Lettre de Saint-Évremond à la duchesse Mazarin (« Milord Godolphin, ayant une affaire dont il ne peut se dispenser… »)

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XC. Billet à la duchesse Mazarin.


À LA MÊME.

Milord Godolphin, ayant une affaire dont il ne peut se dispenser, et ne pouvant se trouver à la pêche, la partie a été remise. Milord Ranelagh s’est chargé de vous le faire savoir ; et en tous cas, pour plus grande sûreté, je vous l’écris moi-même. Le premier de ces milords m’a envoyé six lapins, pour vous faire tenir : on diroit que je parle d’une lettre. Comme le paquet est gros, j’ai retenu un lapin pour me payer du port, ou si vous l’aimez mieux, pour le droit d’avis. Je voudrois que tous les donneurs d’avis fussent aussi modestes, sur leurs droits, que je le suis sur les miens : un pour six n’est pas trop. Milord d’Arran, ou n’a pu, ou n’a pas voulu m’expliquer l’anglais qui est dans votre lettre ; il se dit malheureux en amour, peu avancé en mariage, reculé en politique ; et que le roi Jacques n’est pas plus malheureux d’avoir perdu ses trois royaumes, que lui de n’avoir plus aucun accès dans votre maison. Comme je ne suis pas heureux en chute, à la fin de mes lettres, je dirai brusquement : Hasta.