Lettre du 7 novembre 1655 (Sévigné)

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Texte établi par Monmerqué, Hachette (1p. 404-405).
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35. — DU COMTE DE BUSSY RABUTIN
À MADAME DE SÉVIGNÉ.

La campagne de 1655 étant finie, je vins attendre à Noyon les ordres du quartier d’hiver, et en les attendant, j’écrivis cette lettre à la marquise.

À Noyon, ce 7e novembre 1655.

J’attends ici la venue du Messie, Madame, c’est-à-dire les ordres du quartier d’hiver, avec une grande patience. Je ne m’ennuie pas trop, vu la saison (cela soit dit sans vous offenser, ma chère cousine ; car il me semble que je dois m’ennuyer partout où vous n’êtes pas). Je me lève tard, je me couche de bonne heure ; je vais, je viens, j’entre en colère, j’en sors, je prie Dieu, je le jure, et comme cela les journées d’hiver ne durent rien.

Aussitôt que j’aurai mon congé, j’irai à Compiègne faire ma cour[1] ; et si je dois servir cet hiver sur la frontière, comme je l’ai demandé, je serai bien pressé si je ne vais pas vous dire adieu. En tout cas je vous écrirai, ma belle cousine, et partout je vous aimerai de tout mon cœur.

Mille amitiés, s’il vous plaît, à tous mes rivaux, fussent-ils quatre fois autant qu’ils ne sont.


  1. Lettre 35. — i. La cour allait souvent à Compiègne en ce temps-là. Le mariage de la nièce de Mazarin, Laure Martinozzi, avec Alphonse d’Este, y fut célébré au mois de juin 1655. Nous avons des lettres de Mazarin datées de Compiègne, du mois de novembre 1655.