Les Troubadours, leurs vies, leurs œuvres, leur influence/Chapitre XII

La bibliothèque libre.
Librairie Armand Colin (p. 279-302).



CHAPITRE XII

LE DERNIER TROUBADOUR

Guiraut Riquier, de Narbonne. — Narbonne au xiiie siècle. — Riquier et le roi de France. — Riquier à la cour d’Alphonse X de Castille. — Sa requête au roi : distinction à établir entre jongleurs et troubadours. — Riquier et le comte de Rodez, Henri II. — Son œuvre : les pastourelles. — Sa conception de l’amour. — Transformation de cette conception sous l’influence des idées religieuses du temps. — Commentaire de la chanson de Guiraut de Calanson. — Les chansons à la Vierge. — Le Consistoire du Gai-Savoir. — Clémence Isaure. — La Renaissance provençale.


Après nos excursions en Italie, en Espagne et en Portugal, en Allemagne et dans le Nord, il est temps de revenir dans le Midi de la France pour y étudier l’œuvre du dernier troubadour.

On a pu voir, par les chapitres qui précèdent, quelles sont les causes de la décadence de la poésie provençale. Dès les débuts du xiiie siècle la croisade dirigée contre les Albigeois, en ruinant la noblesse méridionale, rendit précaire l’existence de cette poésie. La décadence commença bientôt et se continue pendant la seconde moitié du xiiie siècle.

L’établissement de l’Inquisition et la fondation de nombreux ordres religieux, qui accompagna l’invasion des pays du Midi, ne contribua pas peu à cette décadence. Si aucun troubadour ne périt sur les bûchers ou dans les prisons, plus d’un jugea prudent de s’exiler. Quoique les documents fassent à peu près défaut, on peut croire que les chefs de cette juridiction exceptionnelle que fut l’Inquisition ne nourrissaient que des sentiments peu sympathiques pour la poésie en général et en particulier pour la poésie légère, insouciante et largement païenne des troubadours.

Ces causes auraient peut-être suffi à amener la décadence de la poésie provençale, si elle n’avait déjà porté en elle-même comme des germes morbides dont les circonstances extérieures hâtèrent l’éclosion. Cette poésie essentiellement lyrique n’avait pas su se renouveler ; il y avait en elle — presque depuis les origines — quelque chose de factice, de conventionnel ; elle aurait dû se transformer pour vivre ; elle n’y parvint pas.

Ces causes réunies hâtèrent la décadence ; elle se prolongea assez longtemps. La poésie provençale disparut lentement, avec grâce et langueur ; et elle était encore d’assez belle allure lorsque, vers la fin du xiiie siècle s’éteignit la voix de celui qu’on a appelé le « dernier troubadour », Guiraut Riquier. Par sa naissance il est contemporain d’Uc de Saint-Cyr, d’Aimeric de Péguillan, des troubadours italiens Lanfranc Cigala et Sordel, chez qui se reflète encore l’éclat de la poésie classique ; ses contemporains sont Bertran Carbonel de Marseille, Folquet de Lunel, Serveri de Girone ; mais aucun de ceux-là ne peut supporter la comparaison avec les troubadours de l’époque classique ; la décadence a bien commencé.

Guiraut Riquier était né à Narbonne, vers 1230 ou 1235, d’une famille sans doute obscure. Le vicomte de Narbonne, dont il fut le protégé, était le descendant de la vicomtesse Ermengarde, qui, au siècle précédent, avait attiré auprès d’elle quelques-uns des plus illustres troubadours. Il était resté, dans ce milieu, quelque chose de ces traditions.

Narbonne était alors une des villes les plus importantes du Midi, peuplée de bourgeois et de commerçants ; elle était, en partie, une ville cosmopolite et possédait une colonie juive très puissante, qui y fut toujours traitée avec la plus grande tolérance.

« Narbonne est belle », dit Charlemagne dans Aymerillot. Le trouvère du xiiie siècle, Bertrand de Bar-sur-Aube, que Victor Hugo imite, en fait la description suivante :

Entre deux roches, au bord d’un golfe, Charlemagne vit, sur une colline, une ville que les Sarrasins avaient fortifiée… Il y avait vingt tours, construites de liais brillant, et au centre une autre tour admirable… Au-dessus du palais principal était une boule d’or fin ; on y avait enchâssé une escarboucle qui flamboyait aussi vivement que le soleil qui se lève au matin… D’un côté de la ville s’étend le rivage de la mer ; d’autre part coule l’Aude aux flots impétueux, qui amène aux habitants toutes les richesses qu’ils peuvent désirer.

On ne sait où Bertrand de Bar-sur-Aube a pris les éléments de cette description. On chercherait en vain la colline sur laquelle, d’après le trouvère champenois, serait assise Narbonne, et les deux roches ne sont mises là que par souci du pittoresque.

Plus exact est-ce que dit le même trouvère de la puissance commerciale de la ville.

Aude, le grand fleuve, fait le tour des murailles. Par là viennent les grands navires cloués de fer et les galères pleines de richesses, qui font l’opulence des habitants de la bonne ville. Quand ceux-ci ont tiré le verrou de la porte et que le portier a levé le pont, ils peuvent être en toute sécurité ; car ils ne craignent homme qui vive ; la chrétienté entière ne pourrait les prendre.

C’est dans ce milieu que notre troubadour passa la première partie de sa vie. Il ne semble pas qu’il y ait été très heureux. Il adressa ses premières poésies lyriques à la vicomtesse de Narbonne, Philippe d’Anduze. Mais Belle-Joie ou plutôt Beau-Déport (c’est le nom sous lequel notre poète la désigne) ne paraît pas avoir été très sensible à ses hommages poétiques. Aussi le poète quitta-t-il sa ville natale pour aller chercher ailleurs des protecteurs plus puissants.

Il s’adressa au roi de France, saint Louis, et ceci ne manque ni de hardiesse ni d’originalité. Ce n’était pas l’usage des troubadours de remonter vers le Nord ; on a vu dans les deux chapitres précédents que, en dehors des petites cours du Midi, celles qui leur étaient le plus hospitalières étaient les cours de Castille ou d’Aragon, ou celles du Nord de l’Italie. Aucun troubadour n’a séjourné à la cour de France et la requête de Guiraut Riquier est unique en son genre.

Elle prouve que la Croisade contre les Albigeois, malgré ses atrocités, avait laissé peu de rancunes dans les cœurs. Sans doute Guiraut Riquier, semblable en cela à la plupart des troubadours, est un poète besogneux, et sa petite patrie, Narbonne, avait eu peu à souffrir de la guerre ; elle avait évité le sort de Béziers et de Carcassonne en se déclarant pour Simon de Montfort. De plus, après la révolte de 1242, où les principaux seigneurs du Midi s’allièrent avec les Anglais contre le roi de France, celui-ci avait fait preuve de beaucoup de générosité. Mais les mêmes sentiments sont communs à tous les troubadours du temps, c’est-à-dire de la seconde moitié du xiiie siècle. Le ressentiment contre les conquérants du Nord fut d’abord violent et se manifesta par d’énergiques sirventés comme ceux de Peire Cardenal, de Bernard Sicart de Marvejols, de Guillem Figueira ou d’Aimeric de Péguillan. Mais ce sont là des contemporains de la croisade, des témoins peut-être des scènes d’horreur de Béziers et de Toulouse : on comprend chez eux la violence ou la ténacité de la haine. La génération suivante n’a pas hérité de ces ressentiments. La population s’était assez vite ralliée au nouveau régime, et les troubadours, image de la société de leur temps, n’ont plus eu ni une parole de révolte ni un regret.

On peut juger de l’accueil qui fut réservé, à la cour de saint Louis, à la supplique de notre troubadour. Le roi devait considérer la poésie comme un art bien frivole ; la reine, Marguerite de Provence, ne ressemblait guère à Éléonore d’Aquitaine qui avait occupé le trône de France avant elle et en qui revivait le caractère gai et original de son aïeul, Guillaume de Poitiers. Il n’y avait pas de place pour un poète de langue étrangère dans une cour où les poètes français n’excitaient eux-mêmes aucun intérêt. Les centres littéraires étaient ailleurs qu’à Paris ; ils étaient à Troyes, à Arras surtout où un groupe de bourgeois cultivait et honorait la poésie comme l’avaient fait avant eux les grands seigneurs du Midi.

Riquier se tourna vers un protecteur plus bienveillant, le roi de Castille, Alphonse X le Savant (1252-1284). La libéralité d’Alphonse X était devenue proverbiale et les troubadours accoururent en foule auprès de lui. Il était poète lui-même et Guiraut Riquier se trouva en relations, non seulement avec de nombreux troubadours, mais aussi avec les principaux représentants de l’école galicienne dont Alphonse X était un des chefs. Dans ce milieu un peu cosmopolite la lutte pour la vie et pour la gloire dut être rude ; certaines allusions obscures de notre poète permettent de le deviner ; cependant Guiraut Riquier paraît être resté, de 1270 à 1279, un des poètes favoris du roi de Castille.

Il profita bientôt de la bienveillance royale pour adresser à son maître une curieuse requête au sujet du nom des « jongleurs ». Le jongleur fut, dès les origines de la poésie provençale, l’auxiliaire des troubadours. Les troubadours grands seigneurs — et ils n’étaient pas rares à l’origine — leur confièrent souvent le soin de réciter leurs poésies. Leur rôle avait grandi avec le temps.

Mais la vie errante que menaient les jongleurs les mettait en relations avec une société bien mêlée et on a pu voir, dans un précédent chapitre, que plus d’un y prenait de mauvaises habitudes. De plus on confondait sous le nom de jongleurs toutes sortes de gens, depuis le vrai jongleur, chargé de réciter des poésies, jusqu’aux montreurs d’ours, de chiens, de chats ou d’oiseaux dressés ; les types les plus connus de la foire et du cirque voisinaient — sous une dénomination commune — avec les auxiliaires les plus précieux des poètes. Cela ne pouvait durer. L’Église avait établi des distinctions parmi la bande hétéroclite des jongleurs, tolérant les uns et retirant ses bénédictions à ceux qui déshonoraient la corporation. Pour des raisons de haute convenance poétique Guiraut Riquier demanda au roi Alphonse une distinction du même genre. Et il rendit, à la place du roi, ou peut-être sur son conseil, un décret en forme, ordonnant de nouvelles dénominations.

Il y aura désormais quatre catégories dans le monde de ceux qui écrivent des poésies ou qui en vivent : au plus bas degré sont les bateleurs qui mènent une vie honteuse ; un seul nom leur convient, celui qu’ils ont en Lombardie, « bouffons ».

La classe suivante comprendra les vrais jongleurs ; ceux-là ont du savoir-vivre, leur courtoisie et leur talent délicat leur permettent de fréquenter les grands ; ils mettront la joie dans leur société, en jouant des instruments, en récitant contes et nouvelles.

Le nom de troubadour sera réservé à ceux qui « trouvent danses, chansons et ballades gracieusement composées ».

Mais parmi eux quelques-uns sont hors de pair ; ce sont ceux qui écrivent les « vers » parfaits, les belles poésies didactiques : ceux-là ont la « maîtrise du souverain trouver », de la poésie parfaite ; ils porteront un nom en rapport avec leur talent : don doctor de trobar, seigneur docteur en poésie.

Ne sourions pas trop de cette naïveté de poète, croyant à l’efficacité de la réglementation en matière de talent poétique et même de génie ; nous sommes en plein moyen âge, époque où tout est réglé par des lois et coutumes, écrites ou non. Sans doute il y a quelque arrière-pensée utilitaire dans les distinctions que Riquier veut faire établir, les troubadours de première classe, munis du diplôme de « docteur en poésie », devant recevoir plus de faveurs et plus d’honneurs. Mais d’abord ce sont là des idées qui ne sont pas particulières au seul moyen âge ; le mandarinat — qu’on nous permette cet anachronisme — est sans doute de tous les temps et de tous les pays.

Et puis surtout si le désir de cette distinction de classes n’est pas tout à fait désintéressé, il s’y mêle un souci très élevé de la noblesse de la poésie. Riquier insiste à plusieurs reprises sur le mal que causent à la poésie les misérables chanteurs de rue qui la représentent aux yeux du vulgaire ; il voit là une sorte de profanation, contre laquelle il proteste avec une indignation éloquente.

Que pouvait-il advenir de cette requête et du décret qui en fut la conséquence ? C’était un acheminement vers la création d’écoles fermées, comme il y en eut dans le Nord de la France et surtout en Allemagne, où les « maîtres chanteurs » formèrent, en particulier à Nüremberg, des corporations. Dans le Midi la poésie n’avait plus assez de vie pour permettre la fondation de ces écoles chères, dans toutes les littératures, aux épigones.

Riquier quitta vers 1279 la cour de celui qu’il appelle le « bon roi de Castille ». Les dernières années de la vie d’Alphonse X ne furent qu’une série de déboires ; il eut à combattre les grands ; son fils aîné se déclara contre lui et il fut réduit après avoir fait un vain appel aux rois de Portugal, de France et d’Angleterre à implorer le secours des musulmans. Riquier garda de lui un souvenir ému : « Depuis que je perdis le glorieux roi qui m’aimait tant, Alphonse de Castille, je n’ai pas trouvé de seigneur qui appréciât mon talent et qui me sût si bien honorer qu’il me retirât de la misère. »

Il en trouva un cependant en la personne du comte de Rodez, Henri II. Les seigneurs de ce comté avaient été de tout temps les protecteurs des troubadours et se piquaient eux-mêmes de poésie. Pendant la dernière période de la décadence il y eut autour du comte Henri II (mort en 1302), une sorte d’école poétique, la dernière où fut honorée la poésie des troubadours. De nombreuses tensons nous laissent entrevoir ce qu’y fut la vie de société. On y discutait des questions de casuistique amoureuse ; certaines tensons à trois ou quatre personnages ressemblent déjà à des comédies de salon. Nous savons même qu’on rendait des jugements, à la suite de ces discussions, et que les dames assistaient à ces jugements et y prenaient sans doute part. Il n’y a rien là que de très vraisemblable, et qui ne suffit pas, est-il besoin de le dire, à faire revivre la gracieuse légende des cours d’amour.

Un jour le talent de Riquier fut mis à une épreuve difficile. Le comte de Rodez choisit, parmi les troubadours qui se pressaient autour de lui, quatre des meilleurs et il leur donna à commenter une chanson de Guiraut de Calanson, un des modèles les plus parfaits du style obscur. On distribua aux concurrents le texte de la chanson, sans aucune modification. Ce fut, comme on voit, une sorte de concours de critique littéraire. Riquier fit diligence et n’eut pas de peine à triompher : il obtint le prix. Après avoir pris conseil des connaisseurs, Henri II déclara solennellement que Riquier avait compris le sens de la chanson et l’avait bien commentée ; et pour que nul n’en ignorât, il fit faire un diplôme muni de son sceau où fut transcrite cette déclaration. Ce fut un grand triomphe littéraire pour Riquier, mais ce fut sans doute le dernier (1285).

Riquier mourut dans les dernières années du xiiie siècle. Une de ses dernières poésies est touchante de tristesse et de sincérité.

Je devrais m’abstenir de chanter, car au chant convient l’allégresse, et un tel souci m’oppresse qu’il m’attriste complètement, quand je me remémore le pénible temps passé, que je considère le triste temps présent et que je songe à l’avenir : ce sont là tout autant de motifs de pleurer.

C’est pourquoi mon chant, qui est sans allégresse, ne devrait pas avoir de charme, mais Dieu m’a donné un tel talent qu’en chantant je retrace ma folie, mon bon sens, ma joie, mon déplaisir, ce qui me nuit et ce qui m’est utile ; car autrement je ne dis presque rien de bien ; mais je suis venu trop tard.

C’était un monde déjà trop vieux que celui où il vécut et la poésie n’y jouissait guère de la considération qu’elle avait connue dans l’âge précédent.

Mais le dernier troubadour eut, comme ses prédécesseurs, l’orgueil de son art. Pendant sa vie errante voici comment il se consolait de sa misère : « De mon agréable richesse (c’est-à-dire le talent poétique) que nul ne peut m’enlever, je sais gré à la noble dame que j’adore et plus encore, s’il se pouvait, à l’amour. » C’est cet orgueil de poète qui fait l’intérêt de sa vie. Ce dernier représentant de la poésie provençale se fait remarquer en pleine décadence par un souci très vif de son art : par ce côté de son talent il est bien de la race des grands troubadours.

Son œuvre est des plus variées. Il est un virtuose en métrique, pour l’agencement des strophes et des rimes. Comme chez la plupart des troubadours de la décadence, les poésies morales, didactiques et religieuses y tiennent une grande place. Mais curieux d’originalité il a inventé des genres nouveaux et a essayé de donner une vie nouvelle à des genres anciens. Il y a admirablement réussi dans ses pastourelles. Les six qui nous restent de lui forment un groupe à part dans son œuvre. Il met en scène la même bergère, jeune fille dans la première pièce, mère de famille dans les dernières. Il y a là une sorte de drame, dont l’action se prolonge à travers plusieurs années ; dans les différents actes le dialogue est vivant, animé, brillant, surtout par suite d’un artifice de style qui consiste à enfermer demandes et réponses dans un ou deux vers.

La première pastourelle débute par un gracieux tableau qui est d’ailleurs de style dans ce genre.

L’autre jour j’allais le long d’une rivière, me réjouissant tout seul ; car l’amour me conduisait et me poussait à chanter. Je vis une gaie bergère, belle et avenante, qui gardait ses agneaux. Je me dirigeai vers elle ; je la trouvai fière, avec un air convenable ; elle me fit bonne mine à ma première demande.

Car je lui demandai : « Jeune fille, fûtes-vous aimée et savez-vous aimer ? » Elle me répondit sans détour : « Seigneur, sûrement je me suis déjà promise. — Jeune fille, puisque je vous ai rencontrée, je serais heureux si je pouvais vous plaire. — Vous m’avez trop cherchée, sire ; si j’étais folle, je pourrais y penser. — Cela ne vous plaît pas ? — Non, seigneur, ni ne doit me plaire…

— Jeune fille, ne craignez pas que je vous veuille honnir. — Seigneur, je suis votre amie, puisque la sagesse vous retient. — Jeune fille, quand je suis sur le point de faillir, pour me retenir je pense à Beau Déport. — Seigneur, votre amitié me plaît fort ; maintenant vous vous faites aimer. — Jeune fille, qu’est-ce que j’entends ? — Que je sens quelque inclination pour vous, seigneur.

— Dites, charmante fille, qui vous fait dire à présent parole si aimable ? — Seigneur, où que j’aille on entend les jolies chansons de Guiraut Riquier. — Mais vous ne prononcez pas encore le mot que je vous demande. — Seigneur, Beau Déport qui vous préserve de tout blâme, ne vous protège-t-elle pas ? — Cela ne me profite guère. — Au contraire, seigneur. — Jeune fille, je reprendrai souvent ce sentier. »

Il y revint en effet deux ans plus tard (1262) et voici le début de sa deuxième pastourelle.

L’autre jour je rencontrai la bergère d’antan ; je la saluai et la belle me rendit mon salut ; puis elle me dit : « Seigneur, comment êtes-vous resté si longtemps sans que je vous voie ? L’amour ne vous tourmente guère. — Si, jeune fille, plus qu’il ne paraît. — Seigneur, comment pouvez-vous supporter ce chagrin ? — Il est si grand qu’il m’a fait venir ici. — Moi aussi, seigneur, j’allais vous cherchant. — Mais vous êtes ici gardant vos agneaux ? — Et vous de passage, seigneur, à ce qu’il me semble ? »

La conversation se poursuit sur ce ton, le poète parlant amour et la prude bergère le rappelant aux convenances et le calmant d’un mot en lui rappelant le souvenir de Beau Déport.

Deux ans après nouvelle rencontre (1264). C’est le sujet de la troisième pastourelle. Le troubadour y introduit un élément nouveau qui consiste à supposer qu’il ne reconnaît pas la jeune fille.

Je trouvai l’autre jour une gaie bergère au bord de la rivière ; à cause de la chaleur la belle tenait ses agneaux à l’ombre ; elle faisait un chapeau de fleurs et était assise en un endroit élevé au frais. Je descendis de cheval. Elle fut avenante et m’appela la première.

Je lui dis : « Pourrai-je obtenir de vous quelque joie puisque vous m’êtes si avenante ? — Je cherche, me dit-elle, pensive, nuit et jour, un gentil ami. — Vous m’aurez sincère et fidèle, toute ma vie durant. — Cela se peut bien, seigneur, car il me semble qu’amour vous possède. — Oui, un amour farouche. — Seigneur, il est bien subit. — Jeune fille, si avant peu vous ne me secourez pas, l’amour que je vous porte me tuera. — Seigneur, l’homme qui souffre obtient du secours ; espérez. — Jeune fille, l’amour commence à me martyriser si fort qu’il me faut votre secours. — Seigneur, vous m’avez désirée timidement pendant quatre ans. — Je ne pense pas vous avoir jamais vue. — Seigneur, vous ne me connaissez pas ? — Êtes-vous folle ? — Non, seigneur, ni muette. »

Quelques années plus tard le poète rencontre la jeune bergère bien changée ; cette fois-ci c’est au tour de la jeune fille de ne pas le reconnaître.

L’autre jour je vis la bergère que j’ai vue si souvent ; elle était bien changée, car elle tenait sur ses genoux un petit enfant endormi ; elle filait comme une personne sage. Je crus qu’elle me serait familière à cause de nos trois entretiens ; mais je vis qu’elle ne me connaissait pas quand elle me dit : « Vous quittez votre chemin ? »

« Jeune fille, lui dis-je, votre agréable compagnie me plaît tant que j’ai besoin de votre amour. — Elle me répondit : Seigneur, je ne suis pas si folle que vous pensez ; j’ai mis mon amour ailleurs. — C’est une grosse faute ; il y a si longtemps que je vous aime sincèrement. — Seigneur, jusqu’aujourd’hui je ne crois pas vous avoir vu. — Vous perdez la raison, jeune fille ! — Non, seigneur, de l’avis de tous.

— Sans vous, jeune fille, je ne puis trouver de remède à mon mal ; il y a si longtemps que vous me plaisez. — Ainsi me parlait, seigneur, Guiraut Riquier ; mais je ne m’y laissai jamais prendre. — Guiraut Riquier ne vous oublie pas : vous souvenez-vous de moi ? — Il me plaît plus que vous, seigneur, et sa vue me serait agréable. — Jeune fille, ma joie commence ; car je suis sans nul doute celui qui vous a fait connaître par ses chants. »

Le poète enorgueilli et flatté croit le moment venu de faire une nouvelle déclaration.

« Fille aimable, pourrions-nous nous mettre d’accord si j’étais discret ? — Seigneur, oui, mais il n’y aurait pas d’autre amitié que celle que nous nous témoignâmes la première fois… si j’avais été légère vous m’auriez tenue pour peu raisonnable. »

Voilà le mot de la coquette vertueuse qui a berné notre poète pendant les quatre premiers actes : les deux interlocuteurs ne parlent pas la même langue ; quand le poète parle d’amour, et même d’amour farouche, la bergère parle d’amitié. Dans les deux derniers actes — c’est-à-dire dans les deux dernières pastourelles — elle en arrive à sermonner le troubadour impénitent ; il est vrai que le temps a passé et que le poète la trouve quelques années après bien changée : « elle n’était plus belle comme autrefois », dit-il. Elle revenait d’un pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle et n’en rapportait que des sentiments pieux. Le poète est devenu vieux et elle raille sans indulgence ses cheveux blancs ; la bergère a l’esprit tourné vers les choses religieuses et elle souhaite au troubadour de mener une meilleure vie. Avec la première pastourelle nous étions en plein roman ; les deux dernières ressemblent à deux sermons.

C’est que pendant les vingt années que ce roman est censé avoir duré, les idées du poète se sont aussi modifiées. L’évolution qu’a suivie sa conception de l’amour va nous en donner une nouvelle preuve.

La plupart des chansons du dernier troubadour sont adressées à une dame qu’il désigne sous le nom de Beau Déport (Belle Joie). Il est probable qu’il s’agit de la vicomtesse de Narbonne qui fut chantée par d’autres troubadours. Mais cela importe peu en somme et voici pourquoi : c’est que, plus que chez tout autre, l’amour paraît avoir été chez notre troubadour un jeu de l’esprit plutôt qu’un sentiment venu du cœur. Sans doute quelquefois on croit sentir vibrer la sincérité sous les formules conventionnelles ; mais c’est sans doute que le cœur chez lui aussi fut dupe de l’esprit. L’objet de son amour aurait pu être irréel, comme on a prétendu (et l’erreur était possible) que c’était le cas pour Dante et pour Pétrarque. On a même rapproché Guiraut Riquier de ces deux poètes, et s’il était démontré que les œuvres des derniers troubadours ont été connues en Italie, on n’aurait pas manqué de dire que Dante, contemporain en somme de Riquier, avait pu l’imiter. Le dolce stil nuovo aurait pu naître de l’œuvre des derniers troubadours. Seulement l’évolution qui se produisait dans la lyrique italienne n’était plus possible dans la lyrique provençale ; ce qui dans la première était un principe de vie était dans la seconde un produit de la décadence.

Ce n’est pas que la conception de l’amour chez Riquier soit bien différente de celle des troubadours qui l’ont précédé. Comme eux il demande une seule faveur à sa dame, de l’agréer pour serviteur ; il a choisi comme eux la meilleure et la plus aimable femme qui soit au monde ; il jure à tout instant qu’elle peut compter sur sa fidélité et sur sa discrétion. Mais la dame, conformément aux conventions, demeure rigoureuse, inflexible ; les traditions littéraires ne lui permettent pas une autre attitude. Et Riquier de se désespérer, de répéter après tant d’autres que le chagrin le tuera, que la honte de cette mort rejaillira sur la dame qui ne lui a témoigné aucune pitié.

Et cependant deux choses le consolent dans son infortune. S’il regrette l’esclavage où l’amour l’a placé et s’il pense, avec une mélancolie qui paraît sincère, à l’heureux temps où il était libre, corps et âme, il sait gré à l’amour de ne l’avoir pas fait aimer une autre femme. C’est que Beau Déport, malgré sa rigueur, ou plutôt à cause de sa rigueur, a fait de lui un excellent poète et un homme meilleur. Au moment où son talent est le plus honoré, en Castille, il ne manque pas de faire hommage de cet honneur à Beau Déport et à l’amour. L’amour de Beau Déport lui a donné la gloire. « Je me tiens pour bien payé de mon talent, qui m’est venu pour avoir bien aimé ma dame sans être aimé : car mon nom est connu et j’ai la sympathie des grands… »

Voilà pour l’honneur qui a rejailli sur le poète ; et voici pour la perfection morale dont Beau Déport fut la source : « Et comme ma dame au gentil corps honoré, ornée de toutes les qualités, ne fut ni reprise ni blâmée, pas même d’une mauvaise pensée, je l’aime plus parfaitement et avec crainte ; car il me semble que si elle ne m’avait pas refusé son amour, elle et moi nous aurions déchu. Aussi ai-je grandi en sagesse, au point que les vils espoirs me déplaisent. » Valeur littéraire et valeur morale proviennent du même principe ; le pouvoir d’amour est tel qu’il opère des miracles : « Amour fait faire toutes actions convenables et donne les qualités qui accompagnent l’honneur. Donc amour est doctrine de valeur ; il n’est pas d’homme si méprisable que l’amour ne transforme en homme d’honneur pourvu qu’il aime. »

On voit à quelle haute conception morale mène l’amour ainsi entendu. Cependant même sous cette forme il ne trouva bientôt plus grâce devant les idées morales et surtout religieuses du temps et Riquier lui-même eut l’occasion de renier sa doctrine pourtant si épurée.

On se souvient du concours littéraire qu’avait institué le comte de Rodez et où Riquier remporta le prix. Le sujet du concours était, avons-nous dit, le commentaire d’une chanson obscure d’un troubadour d’ailleurs peu connu. Le sujet de la chanson (écrite pendant la période classique, tout au début du xiiie siècle) était la description du palais qu’habite l’amour ; ou plutôt le « tiers inférieur d’amour ».

Il y a trois espèces d’amours : l’amour céleste, l’amour naturel (amour des parents) et l’amour charnel : c’est celui-là qui est le « tiers inférieur ». Il a grand pouvoir, personne ne lui résiste. « Cet amour est déréglé, dit Riquier, et ne peut juger droitement ; il n’écoute que la volonté (nous dirions la passion) et non la raison. Les amants trouvent ses débuts agréables, mais ensuite viennent « tourments, soucis et chagrins ».

Entre ces trois sortes d’amours le poète moraliste a vite fait son choix. Il méprise le « tiers inférieur d’amour » ; il supporte l’amour naturel (celui des parents et des enfants) ; mais il met bien au-dessus des deux l’amour divin ; il souhaite de voir le palais élevé où il jouira « de la paix sans fin, de l’amour sans restriction, des biens parfaits sans dommage, du plaisir sans tristesse et de la joie sans désir ».

Ce commentaire et l’accueil sympathique qu’il reçut dans la dernière société où la poésie des troubadours fut honorée nous a gardé l’écho des préoccupations religieuses du temps. La théorie de l’amour péché inventée par l’Église a pénétré dans la poésie provençale : elle n’en sortira pas de sitôt. Nous comprenons mieux après cela quelques mots graves que l’on rencontre chez Riquier et chez un troubadour contemporain : la poésie est qualifiée de « péché » par les autorités religieuses du temps. Aussi se transforme-t-elle ; c’est l’époque où fleurissent les poésies à la Vierge dont quelques-unes sont remarquables de grâce. Bientôt la poésie religieuse sera seule permise.

Tous ces faits sont des indices de la transformation profonde qui s’est produite dans les mœurs. À un siècle de paganisme qui est l’époque de la période classique succède une période d’agitation religieuse. La croisade contre les Albigeois marque le triomphe de l’orthodoxie. Les congrégations, les ordres religieux se multiplient, font une propagande incessante ; petit à petit l’esprit public se transforme ; la poésie profane même sous sa forme la plus épurée devient un « péché », la poésie religieuse est la seule qui soit admise ou comprise. Tel est le terme de l’évolution auquel est arrivée à la fin du xiiie siècle, chez Riquier et ses contemporains, la poésie des troubadours. Sous cette forme elle n’est presque plus reconnaissable ; et cependant, dans les chansons à la Vierge en particulier, il a suffi de peu de chose pour la transformer.

Ce furent ces chansons à la Vierge qui devinrent bientôt une sorte de poésie officielle. En effet Guiraut Riquier mourut dans les dernières années du xiiie siècle. Un quart de siècle plus tard (1323) sept bourgeois de Toulouse, avec autant de zèle que de naïveté, cherchèrent à rallumer le flambeau éteint. Ils fondèrent une Académie, instituèrent des concours (qui vivent encore aujourd’hui) et établirent un code poétique ; en souvenir de l’ancien temps il fut appelé les « Lois d’amour ». Mais les anciens dieux étaient bien morts et la nuit avait définitivement succédé au crépuscule.

La nouvelle École malgré son titre de Consistoire de la Gaie-Science ou Gai-Savoir eut des tendances exclusivement morales et religieuses. Le culte de la femme qui avait fait la gloire de la poésie des troubadours y devint le culte de la Vierge. Mais ces chansons à la Vierge avaient donné — avec Guiraut Riquier et ses contemporains — la mesure de la grâce et du charme qu’on y pouvait atteindre. Les thèmes de la lyrique religieuse ne présentaient pas en effet la même variété que ceux de la lyrique profane. La monotonie était facile à prévoir ; elle caractérise toute cette poésie du xive et du xve siècle. Les mainteneurs — ainsi se nommaient les fondateurs de la nouvelle école — avaient pris soin d’exclure à l’avance tout ce qui pouvait la rompre. Ils n’admirent d’autres genres que ceux qu’on avait déjà traités et où depuis longtemps toute sève était morte. Leur poésie ne fut qu’une poésie de forme, essentiellement académique. On renchérit sur les difficultés métriques que les troubadours avaient léguées, on leur emprunta leurs plus graves défauts, les choses caduques : la rime difficile et recherchée, le style obscur, et de tout cela sortit une poésie correcte, parfois élégante, mais, artificielle, très froide et très monotone.

Ceux-là s’en aperçurent qui demandèrent à la nouvelle école des modèles et des règles. La littérature catalane doit à l’imitation de l’école toulousaine la plupart de ses défauts. Les destinées de cette littérature sont semblables à celle de l’école poétique qu’elle imite, et à laquelle elle emprunte son code. La poésie religieuse y fleurit, la recherche et la préciosité y règnent. Elle est, elle aussi, une littérature académique qui se prolonge sans éclat pendant plusieurs siècles.

L’éloge continuel de la Vierge amena une étrange confusion et créa une légende qui encore aujourd’hui a la vie tenace. On appliqua à la mère de Dieu toutes les métaphores que contiennent les litanies et les hymnes à la Vierge. La mère du Christ était la Vierge Clémente, miséricordieuse, chargée d’intercéder pour les pécheurs auprès de son fils ; elle devint la Clémence personnifiée. Au xve siècle on supposa qu’il avait existé une illustre famille toulousaine du nom d’Isaure, on fit remonter à un membre de cette famille l’honneur d’avoir fondé les « Jeux Floraux » et le mythe de Clémence Isaure (qui ressemble étrangement à une mystification) fut créé.

Nous n’avons pas à poursuivre l’histoire de cette poésie dans les temps modernes. On sait avec quel éclat Mistral et son école l’ont fait revivre alors qu’on la croyait morte pour toujours. Sans doute les conditions sociales, politiques et autres ne sont plus les mêmes qu’au temps de Guillaume de Poitiers ou de Bertran de Born ; elles ne sont pas cependant telles que la poésie provençale, dont le siècle précédent a vu la renaissance, ne puisse vivre glorieusement, si elle continue à se conformer au précepte exprimé avec autant de simplicité que de force par l’auteur de Mireille : « Nous ne chantons que pour vous autres, ô pâtres et paysans. » Laissons de côté ce que l’expression a d’exagéré ; les plus délicats se sont laissé prendre depuis longtemps au charme de cette poésie nouvelle ; mais c’est bien en revenant à la vérité et à la sincérité, que Jasmin, Mistral, Aubanel, Roumanille et Félix Gras, pour ne citer que les plus grands, ont retrouvé les sources de la vraie poésie. Il appartient à leurs successeurs, « à ceux qui aiment la gloire et qui ont le cœur vaillant », de s’inspirer du même principe, s’ils veulent empêcher la nouvelle poésie de mourir prématurément, comme est morte l’ancienne. La « Croisade contre les Albigeois » n’aurait peut-être pas suffi à tuer la poésie des troubadours, si elle n’était devenue de bonne heure une poésie trop conventionnelle. La convention et l’artifice peuvent donner l’illusion de la vie ; ils ne la remplacent pas.

Mais il est temps de revenir en arrière pour jeter un coup d’œil définitif sur le passé. On peut se rendre compte maintenant de la place qu’occupe dans l’histoire des littératures romanes la poésie des troubadours. Elle a fourni des modèles à la plupart d’entre elles ; elle a été une mère féconde, et elle a le droit d’être fière de ses enfants. C’est la France du Midi qui a enseigné à ces littératures naissantes à exprimer sous une forme artistique les sentiments les plus doux les affections les plus chères qui aient fait battre le cœur des hommes. La France du Nord leur a enseigné en même temps les chansons et les fanfares guerrières, dont les échos ont retenti si longtemps dans les romans d’aventure qui se rattachent à nos chansons de geste. L’épopée française a été imitée dans les pays scandinaves et dans la lointaine Islande, comme la poésie des troubadours en Portugal et en Sicile.

C’est au mélange de ces deux influences que le moyen âge français doit l’hégémonie intellectuelle qu’il a exercée sur les pays germaniques aussi bien que sur les pays romans. Cette conquête du monde par la poésie est un des plus beaux titres de gloire du moyen âge français. Les deux parties dont l’union intime et harmonieuse forme la France y ont eu une part égale. Étudier l’une ou l’autre de ces deux influences, c’est contribuer à honorer, comme l’a dit un grand maître, Gaston Paris, la « vieille patrie qui depuis plus de mille ans a excité tant d’amour, mérité tant de sacrifices et animé tant d’âmes de son génie et de son cœur ».


Voir pour tout ce chapitre J. Anglade, Le troubadour Guiraut Riquier, Paris, 1905. On y trouvera la bibliographie concernant les troubadours de la décadence.

Paolo Savj-Lopez, Trovatori e poeti, Milan, Palerme, Naples, [S. d.] [1907] (chap. ii, L’ultimo trovatore).

Texte : Die Werke der Troubadours, herausgegeben von C.-A.-F. Mahn, Berlin, 1853. L’éditeur est le Dr Pfaff.

J.-B. Noulet et C. Chabaneau, Deux manuscrits provençaux du xive siècle, Montpellier-Paris, 1888.

Les Leys d’Amors ont été publiées dans les Monumens de la littérature romane…, par M. Gatien-Arnoult, Toulouse, 1841, 3 vol.

Ces trois volumes sont complétés par un quatrième intitulé : Monumens de la littérature romane…, par M. Gatien-Arnoult, seconde publication, Paris-Toulouse, s. d. [1849]. Ce volume, dont la publication est due au Dr Noulet, contient un grand nombre de pièces couronnées depuis les origines des Jeux Floraux jusqu’au xve siècle.

Sur la légende de Clémence Isaure, cf. Chabaneau, Histoire générale de Languedoc, tome X, p. 177, note et Noulet : De Dame Clémence Isaure substituée à Notre-Dame la Vierge Marie comme patronne des Jeux littéraires de Toulouse, Mém. de l’Acad. nat. des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse, 1852, série 4, tome II, p. 191. Cf. enfin la Grande Encyclopédie, article de M. Antoine Thomas.