheval (Bailly). V. Gayet.

Galifard : « Commissionnaire, saute-ruisseaux qui porte au client les marchandises vendues au Temple. » — Mornand.

Galiotte, Gaye : Partie entamée entre une dupe et deux grecs.

Galons (Arroser ses) : Payer à boire lorsqu’on est promu sous-officier. — « Je ne dis pas que… avec les camarades, pour arroser mes galons. » — Cormon.

Galop : Réprimande énergique. — « Tu as tant fait que ma mère va me donner un galop. » — Champfleury. — Allusion au bruit précipité des paroles.

Galoper : Envahir au galop. Très-expressif et toujours pris au figuré. — « Voilà la peur qui me galope. Qu’est-ce que je pourrai dire ? » — E. Sue. — Galoper : « Travailler à la hâte, bousiller un ouvrage. » — 1808, Dhautel.

Galucher : Galonner. — Corruption de mot. — « J’li ferai porter fontange et souliers galuchés. » — Vidocq. — V. Tirant.

Galuchet : Valet de cartes. — Allusion aux galons de sa livrée. — « Cinq atouts par le monarque son épouse et le galuchet. » — Montépin. — « Qu’est-ce que c’est que ça, galuchet ? — C’est le valet. » — Méry.

Galvaudage : Tripotage. — « Surtout pas de galvaudage ni de chipoteries. » — Balzac. — Se galvauder : Compromettre sa réputation.

gambiller : Danser. — Mot de langue romane. V. Roquefort. — Tout récemment une danseuse du Casino portait le sobriquet de Gambilmuche. V. Coquer. — Gambille : Jambe. Diminutif du vieux mot gambe.

Gamme (Monter une) : Gronder, tancer crescendo.

Ganache : « On dit d’un homme âgé et radoteur : C’est une vieille ganache. » — Dhautel, 1808. — Du vieux mot ganache : grosse mâchoire. V. ce mot. — « Le père ganache ou le père dindon, ou bien encore le compère, c’est le nom d’un emploi dans lequel le père Brunet et Lepeintre jeune ont excellé. Ce type du vieillard imbécile et crédule est une création de Térence. On lui a donné le nom de ganache, à cause des efforts que fait la mâchoire pour articuler des sons. » — Duflot.

Ganache : Ennemi du progrès. — « Il déblatérait contre les ganaches de la Chambre. » — G. Sand.
Ganache : Fauteuil de forme basse. — « Puis s’étant blottie dans une ganache, elle tendit ses jambes. — Achard.

Gandin : Dandy ridicule. Du nom d’un personnage de vaudeville. — « L’œillet rouge à la boutonnière, Les cheveux soigneusement ramenés sur les tempes comme deux gâteaux de pommade, le faux-col, les entournures, le regard, les favoris, le menton, les bottes ; tout en lui indiquait le parfait gandin, tout, jusqu’à son mouchoir fortement imprégné d’essence d’idiotisme. » — Figaro, 1858.

Gandinerie, Gandinisme : Genre du gandin. — « La population du quartier latin aspira à la gandinerie, elle n’eut plus qu’un but, le luxe. » — Le Passé de ces Dames, 1860. — « Le gandinisme, c’est le ridicule dans la sottise. » — G. Naquet.
Monter un gandin : Dans l’armée d’Afrique, c’est essayer de consommer sans payer le cabaretier maltais. » — De Vauvineux. Gandin : Tromperie. — Du vieux mot gandie : tromperie. V. Du Cange.
Gandin d’altèque : Croix, décoration :- (Vidocq).

Gants (Donner pour les) : Donner une gratification en sus du prix convenu — Expression dont l’usage est restreint au monde de la galanterie banale. Prise au dix-septième siècle dans l’acception générale de pourboire. Elle venait de l’espagnol paragante. — « Et le luy rendoit moyennant tant de paragante. » — T. des Réaux.

Gant jaune : « Il n y a plus que deux classes d’hommes en France… ceux qui portent des gants jaunes et ceux qui n’en portent pas. Quand on dit d’un homme qu’il porte des gants jaunes, qu’on l’appelle un gant jaune, c’est une manière concise de dire un homme comme il faut. C’est en effet tout ce qu’on exige pour qu’un homme soit réputé comme il faut. » — Alph. Karr, 1841.

Garçon de cambrouse : Voleur de campagne. — « La cognade a gayet servait le trèpe pour laisser abouler une roulotte farguée d’un ratichon, de Charlot et de son larbin et d’un garçon de cambrouse que j’ai reconobré pour le petit Nantais. » — Vidocq. — Au moyen âge, garson signifiait souvent vaurien. V. Roquefort.

Garde (Descendre la) : Mourir. — « Kléber, un grand mâtin qu’a descendu la garde, assassiné par un Égyptien. » — Balzac.

Garé des voitures : Prudent et rangé. — L’effrayant tohu-bohu de la circulation parisienne devait enfanter ce synonyme.

Gargamelle, Gargoine, Gargue : Gosier. — Du bas latin gargaillus. V. Du Cange. — De là le nom de Gargamelle donné par Rabelais à une gourmande. — Notre langue usuelle a encore Gargariser. V. Taper.

Garibaldi : Courte chemise rouge, petit chapeau de feutre. — Allusion au costume du patriote italien. — « On peut faire le dandy, La vareuse en futaine Et le Garibaldi Sur le coin de l’oreille. » — Le Gai Compagnon maçon, chanson.

Garnafier : Fermier. — Garnafle : Ferme (Vidocq).

Garni : « Un lit en bois peint, une commode en noyer, un secrétaire en acajou, une pendule en cuivre, des vases de porcelaine peinte avec des bouquets de fleurs artificielles sous verre ; cela s’appelle un garni. » — Champfleury.

Gaudineur : Décorateur (Vidocq). — De gaudiner : s’amuser. V. Roquefort. — La gaîté des peintres en bâtiment est proverbiale.

Gaulois : « Autrefois c’était peut-être un compliment à un écrivain que de dire : Vous êtes Gaulois. L’esprit gaulois, c’est-à-dire la belle humeur triviale, est devenu un anachronisme. » — Aubryet.

Gaulé : Cidre (Vidocq). — Mot à mot, boisson gaulée dans les pommiers.

Gaux : Pou (Vidocq).

Gavé, Gaviolé : Ivre (Vidocq). — Mot à mot : gorgé jusqu’au gosier. — Du vieux mot gaviot : gosier. V. Roquefort.

Gavot : Compagnon. V. Dévorant.

Gay : Laid, drôle (Vidocq).

Gayerie : Cavalerie (id.).

gayet, galier : Cheval. — Mot ancien ; car on trouve dans Roquefort le diminutif gaillofre ; mauvais cheval, rosse. V. Garçon.

Gaz (Lâcher le) : Pêter. — Double allusion à la nature et à la mauvaise odeur de l’expulsion. — « D’autres dans un coin, mais sans honte, Lâchent le gaz et font des renards. » — Chansonnier, 1836.

Faire son gaz : Aller à la garde-robe (Dict. d’Argot, 1827.

gazon : Perruque mal peignée, ébouriffée comme une touffe d’herbes.

Gazouiller : Parler. — Mot de langue romane. V. Roquefort. — « Laquelle de tous les deux qu’a le plus de choses dans le gazouillage. » — Vadé, 1788.

Genou : Tête chauve. — « Il ébauchait une calvitie dont il disait lui-même sans tristesse : Crâne à trente ans, genou à quarante. » — Victor Hugo.

Genre : Ostentation. — « Un éteignoir d’argent, pus que ça de genre ! » — La Bédollière. — Monsieur fait du genre : Monsieur fait ses embarras.

Gerber : Juger (Vidocq). — Mot à mot : réunir tous les actes de la vie passée, en faire une gerbe, un faisceau pour l’accusation. — Gerbement : Jugement. V. Manger. — Gerberie : Tribunal. — Gerbier : Juge.

Gerber à la passe : Condamner à mort. — On dit souvent en parlant de la mort : Il faut la passer. — « On va le buter. Il est depuis deux mois gerbé à la passe. » — Balzac.

Gérontocratie : Puissance de la routine et des anciennes idées, représentées au théâtre par le type de Géronte. — « La gérontocratie sous laquelle tout se flétrit en France. » — Balzac.

Giberne (Enfant de) : Enfant de troupe.

Taper sur la giberne : Taper sur le derrière. — Allusion à la place ordinaire de la giberne. — « Je lui détache un coup de pinceau sur la giberne. » — Monselet.

Gigue : Jambe. — Gigot est resté. — Au moyen âge, gigue signifiait cuisse. — « Je me jette sur tous les deux en empoignant le Maître-d’École par une gigue. " — E. Suc. — De là gigoter : remuer les jambes. — « Ils gigotaient sous l’archet de Musard. » — Chauvelot aîné.

Ginginer : Faire une œillade. — « Elle gingine à mon endroit… » — Gavarni.

Gilboque : Billard (Bailly). — Onomatopée.

ginglard : Piquette. — Diminutif du vieux mot ginguet : petit vin fort aigre. V. Roquefort. — « Nous avons arrosé le tout avec un petit ginglard à six qui nous a fait éternuer... oh ! mais, c’était ça. » Voizo, Chanson.

Girofle : Jolie, aimable, bonne. « Montron drogue à sa largue : Bonnis-moi donc, girofle. » — Vidocq. — V. Coquer. — Giroflerie : Amabilité. — De girolle : très-bien.

Girolle : Très-bien. V. Gy.

Gironde : Jolie fille. — Terme de mépris (Bailly).

Girofletter : Souffleter. — De giroflée à plusieurs feuilles : soufflet. — « Ah ! l’a-t-elle giroflettée ! » — Balzac. — « Je vous lui donnai une giroflée a cinq feuilles sur le musiau. » — Rétif, I783.

Girouette : Homme politique dont les opinions changent selon le vent de la fortune. — On a publié depuis 1815 quatre ou cinq Dictionnaires de Girouettes.

Gitrer : Posséder (Vidocq). — Au moyen âge, on trouve gie pour j’ai. V. Roquefort.

Giverneur : Vagabond couchant dans la rue (Vidocq).

Glace, Glacis, Gobbe : Verre à boire (Vidocq). — Le nom de la matière est appliqué à l’objet dans glace. — Glacis est un diminutif. — Gobbe est une abréviation de gobelet.

Glaviot : Crachat. — Le Dictionnaire Dhautel dit Claviot. — De gaviau : gosier. V. Du Cange.

glissant : Savon (Vidocq). — Allusion d’effet.

Gloria : Petit verre d’eau-de-vie versé dans une tasse de café. — « À la chaleur d’une demi-tasse de café bénie par un gloria quelconque. » — Balzac. — « De même que le gloria patri se dit à la fin des psaumes, ce gloria d’un autre genre est la fin obligée d’un régal populaire. » — Encyclopédiana.

Gloria : Demi-demi-tasse. — « Ne fût-ce qu’une absinthe ou un gloria. » — About.

Gnan-gnan : Personnage mou, sans consistance. — Redoublement du vieux mot niant : rien. V. Roquefort. — Gnolle et Gnognote sont des diminutifs. — Talma écrivait à Mme  Bourgoin, le 19 septembre 1825 : « Vous avez prouvé au public et à vos camarades que vous êtes en état de jouer autre chose que des gnans-gnans. »

Gnognote : Chose sans valeur. — « Josepha… c’est de la gnognote. « — Balzac.

Gnolle : Mou, sans force. — « Mais il est si gnole ce gouvernement ! il est si feignant ! si propre à rien. » — Montépin. — « Pas si gnolle, c’est des gosses ». — Rousseliana, 1805.

GNIAFFE : Cordonnier en vieux. — « C’est le cordonnier gniaffe que nous nous sommes proposé surtout de peindre. » — P. Borel.

Go (Parler en) : « Quand les termes qu’il s’agit d’altérer (en argot) sont trop courts pour pouvoir être abrégés, ils reçoivent seulement une terminaison qui en change la physionomie ; là devient lago ; là-bas, labago ; ici, icigo ; Versailles, Versigo. » — Marty Laveau. — (V. Mar, Man, Rama, Lem.)

GOBER (La) : Mourir, avaler une bourde, être victime d’un accident. — « Ce poltron-là, c’est lui qui la gobe le premier. » — L. Desnoyer — « Si bien que j’suis dupé, C’est moi qui la gobe. » — Chanson, 1854. — V. Esbigner.

GOBESON : Calice (Vidocq). — Diminutif de Gobbe.

GOBICHONNADE, NAGE : Régal, festin. V. Bitture. — « En avant la gobichonnade ! « — Labiche.

Gobichonner : Se régaler. — Diminutif du vieux mot gobiner qui avait le même sens. V. Roquefort. — « Il se sentit capable des plus grandes lâchetés pour continuer à bien vivre... à gobichonner de bons petits p]plats soignés. » — Balzac.

Gobichonneur : Gourmand — « Le roi, le triomphateur des gobichonneurs. » — La Bédollière.

GOUTTE : Ration d’eau-de-vie que les soldats boivent habituellement le matin avant l’appel, et les ouvriers avant l’heure du travail. — Allusion à la petite dose (goutte) d’alcool qu’on prend ou qu’on est censé prendre. — « J’appelis ma mère qui buvait sa goutte au P’tit trou. » — Rétif, 1783. — « Mais pourvu qu’on paie la goutte aux anciens, N’est-ce pas, colonel ? » — Gavarni.

Goddem : Anglais. — « Un gros Auvergnat piqué jusqu’au vif, Au Goddem mettant le poing sous le pif. » — Festeau. — M. Fr. Michel trouve godon dans les Poésies de Crétin, 1513. — « Cryant qui vive aux godons d’Angleterre. » — Mais Godon signifie là glouton et non goddem. V. Du Cange.

Godiller : Arriver au paroxysme du désir. — Diminutif de gaudir : se réjouir. V. Roquefort. — Louis Festeau a chanté Monsieur Godillard.

Gonze, Gonzesse : Homme, femme. V Regout, Raleur. — Pris souvent dans le sens de Bourgeois à dépouiller. — « Mais votre orange est fichée. Elle n’a point de queue ? — Allez donc, gonze. » — Vadé, 1788.

Goguette : Société chantante. — Au moyen âge, ce mot signifiait Amusement, réjouissance. — « Il y a environ trois cents goguettes à Paris, ayant chacune ses affiliés connus et ses visiteurs. L’entrée de la goguette est libre. » — Berthaud. — L’affilié de la goguette est un goguettier.

Goguenot : « Grand quart, vase de fer-blanc de la contenance d’un litre dont se munissent les troupiers d’Afrique. Il va au feu, sert à prendre le café, s’utilise comme casserole et comme gobelet. » — De Vauvineux.

Goguenot : Baquet servant de latrines portatives. — « La meilleure place, la plus éloignée de la porte, des vents coulis et du goguenot ou thomas. » — La Bédollière.
Goguenaux : Lieux d’aisance. — « Il fumera dans les goguenaux aux jours de pluie. » — La Cassagne.

gogo : Dupe, homme crédule, facile à duper. — Abréviation du vieux mot gogoyé : raillé, plaisanté. V. Roquefort. — Villon paraît déjà connaître ce mot dans la ballade où il chante les charmes de la grosse Margot qui… « Riant, m’assit le point sur le sommet, Gogo me dit, et me lâche un gros pet. » — « C’est en encore ces gogos-là qui seront les dindons de la farce. » — E. Sue. — « Avec le monde des agioteurs, il allèche le gogo par l’espoir du dividende. » — F. Deriège.

Gosse, Gosselin : Enfant, enfant mort-né. Quelquefois aussi, c’est un synonyme de jésus.

Goualer : Chanter. — Vient, comme gueuler, du vieux mot goule (gula) : gosier. — Goualeur, leuse : Chanteur, teuse.

Gouape, peur, peuse : Débauché, coureur. — On trouve dans Horace vappa, avec le sens de vaurien. — Vigneul-Marville (dix-septième siècle) dit qu’il y a en Espagne de jeunes seigneurs appelés guaps qui ont rapport à nos petits-maîtres. — « Pauvre Depuis, marchand de vin malheureux, que de gouapeurs trompèrent ta confiance ! » — Monselet. — En 1836, J.-E. Aubry a fait une chanson intitulée : le Gouappeur, très-complète comme physiologie.

Gouêpeur : Vagabond. — « Sans paffes, sans lime, plein de crotte, aussi rupin qu’un plongeur, un soir un gouêpeur en ribotte tombe en frime avec un voleur. » — Vidocq. — « Quant aux vagabonds adultes qu’on désigne en style d’argot des goêpeurs. » — M. Christophe. — « Je couchais les bonnes nuits dans les fours à plâtre de Clichy en vrai gouêpeur. » — E. Sue.
Gouape : Débauche. — « Mes amis, unissons nos voix pour le triomphe de la gouape. » — L. Reybaud. — « J’aime mieux jouer la poule. — Parce que t’es un gouêpeur, mais ceux qui préfèrent le sentiment la gouape, c’est pas ça. » — Monselet.
Gouêper : « J’ai comme un brouillard d’avoir gouêpé (vagabondé) dans mon enfance avec un vieux chiffonnier. » — E. Sue.

Gougnotte, Gousse : Tribade. — D’où les verbes gougnotter et gousser.

Goujon (Avaler le) : Mourir. — Quoi qu’on dise et quoi qu’on fasse, il faut avaler le goujon. » — 1815, Francis. — Se dit aussi pour Tomber dans un piège.

Goulu : Poêle (Vidocq). — Il avale beaucoup de bois.

Goupiner : Voler. V. Estourbir, Butter. — « Voilà donc une classe d’individus réduite à la dure extrémité de travailler sur le grand trimar, de goupiner » — Cinquante mille voleurs de plus à Paris, Paris, 1830, in-8. — « J’ai roulé de vergne en vergne pour apprendre à goupiner. » — Vidocq.

Gourdement : Bien, beaucoup. V. Pavillonner, Artie.

Goureur : « Les goureurs sont de faux marchands qui vendent de mauvaises marchandises sous prétexte de bon marché. — Le faux marin qui vend dix francs des rasoirs anglais de quinze sous… goureur. — Le chasseur d’Afrique qui rapporte d’Alger des cachemires… goureur. — L’ouvrier qui a trouvé une montre d’or et qui veut la vendre aux passants… goureur. — A. Monnier.

Gouspin : Mauvais gamin. — Diminutif du vieux mot gous : chien. — « Quarante ou cinquante jeunes gouspins bruyants et rageurs. » — Commerson.

Gousse : V. Gougnotte. — Mot à mot : chienne.

Gousset percé (Avoir le) : n’avoir pas un sou en poche. — « Comment faire quand on a le gousset percé » — Letellier, Chanson, 1839.

Goye : Dupe, niais. — Signifie depuis longtemps Chrétien chez les juifs. — « Le goye te mire, le pante te regarde. » — Monselet.

Graillonner : Parler (Vidocq). — Diminutif du vieux mot grailler : croasser. V. Roquefort.

Graillonneur : Homme qui expectore souvent. — « Comme c’est ragoûtant d’avoir affaire avant son déjeuner à un graillonneur pareil ! » — H. Monnier.

Grain (Écraser un) : Boire la goutte. Plus applicable à l’alcool dans lequel on conserve quelques grains de verjus. — « Est-ce que nous n’écrasons pas un grain ? » — La Bédollière.

Graine d’épinards : Épaulette d’officier supérieur. — Avant d’avoir quitté la branche, ces graines ressemblent en effet assez aux grosses torsades d’épaulettes. — « Les grands qui viennent au monde avec des épinards d’amiral sur l’épaule. » — L. Desnoyer. — « Graine d’épinards à part, les officiers du 101e sont tous supérieurs. » — Noriac.

Graisse : Argent. — Il y a gras, il y a de la graisse : Il y a un bon butin à faire. — « Il n’y a pas gras ! » — Gavarni.

Voler à la graisse : Se faire prêter sur des lingots d’or et sur des diamants qui ne sont que du cuivre et du strass. (Vidocq).
Graisser la marmite : Payer sa bienvenue. — À mon régiment, M’fallut graisser la marmite, Et j’n’ai plus d’argent. » — Vachelot, Chansons, 1855.
Graisser la patte : Remettre une somme de la main à la main, corrompre.
Graisser ses bottes : Se préparer au départ, et au figuré : Être près de mourir.

Grand Turc : Le Grand Turc et Le roi de Prusse jouissent d’un égal degré de la faveur d’être employés lorsqu’il s’agit d’une fin de non-recevoir. — « Ma chère, il pense à toi comme au Grand Turc. » — Bal : zac. — « A qui voulez vous que je le dise donc ? au Grand Turc ? » — Murger.

Gras (Parler) : Tenir des propos grivois (1808, Dhautel).

Gras-double : Feuille de plomb (Vidocq). — Allusion à la facilité avec laquelle on la roule. — Gras-doublier : Voleur de plomb. C’est sur les toits qu’il exerce ordinairement. V. Limousineur.

Gras (Il y a) : V. Graisse, Train. — « Faire tant d’embarras, Quand dans le gousset y n’i a pas gras. » — Metay, Chansons.

Gratte : Abus de confiance. — « Il y a de la gratte là-dessous. » — La Correctionnelle.

Gratter : Voler. — « Au diable la gloire ! il n’y a plus rien à gratter. » — M. Saint-Hilaire.
Gratter : Arrêter (Vidocq). V. Raclette.

Gratte-couenne : Barbier. — Mot à mot : gratte-peau.

Gratte-papier : Fourrier. — Allusion à ses fonctions de scribe. V. Rogneur.

Grattoir : Rasoir (Vidocq). — Il gratte l’épiderme. — Grattouse : Dentelle. — Elle gratte aussi légèrement la peau.

Grêle : Tapage (Bailly) — Allusion au bruit de la grêle.

Grenadiers (Tirer aux) : V. Tirer.

Grenadier : Pou. V. Négresse.

Greffier, Griffon : Chat. — Mot à mot : qui griffe.

Grenasse : Grenier. — Grenu : Blé. — Grenuche : Avoine. — Grenuse : Farine (Vidocq). — Tous ces mots dérivent de grain, comme les mots usuels de grenier, grenaille, etc. Le choix des désinences est remarquable par une sorte d’harmonie imitative. Grenuche indique bien les petites aspérités de l’avoine, et grenuse fait sentir la douceur de la farine.

grenouille : Caisse, trésor. — « Il tenait la grenouille. » — Vidal, 1833.

Manger ou faire sauter la grenouille : Dissiper les fonds dont on est dépositaire. V. Crapaud. — « Il a fait sauter la grenouille de la société. » — L. Reybaud.

Grenouiller : Boire beaucoup d’eau.

Griller une (En) : Fumer une cigarette. — « Passe-moi du tabac que j’en grille une. » — Lem. de Neuville.

Grinche, chisseur : Voleur. — « Après avoir choisi l’écrin, Le grinche paie le joaillier. » — Paillet.

Grinchir : Voler (Vidocq). V. Turbinement, Plan, Douille, Affranchir. — Grinchissage : Vol. V. Parrain.

Grispis : Meunier. — Du vieux mot griper : prendre. — Les meuniers ont souvent passé pour des accapareurs.

Gris : Vent froid (Bailly). — Mot de la langue romane. V. Roquefort. — La bise est la sœur du gris. On dit encore souvent : un froid noir.

Grises (En faire voir de) : Se jouer de quelqu’un, lui faire voir des choses qu’il ne peut démêler. « Ma tante Aurélie qui disait l’autre jour à maman qu’elle t’en ferait voir des grises… » — Gavarni.

Grive : Garde, patrouille (Bailly). — Grivier : Soldat. — Dans le vieil argot, grive signifiait armée comme on le voit ici. — « Les drilles ou les narquois, en revenant de la grive, en trimardant, quelquefois basourdissent les ornies. » — Vidocq. — Grive est donné par Roquefort comme synonyme de méchante, fâcheuse (on dit encore Griève). — Mot à mot, un grivier est donc pour les voleurs un vrai fâcheux. V. Cigogne.

Corps-de grives : Corps-de-garde. — Harnais de grives : Équipement militaire. — On sait qu’au moyen âge, harnais signifiait armure.

Grognard : Le grognard d’aujourd’hui et le vieux grognard d’autrefois, ce vieux de la vieille, comme on dit encore en parlant des nestors de la garde impériale. » — M. Saint-Hilaire. — Allusion à l’humeur grognonne des vétérans.

Groom : Petit valet. — « Savez-vous ce que c’est qu’un petit groom ? Eh bien ! c’est un petit bas des reins qu’est pas plus haut que ma botte, et qui trotte comme une ablette. » — Festeau.

Grouchy (Petit) : « Article arrivé en retard à l’imprimerie. » — Balzac. — Allusion à la tradition populaire, mais contestable, qui impute à Grouchy le retard de sa marche sur Waterloo.

grue : « Pour qualifier une fille aux jambes maigres aux gros yeux à fleur de tête, à l’intelligence épaisse, on dit : C’est une grue. » — Scholl. — « Mme  Croquoison : Nous sommes tous des grues. » — Le Rapatriage, parade du dix-huitième siècle.

Guêtres (Tirer ses) : Détaler. — « Cadet, tire au loin tes guêtres, au lieu de m’approcher. » Cabassol. — « Fuyons, tirons nos guêtres. » — Le Rapatriage.

Gueulard : Braillard. — Gueulard : Gourmand. — « La gourmandise a aussi une place d’honneur dans le cœur de l’écolier ; mais comme c’est un vice réclamé par les moutards, la honte de paraître gueulard comme eux en arrête la manifestation. » — H. Rolland. — Gueulardise : Friandise. — Gueulard : poêle (Vidocq). V. Goulu. — Gueulard : Sac (id.). — Du vieux mot gueulle : gibecière, bourse (Roquefort). — Ce dernier sens confirme encore ce que nous avançons pour chanter. V. ce mot. L’homme qui chante ouvre sa gueule.

GUEULE : Bouche. — « Il faudrait avoir une gueule de fer-blanc pour prononcer ce mot. » — P. Borel, 1833. — Gueule fine : Palais délicat. — « Un régime diététique tellement en horreur avec sa gueule fine. » — Balzac. — Fort en gueule : Insulteur. — Sur sa gueule : Friand. — « L’on est beaucoup sur sa gueule. » — Ricard. — Faire sa gueule : Faire le dédaigneux. — Casser, crever la gueule : Frapper à la tête. — « Tu me fais aller, je te vas crever la gueule. » — Alph. Karr. — Gueuler : Crier. « Leurs femmes laborieuses, De vieux chapeaux fières crieuses, En gueulant arpentent Paris. » — Vadé, 1788.

GUEULETON : Repas plantureux, dont on a plein la gueule. — Gueuletonner : Faire un gueuleton. — « Je ne vous parle pas des bons gueuletons qu’elle se permet, car elle n’est pas grasse à lécher les murs. » — Vidal, 1833. — « Chacun d’eux suivi de sa femme, À l’Image de Notre-Dame, firent un ample gueuleton. » — Vadé, 1788.

GUEUSARD : Petit gueux, amicalement parlant. — « Appelle-moi gueusard, scélérat, lui dis-je. » Amours de Mathieu, chanson, 1832. — « Et vous flânez souvent, gueusard » — E. Sue. — Pris aussi en mauvaise part : « Les gueusards ! ils n’ont pas seulement le courage de faire leurs mauvais coups. » — E. Sue.

Gueux : « Que j’en ai gagné de c’te gueuse d’argent ! » — H. Monnier. — Pris en bonne part.

GUEUX : « Les dames des halles se servent toutes de chaufferettes et de ces horribles petits pots en grès qu’on nomme des gueux. Elles les posent sur leurs genoux pour se réchauffer les doigts. » — P. d Anglemont.

Guibolle, Guibbe : « Guibolles, c’est ce que vous nommez jambettes, petites jambes. » — Mélesville. — Du vieux mot guiber : se débattre des pieds.

Guichemar : Guichetier (Vidocq). V. Mar.

guimbarde : Vieille voiture, grosse voiture a quatre roues. — « Monsieur, pourquoi votre guimbarde n’est-elle pas prête ? " — Cormon.

Guignolant : Malheureux. — « Ce n’est t’y pas guignolant, Rien qu’en balais Je me ruine en frais. » — Ch. Voizo, Chanson. — Vient de Guignon.

guinal : Juif (Vidocq). — Mot à mot : circoncis. — Guinaliser : Circoncir. — Du latin inguen, inguinis : partie située entre les deux aines. — Allusion à l’opération de la circoncision.

guitare : Rengaine. — Terme inventé par les Romantiques qui voulurent réagir contre l’école des Troubadours classiques de 1820. Chaque volume de vers était alors précédé du portrait de l’auteur drapé dans un manteau à grand collet et faisant vibrer son luth (guitare classique) au milieu de ruines éclairées par la lune. — « On désigne au théâtre sous le nom de guitare une sorte de plainte incessante, revenant comme une mélopée, le son monotone d’une guitare modulant un rhythme triste et sans fin » — Duflot.

Gy, Girolle : Oui, bien, très-bien (Vidocq). — Il est à noter qu’autrefois giz voulait dire non. V. Roquefort.