Les principaux monuments funéraires/Camille-Jordan

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CAMILLE JORDAN.




Jordan (Camille), conseiller d’État, chevalier de la Légion d’Honneur, naquit à Lyon, le 11 janvier 1771. Sa famille tenait un rang honorable dans le commerce. Après avoir terminé ses études, il entra au séminaire de Saint-Irénée, à Lyon, pour y suivre, comme laïque, les cours de philosophie et de physique ; il s’était lié au collège avec MM. de Gérando, Augustin et Scipion Perrier. Ce fut à la tenue des États du Dauphiné, au château de Vizille, appartenant à son oncle, M. Claude Perrier, que Camille Jordan connut Mounier, depuis l’un des membres les plus distingués de l’Assemblée constituante, et qui devint son ami.

Lorsque Lyon s’insurgea en 1793, Camille Jordan prit parti contre les ennemis de l’anarchie ; orateur aussi éloquent que soldat courageux, il servit sa ville natale de sa plume et de son épée, et fixa de la manière la plus honorable l’estime et les suffrages de ses concitoyens.

Sur la fin du siège, et quand tout espoir de succès fut perdu, accompagné de sa mère, il se retira en Suisse, puis à Londres ; c’est là qu’il se lia avec MM. Malouet, Lally-Tolendal, et avec plusieurs membres distingués du Parlement d’Angleterre, tels que les lords Erskine, Fox, Holland, etc. Il rentra en France après la chute de Robespierre.

En 1797, le département du Rhône le nomma au Conseil des Cinq-Cents ; depuis cette époque jusqu’au 18 fructidor, il ne fut guère connu que par un rapport qu’il fit sur la police des cultes.

Au 18 fructidor, il échappa à la déportation, se retira en Suisse, de là en Souabe, et se fixa à Weimar jusqu’après le 18 brumaire, qu’il revint à Paris ; il se tint éloigné des affaires publiques, et préféra son indépendance à des places importantes qui lui furent offertes.

Lors du consulat à vie, on publia de lui un écrit intitulé : Vrai sens du vote national dans le consulat à vie. Cet ouvrage, que la police fit saisir, lui aliéna les partisans de la monarchie, qui, d’après sa conduite, l’avaient toujours compté dans leurs rangs. Il résista, dit-on, à toutes les séductions du pouvoir, et vécut en simple citoyen dans ses foyers tant que dura l’empire.

En 1814, nommé membre du conseil municipal de Lyon, il fut député, avec deux de ses collègues, près l’empereur d’Autriche pour réclamer contre l’énormité des réquisitions dont la ville était frappée ; elle obtint du soulagement.

Le 8 avril, Lyon ayant fait sa soumission au Roi, Camille Jordan fut de la députation qu’elle envoya porter son vœu à Louis XVIII ; il reçut le 8 août des lettres de noblesse.

Lorsque M. le comte d’Artois passa à Lyon, il décora de sa main Camille Jordan de la croix de la Légion d’Honneur : et c’est ainsi qu’il sortit malgré lui de l’obscurité où il avait voulu s’ensevelir, et à laquelle il s’était condamné pendant les cent jours en ne prenant aucune part aux affaires publiques.

En 1816, nommé président du collège électoral du département de l’Ain, il fut élu à la Chambre des Députés ; vota constamment avec la majorité, prêta l’appui de son talent à la défense de la loi des élections, rendue en 1817 : il fut nommé conseiller d’État, et fut appelé, depuis, plus d’une fois au conseil des ministres.

Camille Jordan était sincèrement attaché au gouvernement constitué par la Charte ; il s’éleva contre le défaut de publicité et de concurrence des emprunts que faisait le ministre des finances, et plus fortement encore contre les fonds secrets accordés à la police, dont aucun compte ne justifiait l’emploi.

En 1820, l’opposition, quoiqu’en minorité, le portait à la présidence ; mais la Chambre n’eût pas joui long-temps de son talent et de son énergie. Il était affecté depuis plusieurs années d’un squirrhe intestinal, et les fréquentes pertes de sang qu’il éprouvait ne pouvaient qu’abréger ses jours. Le 19 mai 1821, il avait déjà dicté plusieurs pages d’un discours quand tout à coup il s’éteignit.

Son corps fut porté à Saint-Thomas-d’Aquin y et ensuite conduit au cimetière du Père Lachaise, où il a été inhumé.

Le monument élevé à sa mémoire est composé d’un stylobate, sur lequel sont élevés des pilastres qui soutiennent un entablement, avec fronton ; au milieu est placé, sur un piédestal, le buste en marbre de cet homme célèbre. Au-dessous est gravée cette inscription :

a la mémoire
DE CAMILLE JORDAN.