Lieds (Goethe, trad. Blaze)/Le Nouvel Amadis

La bibliothèque libre.
Poésies
Traduction par Henri Blaze.
(p. 8).

LE NOUVEL AMADIS.


Quand j’étais encore un enfant, on m’enferma ; et je passai mainte année de la sorte, seul avec moi-même, comme dans le corps de ma mère.

Mais tu fus mon passe-temps, Fantaisie aux ailes d’or ; j’étais un héros ardent comme le prince Pipi, et je courais le monde.

Je bâtissais maint château de cristal, et le renversais aussi ; je lançais mes traits flamboyants à travers le ventre des dragons, oui, j’étais un homme !

Alors, en vrai chevalier, je délivrais la princesse Dorade. Elle était vraiment gracieuse, elle me conduisait a table, et j’étais fort galant.

Son baiser était une manne des dieux, brûlant comme le vin. Ah ! j’aimais à en mourir ! Elle était toute émaillée de rayons du soleil.

Ah ! qui me l’a enlevée ? nul lien magique ne pouvait-il donc empêcher sa fuite rapide ? Dites, ou est son pays ! ou est la route qui y mène ?