Lettres à une inconnue/73

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(1p. 182-183).

LXXIII

Paris, juillet 1843.

Voilà une lettre de vous bien aimable et que tendre. Je voudrais être en disposition moins mélancolique pour en jouir entièrement. Tout ce que je puis faire de mieux, c’est de vous remercier de tout ce qu’il y a de bon dans cette lettre et de ne pas vous parler des idées plus ou moins tristes qui me viennent à son sujet. Le malheur, c’est que je ne rêve pas aussi complétement que vous. Mais laissons cela et parlons d’autre chose. Je partirai dans dix jours. J’ai été hier à la campagne faire une visite et j’en suis revenu très-las et très-triste. Las, parce que je me suis ennuyé, et triste, parce que je songeais que c’était un beau jour perdu. Ne vous faites-vous jamais un pareil reproche ? J’espère que non. Quelquefois, je crois que vous sentez tout ce que je sens, puis viennent des drawbacks, et alors je doute de tout.

Adieu ; si je continuais à vous écrire, je dirais des choses que vous ne comprendriez pas comme je les dirais