Mémoires de la comtesse de Boigne (1921)/Tome III/Appendices/01

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Émile-Paul Frères, Éditeurs (Tome iii
De 1820 à 1830.
p. 249-254).


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La reine Marie-Amélie.
Twickenham, ce 16 janvier 1817.

Ma chère Adèle, Vous avez été bien aimable de Vous rappeller de moi en m’envoyant un échantillon de votre charmant ouvrage. Nous avons tous admiré le gout, la patience et l’excellence de l’aimable ouvrière, je n’espère pas de pouvoir Vous imiter, mais, avec un si bon modèle sous les yeux, je travailleré avec plus d’ardeur, et mon ouvrage me deviendra doublement agréable en pensant à Vous. Vos dignes Parens ont donné une charmante petite soirée à mes enfans et ceux-ci n’appellent plus Mme  d’Osque notre amie. J’espère que Vous serez entièrement quitte du rhûme que vous avez souffert ; nous parlons bien souvent de vous avec vos Parens, car je vois bien que c’est la conversation qui leur fait plus de plaisir, et à moi de même. Ma sœur et mon mari me chargent de tous leurs complimens pour Vous et, en Vous embrassant avec toute l’amitié, je suis

Votre bien affectionnée
Marie-Amélie.
Samedi 20 mars 1819.

Ma chère Adèle, Vous avez rendu bien justice à mon cœur en m’apprenant que votre pauvre mère est arrivée heureusement à Paris ; j’espère que le repos la tranquillité et le bonheur de se voir entourée de ses enfans la remettront aussi parfaitement que je le lui souhaite. Dès que ma sœur sera rentrée, je lui donnerai votre billet et je suis sûre d’avance du plaisir qu’elle et mon mari éprouveront en apprenant l’arivée de vos dignes parens, car nous partagions vivement vos inquiétudes à ce sujet. Remerciez bien votre mère du paquet dont elle a bien voulù se charger pour moi, exprimez-lui bien tout l’intérêt que je prends à sa santé et dites-lui mille amitiés tant à Elle qu’à Mr  d’Osmond de la part du trio qui est toujours le même. Je partage sincèrement votre joie, ma chère Adèle, et je suis de tout mon cœur en vous embrassant tendrement.

Votre bien affectionnée
Marie-Amélie.
Thuileries, ce 29 juillet 1833.

J’étois bien sûre, ma chère amie, que vous prendriez une part bien vive à mes joies de Grand-Mère ; vous avez toujours si bien compris et partagé tous mes sentimens. J’ai trouvé votre si aimable lettre ici en sortant de voiture, j’aurois voulu pouvoir vous en remercier tout de suite, mais la fatigue que j’éprouvois avant hier au soir et l’emploi de toute la journée d’hier ne m’en ont pas laissé le temps. J’ai laissé Louise à merveille assise dans son lit, et ayant à ses côtés son joli enfant qu’elle aime déjà beaucoup, et pour lequel j’éprouve tous les sentiments de Grand-Mère ; la santé de Louise ne me donnant aucune inquiétude, je tenois beaucoup à me trouver dans ces journées au poste où mon cœur et mon devoir m’appelloient ; je suis arrivée avec Clémentine, Marie ayant préféré de rester auprès de sa sœur ; je compte partir après demain soir pour aller l’y rejoindre et rester encore quelques jours à soigner Louise. Les journées ici se sont très bien passées, celle de hier a été des plus brillantes ; les plaisirs se sont succédés sans discontinuer pendant plus de douze heures, le calme et la tranquillité ont été parfaits et si, pendant la Revue, quelque cri inconvénant s’est fait entendre, il a été étouffé par les acclamations avec lesquelles on a salué le Roi ; ces acclamations se sont rénouvellées encore avec plus d’ardeur et d’affection dans la tournée qu’il vient de faire ce matin et aucun autre cri s’y est mêlé. Je suis bien peiné des inquiétudes que vous éprouvés pour la santé de votre père et je sais combien vos tendres soins lui sont nécessaires. Veuillez bien lui dire mille choses de ma part et recevoir Vous même l’assurance de toute mon ancienne et constante amitié.

Votre bien affectionnée
Marie-Amélie.
Laeken, ce 5 août 1833.

Il m’a été impossible, ma chère Amie, de trouver un moment avant celui-ci pour Vous remercier de votre lettre du 31 et des intéressants détails que vous m’avez donnés et que j’ai communiqués seulement au Roi. J’espère qu’à votre retour à Châtenay Vous aurés trouvé M. d’Osmond bien, je vous prie de lui dire bien des choses de ma part. J’ai trouvé mon accouchée et son joli enfant à merveille ; il sera baptisé solennellement jeudi prochain, et je repartirai samedi pour retrouver mes pénates où je me retrouve toujours avec tant de plaisir ; en attendant, je Vous embrasse avec toute l’amitié qui est d’ancienne date.

Brusselles, ce 21 avril 1835.

Ma sœur m’a appris le cruel malheur que Vous avez éprouvé, ma chère amie, et je ne veux pas tarder un moment à Vous exprimer toute la part que j’y prends. Perdre l’objet de tant de soins et d’affections et le perdre d’une manière si affreuse c’est bien déchirant pour un cœur comme le votre, et le mien, qui Vous est bien attaché, s’associe à vos peines. Je ne Vous en dirai pas davantage ; je vous plains avec tout le sentiment de la plus sincère amitié.

Votre bien affectionnée
Marie-Amélie.
Thuileries, ce 25 7bre 1835.

Je m’empresse, ma Chère Comtesse, de rectifier une erreur involontaire que j’ai commise hier. Il n’est que trop vrai que M. Cholet, chef d’escadron du 6e dragons, brave officier, a péri aux journées de juin 1832, et qu’alors j’ai vû sa veuve et que je me suis intéressée à son sort, il n’y a que le Cousin que je ne puis vérifier. J’ai encore parlé au Roi des deux protégés du Gl Pozzo et il m’a chargée de lui remettre de nouveau des petites notes à leur sujet pour pouvoir les rappeler à ses Ministres ; si cela n’a pas encore été fait, ce n’est pas faute de bonne volonté du Roi qui serait charmé de faire quelque chose d’agréable au Général. Adieu, ma Chère, Vous conoissez mon ancienne et bien sincère amitié pour Vous.

Lausanne, ce 10 8bre 1852.

Ma chère Amie, en arrivant ici j’apprends l’affreux malheur qui est arrivé à votre neveu, je sens combien cela doit être douloureux pour Vous et c’est un besoin pour mon cœur de vous exprimer combien je partage votre peine, combien je plains ses pauvres parens. J’ai trouvé Hélène en pleine voie de convalescence et remise de son accident. Je n’ai que le temps de Vous renouveller l’assurance de toute mon amitié.

Ramsgate, ce 7 août 1853.

Ma Chère Comtesse, j’apprends à l’instant le malheur qui vient de Vous frapper et je m’empresse de Vous exprimer la part que j’y prends, je m’associe à votre douleur ; il est si cruel de perdre une sœur et une Amie ; combien je vous plains ; combien je plains votre pauvre frère, ses Enfans, et les pauvres que votre Belle sœur secourait avec tant de zèle et de charité. Elle en retrouvera la récompense dans le ciel. Je me suis fiée à l’aimable complaisance de notre commune Amie, la bonne Mme Mollien, pour vous donner de mes nouvelles et de celles de tout ce qui m’est si cher, mais je n’ai pas voulu lui céder la plume dans un moment ou Vous etiés malheureuse et ou je tenois à Vous exprimer moi même tout ce que mon cœur sentoit pour Vous ; je forme des vœux pour que cette secousse n’aie pas causé un nouvel ébranlement à votre chère santé. Je veux, en même temps, Vous remercier de vos deux chères lettres du 21 avril et 5 juin ; si je ne réponds pas aussi tôt que je le voudrois, je vous assure pourtant qu’elles me font bien plaisir, prenant le plus vif intérêt à ce qui vous concerne et rien ne pouvant altérer mon ancienne amitié pour Vous. J’espère que la santé du respectable Chancelier se conserve bien, parlez lui de moi, il connait mes sentimens pour lui ; j’ai été bien peinée du malheur que ses Enfans ont encore éprouvé. Je suis venue passer quelques jours ici avec Aumale et sa famille qui y sont depuis six semaines ; Hélène et ses Enfans sont venus me rejoindre ; j’ai de bonnes nouvelles de tous mes chers Absens, et je me dispose à aller passer l’hiver à Seville, si les circonstances le permettent ; je vous remercie de tout ce que vous me dites au sujet du mariage de mon petit fils, tout me fait espérer qu’il sera heureux, quoique je le trouve trop jeune. Adieu, ma chère Amie, comptez toujours sur toute l’amitié de votre bien affectionnée

M. A.
Nervi, ce 16 février 1856.

Ma Chère Comtesse, j’ai prié notre commune Amie, la bonne Mme Mollien, d’être mon interprète auprès de Vous, ma santé ne me permettant pas de Vous écrire comme je l’aurois désiré depuis longtemps ; mais, à présent, que, graces a un retour de beau temps, mes forces reviennent journellement, je ne veux plus tarder à Vous remercier de votre lettre du 3 de ce mois, des bons vœux qu’elle contient, et à Vous offrir ceux que je forme pour votre conservation et pour votre bonheur. J’ai vû avec peine que la santé du Chancelier vous avoit donné des inquiétudes, heureusement j’ai appris depuis qu’il étoit parfaitement rétabli, j’espère qu’il ne doute pas du vif et constant intérêt que je lui porte. J’ai bien pensé au chagrin que vous avoit causé la mort de M. Molé, il est si triste de voir ainsi finir les uns après les autres des anciens amis qu’on ne retrouve plus. Nemours et sa femme me chargent de Vous remercier de votre bon souvenir et de Vous dire bien des choses de leur part, ils me soignent avec une constante tendresse. Quant à Clémentine ; elle est retournée chez Elle depuis le mois de Xbre ; et Elle a eu son fils aîné avec une fièvre typhoïde qui l’a fort inquiétée ; il en est à présent entièrement retabli. Adieu, ma Chère Amie, comptez sur tous les anciens et constants sentimens pour Vous de la vieille solitaire, de

Votre bien affectionnée
Marie Amélie.