Les Souspirs amoureux de François Beroalde de Verville 1589/Jamais la douce ardeur d’une si belle flame

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II.


Jamais la douce ardeur d'une si belle flame

N'avoit dedans mon sens allumé mon tison,
Jamais mon cœur captif en si belle prioson
N'avoit logé le soin au plus beau de mon ame.

Jamais aussi les yeux d'une si belle dame
N'avoyent peu arrester mon humaine raison,
Jamais je n'avois veu cette belle saison,
Qu'un souspir amoureux doucement nous enflame.

Mon cœur dormoit encor,& mon œil se moquoit
Des puissances d'Amour, & quand il le voioit,
Il bravoit la fureur de ses flesches meurtrieres :

Mais enfin aux rayons de vos divinitez
Il surprit mon esprit, & mes yeux indomptez,
Et les rendit captifs de vos belles lumieres.