Les Muses françaises/Nicolette Hennique
Héritière d’un nom cher aux lettres, Mlle Nlcolette Hennique est née à Paris, le 17 avril 1886. Elle a déjà publié trois recueils de poésies, dans lesquels elle s’est montrée fermement éprise de l’antiquité grecque héroïque et mytliologique. — « L’étrange phénomène l — écrit M. Emile Bergerat — chanter grec, penser ^rec, voir grec, rêver grec, ainsi que la grande Sapho de Mitylène et s’appeler florianeaquement Xicolette I » En vérité, ce n’est pas seulement j cause de son nom que cela est étrange de voir une jeune flUe consacrer tous les chants de sa lyre aux héros de la Grèce et aux dieux de l’Olympe, c’est aussi parce que la plupart des poétesses contemporaines nous ont accoutumés à des cantiques entonnés en l’honneur de dieux plus accessibles et bien vivants… Elles sont peu, parmi les muses françaises, h fouler le sentier où passèrent avant elles Chénier, Leconte de Lisle, de Hérédia ; il n’y en a pas qui se bornent uniquement à chercher l’inspiration dans l’évocation patiente de l’histoire et de la légende helléniques. Du moins nous n’en connaissions pas jusqu’au jour où il a plu à Mlle Nicolette Hennique de s’affirmer l’harmonieuse prêtresse de cette antiquité fabuleuse. — « Le monde olympien — écrit un critique — s’est révélé à elle et, pareille au grand homme qui se fit, devant l’Acropole, l’idée du monde antique, Mlle Hennique, devant les bas-reliefs et à la vue des marbres, imagina les dieux. Telle une centauresse de qui les effluves des forets sacrées ont fait bouillonner l’être, elle a été l’ardente confidente des arbres, de » astres et de la mer. A la façon des signes zodiacaux tressés autour d’un vase, elle a chanté les douze travaux herculéens, elle a vanté les Grâces. Enfin, d’un plectre habile et sur une lyre d’or, elle a chanté les dieux : Jupiter victorieux, Junon jalouse, Vulcain heureux… »
A parler franc, j’avoue, pour ma part, ne pas aimer beaucoup toutes ces réminiscences antiques, le jeu m’en paraît un peu vain… Combien je préfère que l’on dise la vie moderne, celle que nous connaissons vraiment pour la vivre. Cependant, j’adore les beaux vers, sonores, purs, frappés comme des médailles, ciselés comme des ba^es d’or fin. Aussi ma sévérité désarme-t-elle devant les vers de Mlle Hennique, parce qu’ils portent en eux, le plus souvent, ces qualités d’ordre, d’harmonie et de plastique que j’aime. Je sais qu’il serait aisé de lui reprocher l’emploi de quelques néologismes, d’assez mauvais goût, certaines hardiesses qui jurent et s’étonnent d’être là… Je sais que l’on peut reprocher aussi à son œuvre de manquer de véritable originalité. N’est-ce pas le défaut du genre ? Et puis, il faut le dire, Mlle Nicolette Hennique ne s’est pas encore complètement dégagée de l’influence de l’auteur des Trophées et de l’auteur des Poèmes barbares. Il convient de lui faire crédit. Elle fait d’ailleurs, montre de beaucoup d’art dans sa forme ; elle prend plaisir, on le sent, à jouer avec les mots, avec les rimes, elle se plaît à de savantes combinaisons de rythmes… A cet Page:Séché - Les Muses françaises, II, 1908.djvu/158 Page:Séché - Les Muses françaises, II, 1908.djvu/159 Page:Séché - Les Muses françaises, II, 1908.djvu/160 Page:Séché - Les Muses françaises, II, 1908.djvu/161 Page:Séché - Les Muses françaises, II, 1908.djvu/162