Lettre de Saint-Évremond à la duchesse Mazarin (« Je vous ai envoyé ce matin les gazettes… »)

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LXVIII. Lettre à la duchesse Mazarin, 1695.


À LA MÊME.

Je vous ai envoyé ce matin les gazettes : je n’ai point encore les nouvelles à la main ; mais l’impatience que j’ai de vous obéir m’a empêché de les attendre. Je vous envoie par le petit sénateur1 le second tome du Menagiana, assez curieux : il me satisfait beaucoup davantage que le premier. Nous espérons que vous viendrez demain chez milord Montaigu ; milord Godolphin s’y attend : mais ce qui est plus que tout cela, M. Hampden y doit être, ayant juré qu’il ne vouloit se rendre au monde que par vous : vous lui êtes ce que le maréchal de Clérambaut et le maréchal de Créqui m’ont été : tout le monde. Si vous avez écrit au roi, le jour que vous aviez résolu de lui écrire votre lettre sublime, votre lettre est à Versailles ; car le paquebot a été pris, la malle prise portée à Dunkerque, et de Dunkerque envoyée à Versailles : pour la mienne, cela est sûr ; il y a deux paquebots pris. Voilà des aventures bizarres ; je crois que vous ne vous en mettez pas fort en peine : pour mon particulier, je ne m’en soucie pas.


NOTES DE L’ÉDITEUR

1. C’est ainsi que Saint-Évremond nommoit un de ses valets, qui avoit l’air grave d’un sénateur.