Les Renaissances/Lemerre, 1870/La forme des splendeurs

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Les Renaissances Voir et modifier les données sur WikidataAlphonse Lemerre, éditeur (p. 28-29).


II.

Le Doute


À Leconte de Lisle.


 

I



La forme a des splendeurs où trébuche la foi :
Quelle immortalité vaudra jamais la tienne,
Matière que revêt la beauté souveraine,
Nature à qui sourit une éternelle loi ?

Tout est saint, tout est dieu, tout est vivant en toi !
Quand notre âme se prend à ta grandeur sereine,
L’immobile nous charme et vers lui nous entraîne ;
Et nous sentons, perdus dans un mystique émoi,



Notre sang qui se fige au cœur glacé des marbres,
Ou se fait sève et court sous l’écorce des arbres,
Ou rougit les pavots parmi les blés flottants.

A l’horreur du tombeau l’espérance pardonne,
Et le désir nous prend de la Mort qui nous donne
La gloire de fleurir la robe du Printemps !