Loin du centre élégant où la foule se presse (Haag)

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XI


Loin du centre élégant où la foule se presse,
Loin des tumultueux trottoirs du boulevard,
Sur le chemin désert qui longe le rempart,
Nous marchions par un jour d’hivernale tristesse ;

Mais l’hiver, reflété dans son tendre regard,
Semblait se tempérer d’une douce caresse.
Au loin, comme un vaisseau gigantesque en détresse,
Perdu dans l’océan vaporeux du brouillard,


Paris au ciel brumeux flottait ainsi qu’un rêve ;
Et nous, trouvant, hélas ! la minute trop brève
De cet instant heureux qui fuyait loin de nous,

Nous cherchions à revivre à deux par la pensée
Les jours perdus de notre existence passée,
Et nos baisers étaient plus tristes et plus doux.