Les Nouvelles Comètes

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LES NOUVELLES COMÈTES

Le ciel a été, depuis la fin de juillet, d’une richesse inaccoutumée en apparitions de comètes. On en a découvert six en ce court laps de temps. Quatre d’entre elles sont nouvelles, les deux autres, qui ne sont pas les moins précieuses, étaient attendues. La première de celles-ci porte à neuf la famille si intéressante des comètes, dont la périodicité est établie ; la seconde offre un éclat exceptionnel.

Le diagramme ci-dessous représente trois de ces comètes, qui intéressent à un si haut point les astronomes.

Nous avons choisi une des deux comètes de M. Borelly, une de celles que l’habile directeur de l’Observatoire de Marseille a retrouvées, et enfin celle qui fait tant d’honneur à M. Paul Henry.

La comète Brorsen, retrouvée par M. Stephan, le 2 septembre, à 4 heures du matin, était alors d’une faiblesse extrême. Elle aurait certainement échappé à l’investigation sans la merveilleuse pureté du ciel de notre grande cité phocéenne, admirablement située pour jouer un rôle brillant dans la réorganisation de l’astronomie française.

Il est inutile de dire qu’au premier moment, la comète n’offrait aucune trace de queue. Elle passera vers le 16 octobre à son périhélie, qui se trouvera entre Vénus et Mercure. Dans la nuit du 11 au 12, sa tête et son noyau se sont développés, ce qui tient naturellement à ce que la comète marche vers le soleil avec une grande rapidité.

Elle est directe tandis que les deux autres comètes représentées sont rétrogrades. Cette circonstance permet d’affirmer presque à coup sûr qu’elles ne sont point périodiques, mais à orbes paraboliques ouvertes, de sorte qu’elles regagneront les espaces stellaires d’où elles ont été tirées par l’effet de l’attraction solaire, combiné avec son mouvement de translation vers la constellation d’Hercule. On comprend, en effet, que le soleil puisse difficilement capter des corps étrangers, dont le mouvement propre soit dirigé en sens inverse du sien, et qu’ils ne fassent que traverser le système solaire quand ils marchent en sens inverse des planètes[1].

La comète Borelly, qui est la première découverte, a été aussi la première à passer à son périhélie. Elle y est arrivée le 10 septembre, vers 10 heures du soir. La comète Henry n’y doit parvenir que vingt jours après.

Orbites des comètes : Borelly, Brorsen et Henry (septembre et octobre 1873).

Ces deux comètes sont parvenues dans l’intérieur de notre orbe ; elles auraient pu, par conséquent, nous rencontrer si nous nous étions trouvés précisément au point où elles perçaient son plan, et de plus si notre distance avait été égale à la leur en ce moment. La terre, par son attraction, déviant les comètes de leur route quand elles passent dans son voisinage, les chances de rencontre augmentent quand les astres errants se meuvent dans des places voisines de notre écliptique, ce qui n’est point le cas pour les phénomènes actuels. En effet, la comète Paul Henry arrive avec une inclinaison déjà très-grande de 58°, et celle de M. Borelly descendant en quelque sorte du pôle tombe avec une inclinaison de 84°. Mais les deux comètes font toutes deux une excursion dans ce qu’on peut appeler la sphère inférieure à la terre. La comète Borelly reste à distance respectueuse et son périhélie est deux à trois fois plus éloigné de l’astre que celui de la comète Henry. Aussi, toutes choses égales d’ailleurs, cette dernière doit-elle recueillir une quantité de lumière neuf fois plus grande. C’est vers le 20 septembre, que la comète Paul Henry doit s’approcher le plus de la terre. M. Hind a prédit que son éclat serait alors comparable à celui d’une étoile de troisième grandeur. M. Weiss a estimé, dans ses éphémérides, que son éclat dépasserait, vers cette époque, quatorze fois celui du 31 août. Il n’est point encore temps de comparer ces prédictions scientifiques avec la réalité. Les queues des comètes sont toujours dirigées à l’opposite du soleil, mais les particularités qu’elles ont pu offrir ou qu’elles offriront encore ne peuvent être utilement discutées en ce moment.

  1. La comète de 75 ans est la seule exception connue à cette loi.