Mélanges/Tome I/53

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imprimerie de la Vérité (Ip. 166-167).

RÉPONSE AU « MONDE »


8 juillet 1882


Nous demandons bien pardon au Monde de n’avoir pas répondu plus tôt à son article à notre adresse intitulé : « Un incident à vider. » Nous constatons avec plaisir que notre confrère se montre beaucoup moins grossier que d’ordinaire ; c’est un progrès considérable dont nous le félicitons.

Il s’agit de l’entrefilet que le Monde a publié naguère concernant le Courrier des États-Unis et que nous avons reproduit dans nos colonnes. Notre confrère nous prie de croire que ce fait divers a échappé à l’œil si vigilant du rédacteur en chef qui ne laisse rien passer tant soit peu de travers — selon lui — chez les autres. Il nous assure qu’il n’a vu le dit fait divers que dans nos colonnes. C’est bien ; transeat. Seulement, notre confrère devrait, ce nous semble, nous remercier de contrôler ainsi ses faits divers. Le Monde profite de l’occasion pour condamner sévèrement le Courrier des États-Unis ; « journal, dit-il, qui, par ses feuilletons et son défaut de principes religieux, est celui qui fait peut-être le plus de mal en Amérique, d’autant plus que bien des gens le lisent sans défiance et le croient sans reproche. »

Voilà qui est bien dit !

Le Monde affirme qu’il avait même « l’intention de protester contre les éloges plus ou moins déplacés qu’en ont fait certains journaux libéraux. » « Mais, ajoute-t-il

tristement, les travaux de la campagne électorale nous en ont empêché. »

Voilà, par exemple, qui est fort mal dit.

Pourquoi, nous vous le demandons, mêler l’esprit de parti dans cette affaire ? Le Monde parle de certains journaux libéraux qui ont fait de la réclame en faveur du Courrier des États-Unis, tandis qu’il doit savoir que ce sont surtout ses propres amis politiques, le Courrier de Montréal, le Journal de Québec, l’Événement, la Gazette de Joliette, qui ont le plus péché sous ce rapport.

Puis, les élections sont sans doute très importantes, mais n’auriez-vous pas pu les lâcher pour cinq minutes, pour « protester » un tantinet contre les éloges de certains journaux libéraux, soi-disant conservateurs ?

Avouez donc que si la Vérité ne vous eût pas révélé l’existence de votre fameux fait divers, votre protestation serait encore à venir, comme l’est votre protestation contre le bill de l’éducation que certains libéraux, soi-disant conservateurs ont voulu faire voter pendant la dernière session.