Les filles de Loth et autres poèmes érotiques/16

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Dialogue
Les filles de Loth et autres poèmes érotiques, Texte établi par Bernard, Edmond Dardenne, Imprimerie de la Genèse (Sodome) (p. 81-84).

Les filles de Loth et autres poèmes érotiques, Bandeau de début de chapitre
Les filles de Loth et autres poèmes érotiques, Bandeau de début de chapitre

DIALOGUE

Entre Messire le Con et Monseigneur le Trou du Cul


Petit con, joli petit frère,
Disait le cul, ah ! laisse-moi
Te conter ma douleur amère ;
Je n’ai de confident que toi.

— Cochon ! répondit le confrère,
Cesse de soupirer ainsi ;
Car ton haleine m’exaspère
Et de tes maux je n’ai souci.

LE CUL

Pour parler de la sorte, écoute,
As-tu supputé seulement
Ce que ton voisinage ajoute
De supplices à mon tourment ?

Il faut enfin que je te dise,
Voisin, ce que j’ai sur le cœur ;
Tandis que le vit te courtise,
Je reste avec mon déshonneur.

Il n’est morceaux que pour ta bouche,
Il n’est que pour toi de plaisir ;
Et si parfois un doigt me touche,
C’est pour accroître tes désirs ;


Car un lien commun nous lie,
Et lorsque tu fais le séduit,
Mon sphincter aussitôt s’écrie :
Foutre ! c’est le con qui jouit !

Ah ! permets-moi, je t’en conjure,
De me fourrer, un coup sur dix,
Un de ces vits dont l’encolure
Donne à rêver du paradis !

LE CON

As-tu donc fréquenté Sodome
Ou Rome ? bougre d’enculé !
Que tu parles de prendre un homme
Et, comme nous, d’être enfilé.

LE CUL

Eh ! quoi ! nuit et jour, sans mystère,
Tu donnes et prends du plaisir !
As-tu le droit de te distraire ?
Je veux celui de me gaudir.

LE CON

Rentre en toi-même, pauvre sire,
Vois la figure que tu fais :
La merde coule comme cire
De ton trou sordide et punais.

LE CUL

Tu mets sur le tapis la merde !
Soit : mais s’il est vrai que l’amour
De dégoût faiblisse ou se perde,
Crains de l’écœurer à ton tour.


Je suis emmerdé, c’est l’usage,
Plutôt deux fois qu’une, par jour ;
Mais d’ici je sens le fromage :
Est-ce un mets qui plaise à l’amour ?

Enfin, il est une semaine
Dans chaque mois, si ce n’est plus,
Où tu te mets en quarantaine
Pour laisser couler certain flux.

Ce ne sont point là, que je sache,
Avantages dont un vagin
Doive, en se frisant la moustache,
Se montrer satisfait, ni vain.

LE CON

Ignorant, tu hommes fromage
Un arôme exquis, épicé,
Qu’un vit flaire comme un hommage ;
Car un grand veut être encensé.

Pour ces règles que tu débines
Et traites de déjections,
Ce sont les sources purpurines
Des saintes fécondations.

Quant à toi, la bonté divine
Te garde aussi ton aiguillon :
Si pour nous elle fit la pine
Elle offre au cul le postillon.

LE CUL

Le postillon ? belle foutaise !
En amour, je veux tout ou rien.
Je suis étroit, chaud comme braise ;
Mon pucelage vaut le tien.

LE CON

Va, tu n’es que le trou qui chie,
Tu n’as de talent que le pet ;
Et l’animale hiérarchie
Te réserve pour le baquet.

MORALITÉ

À cet instant de la querelle,
Un vit qui bandait dur et fort
S’avisa de foutre en aisselle ;
Cet argument les mit d’accord.

Tout est fantaisie ou caprices
Chez le bizarre genre humain :
On fout en con, en cul, en cuisses,
Au besoin même dans la main.


Les filles de Loth et autres poèmes érotiques, Vignette de fin de chapitre
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