Lettre à Ménage, n°18 (Sévigné)

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Texte établi par Monmerqué, Hachette (1p. 483-484).
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68. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MÉNAGE[1]

(Fin de 1664 ?)

Voici une stance que nous lisions tantôt, qui revient merveilleusement bien à ce qu’on pourroit dire de l’état où se trouve M. le surintendant :

Il miser che si trova a mal partito,
D’Agramante et dogniun si dolea forte,
Et ricordava lor si com’er’ito
Per quello anello a rischio della morte,

Pazzo, senza iudicio, scimunito,
Poi che i servigi ricordava in corte ;
Non sapea che ’l servir del cortigiano
La sera è grato e la matina e vano
[2].

Suscription : À Monsieur, Monsieur l’abbé Ménage.


  1. Lettre 68 (d’après l’autographe, inédit). — i. Ce fragment, que nous plaçons ici par conjecture, pourrait être, au moins aussi vraisemblablement, des premiers temps qui suivirent l’arrestation de Foucquet.
  2. Orlando innamorato di Matteo M. Bojardo, rifatto da Fr. Berni, c. L, st. 405 ou livre II, c. XXI, st. 40. Nous avons conservé, comme dans le billet à Mme d’Uxelles, l’orthographe de Mme de Sévigné. — « Le malheureux, se trouvant dans un mauvais pas, se plaignait fort d’Agramant et de chacun, et leur rappelait comment il avait risqué sa vie pour cet anneau : fou, sans jugement, niais, d’invoquer le souvenir de ses services à la cour ; il ne savait pas que le service d’un courtisan est agréable le soir, et vain la matinée suivante. »