Notice sur le couvent du Refuge ou Saint-Maurice au Puy

La bibliothèque libre.

NOTICE
SUR LE COUVENT DU REFUGE OU SAINT-MAURICE AU PUY



Pour faire comprendre à nos lecteurs l’utilité et l’importance pour notre cité du monastère du Refuge, nous ne saurions mieux faire que de rapporter ici quelques lignes empruntées à une biographie de Jean-François Régis, du père Daubenton, de la Compagnie de Jésus. Nous y lisons ce qui suit :

« Le Puy est une grande ville fort peuplée, où les manufactures et le commerce attirent beaucoup d’étrangers. Les habitants s’y distinguent par leur esprit, et la plupart par leur politesse. En vain l’hérésie avoit fait ses efforts pour les infecter de ses nouveaux dogmes : malgré la contagion qui s’étoit répandue chez leurs voisins, ils étoient toujours demeurez inviolablement attachez à l’ancienne religion. Mais leurs mœurs étoient tellement corrompues, que bien loin de faire honneur par une conduite édifiante à la foy qu’ils professoient, ils la deshonoroient par une vie licentieuse…

Ce que l’homme de Dieu (saint François Régis) entreprit pour exterminer les horribles scandales que l’impureté causoit dans la ville du Puy fit surtout éclater la fermeté de son zèle. Pour coupper racine au mal, il s’informoit des lieux où se retiroient ces personnes infames qui s’étoient livrées à la prostitution, et il n’omettoit rien pour les retirer de l’abysme, où elles s’étoient plongées[1]. »

Le P. Daubenton ajoute que saint François Régis avait fait rentrer dans la voie du devoir un nombre infini de pécheresses publiques, qu’après leur conversion il les dispersait dans diverses maisons où elles étaient à couvert du danger, et qu’il subvenait à leurs besoins, grâce aux libéralités de personnes pieuses.

Pour compléter son œuvre, saint François Régis voulut réunir ses protégées dans une seule maison, les courber sous une discipline sévère et les astreindre à des exercices religieux et à des travaux réguliers. Il s’en ouvrit à Just de Serres, alors évêque du Puy, qui promit de lui faciliter l’exécution de son dessein. Appuyé sur le concours de plusieurs dames influentes, il eut bientôt en sa possession des sommes importantes dont il se servit pour acheter une habitation, la meubler et y installer jusqu’à trente pécheresses converties.

Telle fut l’origine du couvent du Refuge ou de Saint-Maurice. À la mort de son fondateur, survenue à la Louvesc le dernier jour de l’année 1640, Claude Spert de Volhac, abbé de Saint-Pierre-la-Tour, continua son œuvre. En 1644, ce monastère portait le nom de Sainte-Agathe[2], et l’évêque d’alors, Henri de Maupas du Tour, en confiait la direction aux religieuses augustines, plus connues sous le nom de Notre-Dame[3].

En 1661 et 1665, les États du Velay allouèrent aux dames du Refuge une somme de trente livres « pour aulmosnes, attendu leur extrême pauvreté[4]. » Une somme de dix livres leur fut également accordée en 1669[5]. Dans le procès-verbal de cette assemblée, en date du avril 1673[6], on lit : « La requeste présantée par les dames religieuzes du couvent du Refuge de la présante ville a esté leue par laquelle lesdictes dames represantent qu’elles sont dans une extrême pauvretté, n’ayant pas moien d’augmanter leur logement pour y recepvoir les filhes desbauchées, conformément à l’institut de leur ordre, estant d’ailheurs troublées dans l’exercice de leurs fonctions religieuzes, et souvant insultées par des gens qui veullent enlever lesdictes filhes pour n’estre en lieu de seuretté, suppliant l’assemblée de leur donner quelque secours, puisqu’il s’agist de la gloire de Dieu et du bien publicq :

Sur quoy a esté deslibéré qu’il sera donné ausdictes dames religieuzes, pour aulmosne, la somme de cent cinquante livres pour estre employée à la bastisse de leur couvent. »

Dans un procès-verbal des mêmes États, du 8 mars 1713, se trouve une note ainsi conçue :

« Il a été délibéré que l’article de dix livres donnés annuellement, par le diocèze, aux religieuzes du monastère de Vals, sera changé à l’avenir dans le cahier des fraix d’assiette et mis sous le nom des religieuzes du Refuge Notre-Dame du Puy[7]. »

Bientôt les ressources manquèrent et la charité publique devint insuffisante pour assurer l’existence et l’entretien du Refuge. De plus, les bâtiments, d’ailleurs humides, sombres et étroits, croulaient de toutes parts. En face d’un spectacle si navrant, Armand de Béthune fut ému et, voulant à tout prix sauver de la ruine un établissement si nécessaire et si indispensable à sa ville épiscopale, il consacra une partie de sa fortune à l’acquisition de vastes terrains sur lesquels on vit s’élever, comme par enchantement, huit grands corps de logis s’étendant du portail de Gouteyron au couvent de Saint-Joseph, et du jeu de paume à la ruelle de la Boucherie-Haute.

Ces nouvelles constructions comprenaient, avec les locaux affectés au logement du personnel, une infirmerie, une pharmacie, une buanderie, des greniers, une chapelle pour les malades, une citerne contenant quatre cents muids d’eau, un colombier et d’autres dépendances[8]. De beaux jardins en terrasses, d’où l’on jouissait d’un air pur et d’une vue admirable, embellissaient encore cette demeure au milieu de laquelle Armand de Béthune érigea une église sous le vocable de Saint-Maurice, où l’œil réjoui des proportions se perd entre l’éclat de l’or et la perfection des sculptures[9]. Ce prélat, grand ami des arts, avait appelé au Puy le célèbre Vanneau et c’est au ciseau de cet artiste, l’une des gloires du Velay, qu’étaient dus les huit bas-reliefs du maître-autel de cette église, dont l’ornementation seule coûtait, d’après un acte du 16 octobre 1687 que nous reproduisons plus bas[10], la somme de 18, 311 livres 28 sols. Des statues, des reliquaires, un retable doré, des orgues, un jubé et plusieurs tableaux, parmi lesquels le Christ foulé aux pieds par les bourreaux de Sébastien del Piombo, complétaient la décoration de ce monument religieux.

Le 10 décembre 1703, Armand de Béthune rendait son âme à Dieu au château de Monistrol-sur-Loire, et son corps, porté au Puy, recevait la sépulture dans l’église de Saint-Maurice. À partir de cette époque le silence se fait sur le monastère du Refuge et les archives départementales sont presque muettes à son égard. Elles nous font connaître cependant les noms de quelques supérieures ou professes qui appartiennent à de vieilles et nobles familles de notre pays.


Supérieures du Couvent du Refuge.
1687. — 
La mère de l’Ascension.
1730. — 
Marie des Anges d’Ussel.
1760. — 
Paule de Montgiraud.
1766. — 
Anne de la Roche-Lambert.
1781. — 
Surrel cadette.
1787. — 
Gabrielle Surrel.
1788. — 
Bérard.
1790. — 
Marie-Anne Pellissier.


Professes et dignitaires.
1680. — 
Marie-Anne et Jeanne d’Apcher.
1682. — 
Marie de Noyer d’Ozon.
1730. — 
Paule de Vocance.
1730. — 
Bergonhon.
1730. — 
de Combes.
1755. — 
de Saint-André.
1760. — 
Marguerite Rabaste.
1760. — 
Anne Doriol.
1766. — 
Marguerite de Montbrac.
1766. — 
Jeanne Surrel.


En 1778, deux filles du Refuge, accusées et convaincues d’avoir tenté de mettre le feu à cet établissement, furent incarcérées dans la maison de force de l’Hôpital-Général, en attendant leur jugement. Ces faits sont consignés dans un procès-verbal dressé le 27 janvier 1778 par Jacques Demorgues, premier consul et maire du Puy. Cette pièce, qui fait partie des archives municipales[11], est reproduite à la fin de cette notice.

Le 7 octobre 1781, sœur Surrel cadette, supérieure, et sœur Jallaguier, économe, reçoivent de Mlle de Seneuges (sic) un capital inaliénable de 300 livres. Le revenu de ce capital, soit 15 livres, sera affecté, suivant la volonté de la donatrice, aux filles du Refuge qui ne peuvent gagner leur vie[12].

Un rapport, fait probablement sous Louis XVI, sur la situation matérielle et morale des couvents du diocèse du Puy et publié en juillet 1859 par la Société académique de cette ville[13], consacre au Refuge les lignes suivantes :

« Fondé par un abbé de Saint-Pierre-la-Tour en 1645 ; seize religieuses, trois converses, deux domestiques ; revenus, 2,620 livres ; dépenses ordinaires, 5,545 livres, annuelles, 154 livres 3 s. ; excédent de dépense, 3,080 livres. — Cette maison aurait besoin d’être secourue. Elle est fort à l’étroit pour ses revenus. Il serait à propos que le gouvernement, secondé par la puissance ecclésiastique, s’occupât d’elle.

Le but de l’établissement de ces filles étant la destruction du vice de l’impureté, et sa fin, le retour des filles ou femmes égarées, on ne peut méconnaître leur véritable utilité. Elles reçoivent les femmes exposées à perdre la vie ou à faire un divorce humiliant, et les filles qui ont déjà fait quelques légères fautes ; les unes et les autres vivent avec le corps de la communauté.

Dans l’autre partie de la maison, qu’on appelle Refuge, sont les filles coupables de fautes plus graves ou des femmes que leurs époux y relèguent par autorité de justice ou par lettres de cachet. C’est aussi par le secours des pensionnaires, du travail des religieuses, et de la consommation des capitaux, à mesure qu’il y a des ingrès en religion, que cette communauté se soutient. »

Comme le constate ce rapport, le Refuge comptait alors seize religieuses et trois converses ; mais, en 1790, le personnel du couvent s’était amoindri, ainsi que l’atteste le Tableau général des religieuses qui, à l’époque du mois de novembre 1790, composaient les couvens et monastères situés dans l’étendue du district du Puy[14]. Voici ce tableau :


Notre Dame du Refuge ou Saint-Maurice au Puy.
Religieuses de chœur.
Marianne Pellissier, supérieure, née le 20 février 1745.
Marie-Madeleine Bérard, née le 30 juin 1721.
Jeanne Surrel, née le 14 octobre 1733.
Marguerite Montbrac, née le 31 mai 1720.
Gabrielle Surrel, née le 27 septembre 1734.
Elizabeth du Bouchet, née le 25 juin 1740.
Jeanne-Reine du Noyer, née le 6 mai 1741.
Antoinette Bertrand, née le 1 novembre 1754.
Marie Sanihard, née le 16 avril 1748.
Madeleine Grand, née le 30 août 1763.
Reine Gire, née le 7 août 1764.
Marguerite Blanc, née le 11 juillet 1764.
Anne-Marie Dumas, née le 5 juillet 1762.


Sœurs converses.
Marie Vincent, née le 28 octobre 1722.
Catherine Roux, née le 25 mars 1749.
Cécile Veysseire, née le 12 février 1746.

Total, 13 religieuses de chœur et 3 sœurs converses.

L’heure de la dispersion des communautés religieuses avait sonné. La Révolution, en supprimant sans exception les couvents d’hommes et de femmes, en déclarant nuls les vœux de religion, confisquait au profit de la nation les biens du clergé. La Convention expulsa les religieux et religieuses de leurs monastères et celui du Refuge devint la maison de détention des prêtres insermentés où l’on en comptait plus de cent cinquante en 1792.

Sur la demande des capitaines de la garde nationale du Puy sollicitant de l’administration du département la cloche des dames religieuses de Saint-Maurice, dont le timbre est plus sonore, afin qu’elle soit placée à la maison commune et serve de signe d’alarme, dans un cas de danger public, le corps municipal, à la date du 19 décembre 1794, délibère « que cette cloche ou telle autre qui sera accordée ne le sera que sur le chargement des membres qui le composent, s’engageant de la rendre quand MM. les administrateurs la réclameront[15]. »

Le 12 avril 1793, le maire du Puy lit un arrêté des commissaires députés de la Convention nationale par lequel ils chargent la municipalité de leur présenter dans vingt-quatre heures, un tableau détaillé et circonstancié des maisons de détention, d’arrêt et prisons confiées à sa surveillance et de tous les détenus qui s’y trouvent actuellement, avec les motifs de leur arrestation, rendant les officiers municipaux responsables de l’inexécution de leur arrêté, au bas duquel ils réclament encore l’exécution de l’article 6 de leur précédent arrêté, du 24 mars dernier, concernant la note des gens suspects d’incivisme.

Les citoyens André, officier municipal, et Robert, notable, sont nommés commissaires à l’effet de se transporter à la maison de Saint-Maurice destinée aux prêtres non assermentés[16].

Dans une autre délibération en date du 11 mai 1793, le maire du Puy ayant représenté que la maison de Saint-Maurice destinée à la réclusion des prêtres insermentés est déjà remplie et, par conséquent, hors d’état de contenir tous ceux que la loi du 23 avril dernier doit encore y amener, il a été délibéré de faire une pétition au département, à l’effet d’obtenir la maison de la ci-devant Visitation, beaucoup plus vaste et beaucoup plus solide, dont le bas pourrait servir de maison d’arrêt et le haut contenir les prêtres qui sont actuellement à Saint-Maurice, avec ceux qui doivent arriver[17].

Le 18 pluviôse an II (6 février 1794), Anne-Marie-Clotilde Dumas, Cécile Veysseire, Jeanne-Elisabeth Surrel et Marie-Anne Sanihard, ex-religieuses de la communauté de Saint-Maurice, prêtèrent, devant la municipalité du Puy, le serment civique et jurèrent d’être fidèles à la nation et de maintenir de tout leur pouvoir la liberté, l’égalité et la République une et indivisible[18].

Enfin, une école secondaire, instituée par un arrêté du gouvernement, en date du 18 pluviôse an XI (7 février 1803), et qui comptait au nombre de ses professeurs MM. Pomier, Million, Breysse et Deléage, occupa, durant quelques années, les bâtiments de Saint-Maurice.

Nous lisons dans une brochure sortie des presses de J. B. Lacombe, imprimeur au Puy, et déposée à la bibliothèque de cette ville, le récit d’une distribution de prix faite aux élèves de cette école le 30 fructidor an XII, (17 septembre 1804).

Cette solennité scolaire, présidée par le maire, en l’absence du préfet de la Haute-Loire, fut précédée de la représentation de deux drames « pleins d’une morale analogue à la portée des élèves et de ces traits de sentiment si propres à leur former le cœur », suivie d’un discours de M. Pomier, directeur de l’école et de la distribution des récompenses. Parmi les noms des jeunes lauréats mentionnés dans cette pièce, nous avons relevé ceux qui suivent :


Casimir Roche, d’Yssingeaux.
Alexandre Montruffet, de Saugues.
Augustin Mouton, du Puy.
Jean-Baptiste Pomier, de Langeac.
Jean-Baptiste Girard, de Jendriac.
Théodore Marthory, du Puy.
Isidore Gaillard-Laroche, du Puy.
François Estaniol, de Saugues.
Victor-Benoît Brion, du Puy.
Frédéric Hugon, du Puy.
Cyprien Tallobre, d’Aurat.
Louis Chabanes, de Vorey.
Marcel du Villars, de Craponne ;
Joseph Barrande, de Saugues.
Auguste-Alexandre O’Farrell, du Puy,
Justin Dugone.
Honoré Gouy.
Eugène Richemont, du Puy.


Les religieuses de la Visitation, après avoir fui devant la tempête révolutionnaire, revinrent ensuite au Puy et achetèrent le couvent du Refuge qu’elles ont rebâti presque à neuf. Quant à l’œuvre elle-même, elle a été reprise depuis la Restauration et, cette fois, le Refuge a été transporté à la porte de Vienne et confié aux dames du Bon-Pasteur d’Angers[19].

A. Lascombe.




ACTE DE FONDATION DU COUVENT DU REFUGE

Comme ainsi soit que illustrissime et révérendissime messire Armand de Béthune, seigneur du Puy, conte de Velay, suffragant immédiat de l’église romaine, procédant à sa visite épiscopalle au couvant Nostre-Dame du Reffuge, eut reconu l’extrême indigence et le mauvais estat dudit monastère, qui ne se pouvoit soustenir plus longtemps, et bien voulu, pour en empecher la ruine entière, s’en déclarer fondateur, ainsi qu’il résulte du procès verbal de visite et contract de fondation laissés au pouvoir de laditte communauté ; pour quel effet, ledit seigneur luy auroit, en laditte année 1678, donné une somme de dix mille huict cents livres pour acheter quelques maisons et terreins voisins, pour en agrandir le monastère et tascher de le rendre capable, autant que sa situation le pouvoit permettre, de pratiquer les exercices de l’institut, de laquelle somme partie fut employée dans les susdits achats et l’autre en matériaux et bastisse, ainsi qu’il conste par la quitance de la communauté reçeue Duchamp et Arnaud, notaires ; mais, comme ledit couvant, quelque diligence qu’on eust faicte à le réparer, menaçoit ruine de plusieurs endrois, par l’ancieneté de ses bastimens, qu’il estoit obscur, humide et fort resseré, et d’ailleurs exposé à la veue d’une infinité de fenestres du voisinage qui causoient beaucoup de dérèglement et de dissipation, tant aux religieuses qu’aux filles qui y estoient renfermées, ledit seigneur evesque projeta de le transférer en un lieu plus commode et où il y eust un espace suffisant pour y faire du jardinage, et, pour cet effet, acheta plusieurs maisons, terreins, places, vacans, de ses deniers, et bastit tout à neuf sept grands corps de logis dans le susdit espace, limité et confronté depuis le portal de Gouteiron et tout le long des murailles de la ville jusques au monastère des religieuses de Saint Joseph, et en descendant en droite ligne du jeu de paume appartenant au sieur Lombard jusques et le long de la ruelle de la Boucherie-Haute ; le premier corps de logis composé du clocher, cœur, église, sacristie et tombeaux des religieuses où estoit anciennement le grand jeu de paume qui avoit apartenu aux hoirs de Cormier, et depuis au nommé Lombard qui fut acheté des propres deniers dudit seigneur de Béthune, ainsi qu’il résulte des contracts laissés au pouvoir desdites religieuses et mis à grands frais audit usage, en sorte que l’église est maintenant une des chapelles des plus régulières et mieux ornées de toute la ville.

Le second corps de logis est composé des infirmeries, chapelle pour les malades, apotiquairie, buanderie, greniers, cisterne qui tient quatre cent muis d’eau, avec les apantis et cour intérieure pour les provisions de bois et communications du pré et jardins de la communauté à celui du Reffuge.

Le troisièsme corps de logis est composé d’un grand degré à plusieurs replas dont le premier aboutit à la cour, le second au réfectoire, le troisièsme au cœur, le quatrièsme à la salle, le cinquièsme au clocher et d’un grand réfectoire et d’une sale haute intérieure et parloirs ; plus celuy des cuisines, ouvroirs, dortoir des pentionaires ; plus celuy de l’apartement des supérieures, des personnes de qualité étrangéres qui pouroient se retirer audit couvent, et des magasins des provisions nécessaires à la subsistance de ladite maison ; le[20] du grand dortoir composé de trois estages où il y a vingt et quatres chambres, plus l’apartement complet des filles du Reffuge composé de trois estages et d’un jardin et, en outre, et par dessus les dits sept corps de logis, auroit basti des parloirs en dehors avec une chambre pour le prédicateur et une autre pour la communication des provisions au reffectoire, lesquels huict corps de logis, parfaits et complets, auroient cousté audit seigneur evesque, selon les journaux tenus par les agens et commis à laditte bastisse, ainsi qu’il a esté vérifié sur les registres par laditte communauté, dont auroit esté faict acte judiciaire, tant en achapt de maisons, places et terreins qu’achapt de matériaux et mains d’ouvriers, trante et un mille huict cent dix livres ; à laquelle somme adjoustant pour l’achapt du jardin du sieur Bernard de Jalavoux deux mille deux cent livres, trois mille cent douse livres du transport des terres, quatre mille deux cent livres de l’enceinte et closture des murailles, deux mille cinq cent livres des maisons et jardins de Seguin où est actuellement le pré, cinq cent livres de la maison de Louis le boucher, et pour les deux grandes terrasses de 15 pieds de hauteur, 14 toises de larges et 19 de longueur, qui font les deux jardins de communauté, tant pour la despence des deux murailles qui les soustienent que pour le reste du transport des terres pour les mettre à niveau, selon l’estat journal tenu, trois mille neuf cent vingt et sept livres, seise sols ; faisant la despance totale desdits jardins en terrasse, tant en achapt de maisons et terreins que réparations, la somme de quinse mille neuf cent trante et neuf livres, seise sols ; laquelle adjoustée à l’autre somme précédente de trante et un mille huict cent dix livres, fait la somme totale pour l’achapt des maisons et terreins ou réparations du nouveau monastére, quarante et sept mille sept cent quarante et neuf livres, seise sols : pour le retable de l’église et sa doreure, 2,624 livres ; pour les deux grans reliquaires en mausolées, avec leurs bas reliefs, architecture et figures, 2,416 livres ; pour les deux figures du saint Maurice et du saint Victor aux costés de l’autel, 400 livres ; pour les tableaux de l’église, 1,837 livres ; pour les orgues, 1,200 livres ; pour la facture du jubé, 113 livres ; pour les six bas reliefs du maistre autel et des deux petits achetés du sieur Vaneau, vingt et deux escus la pièce, 276 livres ; pour le soleil et ciboire achetés à Monpelier, 513 livres. Total de l’ornement de laditte église, y compris 269 pour la sculpture ou ferrure de la porte d’entrée, se montent à la somme de neuf milles six cent quarante et huict livres.

Plus, pour les trois cloches mises au clocher dudit monastère, 2,207 ; plus, pour quatre grands reliquaires, ouvrages de fonte et huict petis, 629 livres, et pour les tableaux du saint Pierre, du saint Maurice, du saint François et du saint Pierre (sic), 420 livres, et pour les 8 autres des reliquaires, 300 livres, et pour le tableau en long du Christ foulé au pied par les boureaux, original de Sébastien del Piombo, 300 livres ; plus, pour la garniture des deux grands reliquaires de toille d’or, galon et clous, 25 livres, 12 sols ; plus, pour la garniture de deux grands reliquaires de velours rouge à cadre de bois doré et de six autres moyens cadres et garnitures, 89 livres, 16 sols ; plus, pour deux reliquaires d’argent ciselé à pied avec des anges, 120 livres ; plus, pour le blanchissage facon d’albastre de 24 figures de l’église, à 3 escus la pièce, et 25 livres pour la marbrure du balustre, 241. Totale des dittes cloches et reliquaires, quatre milles trois cent trante et deux livres, huict sols.

Plus, pour les ameublements de partie des chambres dudit monastère et de l’apartement des pénitentes, et ustencilles des lieux réguliers, selon l’estat tenu, pour le pigeonier basti dans la basse cour, logemens du bestail, des poules et des cochons qu’on avoit eslevés et qu’on a esté obligé de démolir dans les suittes, scavoir, 738 livres pour les meubles, 376 pour le colombier, pour les logements du bestail et volaile, 219 livres, et pour les lieux ordinaires, 316 livres, 12 sols. Totale desdits ameublemens et bastisse seise cent quarante et neuf livres, douse sols. Toutes lesquelles sommes jointes ensemble pour les frais exposés de mes deniers à la bastisse du nouveau monastère, tant en achapt de maisons et terains que réparations, achapts de matériaux et bastisse, revienent en total à la somme de soixante et trois milles trois cent septante et neuf livres, seise sols.

Plus, pour les réparations de l’antien bastiment du Reffuge et enceinte de murailles de la cour, selon l’estat tenu par le pére Jean, 427 livres, 17, et pour les réparations du bastiment et four où logent le boulanger et le sieur Olaignon, 228 livres, 13 sols, 9 deniers. Total de laditte réparation, six cent cinquante et six livres, dix sols.

Et comme outre et par dessus lesdittes sommes cy-dessus employées en acquisitions de maisons et places, et bastisses, la communauté estoit redevable audit seigneur, pour prets et avances, de la somme de milles quatre vingt six livres, par obligation du 28 septembre 1684, d’autre somme de quatre cent quarante livres, par autre obligation du 20 mars 1686, et encore d’autre somme de huit cent cinquante quatre livres, par obligation du 16 octobre 1687, faisant en tout celle de deux milles trois cent quatre vingt livres, ledit seigneur les a remis et remet à laditte communauté, les ayant cancelées et déchirées en leur présance, pour ne luy en estre faict auqune demande ni en son nom dans les suittes.

Toutes lesquelles sommes cy-dessus employées, tant au premier contract de fondation qu’à la bastisse du nouveau monastére, montant en acquisition de nouvelles maisons, terreins, places, jardins, vacans, bastiments, terrasses, enceinte et closture de murailles quelconques, vases d’église, retable doré et généralement toutes autres réparations et améliorations, de quelque nature quelles soient et puissent estre, montant à celle de soixante et dix sept milles deux cent seise livres, six sols, sans en rien diminuer ni excepter, en quelque cause ou maniére que ce soit, ledit seigneur de Béthune, evesque et fondateur, sous la reserve néanmoins des choses mentionées en l’article suivant, cy-dessous escrit, tant seulement a donné, céde et transporte irrévocablement et à perpétuité à laditte maison et communauté de Notre-Dame-du-Reffuge du Puy, dite de saint Maurice, acceptante, pour estre lesdits fonds, bastimens, terreins, places, jardins, vacans, terrasses, enceinte et closture de murailles quelconques, vases sacrés et toutes autres réparations et améliorations, sous la reserve néanmoins de l’article cy-dessous, possedés par elle en toute propriété et perpétuité, s’en demettant et desvetissant, dès à présant, ledit seigneur de Béthune, evesque, en leur faveur.

Et attendu que dans lesdittes choses cy-dessus enoncées ledit seigneur evesque n’a pas entendu comprendre l’ouvrage de la sculpture qu’a faite le sieur Vaneau, notre sculpteur, et n’est dans l’église dudit monastère que par depost, ledit seigneur de Béthune s’est reservé et reserve, par ces présantes, les deux mausolées ou grand reliquaires posés aux deux ailes du cœur, avec toute leur architecture, sculpture, figures, bas reliefs, grands et petits, mesme les six du grand autel et des deux petits autels, dorures desdits mausolées, ensemble les deux figures du saint Maurice et du saint Victor, scises aux coins du maistre autel, pour les enlever, transporter et en disposer, quand et comme il plaira audit seigneur, s’estant expressément reservé les orgues, le tableau original du Guide de saint Sebastien qui est sur le maitre autel, y mettant un autre tableau de saint Maurice à sa volonté.

S’est encore expressément reservé par exprès ledit seigneur tous les reliquaires, tableaux et reliques qui sont dans lesdits deux mausolées, comme appartenants audit seigneur de Béthune, sans en rien excepter, pour en disposer et en faire telle part qu’il luy plaira audit couvent, n’ayant trouvé auqunes reliques ni reliquaires dans le susdit monastère. Toutes lesquelles choses cy-dessus n’ont point esté comprises dans les choses cedées par ledit seigneur au profit du susdit monastère, quoyque mentionées et apareliées dans le bloc des autres despences et bastiments.

Et en considération de l’estime et affection singulière que ledit seigneur de Béthune, evesque, a toujours porté et porte au susdit couvant de Notre-Dame-du-Refuge, dit de Saint Maurice, et pour luy donner lieu de se soutenir plus commodément dans la suitte des temps, ledit seigneur evesque luy donne, par ces présantes, escrittes de sa propre main, irrévocablement et à perpétuité, la somme de vingt milles livres à prendre, aprês luy, sur les plus nets et clairs effets de sa succession, tant meubles qu’immeubles, sans que néanmoins ledit couvant puisse obliger ledit seigneur evesque, pendant sa vie, au payement de laditte somme, par voye de recours, de seureté ou nantissement, ni luy en faire auqune demande en justice, ni dehors, mais seulement après le decès dudit seigneur fondateur, pour estre employée ladite somme en un fonds sur d’une rante annuelle et perpetuelle de milles livres, au denier vingt, sans que ledit fonds principal puisse estre diverti ou aliéné pour quelque cause, raison ou pretexte que ce soit ou puisse estre : et, en attendant le payement du sort principal desdittes vingt milles livres, ledit seigneur de Béthune s’oblige et promet de payer annuellement, et quartier par quartier, le premier jour de chaque quartier, audit monastère et ce, à comancer le premier janvier 1688, la somme de deux cent cinquante livres, faisant ladite somme annuelle de milles livres, ce que laditte communauté auroit accepté avec reconoissance et remercie ledit seigneur de ce nouveau surcroi de libéralité, après tant d’autres biens qu’elle en avoit déja par cy-devant receus, et promis audit seigneur d’observer, garder et entretenir à perpétuité les closes de la fondation cy-dessous escrittes et dont luy a esté fait lecture, selon leur forme et teneur, sans en rien altérer ni diminuer dans le fonds et dans les circonstances.

Et affin que toutes choses soient réglées entre les parties et qu’on ne puisse avoir recours respectivement qu’au présent contract, elles ont convenu et consenti, par ces présantes, que tous actes antérieurs à celluy, qui pourroient avoir esté faits par ledit seigneur en leur faveur ou de la maison du Reffuge, quelsques soient ou puissent estre, et toutes prétentions généralement quelconques stipulées devant notaires ou autrement, soient des premiers contracts de fondations ou du depuis, demeurent nulles comme non avenues, de nulle valeur et nul effet, ainsi que tous contes, obligations respectives et tous autres actes publics et particuliers de main privée, de quelque nature qu’ils soient ou puissent estre, qui demeureront pareillement annulés ; comme ledit seigneur evesque, consent de sa part, que toutes les charges à tiltre onéreux portées par les premières actes de fondation et acceptées par ledit monastère demeurent résolues et comme non avenues, et que le seul présant contract de fondation sorte son plein et entier effect ; moienant quoy, avec les vingt-mille livres données en dernier lieu par ledit seigneur, pour estre mises en fonds de rante annuelle et perpétuelle, ledit monastère aura reçeu de sa libéralité la somme de quatre-vingt-dix-sept milles deux cent seise livres, six sols ; consentant ledit seigneur et couvent que pour la seureté et validité des présentes, elles soient insinuées et omologuées, partout où besoin sera.

Et ainsin stipullé et accordé, et accepté par ledict seigneur de Béthune, évêque, et le dit couvent de Nostre-Dame-du-Reffuge du Puy, la communauté capitulairement assamblée et soubzsignée, en présance de monsieur Me Claude Arssac, prêtre, directeur de l’hospital général, et Vidal Raphael, praticien de la présente ville.

Armand de Béthune, evesque et seigneur du Puy, conte de Velay, fondateur du susdit monastère, aprouvant toutes les ratures et entrelignes des dix-neuf pages du présent contract, escrittes de notre main.

Sœur Marie de l’Ascension, supérieure ; sœur Marie de Saint-Gabriel, assistante ; sœur Marie-Thérèse, sœur M. de la Trinité ; sœur Marie Dorothée ; sœur de Saint-Jehan ; sœur du Saint-Sacrement ; sœur Marie de Jésus ; sœur de Saint-Charles ; sœur de Saint-Alexis ; sœur de Saint-Ignace ; soeur M. de Paule ; soeur M. des Anges ; Claude Arssac, prêtre ; Vidal Raphael ; et moy, notaire royal soubsigné, Arnaud.


Closes et conditions apposées et souscrittes au présent contract de fondation acceptées par le susdit monastère,

1o Que le dit seigneur Armand de Béthune, evesque, et son héritier portant le nom et armes de la maison de Béthune, et les seigneurs evesques qui viendront après luy, seront reconnus pour vrais et seuls fondateurs du susdit monastère de Notre-Dame-du-Reffuge du Puy, dit de Saint-Maurice, aux droits, privilèges et prérogatives acoustumées en pareils cas, et, si nostre dit héritier venoit à décéder sans enfans masles, l’aisné et chef de notre maison et ses descendans seront reconnus pour fondateurs dudit monastère, au lieu et place de notre dit héritier : et, atendu que ledit seigneur de Béthune, evesque, appelle en part de laditte fondation les seigneurs évesques ses successeurs après luy, il les supplie de vouloir seconder ses bonnes intentions et d’honorer en la susditte qualité ledit monastère de leur appuy et protection, comme il a fait jusques icy et continuera jusques au dernier soupir de sa vie.

2o Que pendant la vie dudit seigneur évesque sera célébré, le 7e jour d’aoust, jour de sa naissance, et de son premier contract de fondation, une messe solennelle en action de graces à Dieu, en musique et à diacre et sous diacre, et avec le plus d’édiffication qu’il sera possible, et après luy le jour de son décès, et à perpétuité, une messe de morts en haut, avec musique, avec diacre et sous diacre, avec l’absoute, fournissant à cet effet ledit seigneur de Béthune, évesque, un ornement complet, avec ses armes en broderie, audit monastère.

3o Qu’il sera célébré à perpétuité toutes les semaines et vendredis de l’année dans l’église dudit monastère, à l’yssue de vespres et méditation, à trois heures précises, hyvert et esté, un salut solennel pour ledit seigneur de Béthune, évesque, son héritier et famille, et le seigneur evesque pour lors siégeant, avec l’orgue, où sera chanté le Stabat, l’antienne Ante thronum, et le verset Virgo mater Dei miserere nostri, et l’oraison des bienfaiteurs suivante, lequel salut sera sonné de la plus grosse cloche, à deux heures et demie précises, une autre fois pareillement aux trois quarts, et à trois heures, de toutes les cloches et tinté pendant quelque temps de la plus grosse : suppliant ledit seigneur de Béthune messeigneurs ses successeurs de permettre l’exposition du très Saint-Sacrement, tant seulement à l’heure dudit salut pour gagner l’indulgence que ledit seigneur evesque obtiendra pour cette cérémonie.

Lesquelles closes apposées et souscrittes au susdit contract de fondation, la susditte communauté et couvent a présentement agrées, acceptées et ratifiées, et promis les garder et entretenir, de point en point, et à perpétuité, selon et conformément l’intention dudit seigneur de Béthune, évesque, leur fondateur. Car ainsi a esté dit et stipulé entre les parties cy présantes, devant nous notaires et témoins soussignés, au Puy, ce 18 octobre mille six cent quatre-vingt-sept.

Ainsi accepté et agrée par ledit couvent capitulairement assamblé et ledit seigneur de Béthune, évêque, en présence de moi, notaire royal soubzsigné et de Mr Me Claude Arssac, prêtre et directeur de l’hospital général de cette ville, et Vidal Raphael, praticien, soubzsignés avec ledit seigneur de Béthune, évêque et ledit couvent.

Armand de Béthune, E. du Puy, conte de Velay, fondateur ; seur Marie de l’Ascension, supérieure ; soeur M. de Saint-Gabriel, assistante ; soeur Marie Thérése ; soeur Marie Dorothée ; soeur M. de Saint-Jehan ; soeur de Saint-Michel ; soeur M. de Jésus ; soeur Saint-Sacremant ; soeur M. Saint-Charles ; soeur M. de Saint-Alexis ; soeur de Saint-Ignace ; soeur Saint-Paule, soeur M. des Anges ; C. Arssac, prêtre ; V. Raphael ; et moi notaire royal, soubzsigné, Arnaud.


État des revenus du monastère de Notre-Dame-du-Reffuge, dit de Saint-Maurice, la présante année 1687, réduits et supputés en présence de la communauté.
Pour la rante annuelle de la somme de vingt milles livres donnée par le seigneur de Béthune, evesque, par le présent contract de fondation 1,000 livres 
1,000 l.
Pour la somme de deux milles livres du dot de la soeur Valantin sur le curé de l’hospital, au denier vingt 
100
Pour la somme de douse cent livres sur Ganel Souchon, rantier de l’hospital 
75
Pour la somme de trois cent livres dues par Mr Tronceon du séminaire 
16 13 s.
Pour la somme de trois milles livres du dot de la sœur de Saint-Jehan, au denier dix huict 
166 13 s. 4 d.
Pour le dot de la sœur de la Croix, de la somme de trois milles livres, au denier dix huict 
166 15 s. 4 d.
Pour milles quatre cents livres restantes du dot de la sœur de Clavières 
76 12 s. 6 d.
Pour la somme de huict cent livres restante de la dot de la seur Falcon, dite de la Trinité, dues par M. de Chantemule 
45
Pour la maison qui avoit esté cy-devant de Thésard, louée au boulanger 45 et à Olaignon 30, cy 
75
Pour l’antien Reffuge loué à M. de Saint-Germain 
60
Pour trois milles trante et une livres de la fondation de feu M. Coulon, le chanoine, due par Mgr de Béthune, notre évêque, selon le contract reçeu Arnaud, au denier dix huict 
169
Pour la maison de feu M. Coulon, affermée au séminaire 
40
Pour la champ d’Espaly 
30
Pour la somme de six cent livres cédée par M. de Combes sur un pré de Saint-Haon 
30
Pour deux milles livres de la dot de la seur des Anges 
100
Pour deux milles livres de la seur Marie Paule, au denier vingt 
100
Pour la dot de deux milles livres de la seur Denis 
100
Pour la dot de deux milles livres de la seur de Cussac 
100
Pour la dot de la seur d’Oson, de 1,500 livres 
75
Pour la dot de la seur de Mompinoux, de la somme de seise cent livres 
80
Pour cent livres dues par M. de Combes 
5
Faisant en total de revenu annuel la somme de deux milles six cent dix livres, douse sols, deux deniers.
Ainsi arresté au monastère, en présence de la communauté, ce 18 octobre 1687.


Armand de Béthune, E., seigneur du Puy, conte de Velay, fondateur du susdit monastère.


Estat des religieuses professes et converses du monastère Notre-Dame-du-Reffuge, dit Saint Maurice, le 19 octobre 1687.
La mère de l’Ascension, supérieure.
La mère de Saint-Gabriel, assistante.
La mère de Saint-Anthoine, économe.
La mère Thérèse.
La mère Louise.
La mère du Saint-Esprit.
La mère Augustine.
La mère Dorothée.
La mère de Clavières.
La mère de Combes.
La seur de Jésus.
La seur de Saint-Jehan.
La seur de Cussac.
La seur de la Croix.
La seur de la Trinité.
La seur d’Ozon.
La seur de Saint-Charles.
La seur de Saint-Alexis.
La seur de Saint-Ignace.
La seur Marie-Paule.
La seur des Anges.
Faisant le nombre de 21 professes.


Converses.
La seur Marie-Anne.
La seur Catherine.
La seur de Saint-François.
La seur Magdeleine.
Une tourière.
En tout, 25 personnes et trois pénitentes.


Armand de Béthune, évêque du Puy,
conte de Velai.


PROCÈS-VERBAL DE TENTATIVE D’INCENDIE DU COUVENT DU REFUGE


L’an mil sept cent soixante et dix huit et le vingt septième jour du mois de janvier, à neuf heures du matin, par devant nous Jacques Demorgues, écuyer, chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis, seigneur de Lantriac et autres lieux, premier consul, maire de la ville du Puy, en exercice l’année présente, dans notre hotel sciz rue des Farges de ladite ville,

A comparu Mr Me Amingue[21], prêtre chanoine de l’églize collegialle de Saint Vozy, qui nous a dit, prié et requis de la part de la dame supérieure du couvent Saint-Maurice de cette ville, de nous transporter dans ledit couvent, par ce qu’elle avoit quelque plainte à nous porter contre quelques filles détenues dans leur Reffuge, qui avoit voulu incendier la maison de cette communautté ; et luy ayant demandé s’y l’on connoissoit les coupables de cette incendie, nous a répondu qu’il en ignoroit les noms, ce quy nous a mis dans le cas d’envoyer le nommé Joseph Baudet, un des valets de ville, chés ladite dame supérieure, pour luy dire de s’informer des noms de celles que l’on soupçonnoit d’avoir coopéré à cette incendie, laquelle ayant répondu que le soupçon étoit sur la demoiselle Longeon et la nommée Claudine Verdier ; sur ce rapport, nous sommes transportés chès M. l’abbé de Laval, vicaire genéral, auquel ayant fait part de cette accuzation et sur la permission qu’il nous a donné d’entrer dans ledit couvent pour y veriffier le délit de cette incendie, nous sommes de suitte descendus dans ledit couvent et où étant arrivé, après avoir conféré environ un quart d’heure avec ladite dame supérieure, qui étoit au parloir, sommes entrés dans la maison et appartements du Reffuge dudit couvent, accompagné de la dame de la Roche Lambert, ladite dame supérieure, et autres deux dames religieuzes qui nous ont conduit dans une grande salle où les filles travailloient, dans laquelle salle il y a un cabinet fait avec des planches, dans lequel il y a le lit où couche la dame religieuze chargée de veiller à la conduitte des filles de ce Reffuge, lequel cabinet n’est pas sy élevé que le plancher de la salle, de façon qu’il y a un entresol d’environ deux pieds entre le plancher et ce cabinet, dans lequel entresol il nous fut dit par ces dames que quelques filles de ce Reffuge avoient jetté au dessus de ce cabinet et à l’entresol, le soir avant de se coucher, des charbons enfflamés : que, dans la nuit, quelques unes des filles ayant senty la fumée, en avoient averty la dame directrice de ce Reffuge, et qu’ayant fouillé dans les licts et dans toute la salle pour découvrir le feu que l’on appréhendoit, ne l’ayant pas trouvé, s’approchèrent dudit cabinet, où il sembloit sentir le brulé plus fort qu’ailleurs, et alors elles firent monter une fille sur ledit cabinet et audit entresol, laquelle, en tatonnant, mit la main sur les charbons enflamés qu’elle jetta en bas, avec quantitté d’araniées, poussière et autres bourdiers qui avoient pris feu en partie, qui ayant tombé sur un livre, il fut desuitte brulé, et le plancher de ce cabinet en auroit fait de même sy le progrès du feu n’avoit été arrêté par une grande quantitté d’eau que l’on y jetta.

Ce qu’ayant bien vériffié et convaincu du fait de cette incendie, sommes entrés dans la salle, et après avoir parlé sévèrement aux filles qui y étoient, avec menaces des rigueurs de justice, demandant aux dites dames religieuzes qu’elles étoient les soupçonnées, elles nous ont répondu que leur soupçon tombait sur les personnes de ladite demoiselle Longeon, parce qu’elle n’avoit pas voulu se lever au moment de l’alerte qui se donna de cette incendie, à la solicitation d’une de ses compagnes, en disant que le feu n’étoit pas de son côté, et que le soupçon étoit encore sur laditte Claudine Verdier, de Tence, qui avait pris le brazier d’une autre fille qu’il n’avait pas voulu luy rendre en allant se coucher. Et sur touttes ces circonstances lesdites dames religieuzes, pour éviter la récidive des incendies journalières qui pourroient estre commizes par ces deux soupçonnées, nous ont requis de vouloir bien les faire transférer de ce Reffuge en la maison de force de l’hopital général de cette ville, et, pour raison de cette réquizition, sera notre présent procès verbal communiqué à notre procureur du roy, pour, sur ses concluzions, être statué et ordonné ce que de droit : et nous sommes signé :

Demorgues, 1er consul, maire.


Le procureur du roy en l’hotel de ville, vu le verbal ci-dessus, portant ordre de soit communiqué à nous la datte de ce jourd’huy, nous disons que des faits ci-dessus, circonstances et dépendances, il doit être informé, et cependant que les susnommées Longeon et Claudine Verdier doivent être conduites, par provision, dans la maison de force du Bon Pasteur, pour y demeurer jusques à ce qu’il en soit autrement ordonné. Ce 27 janvier 1778.

Martin, advocat et procureur du roy.


Nous, maires et consuls de la ville du Puy, en exercice l’année présente, vu le susdit verbal portant le soit communiqué à notre procureur du roy, ensemble les concluzions de notre dit procureur du roy, le tout de ce jour d’huy, avons ordonné que des faits y énoncés, circonstance et dépendances, il en sera informé par devant nous, et cependant avons ordonné que par provizion les nommées Longeon et Claudine Verdier seront conduites dans la maison de force de l’hopital général de cette ville, pour y demeurer jusques à ce que par nous en aye été autrement ordonné.

Donné à l’hotel de ville du Puy, ledit jour vingt septième janvier mil sept cent soixante et dix huit ; et, de suitte, lesdiites Longheon et Claudine Verdier ont été conduittes par nos valets de ville à ladite maison de force de l’hopital général et remizes entre les mains de la sœur directrice de cette maison, qui s’en est chargée.

Demorgues, 1er consul, maire ; Gardès consul ;
Lyotard, 3e consul ; Portal, 4e consul ;
Berard, consul.




  1. La vie du bienheureux Jean-François Régis, de la Compagnie de Jésus, par le R. P. Daubenton. Paris, Nicolas Le Clerc. 1716. in-4o, pp. 100 et 137.
  2. Arnaud, Histoire du Velay, t. II, p. 175.
  3. Monlezun, L’église angélique ou histoire de l’église N.-D. du Puy, p. 101.
  4. A. D. Procès-verbaux des États du Velay. t. II. fo 514 vo, et t. III, fo 35 vo.
  5. Ibid., t. III, fo 36 vo.
  6. Ibid., t. III, fo 124, vo.
  7. Ibid., t. IV, fo 239.
  8. Tout fait supposer qu’il existait au Refuge une petite collection de livres, car un ouvrage portant l’Ex libris de ce monastère est déposé à la bibliothèque publique du Puy, après avoir appartenu à celle du séminaire de cette ville. Il a pour titre :

    Jonathas, ou le vray amy, par le sieur de Cerisiers, aumosnier de monseigneur le duc d’Orléans. À Paris, chez la veuve Jean Camusat et Pierre le Petit. 1654, in-12.

  9. Frère Théodore, p. 426.
  10. L’original de ce document est notre propriété. Écrit sur parchemin, il se compose de 19 pages et porte aux pages impaires un double cachet de cire rouge, celui des de Béthune : d’argent à la face de gueules, et celui du Refuge, au monogramme du Christ. On lit à la fin du manuscrit : Fondation de Saint-Maurice. Cette pièce est entièrement écrite de la main d’Armand de Béthune et nous nous proposons de la déposer dans les archives de la Haute-Loire.
  11. Archives communales, série F. F.
  12. Arch. dép., série II.
  13. Bulletin de la commission permanente des études et recherches historiques, 3e fasc., p. 72.
  14. Archives dép. série II.
  15. Registre des délibérations de la municipalité du Puy. Archives communales, série D, 31, 1 bis, fo 41.
  16. Ibid., série D, 31, 2e, fo 19.
  17. Registre des délibérations de la municipalité du Puy. Série D, 31, 2e, fo 23, vo.
  18. Ibid., fo 71, au vo.
  19. L’Église angélique ou histoire de l’Église Notre-Dame du Puy, par Monlezun, pp. 101 et 128.
  20. Mot surchargé et illisible.
  21. Il est désigné sous le nom d’Amiguet dans l’Almanach de l’abbé Laurent, de 1788.