Les Fleurs du mal (éd. 1857)/Le Chat (« Viens, mon beau chat, sur mon cœur amoureux »)
Apparence
Pour les autres éditions de ce texte, voir Le Chat.
SPLEEN ET IDÉAL
XXXIII
LE CHAT
Viens, mon beau chat, sur mon cœur amoureux ;
Retiens les griffes de ta patte,
Et laisse-moi plonger dans tes beaux yeux
Mêlés de métal et d’agate.
Lorsque mes doigts caressent à loisir
Ta tête et ton dos élastique,
Et que ma main s’enivre du plaisir
De palper ton corps électrique,
Je vois ma femme en esprit ; son regard,
Comme le tien, aimable bête,
Profond et froid, coupe et fend comme un dard,
Et des pieds jusques à la tête,
Un air subtil, un dangereux parfum
Nagent autour de son corps brun.