Les Gaietés/L’Oratoire d’une dévote

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Les GaietésAux dépens de la Compagnie (p. 33-35).


L’ORATOIRE D’UNE DÉVOTE.

Air du Roi d’Yvetot.


Malgré vous, oui, je suis entré,
Claire, et je ne puis croire

Que ce lieu, si bien décoré,
Ne soit qu’un oratoire.
Vous y priez matin et soir ;
Aussi je veux, dans ce boudoir,
Tout voir.
Oh ! oh ! oh ! ah ! ah ! ah !
Le joli sofa que voilà,
La, la.

Quel est ce livre à filets d’or ?
Un Paroissien fidèle.
Quoi ! c’est l’infâme !… Ah ! Claire, encor
Si c’était la Pucelle !
Ma dévote a choisi, vraiment,
Pour la mémoire, un ornement
Charmant.
Oh ! oh ! oh ! ah ! ah ! ah !
Priez-vous dans ce livre-là ?
La, la.

C’est en vain que vous vous fâchez ;
Déroulons ces images.
Ce sont des saints que vous cachez !
Peste ! les beaux visages !
Ce n’est pas le mot tout à fait,
Mais ces tableaux sont d’un effet
Parfait.
Oh ! oh ! oh ! ah ! ah ! ah !
Tous les bienheureux que voilà !
La, la.


Que vois-je, orné d’une faveur,
Là, dans votre corbeille !
C’est un agnus ?… Ah ! doux Sauveur !
Sa taille est sans pareille.
C’est un… Ma foi, c’est ressemblant,
Bien ferme, bien gros, bien coulant,
Bien blanc.
Oh ! oh ! oh ! ah ! ah ! ah !
La, la.

Claire, on voulait nous marier ;
Mais croyez-vous possible
Que mon cœur ose défier
Un rival si terrible !
Il est taillé pour vos attraits :
Combien mince je paraîtrais
Auprès.
Oh ! oh ! oh ! ah ! ah ! ah !
Rendez heureux ce monsieur-là,
La, la.