Lettre de protestation - 20 septembre 1870

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Lettre de protestation - 20 septembre 1870
Texte établi par Georges IzambardSimon Kra (p. 87-89).

Nous, soussignés, membres de la légion de la garde nationale sédentaire de Douai, protestons contre la lettre de Monseieur M..., maire de Douai, portée à l’ordre du jour du 18 septembre 1870.

Pour répondre aux nombreuses réclamations des gardes nationaux non armés, Monsieur le Maire nous renvoie aux consignes données par le Ministre de la Guerre ; dans celle lettre insinuante il semble accuser de mauvaise volonté ou d’imprévoyance le Ministre de la guerre et celui de l’Intérieur. Sans nous ériger en défenseurs d’une cause gagnée, nous avons le droit de remarquer que l’insuffisance des armes, en ce moment, doit être imputée seulement à l’imprévoyance et a la mauvaise volonté du Gouvernement déchu, dont nous subissons encore les conséquences. Nous devons tous comprendre les motifs qui déterminent le gouvernement de la Défense Nalionale à réserver les armes qui lui restent encore aux soldats de l’armée active, ainsi qu’aux gardes mobiles : ceux-là, évidemment, doivent être armés avant nous par le Gouvernement. Esl-ce à dire qu’on ne pourra pas donner des armes aux trois-quarts des gardes nationaux, pourtant bien décidés à se défendre en cas d’attaque ? non pas. Ils ne veuleutpas resler inutiles : il faut à tout prix qu’on leur trouve des armes. C’est aux conseils municipaux, élus par eux, qu’il appartient de leur en procurer. Le maire, en pareil cas, doil prendre l’initiative, et, comme on l’a fait déjà dans mainle commune de France, il doit spontanément mettre en œuvre tous les moyens dont il dispose pour l’achat et la distribution des armes dans sa commune.

Nous aurons à voter dimanche prochain pour les élections municipales, et nous ne voulons accorder nos voix qu’à ceux qui, dans leurs paroles et dans leurs actes, se sont montrés dévoués à nos intérêts. Or, selon nous, la lettre du maire de Douai, lue publiquement, dimanche dernier, après la Revue, tendait, volonlairement ou non, à jeter le discrédit sur le gouvernement de la Défense Nationale, à semer le découragenient dans nos rangs, comme s’il ne restait plus rien à faire à l’initiative municipale ; c’est pourquoi nous avons cru devoir prolester contre les intentions apparentes de celle lettre.