Concours d’animaux de boucherie, tenu au Puy, le 1er avril 1879

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CONCOURS
D’ANIMAUX DE BOUCHERIE
TENU AU PUY LE 1er AVRIL 1879


Rapporteur : M. Antoine Jacotin.

Le mardi, 1er avril, jour de la foire de la Passion, le Comice agricole a tenu le concours annuel des animaux gras. Par suite des dispositions prises, cette solennité, à laquelle les principaux éleveurs du département ont participé, a été des plus brillantes et jamais au Puy, croyons-nous, aucun jury n’a eu la satisfaction d’apprécier d’aussi beaux et si nombreux spécimens dans les diverses espèces d’animaux. Soixante et un bœufs, soixante-huit vaches ou génisses, deux cent soixante-dix moutons, cinquante-neuf porcs, constituaient, comme on le voit, un ensemble remarquable qu’il est difficile de rencontrer dans un concours de cette nature.

Dans la section des bœufs de moins de cinq ans, le jury a été heureux de remarquer que les exposants de cette catégorie n’avaient amené que des sujets de la race du Mezenc.

On ne saurait trop encourager l’éleveur à persévérer dans cette voie qui offre tant d’avantages, au double rapport de la graisse et du travail. Toutefois, en présence des nombreux sujets qui atteignaient la limite d’âge fixée par le programme, la commission d’examen ne s’est pas expliqué la raison qui engage nos agriculteurs à préférer l’engraissement tardif à l’engraissement précoce, ce dernier exigeant cependant bien moins de fourrage et d’argent.

Les bœufs âgés de plus de cinq ans étaient les plus nombreux.

Leur graisse excellente a réclamé, de la part du jury, la plus scrupuleuse attention dans la répartition des prix qui, malheureusement, vu la modicité de nos ressources, étaient insuffisants pour récompenser tous les mérites.

Les bandes avaient beaucoup de suite dans les animaux, grâce au soin qu’avaient eu les exposants d’en éliminer tous les bœufs à forte charpente, qu’ils conduisaient jadis pour faire nombre.

Dans la catégorie des vaches ou génisses, les spécimens de choix qui ont été présentés, ont nécessité l’augmentation des prix. Le jury a admiré quelques génisses très-grasses et d’une bonne conformation ; mais il croit devoir faire à nos agriculteurs la même observation que pour les jeunes bœufs, en leur recommandant l’engraissement précoce.

Si, dans l’espèce bovine, nous avions des sujets hors ligne, les animaux de l’espèce ovine ne leur cédaient rien en beauté.

Le Comice a regretté encore ici de ne pouvoir distribuer plus de récompenses. Il aurait voulu surtout donner de nombreux encouragements à notre bizet de Chilhac, cette race si précoce, si fine de graisse, et qui produit une qualité de viande estimée dans nos grandes villes.

L’espèce porcine était aussi fort bien représentée par la race du pays améliorée et par la race anglaise. Il faudrait cependant user de cette dernière avec ménagements, car, bien que supérieure à celle de notre pays au point de vue de l’engraissement, elle ne possède pas comme elle une chair aussi bonne. Le Comice a constaté, avec une vive satisfaction, les excellents résultats amenés par le croisement de ces deux races. Les sujets obtenus par cette pratique ont le dos horizontal, le rein large et sont bas sur jambe. Ils joignent à un engraissement facile une qualité de viande supérieure.

En résumé, le concours a eu le plus complet succès, et nos agriculteurs ont été largement indemnisés de leurs efforts par les prix élevés que leur ont offerts les bouchers du Puy et des départements voisins. Plusieurs paires de bœufs ont dépassé le chiffre de 2,000 francs.

Après l’inspection des bêtes, le jury a examiné avec grande attention les différents instruments agricoles qui lui ont été soumis.

Il n’a pu, à son grand regret, encourager, par des prix, les exposants de ces divers produits qui contribuent déjà à introduire dans nos campagnes des améliorations sensibles. Notre département gagnerait beaucoup à se mettre tout à fait à la hauteur de la mécanique agricole, qui rend ailleurs d’importants services.

Le Comice espère pouvoir, dans un bref délai, récompenser les agriculteurs qui emploient des machines perfectionnées à l’exploitation de leurs terres.

Parmi les instruments exposés, le jury a surtout porté son attention sur une charrue dite Tourne-oreilles, inventée par M. G. Estable, forgeron à Vorey (Haute-Loire). Cette charrue, qu’une seule paire de vaches peut traîner, quoique creusant des sillons de 30 centimètres de profondeur, est particulièrement propre aux travaux de petite culture. Plusieurs membres du Comice agricole ont pu attester, par l’usage qu’ils en ont fait, du mérite de ce produit aratoire.

M. A. Chéron exposait une charrue jumelle, qui peut être très-utile, dans les terrains légers et granitiques, pour les labours plats.

M. Brunel nous a présenté une charrue tournante, moins massive que la précédente, tout en pouvant être employée dans les mêmes cas.

La machine à battre de M. Exbrayat est d’un prix modéré, quoique fort bien conditionnée, et peut facilement être maniée par deux hommes, sans fatigue aucune.

Nous ne parlons que pour mémoire de la baratte du même exposant. Les nombreuses récompenses qu’elle a obtenues précédemment font assez son éloge.

M. Jean, fabricant de jougs, en a inventé un, à ressorts très-ingénieux, pour redresser les cornes des taureaux ou génisses de six mois à un an.

Le Comice, nous le répétons encore, aurait voulu décerner des prix aux exposants de cette catégorie, qui tous contribuent à faire progresser, dans nos campagnes, le génie rural. Il a dû se contenter, pour cette fois, de leur voter des mentions très-honorables.

À quatre heures, MM. les adjoints au maire, les bureaux du Comice et de la Société des amis des sciences, procédaient à la distribution des prix, sous la présidence d’honneur de M. le Secrétaire général de la Haute-Loire. Les nombreux exposants se pressaient dans la salle de l’Alcazar, où un grand nombre de nos concitoyens témoignaient, par leur présence, de l’intérêt qu’ils portent à notre agriculture.

La fanfare de l’Orphéon a bien voulu prêter généreusement son concours à cette fête agricole, et en augmenter l’entrain par de nombreux morceaux de musique parfaitement exécutés et qui ont provoqué des applaudissements.

Nous sommes heureux d’adresser publiquement à notre confrère, l’honorable M. Chabanes, président de l’Orphéon, nos sincères remerciements, pour la gracieuse attention dont nous avons été l’objet de sa part.

M. Bonnet, adjoint au maire, a ouvert la séance par une courte allocution vivement applaudie.

M. Antoine Jacotin, secrétaire du Comice agricole, a ensuite proclamé les noms des lauréats dans l’ordre suivant :


espèce bovine
Bœufs nés depuis le 1er janvier 1875.
1. Prix.  
Rochette Étienne.
2.  —   
Michel Régis.
3.  —   
Eyraud Louis.
4.  —   
Jouffre François.
Bœufs nés avant le 1er janvier 1875.
1. Prix.  
Eyraud Louis.
2.  —   
Descours Félix.
3.  —   
Hilaire Victor.
4.  —   
Rochette Étienne.
5.  —   
Michel Lucien.
6.  —   
Bertrand Pierre.
7.  —   
Chanal Pierre.
Vaches et génisses.
1. Prix.  
Jouffre François.
2.  —   
Michel Régis.
3.  —   
Descours Alexandre.
4.  —   
Rochette Étienne.
5.  —   
Bonnefoy Claude.
6.  —   
Gratuze-Mallat.
7.  —   
Sabarot, de Brives.
8.  —   
Roux André, de Talobre.


Prix de bandes d’au moins cinq animaux.
1. Prix.  
Eyraud Louis.
2.  —   
Rochette Étienne.
3.  —   
Michel, du Planas.
4.  —   
Jouffre François.


espèce ovine
Lot d’au moins cinq bêtes.
1. Prix.  
Eyraud Claude.
2.  —   
Meunier Baptiste.
3.  —   
Plantin Pierre.
4.  —   
Rieuf Antoine.
5.  —   
Commune Étienne.
6.  —   
Meunier Pierre.


espèce porcine
1. Prix.  
Jammes Régis.
2.  —   
Barthélemy Baptiste.
3.  —   
Pays François.
4.  —   
Mauras Jules.
5.  —   
Liotard Antoine.
6.  —   
Faure Félix.
7.  —   
Brédoire Antoine.
8.  —   
Rolland Joseph.
9.  —   
Orphelinat de Roche-Arnaud.


A. Jacotin,
Secrétaire du Comice.