Les Liaisons dangereuses/Lettre 60

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J Rozez (volume 1p. 178-179).

Lettre LX.

Le chevalier Danceny au vicomte de Valmont.
(Incluse dans la précédente).

Ah ! monsieur, je suis désespéré, j’ai tout perdu. Je n’ose confier au papier le secret de mes peines ; mais j’ai besoin de les répandre dans le sein d’un ami fidèle & sûr. À quelle heure pourrai-je vous voir, & aller chercher auprès de vous des consolations & des conseils ? J’étais si heureux le jour où je vous ouvris mon âme ! À présent, quelle différence ! tout est changé pour moi. Ce que je souffre pour mon compte n’est encore que la moindre partie de mes tourments ; mon inquiétude sur un objet bien plus cher, voilà ce que je ne puis supporter. Plus heureux que moi, vous pourrez la voir, & j’attends de votre amitié que vous ne me refuserez pas cette démarche : mais il faut que je vous parle, que je vous instruise. Vous me plaindrez, vous me secourrez ; je n’ai d’espoir qu’en vous. Vous êtes sensible, vous connaissez l’amour, & vous êtes le seul à qui je puisse me confier ; ne me refusez pas vos secours.

Adieu, Monsieur, le seul soulagement que j’éprouve dans ma douleur, est de songer qu’il me reste un ami tel que vous. Faites-moi savoir, je vous prie, à quelle heure je pourrai vous trouver. Si ce n’est pas ce matin, je désirerais que ce fût de bonne heure dans l’après-midi.

De … ce 8 septembre 17…