Les Stratagèmes (Frontin)/Trad. Bailly, 1848/Livre II/Chapitre IX

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Texte édité et traduit par Charles Bailly, 1848.
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IX. De ce qu’il convient de faire après le combat. Si l’on a été heureux, il faut terminer la guerre.

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1. C. Marius, ayant vaincu les Teutons, profita de la nuit, qui avait mis fin au combat, pour entourer le reste de leur armée ; et, au moyen d’un petit nombre de soldats, qui poussaient des cris de temps en temps, il tint ces barbares dans l’épouvante, et les priva de sommeil et de repos, ce qui lui rendit pour le lendemain la victoire plus facile.

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2. Claudius Néron, vainqueur des Carthaginois qui avaient passé d’Espagne en Italie sous la conduite d’Asdrubal, fit jeter la tête de celui-ci dans le camp d’Annibal. Par là, en même temps qu’il accablait Annibal de la douleur d’avoir perdu son frère, il ôtait à l’armée carthaginoise l’espérance du secours qu’elle attendait.

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3. Le consul T. Quinctius Capitolinus lança une enseigne au milieu des Falisques, et ordonna à ses soldats de la reprendre.

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4. Arminius, général des Germains, fit aussi porter sur des piques, près du camp des ennemis, les têtes de ceux qu’il avait tués.

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5. Domitius Corbulon, assiégeant Tigranocerte, et voyant les Arméniens résolus à se défendre vigoureusement, fit mettre à mort un de leurs grands qui était son prisonnier, et lancer sa tête, par une baliste, jusque dans leurs retranchements : par un effet du hasard, elle tomba au milieu des barbares, qui tenaient conseil en cet instant même. À cet aspect, épouvantés comme par un prodige, ils s’empressèrent de se rendre.

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6. Hermocrate de Syracuse, ayant vaincu les Carthaginois, et craignant que ses prisonniers, dont le nombre était considérable, ne fussent pas gardés avec assez de vigilance, parce que l’heureuse issue du combat pouvait engager ses soldats à faire festin et à négliger le devoir, annonça faussement qu’il devait être attaqué la nuit suivante par la cavalerie ennemie. Dans cette attente, les postes veillèrent avec plus de soin que de coutume.

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7. Le même général, voyant que ses troupes, auxquelles le succès inspirait trop de sécurité, étaient ensevelies dans le sommeil et dans le vin, envoya chez les ennemis un espion qui, après s’être fait passer pour déserteur, les avertit que les Syracusains leur avaient tendu des embûches de tous côtés, et les retint dans leur camp par la crainte. Lorsque, plus tard, ils se furent mis en route, les troupes d’Hermocrate les poursuivirent, les culbutèrent dans des ravins, et les défirent une seconde fois.


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107. De consummandis reliquiis belli. « Au commencement d’une campagne, il faut bien méditer si l’on doit, ou non, s’avancer ; mais, quand on a effectué l’offensive, il faut la soutenir jusqu’à la dernière extrémité. Quelle que soit l’habileté des manœuvres dans une retraite, elle affaiblira toujours le moral de l’année, puisque, en perdant les chances de succès, on les remet entre les mains de l’ennemi. Les retraites, d’ailleurs, coûtent beaucoup plus d’hommes et de matériel que les affaires les plus sanglantes ; avec cette différence que, dans une bataille, l’ennemi perd à peu près autant que vous, tandis que, dans une retraite, vous perdez sans qu’il perde. » (Napoléon.)

108. Caput Hasdrubalis.Voyez la belle narration de Tite-Live, liv. vi, ch. 39-51.

109. Caput ejus balista excussum. Tacite fait mention de ce siége, mais sans parler de cette tête qui fut lancée dans la place (Annales, liv. xiv, ch. 24 et 25.)

110. Superatis acie Carthaginiensibus. Casaubon pense qu’il faudrait lire Atheniensibus. Cf. Polyen, liv. i, ch. 43, § 1.

111. Somnoque et mero pressis.Voyez Thucydide, liv. vii, ch. 73 et 74 ; et surtout Diodore de Sicile, liv. xiii, ch. 18.


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