Les Malheurs d’un amant heureux (Gay - 1873)/19

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Michel Lévy frères, éditeurs (p. 84-93).


XIX


La semaine suivante, Gustave fut entièrement occupé des devoirs que lui imposait d’avance son nouvel état, et des démarches relatives à l’affaire de son père. Il commençait à douter de la sincérité ou du crédit de madame de Beau***, lorsque je lui remis un matin la lettre qui contenait son brevet d’officier et la radiation du marquis de Révanne. On pense bien que cet heureux message valut un généreux pourboire à l’ordonnance qui s’en était chargée. Dans l’excès de sa joie, Gustave écrivit à la hâte quelques mots à sa mère ; puis, renversant tout ce qui était apprêté pour sa toilette, il s’habilla en deux minutes, et sortit au même instant pour aller remercier son aimable protectrice et le général B***. Il trouva ce dernier déjeunant avec une partie de son état-major et quelques amis, dont plusieurs étaient particulièrement connus de Gustave. Invité par le général, et du ton le plus cordial, à prendre place à côté d’eux, mon maître avait consenti à partager cet agréable repas. Chacun s’empressa de lui en faire les honneurs, car la manière franche et noble dont il venait d’exprimer sa reconnaissance au général, et l’accueil distingué qu’il en recevait, devaient nécessairement prévenir tout le monde en sa faveur.

Le premier moment passé, Gustave s’appliqua à découvrir, dans toutes ces personnes, l’ami le plus intime du maître de la maison ; mais il n’y vit que des camarades de gloire ou de plaisir.

L’un d’eux, remarquable par une figure mélancolique dont le regard langoureux, contrastant avec le malin sourire, prévenait de ses divers talents pour la tragédie, la romance et l’épigramme, animait la conversation générale de traits vifs et piquants, mais parfois un peu libres. Il est vrai qu’entre hommes on croit souvent pouvoir se dispenser de métaphores, lorsqu’il s’agit d’un conte plaisant, ou de l’aventure d’une femme galante ; et cependant, la délicatesse des mots sert plutôt qu’elle ne nuit un piquant du récit.

M. Le Blanc, ami de M. Merval, paraissait mieux pénétré que lui de cette vérité. Sa gaieté spirituelle touchait à tout sans rien blesser. Véritable épicurien, exempt d’envie, de prétention, et même du désir de faire valoir ses avantages et ses talents, M. Le Blanc semblait n’avoir acquis tant d’instruction en tous genres que pour mieux s’amuser.

C’est à cette innocente passion qu’il sacrifiait son temps, son esprit, et sa fortune. Avec un tel caractère, on ne manque pas d’amis ; aussi était-il recherché de tous ceux qui aiment à rire. Une seule manie le faisait redouter, c’était celle des mystifications, il n’avait sur ce point rien de sacré ; et, avec l’aide de son ami Musson, il aurait mystifié tous les grands de la terre, s’ils lui avaient fait l’honneur de dîner chez lui. Mais, chacun des gens de sa connaissance ayant à peu près subi l’épreuve, il en était réduit à chercher dans la province ou dans une autre classe de la société des victimes nouvelles. À force de s’en occuper, il venait d’en découvrir deux qu’il destinait à divertir ce jour même ses amis dans un souper joyeux dont quelques demoiselles de l’Opéra étaient appelées à soutenir la gaieté.

Le général B*** avait promis d’en être, et Gustave, prié avec instance de l’accompagner, avait répondu à M. Le Blanc qu’il se faisait quelques scrupules d’accepter son invitation, car il connaissait M. Musson, et ne pourrait par conséquent le prendre pour l’ambassadeur Turc. Cette plaisante discrétion fit rire tous les ci-devant mystifiés de M. Le Blanc ; et il fut décidé que mon maître serait admis au nombre des conjurés avant d’avoir été leur dupe.

Mademoiselle Aubry, grande et belle fille, alternativement transformée en déesse de la Raison dans les fêtes publiques, ou en altière Junon dans les ballets de l’Opéra, était une des nymphes choisies pour recevoir les hommages du faux ambassadeur. Mademoiselle Albertine M*** et quelques autres moins illustres devaient les partager ou les envier ; mais on comptait peu sur la crédulité de cette petite Albertine dont l’esprit malin se connaissait trop en ruse pour se laisser facilement abuser ; aussi M. Le Blanc s’était-il muni par précaution d’un pauvre petit vieillard, se disant homme de lettres, et plastron ordinaire de toutes les mauvaises plaisanteries de la société. Cette espèce d’imbécile, à qui l’on faisait tout dire et tout croire, avait pourtant fini par s’apercevoir à sa vingtième mystification que Musson se moquait de lui. Déconcerté par cet excès de finesse, M. Le Blanc s’était vu contraint de recourir à d’autres moyens pour tromper encore son nouveau Poinsinet ; et l’on verra quel doux expédient il avait imaginé pour y réussir.

Mon maître m’ayant parlé de ce qui se passerait au souper de M. Le Blanc, et des farces qu’on devait y jouer, je me réjouis d’en pouvoir être témoin, et m’engageai à tenir un sérieux imperturbable ; mais quelques mots de Musson me firent bientôt sentir la témérité de cette promesse. J’avais compté sur un de ces mystificateurs de profession, possesseurs de quelques rôles plus ou moins burlesques qu’on leur sait bon gré de répéter gravement, sans penser qu’ils n’ont pas plus envie de rire du rabâchage de leurs insipides bons mots que les gens qui les entendent pour la seconde fois. Mais M. Musson n’avait rien de commun avec ces bouffons-là. Indépendant par état, observateur par goût, malin par caractère, on s’apercevait sans peine, à la variété de ses plaisanteries, qu’il travaillait pour son plaisir. Enfin son talent tenait plutôt de la comédie que de la farce, et la manière dont il l’employait quelquefois à venger le mystifié de l’Amphitryon lui-même, en était une preuve évidente. Les sujets qu’on lui avait livrés ce jour-là ne méritaient pas de grands efforts de son imagination ; aussi lui avait-on demandé plus de folie que d’esprit. Talma, qui réunit dans le plus aimable caractère la mélancolie d’Hamlet à la gaieté d’un enfant, avait voulu assurer les triomphes du prince turc, en se chargeant du soin de son costume, composé en partie des plus beaux châles de l’Inde ; on avait rempli ses poches de petits flacons d’essence de roses et de pastilles du sérail : il en distribua plusieurs à ces demoiselles, qui ne doutèrent point, à ce début généreux, de l’authenticité des pouvoirs de ce grand ministre ; tant elles ont pour principe de ne croire qu’à ceux qui donnent !

En dépit de toutes les agaceries de ses rivales, mademoiselle Aubry fut placée à côté du Mamamouchi, comme étant celle dont la fraîcheur, l’embonpoint et les manières simples paraissaient le séduire davantage. Mon maître, instruit d’avance de ce choix flatteur, avait projeté d’en consoler de son mieux la charmante Albertine ; et, pour la convaincre de cette bonne intention, il lui avait dit en la conduisant à table :

— J’aurais parié que ce Turc se passionnerait pour cette grosse odalisque ; les gens de son pays n’achètent leurs maîtresses qu’au poids de leurs charmes, ils n’entendent rien à ceux d’une jolie taille.

Ce petit compliment détourné valut à Gustave un signe qui voulait dire, asseyez-vous auprès de moi.

Mademoiselle Albertine parut dès lors prendre un grand plaisir à sa conversation. Pendant qu’elle oubliait ainsi, en causant avec mon maître, tous ses droits sur le cœur du seigneur ottoman, il disait dans un baragouin moitié turc et moitié italien des choses si extravagantes, que l’on en riait aux éclats. Cette gaieté bruyante est favorable au mystère, et je l’ai vue souvent protéger un tête-à-tête sous les yeux mêmes du jaloux qui le redoutait. Je pense que mon maître profitait déjà depuis longtemps du bourdonnement de toutes ces voix réunies, pour se faire écouter particulièrement de mademoiselle Albertine, lorsque, après un entretien fort animé, et qui me donnait envie d’en apprendre le sujet, j’entendis ce dialogue.

— Non, vrai, c’est impossible,

— Et quel est donc cet invincible obstacle ?

— Mais vous le voyez d’ici.

— Quoi ! c’est ce grand monsieur poudré comme un marquis de comédie ?

— Oui, Dolivar, le riche fournisseur, tenez, celui qui parle maintenant.

— Ah ! si ce n’est que cela… dit Gustave en souriant.

— Comment, que cela, répéta mademoiselle Albertine ; mais c’est plus qu’il n’en faut pour déconcerter vos projets.

— Si vous vouliez me promettre de n’y pas apporter d’autre obstacle, celui-là ne m’embarrasserait guère.

— On voit bien que vous ne le connaissez pas.

— C’est donc un rival bien redoutable ?

— Je n’en sais rien ; mais c’est un ami précieux.

— Eh bien, il faut le garder comme un trésor, et le traiter en conséquence.

— Vous allez me prouver qu’il faudrait l’enterrer ?

— Pas tout à fait, mais le ménager.

— Pour cela, j’y consens.

Si c’est votre avis, commencez dès ce soir, en l’engageant à se retirer de bonne heure.

— Il n’y a pas moyen, vous dis-je, puisqu’il doit me reconduire.

— Eh bien, répondez-moi franchement ; s’il refusait aujourd’hui même le bonheur qui l’attend, pourrais-je y prétendre ?

— Quelle folie !

— Qu’importe ? dites oui, et cette folie vous amusera peut-être.

— Vous le voulez, j’y consens, reprit mademoiselle Albertine en souriant avec malice ; aussi bien n’est-ce pas m’engager beaucoup, car il n’est pas probable…

— Ceci me regarde, interrompit Gustave d’un air triomphant. Quant au reste, vous l’avez promis, je le veux, et M. Dolivar est trop honnête pour ne pas venir au-devant de nos désirs.

En ce moment il s’éleva une si vive querelle entre M. Merval et l’ambassadeur que chacun y prit part. Gustave, en ayant demandé la cause à un de ses voisins, apprit que M. Merval, chargé du rôle de compère, avait feint d’être importuné des hommages qu’on rendait à cet étranger, et surtout de l’attention que lui prêtait mademoiselle Aubry.

— Y pensez-vous ? lui avait-il dit à haute voix, comme certain que ce musulman n’entendait pas le français ; on vous invite ici pour vous occuper de tous ceux qui vous admirent (son regard désignait, en disant ces mots, le général B***), et vous n’écoutez que ce Turc. Je ne sais pas ce qu’il a pour vous de si amusant ; pour moi, je le trouve triste comme un bonnet de coton.

— Bonnet dé coton ! s’était écrié Musson, comme si on l’eût assassiné, che mi dice bonnet dé coton, giaour var sikter ! Birbante, ti faro chiamarmi bonnet de coton !

Et sa colère augmentant à chaque fois qu’il redisait ce fatal nom, il voulait à toute force plonger son poignard dans le cœur de M. Merval ; tandis que M. Le Blanc, occupé à défendre son ami de la rage du prince ottoman, s’écriait de son côté :

— Malheureux ! tu as donc oublié tout ce que veut dire d’affreux ce mot de bonnet de coton en turc ?

— Eh ! non, je ne l’ai pas oublié, répondait Merval d’un air furieux, car je ne l’ai jamais su ; mais quand il voudrait dire animal, butor, menteur, assassin, je n’en rabattrais pas d’une syllabe, et je le répéterai jusqu’à la mort, ennuyeux comme un bonnet de coton.

À ce terrible mot, l’ambassadeur s’échappe des bras de ceux qui tentaient de le retenir, s’élance sur Merval ; et la pauvre mademoiselle Aubry, croyant déjà voir le sang couler, se met à fondre en larmes, pendant que plusieurs de ses compagnes s’évanouissent. C’est alors que le général, trouvant que la scène se prolongeait trop, dit avec impatience :

— Eh ! mademoiselle, comment ne voyez-vous pas qu’on vous mystifie ?

— Cette brusque sortie mit fin au proverbe ; on se rassit tranquillement ; et Musson, rendu à lui-même, n’en fut pas moins divertissant. Il raconta des histoires, et chanta des couplets dont le vin de Champagne animait les refrains ; on commençait à déraisonner passablement, lorsque l’arrivée de trois gendarmes interdit tout à coup la délirante assemblée.

M. Le Blanc feignit d’en être consterné ; puis, s’adressant à ses gens, il demanda ce que voulaient ces messieurs. Alors un officier s’avance, et dit, en s’excusant de venir ainsi troubler la société, qu’il est porteur d’un ordre qui concerne un certain auteur nommé d’Aufreville, lequel doit se trouver parmi les convives.

— Que dit-il, s’écria au même instant un petit vieillard pâle et tremblant, que M. Dolivar s’empressa de faire taire, en lui disant d’un air sottement mystérieux ;

— Ne vous livrez pas.

— On vous a trompés, citoyens, répondit avec gravité M. Le Blanc ; personne ici n’a offensé le gouvernement et ne mérite…

— Cependant, monsieur, interrompit l’officier, il s’agit de vers très-audacieux contre l’autorité, et tout bon citoyen n’en peut protéger l’auteur.

— Maudite épître, murmurait à voix basse M. Le Blanc, j’avais bien prévu ce qu’elle lui coûterait.

Puis, se retournant vers l’officier :

— J’ignore de quel délit vous voulez parler, citoyen, mais vous trouverez bon que je n’en croie pas mes amis capables, et qu’à ce titre je ne les laisse pas arrêter chez moi.

— Oh ! ciel, que faites-vous ? s’écriait M. Dolivar, résister à la loi ! mais vous allez nous compromettre tous, mon cher Le Blanc ; il vaut mieux laisser M. d’Aufreville plaider lui-même sa cause, que de la gâter ainsi par des actes de violence.

— Je m’en moque, reprit M. Le Blanc ; il en arrivera ce qui pourra, mais je ne veux pas qu’on l’arrête ici.

— Ni moi non plus, dit Gustave en se levant pour aller protéger le petit auteur contre les gendarmes et la prudence de M. Dolivar.

Cet exemple de révolte est suivi par plusieurs personnes : on tombe sur les gendarmes ; M. Dolivar les défend ; Gustave, enchanté de pouvoir lui donner quelques taloches à la faveur du combat, s’en prend particulièrement à lui, et lui dit tout net, que se joindre ainsi à la force armée pour accabler un malheureux est le fait d’un lâche.

— Apprenez, monsieur, répond fièrement Dolivar, qu’on ne m’insulte pas impunément.

— Je l’espère bien, réplique Gustave ; et je serai à vous dès que j’aurai mis ces coquins à la porte.

Mais pendant ce colloque les gendarmes s’étaient esquivés, on avait fait passer le pauvre patient par une porte dérobée, les femmes s’étaient enfuies dans le salon, et il ne restait plus que le général, M. Le Blanc, et une douzaine d’amis qui se pâmaient de rire. En les voyant ainsi, M. Dolivar pensa qu’il pouvait abandonner son rôle, et avouer à Gustave que ces prétendus gendarmes étaient des amis déguisés pour effrayer M. d’Aufreville, et le dégoûter de la manie des vers, qu’enfin toute cette scène n’était qu’une plaisanterie.

Mais Gustave ne se contenta point de cette explication ; et, malgré les instances de plusieurs personnes, il persista à dire que M. Dolivar s’était trop amusé à le mystifier pour qu’il ne lui fût pas permis de prendre sa revanche.

— J’en suis fâché pour M. Dolivar, ajouta-t-il ; et si j’avais dix ans de plus, je lui pardonnerais de bon cœur ; mais il faut apprendre à ces parvenus qu’on ne se moque pas des jeunes gens qui entrent dans le monde aussi facilement que des filles de l’Opéra.

Le général, qui écoutait ce discours, et paraissait l’approuver, entraîna M. Le Blanc et Merval hors de la chambre, et leur dit :

— Laissez-les s’arranger.

Lorsqu’il fut bien démontré que la querelle ne pouvait se terminer à l’amiable, M. Samson, financier très-connu par sa supériorité dans les jeux gymniques, son zèle à obliger ses amis, et son habileté à diriger les affaires d’honneur, vint s’offrir pour régler les intérêts des futurs combattants. Mon maître, flatté de son aimable empressement, le choisit pour témoin avec un aide de camp du général. Les arrangements pris, l’heure fixée au lendemain matin, il fut convenu que chacun rentrerait dans le salon en laissant croire à tout le monde qu’il ne restait plus aucun ressentiment de cette dispute. Le général seul fut instruit de l’affaire qui en devait résulter ; mais mademoiselle Albertine, que l’aspect des gendarmes avait fait quitter la table bien avant l’altercation survenue entre Gustave et M. Dolivar, l’ignorait complétement ; et rien ne saurait peindre la surprise qu’elle montra, lorsque ce dernier lui dit :

— Qu’une affaire importante l’obligeant à partir le lendemain de grand matin pour la campagne, il ne pourrait la reconduire lui-même, mais qu’il allait lui envoyer sa voiture.

En finissant ces mots, il était sorti sans s’apercevoir du sourire malin qui trahissait le plaisir de Gustave.

Il faut avoir vingt ans, être amoureux et Français, pour sentir le prix d’un tour de cette espèce. Imaginer de se couper la gorge à sept heures du matin avec un homme que l’importance de ce rendez-vous doit naturellement faire renoncer à tout autre, profiter de la privation qu’il s’impose, lui souffler sa maîtresse en attendant le moment de lui disputer sa vie, voilà de ces voluptés inconnues des sages, et chantées par Tibulle dans ces vers élégamment traduits.

      Peu d’amants sont admis aux secrets de Vénus :
      Mais ceux qu’un lâche effroi n’a jamais retenus,
      Qui bravent et la mort et le fer homicide,
      Voilà ceux que défend son immortelle égide.

Mademoiselle Albertine, esclave de sa parole, se résigna de très-bonne grâce à la tenir ; mais ses plus doux moyens de séduction ne purent lui faire obtenir le secret de Gustave. Elle se perdait en conjectures pour deviner le motif des excuses de M. Dolivar ; il fallait à son avis que la cause fût grave, car c’était la première fois qu’il se dispensait d’un tel rendez-vous. À toutes ces suppositions, Gustave répondait par quelques folies.

— Pourquoi tant vous inquiéter, disait-il, eh bien, M. Dolivar est malade.

— Non, ce n’est pas cette raison, reprenait Albertine, puisqu’il part pour la campagne.

— En voulez-vous une meilleure ? c’est qu’il ne vous aime plus.

— Quoi ! en moins de trois heures ?

— Il ne vous en faut pas tant pour plaire ; mais sa voiture est là, vous savez qu’il a des chevaux admirables, et je me reprocherais de les faire attendre.

En finissant ces mots, Gustave offrit sa main à mademoiselle Albertine, et la conduisit dans l’antichambre, où il me donna l’ordre de faire préparer ses chevaux pour six heures du matin ; ensuite j’appelai les gens de M. Dolivar, mademoiselle Albertine s’élança dans son carrosse, Gustave s’y plaça près d’elle, et les coursiers rapides du malheureux rival, complices innocents de l’affront de leur maître, transportèrent bientôt dans l’asile des amoureux plaisirs ce couple d’infidèles.