Les Souspirs amoureux de F B de Verville 1589/Affligé par l’ennuy qui tourmente ma vie

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XXXIX.


Affligé par l'ennuy qui tourmente ma vie
Je me plains du travail qui ruine mon coeur,
Et sans pouvoir trouver relasche en ma douleur,
Sous mon injuste sort ma force est affoiblie.

Mon ame en mon regret est presque defaillie,
Et mon sang peu à peu s'exale par mon pleur,
Tandis que je languis dessous l'heureux mal-heur
Qui fait que je benis la mort que j'ay choisie.

Ha ! j'exprire desja, & les derniers souspirs
De mes poumons lassez avecques les Zephirs
S'envolant doucement, mon esprit m'abandonne.


Ainsi je meurs heureux & revifs pour mourir :
Car l’œil qui m'a frappé me vient soudain guarir,
En m'ostant une vie, une autre il me redonne.