La Cithare (Gille)/Les Néréides

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La Cithare, Texte établi par Georges Barral Voir et modifier les données sur WikidataLibrairie Fischbacher (Collection des poètes français de l’étranger) (p. 65-66).

LES NÉRÉIDES


 
Au soleil du matin les blanches Néréides
Mêlent leurs jeux charmants parmi les flots rapides,
Et, luttant de souplesse onduleuse en nageant,
Tracent dans l’eau d’azur des sillages d’argent.
Trois, ayant dénoué leur chevelure blonde,
Voguent moelleusement dans les berceaux de l’onde,
Et des enfants ailés, aux yeux subtils et fins,
Les entourent, portés sur de sages dauphins.
Les vagues autour d’eux s’enroulent en volute ;
Mais, graves, sur la croupe, ils charment de leur flûte

Le cortège des dieux et les monstres des eaux.
La mer reluit. Plus loin, aux caprices nouveaux
D’Éros malicieux, une nymphe se prête.
Elle franchit d’un bond la lame dont la crête
Éclate et s’éparpille en léger pulvérin.
Des Amours triomphants pressent un bouc marin :
L’un lui saisit la barbe, un autre dans l’eau bleue
Lance les poissons d’or qu’il tenait par la queue,
Et tous, en chœur bruyant, raillent un vieux Triton
Qui, brandissant son sceptre enroulé d’un feston,
Conduit une cavale indomptable et peureuse.
Autour du groupe l’onde en reculant se creuse
Et, tout à coup, jaillit en panaches neigeux.
Les cris sont plus stridents. Les nymphes dans leurs jeux
Sèment les fleurs d’argent qui glissent de leurs tempes.
Les centaures, les dragons verts, les hippocampes,
Bondissant et plongeant se livrent des combats.
Tous alors enivrés redoublent leurs ébats,
Tandis que les tritons conduisant le cortège
Tirent de longs appels de leurs conques de neige.