Les Stratagèmes (Frontin)/Trad. Bailly, 1848/Livre IV/Chapitre VI

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Texte édité et traduit par Charles Bailly, 1848.
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VI. De la bonté et de la douceur.

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1. Q. Fabius dit à son fils, qui lui conseillait de sacrifier un petit nombre de soldats pour s’emparer d’une position avantageuse : « Veux-tu être de ce petit nombre ? »

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2. Xénophon, étant à cheval, venait d’ordonner à son infanterie de s’emparer d’une hauteur, lorsqu’il entendit un soldat dire, en murmurant, qu’il était facile à un homme à cheval de commander des choses aussi pénibles. Il descendit aussitôt, fit monter le soldat à sa place, et se dirigea à pied vers le sommet de la montagne. Le soldat, pour échapper à la honte et aux railleries de ses camarades, se hâta de descendre. Quant à Xénophon, toute son armée eut peine à obtenir de lui qu’il reprît son cheval, et qu’il réservât ses forces pour les fonctions nécessaires de général.

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3. Alexandre, pendant une marche en hiver, était assis devant un feu, et regardait défiler ses troupes, lorsqu’il aperçut un soldat presque mort de froid. Il lui fit prendre sa place, et lui dit : « Si tu étais né parmi les Perses, ce serait pour toi un crime capital de t’asseoir sur le siége de ton roi ; un Macédonien peut se le permettre. »

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4. L’empereur Auguste Vespasien, étant informé qu’un jeune homme d’illustre naissance, mais peu propre au métier des armes, était obligé, par le mauvais état de sa fortune, de servir dans les derniers grades de l’armée, lui assura de quoi vivre selon son rang, et lui donna un congé honorable.


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64. « Visne ex illis paucis esse ? » Plutarque (Apophthegmes) attribue à Metellus Cécilius une réponse semblable.

Le mot de Fabius rappelle celui du maréchal de Saxe. Un de ses officiers généraux, lui montrant un jour une position qui pouvait être utile, lui dit : « Il ne vous en coûtera pas plus de douze grenadiers pour la prendre. — Douze grenadiers ! répondit le maréchal ; passe encore si c’étaient douze lieutenants généraux. »

65. Laborem suum in necessaria duci muncm reservaret. Xénophon rapporte lui-même ce fait, mais avec quelques circonstances qui s’écartent du récit de Frontin. Le soldat qui apostropha le général se nommait Sotéridas, de Sicyone. — Voyez l’Anabase, liv. ii, ch. 4.

66. In Macedonia nato, conceditur. Quinte-Curce, qui ne pouvait manquer d’inscrire ce trait de bonté d’Alexandre, lui fait dire (liv. viii, ch. 4) : « Illis (Persis) in regis sella consedisse capitale foret ; tibi saluti fuit. » Il y a là une antithèse qui n’est pas sans effet, et qu’on ne trouve pas dans Frontin.

67. Eductum ad longiorem ordinem. Ces mots ont été interprétés de différentes manières, et il est difficile d’en préciser le sens. Je me suis rapproché autant que possible de celui qui a été adopté par Juste-Lipse, de Militia Romana. Tillemont (Hist. de Vespasien, art. xi) a rapporté cet acte de libéralité par une traduction libre du récit de Frontin.


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