Les Excentricités du langage/Édition Dentu, 1865/D

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E. Dentu (p. 102-116).
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Dabe : Dieu. — « Mercure seul tu adoreras comme dabe de l’entrollement. » — Vidocq.

Dabe : Père. — Dabuche : Mère. — Dabuchette : Jeune mère, belle-mère.
Dabe : « C’est notre dabe, notre maître. » — Balzac.
Grand dabe : Roi. — « Mais grand dabe qui se fâche dit : Par mon caloquet. » — Vidocq.
Dab de la cigogne : Procureur général. — « On vient me chercher de la part du dab de la cigogne. » — Balzac.
Dabot : Préfet de police.
L’étymologie de dabe est incertaine. Il est à noter que Dam avait au moyen âge la même signification.

Dada (À) : À cheval. — « V’là z’une belle amazone à dada. » — 1810, Désaugiers.

daim : Niais, dupe. — « L’une des grandes finesses des garçons de restaurant, quand ils servent un homme et une femme dans un cabinet, est de pousser à la consommation… persuadés que le daim n’osera refuser aucune dépense en présence de celle à qui il veut plaire. » — La Fizelière. — V. cocodès. — Il est possible que Daim soit une abréviation de dindon. V. ce mot.

Daims huppés : Bourgeois riches. — « Il y a de l’argent à gagner, c’est des daims huppés.» — E. Sue. — V. Coup.

Dale : Argent. — Abrév. de rixdale, ancienne monnaie allemande. — « Faut pas aller chez Paul Niquet, Ça vous consume tout vot’ pauv’dale. » — P. Durand, vaudeville, 1836.

Dalle : Bouche. — Comparaison de la bouche à la pierre d’évier (appelée dalle en beaucoup de cuisines). Cette pierre est percée d’un trou qui sert comme le gosier à l’écoulement des liquides. V. Rincer.

Dandysme : « Cette fatuité commune à tous les peuples chez lesquels la femme est quelque chose n’est point cette autre espèce qui, sous le nom de dandysme, cherche depuis quelque temps à s’acclimater à Paris. L’une est la forme de la vanité humaine, universelle ; l’autre d’une vanité particulière et très-particulière : de la vanité anglaise… Voilà pourquoi le mot dandysme n’est pas français. Il restera étranger comme la chose qu’il exprime… Bolingbroke seul est avancé, complet, un vrai dandy des derniers temps. Il en a la hardiesse dans la conduite, l’impertinence somptueuse, la préoccupation de l’effet extérieur et la vanité incessamment présente. Enfin, il inventa la devise même du dandysme, le nil mirari de ces hommes qui veulent toujours produire la surprise en gardant l’impassibilité.» — B. d’Aurevilly.

Danse : Grêle de coups. — Allusion ironique aux piétinements forcés de la lutte. — « Je prends le sabre. — C’est dit, et à quand la danse ? » About. — « Donner une danse : Casser les épaules à coup de bâton.» — Dhautel, 1808.

Faire danser : Battre. — « Tu vas me payer l’eau d’aff, ou je te fais danser sans violons. » — E. Sue.
La danser : Être battu. — « Ah ! je te tiens et tu vas la danser. » — Id.
La danser : Être maltraité en paroles. — « Quiconque poussait les enchères était empoigné, témoin une jeune fringante qui la dansa, mais tout du long. » — Vadé, 1788.

Danser : Payer. — Mot à mot : danser de ses écus. — « C’étaient d’assez bons pantres. Enfin ils savaient danser. » — De Lynol.

Faire danser : Dissiper. — « Et je me mets à faire danser mes 300 francs. Ça été mon grand tort. » — Id.
Danser de : Se mettre en frais de… — « Je dansais pour c’te reine d’un joli châle tartan. » — A. Cahen, Chansons.
Danser devant le buffet : N’avoir rien à manger. — « Tu bois et négliges ta besogne, Tu me fais danser devant le buffet. » — Aubry, Chansons. — « Nous faudra danser sans musique devant le buffet, aux heures des repas. » — Chansons, Clermont, 1835.

Dardant : L’amour. — C’est l’archerot de nos anciens poètes, c’est Cupidon dardant son trait. — « Ici-caille est le théâtre Du petit Dardant ; Fonçons à ce mion folâtre Notre palpitant. » — Grandval, 1723. — V. Coquer.

Dar-dar : Tout courant. — « Qu’il vienne tout de suite ! — Oui, dar-dar… » — Labiche. — Même racine que le mot suivant. Dar (dare) serait l’impératif de darer.

dariole : Coup. — De l’ancien verbe darer : lancer vivement. V. Roquefort. — « V’là que je vous y allonge une dariole Qu’i r’pare avec son nazaret ; Le raisinet Coulait D’son nez comm’ une rigole. » — Le Casse-Gueule, ch., 1841.

Daron, Daronne : Père, mère. — Daron de la rousse : Préfet de police. — Daronne du mec des mec : Mère de Dieu. V. Rebâtir.

Débacler : Ouvrir (Vidocq).

Déballage (Être volé au) : Reconnaître dans les charmes d’une femme aimée autant d’emprunts décevants faits aux ressources de la toilette. — « Il est accablé de rhumatismes ce qui le fait ressembler, au déballage, à ces statuettes que vous avez sans doute remarquées dans la vitrine des bandagistes. » — Monselet.

Débinage : Médisance. — « Compliments désagréables, indiscrétions et débinages. » — Commerson.

Débiner : Médire. — « On le débine, on le nie, on veut le tuer. » — A. Scholl.

débine : Mot qui signifie déchéance, misère, pauvreté (Dhautel, 1808). — « La débine est générale, je suis enfoncé sur toute la ligne. » — Montépin.

Se débiner : Disparaître. — « Quant à moi, je maquille une aff après laquelle j’espère me débiner pour m’éloigner de la rousse. » — Patrie du 2 mars 1852.

Débloquer : Lever une consigne. V. Bloquer.

Déboucler : Faire sortir de prison (Vidocq).

Débrider : Ouvrir (Vidocq). — Débrider les chasses : Ouvrir l’œil. V. Temps. — Débridoir : Clef.

Débrouiller (Se) : Vaincre les obstacles. — Usité dans la marine, où un homme qui se débrouille est un homme aguerri qui sait son métier.

Décaniller : Décamper. — Mot à mot : sortir du chenil (canil). V. Roquefort. — « Ils ont tous décanillé dès le patron-jacquette. » — Balzac.

Décarade, Carrement : Départ. — Jorne du décarement : Jour de la mort. V. Bachasse.

Décarcasser (Se) : Agir activement. — Mot à mot : remuer sa carcasse.

Décarer : Partir. Mot à mot : se faire voiturer dehors. V. Car, Roquefort. — « Faut décarer. Ces gens la veulent m’assommer. — « Dialogue entre Charles X et le duc de Bordeaux, chanson, 1832.

Décatir (Se) : S’user, s’enlaidir. — Allusion au décatissage des tissus. — « Elle sentait la pane venir, elle se décatissait. — Les Étudiants, 1860.

Décavé : Homme ruiné, qui n’a plus de quoi caver à la roulette. — « A Bade, les décavés vivent sur l’espérance aussi somptueusement que les princes de la série gagnante. » — Villemot.

Dèche : Ruine, misère. — Abrév. de déchet. — « Elles se présentent chez les courtisanes dans la dèche. » — Paillet. — « Sans argent dans l’ gousset, C’est un fameux déchet. , — Chansons, Avignon, 1813.

Décompte (Recevoir son) : Mourir. — Dans l’armée, on ne quitte pas le service sans toucher son décompte. — « Tué raide sur le champ de bataille, le beau tambour-major avait, pour parler en style de bivouac, reçu son décompte. » — Ricard.

Décrocher : Retirer du Mont-de-Piété. V. Clou. — On dit aussi Déclouer. — « Les révolutions m’ont réduite à mettre au clou les diamants de ma famille… faudra que tu me décroches ça, mon chéri. » — Lefils. — « M. Auguste s’habille au décroche moi cela ; ce qui veut dire en français chez le fripier. » — P. d’Anglemont — « Au Temple, un Décrochez-moi ça est un chapeau de femme d’occasion. — J’ai vu au carré du Palais-Royal (du Temple) des Décrochez-moi ça qu’on eût pu facilement accrocher au passage du Saumon. » — Mornand.

Décrocher : Faire tomber d’un coup de fusil.

Dedans (Mettre) : Mettre en prison (Dhautel, 1808).

Mettre dedans : Tromper. — « Il met les gabelous joliment dedans. On a descendu plus de vingt fois dans sa cassine, jamais on n’a rien trouvé. » — E. Sue. — « Serais-je pris pour dupe ! — Eh ben ! conv’nez que vous êtes d’dans. » — Vadé, 1756.
Être dedans (dans les vignes) : Être ivre. — « Quand on trinque avec une fille aimable Il est permis de se mettre dedans. » — Désaugiers.
Voir en dedans a la même signification, mais non la même racine. Il s’applique aux ivrognes illuminés qui se tiennent eux-mêmes de longues conversations. V. Cocarde.

Défargueur : Témoin à décharge. — Du vieux mot fardage : fardeau. V. Roquefort.

Défleurir la picouse : Voler du linge qui sèche sur une haie. — Allusion à la couleur tranchante des objets étendus et aux épines de la haie.

Défourailler : Sortir de prison. — Du vieux mot defors : dehors. V. Babillard.

Défrimousser : Dévisager. V. Frime.

Défrusquer : Déshabiller. V. Frusque.

Défriser : Désappointer. — « Ce qui nous défrise, c’est que je suis retenu. » — P. Lacroix.

Dégel : Mortalité. — « Il y aura un rude dégel. » — Watripon. — On connaît les effets dissolvants du dégel.

Dégelée : Volée de coups. — Il y a une chanson de V. Gaucher intitulée la dégelée de 1854, ou la Prise de Bomarsund. — Une volée dégèle ordinairement ce lui qui la reçoit.

Dégommer : Destituer. — « Réélu ! — Dégommé ! » — Gavarni.

Dégommé : Fané, terni. — « Je me rouille, je me dégomme. » — Labiche.
Se dégommer : S’entre-tuer. — « Napoléon, c’vieux grognard, D’ces jeux où l’on se dégomme En queuqu’s mots résumait l’art. » — Festeau.

Dégotter : Surpasser. On disait en 1808 dégoutter, c’est-à-dire : être placé au-dessus de quelqu’un, dégoutter sur lui. V. Dhautel. — « Quel style ! Ça dégotte Mme  de Sévigné. » — Labiche.

Dégouliner : Couler doucement. — Onomatopée. — « V’là au moins la vingtième (larme) qui dégouline sur ma joue. » — Ricard.

Dégouté (Pas) : Ambitieux. — « Se dit en plaisantant d’un homme qui sans avoir l’air de choisir, prend le meilleur morceau. » — Dhautel, 1808. — « Belle dame, vous êtes joliment jolie ce soir ! je souperais fièrement avec vous. — « Tu n’es fichtre pas dégoûté. » — Gavarni.

Délicoquentieusement : Délicieusement. — « Pour y retrouver un Arthur délicoquentieusement séducteur. » — Ed. Lemoine. — V. Supercoquelicantieux.

delige : Voiture publique (Vidocq). — Abrév. de diligence.

Demain : Jamais. — Terme ironique. — Demain ne sera jamais aujourd’hui.

Démancher (Se) : Se donner grand mouvement. — « Et d’la façon dont j’me démanche, On nous verra requinqués à la papa. » — Duverny, Chanson, 1813.

Démaquiller : Défaire. V. Maquiller.

Déménager : Faire des extravagances, agoniser. — Ces deux sens étaient connus de Dhautel.

Demi-aune : « Il y avait deux heures que je tendais ma demi-aune sans pincer un radis. » — Luc Bardas.

Demi-monde : Une femme demi-monde est celle qu’on appelait en 1841 une femme déchue, — née dans un monde distingué dont elle conserve les manières sans respecter les lois. Le succès d’une pièce de Dumas fils a créé le nouveau mot. On a créé par analogie ceux de meilleur monde, et de quart de monde. — « On écrit en toutes lettres que vous régnez sur le demi-monde. — C’est fort désagréable pour moi. » — A. Second.

Demi-stroc : Demi-setier (Vidocq). — Diminutif corrompu du même mot.

Démoc-soc : Démocrate socialiste. — Abréviation. — Messieurs les Démocs-socs, vous voyez si vos menaces m’ont effrayé. » — Chenu.

Démolir : Maltraiter quelqu’un en actes, en paroles, en écrits. — « Deux champions prononçant la phrase sacramentelle : Numérote tes os que je les démolisse. » — Th. Gautier, 1845. — « Ruffard la dansera, c’est un raille à démolir. » — Balzac. — « On démolissait Voltaire, on enfonçait Racine. » — L. Reybaud.

Démorganer : Se rendre à une observation. — Mot à mot : perdre de sa morgue.

Dépioter : Enlever la peau. — « Si monsieur croit que c’est commode… on se dépiote les pouces. » P. de Kock.

Déplanquer : Exhiber (Vidocq). V. Vague.

Déralinguer : Mourir. — Terme de marine.

Dernier (Avoir le) : Avoir le dernier mot. V. Double.

Dernier de M. de Kock : « Ce mot a signifié cocu pendant quinze jours. En ce temps, il venait de paraître un roman de M. Paul de Kock intitulé le Cocu. Ce fut un scandale merveilleux… Il fallait bien pourtant se tenir au courant et demander le fameux roman. Alors (admirez l’escobarderie !) fut trouvée cette honnête périphrase : Avez-vous le dernier de M. de Kock ? » — Th. Gautier. — « Le mari. — Et de cette façon je serais le dernier de M. de Kock, minotaure, comme dit M. de Balzac. » — Id.

Descendre : Tuer, faire tomber. — « J’ajuste le Prussien et je le descends » — M. Saint-Hilaire.

Descendre la garde : Mourir. — Mot à mot : n’être plus de service. — « Amis, quand la camarde M’fera descendre la garde. » — Festeau.

Désentifler : Divorcer. V. Antifler.

Dessaler (Se) : Boire.

Détaffer : Aguerrir. V. Taffe.

Détail (C’est un) : C’est un accident grave. — Ironie parisienne… Annoncez qu’un tel s’est cassé le bras, a perdu cinquante mille francs, etc., on vous répondra toujours : C’est un détail !

Détaroquer : Démarquer (Vidocq). — Du vieux mot taroter : marquer. V. Roquefort.

détourner : Voler dans l’intérieur d’une boutique. — « Parmi les détourneurs, on distingue : 1° les grinchisseuses à la mitaine, assez adroites de leur pied pour saisir et cacher dans de larges pantoufles les dentelles et les bijoux qu’elles font tomber (on appelle mitaine leur bas qui est coupé pour laisser aux doigts leur liberté d’action) ; 2° les enquilleuses, femmes cachant des objets entre leurs cuisses (quilles) ; 3° les avale tout cru, cachant les bijoux dans leur bouche ; 4° les aumôniers, jetant le produit de leur vol à de faux mendiants. » — Vidocq. — Ces genres de vol constituent le vol à la détourne.

Deuil (Ongle en) : Ongle cerné d’une crasse noire. — « J’aurai l’air d’être en deuil depuis la cravate jusqu’aux ongles, inclusivement. » — A. Second.

Faire son deuil : Se passer. — « Tu vas faire ton deuil de me voir avant deux ou trois heures. » — L. Reybaud.

Déveine : Malheur constant. V. Veine. — « Il paraît que la banque est en déveine. » — About.

Dévidage : Discours aussi long que le dévidage d’un écheveau.
Dévidage à l’estorgue : Acte d’accusation.

Dévider : Avouer. V. Bayafe. — On dit communément dévider son chapelet. — Dévider à l’estorgue : Mentir. — Dévideur : Bavard (Vidocq).

Dévorant : Compagnon. — « Je ne suis pas un dévorant, je suis un compagnon du devoir de liberté, un gavot. » — Biéville.

Digue-digue : Attaque d’épilepsie. — De dinguer : tomber. V. Camboler.

dijonnier : Moutardier (Vidocq). — Dijon est la capitale de la moutarde.

dindon : Niais, dupe. — « J’ne veux pas être le dindon de vos attrapes. » — Vadé, 1788. — Mari dindon : Mari trompé. — « Il est le dindon de la farce ; il est seul dupe dans cette affaire. » — Dhautel, 1808. — V. Gogo.

Dindonner : Duper. — « Je n’ai jamais été chiche avec les femmes, mais je n’aime pas à être dindonné. » — E. Sue.

Dinguer : Tomber. — Envoyer dinguer : Jeter à terre.

Dix-huit : « Le fabricant de dix-huit s’appelle le riboui… Le dix-huit n’est pas un soulier remonté ou ressemelé, c’est plutôt un soulier redevenu neuf : de là lui vient son nom grotesque de Dix-huit ou deux fois neuf. Le dix-huit se fait avec les vieilles empeignes et les vieilles tiges de bottes qu’on remet sur de vieilles semelles retournées, assorties, et qui, au moyen de beaucoup de gros clous, finissent par figurer une chaussure. » — P. d’Anglemont.

Dixième (Passer au) : Devenir fou. — Terme usité parmi les officiers d’artillerie. Frappés du nombre des camarades que leur enlevaient des attaques subites d’aliénation mentale, ils disent : Il est passé au dixième (régiment), pour montrer combien ils sont décimés par des pertes sur lesquelles l’étude des sciences exactes n’est pas, dit-on, sans influence.

Doctrinaire : « On donne ce nom à une secte de gens bilieux, mais enchantés d’eux-mêmes, qui avouent que rien n’est plus raisonnable que leur propre raison. » — Ch. Blanc, 1844.

Dodo : Lit. — Redoublement de la première syllabe de Dormir. « Dans le dodo jusqu’à midi, Je reste en attendant l’appétit. » — La Femme comme on en voit peu, chanson, 1789.

Faire dodo : Dormir.

Doigt dans l’œil (Se fourrer le) : S’abuser, ne pas bien voir les choses. Le nom de la cause est donné à l’effet. — « Il s’est un peu fourré le doigt dans l’œil, le brave garçon. » — De Goncourt. — Se fourrer le doigt dans l’œil jusqu’au coude : Se faire de grandes illusions.

domino : Dent. — Allusion de forme et de couleur. Pris en mauvaise part. — Quel jeu de dominos se dit de dents longues et jaunes. — Les jolis petites dents sont des quenottes ou des loulouttes. — « Jouer des dominos signifie manger. » — Balzac.

Boîte aux dominos : Cercueil. — Domino est pris ici pour os. Il y a de plus quelque analogie d’aspect, car la forme du cercueil, comme celle de la boîte, est oblongue. — « Puisqu’on va l’un après l’autre Dans la boite aux dominos. » — E. Aubry, Chanson.

Donner une affaire : Céder les renseignements propres à commettre un vol.

Se la donner : S’enfuir.

Dont auquel : Auquel rien n’est comparable. — « Car moi je suis un militaire dont auquel. » — Vadé, 1756.

Dormir debout (Pied à) : Pied démesurément large et long. — « Votre général qui a des pieds à dormir debout. » Gavarni.

Dos (Scier le) : Importuner. V. Scier. — « Moi, ça me scie le dos. » — Rétif, 1782.

En avoir plein le dos : Être assommé d’ennui. — « Tu sais que j’ai de la maison plein le dos ? » — Désaugiers.

Dossière de satte : Chaise de bois. — Dossière : Prostituée de dernier ordre. — Mot à mot : femme sur laquelle tout le monde peut s’asseoir. V. Calège.

Double : Sergent-major, maréchal des logis chef. L’insigne de ce sous-officier est un double galon. — « Si son double un soir pris d’humeur noire veut tempêter… il n’a pas le dernier. » — Wado.

Double cholette : Litre (Vidocq). — Double vanterne : Lunettes. — Mot à mot : double vitre.

Doubler un cap : « Doubler un cap dans Paris, c’est faire un détour, soit pour ne pas passer devant un créancier, soit pour éviter l’endroit où il peut être rencontré. » — Balzac.

Douce : Soie (Vidocq). — Elle est douce au toucher.

À la douce : Doucement. — « Comment qu’ça va, vous, à ce matin ? — Mais, merci, à la douce. » — H. Monnier. — On dit quelquefois à la douce, comme les marchands de cerises, par allusion au cri de ce métier (à la douce ! à la douce !).

Doucette : Lime (Vidocq). — Allusion au travail de la lime qui opère tout doucement.

Douille : Argent. — « Il y a de la douille à grinchir. » — Paillet. — Du vieux mot double : monnaie. V. Roquefort. — Douiller : Donner de l’argent. — Douillard : Homme qui a de la douille. — « Oh ! oh ! fit-il, un public ficelé ! rien que des hommes et des douillards. » — De Pène.

Douille : Cheveux. — Du vieux mot doille : mou, délicat. V. Roquefort. — Douilles savonnés : Cheveux blancs. — Douillure : Chevelure. — Douillette : Crin (Vidocq).

Doux (Un verre de) : « Un verre de liqueur sucrée, par opposition à un verre de liqueur forte ou de rude. » — Dhautel, 1808.

dragée : Balle. — Allusion à la forme. — « Il a reçu la dragée : Il a été atteint d’une balle. » — Dhautel, 1808.

Dragueur : Banquiste (Vidocq).

Drogue : Mauvaise femme. — On dit souvent drogue, pour une chose de mauvaise qualité.

Droguer : Attendre infructueusement : — Métaphore empruntée au jeu de la drogue. — « Vous droguez nuit et jour autour de sa maison.» — G. Sand. — « Il m’a fait droguer plus d’une heure dans la rue. » — Dhautel, 1808.

Droguer : Dire. V. Girofle.

Drôle (Pas) : Très-malheureux. — Expression singulière, dont le peuple de Paris connaît seul la valeur saisissante. Si quelqu’un est frappe par un accident grave, on le plaint par ces mots : « Le pauvre homme ! ça n’est pas drôle ! » Un homme sans ressources dira : « Je ne sais si je mangerai ce soir, et ça n’est pas drôle. » — « Et ça vous fiche des coups… — Ça c’est peu drôle. » — Gavarni.

Dulcinée : Maîtresse. — Dû à la vogue du roman de Cervantes. — « Une mijaurée qui s’en fait accroire fait la Dulcinée du Toloso. — Dulcinée veut dire aussi une femme galante, une donzelle. » — Dhautel, 1808.

dur : Fer (Vidocq).

Dur : Eau-de-vie. V. Chenique. — « Pour faire place aux petits verres de dur. » — Th. Gautier.
Dur à cuire : Homme solide, sévère, ne mollissant pas. V. Dhautel. — « En voilà un qui ne plaisante pas, en voilà un de dur à cuire. » — L. Reybaud.
Dure : Terre (Vidocq). — On dit classiquement coucher sur la dure.
Dans ces quatre acceptions du mot dur, l’effet est pris pour la cause.
Être dans son dur : « Travailler avec ardeur et grande assiduité. Terme de compositeurs typographes. » — J. Ladimir.

Durème : Fromage (Vidocq).