Les Souspirs amoureux de François Beroalde de Verville 1589/SONNET. A. M. F. M. V.

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SONNET.
A. M. F. M. V.



Madame, je puis bien comme miens vous offrir,
Ces souspirs qu’à un autre Amour à fait escrire :
Puisque mon cœur pour vous ainsi que luy, souspire
Au mal, qu’Amour luy fit pour sa Dame souffrir.

Si sur eux vous daignez vos yeux aimez ouvrir,
Vous pourrez voir au vray cet amoureux martyre :
Que mon cœur ne pouvant par ma bouche vous dire,
Par les escris d’autruy nous vient or’ descouvrir.

Peut estre dira-on, ce qui se dit souvent,
Que les souspirs d’Amour ne sont rien que du vent :
Mais comme l’on voudra que l’estime on en face,

Je seray satisfait pourveu que mes souspirs
S’ils sont vent estimez, soyent au moins les Zephirs,
Qui m’ameinent au port de vostre bonne grace.


R. D. P. V.