Les Quatre Évangiles (Crampon 1864)/Approbation

La bibliothèque libre.
Traduction par Augustin Crampon.
Tolra et Haton (p. v-vi).


APPROBATION


DE MONSEIGNEUR L’ÉVÊQUE D’AMIENS
_______



ÉVÊCHÉ D’AMIENS


Amiens, le 17 janvier 1864, fête du Saint Nom de Jésus.


Mon cher Abbé,

Vous me demandez une approbation, je ferai mieux : je dirai que c’est à ma prière que vous avez entrepris ce travail et que c’est à mon entière satisfaction que vous l’avez exécuté.

En lisant le livre malheureux qui rendait si méconnaissable la divine figure de Notre-Seigneur, je me disais à chaque page : Oh ! que ce Jésus ressemble peu au Jésus que les Apôtres ont vu de leurs yeux, entendu de leurs oreilles, touché de leurs mains, et qu’ils ont fait connaître au monde ! Si parfait qu’on le fasse, cet homme divin, comme on l’appelle, quelle différence avec notre Jésus à nous, le Verbe fait chair, l’Homme-Dieu que les chrétiens ont toujours adoré ! Et je m’imaginais que la meilleure réfutation, si elle était possible, serait que Jésus apparût encore plein de grâce et de vérité, avec toutes ces séductions qui ravissaient les multitudes, mais aussi avec la souveraine puissance qui commandait à la nature et enfantait les miracles.

Et, en effet, ceux qui l’attaquent et le nient, ne tomberaient-ils pas à ses pieds, ravis par le charme de sa personne et de ses discours, vaincus par le spectacle de ces aveugles qui voient, de ces muets qui parlent, de ces sourds qui entendent, de ces morts rendus à la vie, et de tous ces prodiges qui arrachaient aux plus incrédules les actes de foi les plus sincères, les protestations les plus ferventes : Dominus meus, Deus meus : vous êtes mon Seigneur et mon Dieu ?

Cette manifestation du Fils de Dieu, qui s’est faite à son heure, ne se renouvellera qu’à la consommation des siècles. Mais, s’il est vrai de dire que le Verbe fait chair n’a habité parmi nous que pendant sa vie mortelle, n’est-il pas vrai que l’Évangile, ce Verbe écrit, est toujours avec nous ? Or, cette adorable figure du Fils de Dieu, ces discours pleins de charme, ces miracles prodigieux ne sont-ils pas là, marqués du sceau de la vérité la plus éclatante ; et ne pouvons-nous pas dire nous aussi, comme les Apôtres, que nous le voyons de nos yeux, que nous l’entendons de nos oreilles, que nous le touchons de nos mains ? Nous l’avons donc cette preuve irrécusable, cette réfutation la meilleure, même après bien d’autres, si péremptoires cependant et si décisives, nous avons Jésus vivant encore dans ces récits pleins de charme et de vérité. Aussi est-ce l’Évangile tout simple, l’Évangile tel que saint Matthieu, saint Marc, saint Luc et saint Jean l’ont écrit, que nous sentons le besoin d’opposer à ceux qui nient la divinité de Notre-Seigneur Jésus-Christ : ce sera marcher devant ceux qui nient le mouvement.

Voilà pourquoi j’ai désiré qu’une traduction bien faite des saints Évangiles, fidèle avant tout, mais élégante et correcte, pût être mise entre les mains de mes chers diocésains. Pour obéir aux sages prescriptions de l’Église, des notes explicatives devaient accompagner le texte sacré. Ceux qui vous connaissent, mon cher ami, comprendront comment j’ai dû m’adresser à vous pour ce double travail ; je le répète, vous l’avez exécuté à ma satisfaction la plus entière. C’est de toute l’effusion de mon cœur que je vous remercie et vous bénis.


JACQUES ANT., Év. d’Amiens.