Mémoires historiques/37

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Maisons héréditaires
Septième maison
Le puîné, (prince de) Wei (et de) K'ang

CHAPITRE XXXVII

Septième maison héréditaire

Le puîné, (prince de) Wei (et de) K'ang (101).


p.189 Le puîné, (prince de) Wei, (et de) K’ang avait pour nom personnel Fong ; il était un jeune frère cadet du roi Ou, de (la dynastie) Tcheou, né de la même mère que lui. Après lui il y avait encore le cadet, (prince de) Nan, qui était le plus jeune (de tous les frères du  roi Ou). p.190 Quand le roi Ou eut triomphé de Tcheou, de (la dynastie) Yn, il conféra de nouveau ce qui restait du peuple des Yn à Ou-keng Lou-fou, fils de Tcheou, et l’assimila à un seigneur, afin qu’il s’acquittât des sacrifices à ses ancêtres sans interruption ; mais, considérant que Ou-keng n’était pas encore gagné à sa cause, et craignant qu’il n’eût des intentions criminelles, le roi Ou ordonna à ses frères cadets, le puîné (prince de) Koan et le puîné (prince de) Ts’ai, d’être les précepteurs et les conseillers de Ou-keng Lou-fou, afin de maintenir l’harmonie chez son peuple.

A la mort du roi Ou, le roi Tch’eng étant jeune, Tan, duc de Tcheou, gouverna à la place du roi Tch’eng et se chargea du royaume. Le puîné (prince de) Koan et le puîné (prince de) Ts’ai soupçonnèrent le duc de Tcheou ; ils fomentèrent donc une rébellion avec Ou-keng Lou-fou et voulurent attaquer Tch’eng-tcheou (102) ; Tan, duc de Tcheou, agissant sur l’ordre du roi Tch’eng, mit ses troupes en campagne et combattit les Yn ; il tua Ou-keng Lou-fou et le puîné (prince de) Koan ; il exila le puîné (prince de) Ts’ai. Ce qui restait du peuple des Yn (précédemment confié à) Ou-keng, il le remit au puîné (prince de) K’ang, en le nommant prince de Wei ; il le fit résider entre le (Hoang)-ho et (la rivière) K’i, dans l’ancienne capitale des Chang (103).

Le duc de Tcheou, Tan, redouta la jeunesse du puîné (prince de) Kang ; il lui développa donc des admonitions, disant :

— Ne manquez pas de rechercher dans (le peuple des) Yn les hommes de talent, les sages et ceux p.191 qui sont supérieurs ; demandez-leur par quels moyens d’abord les Yn ont été florissants, et par quels moyens ils se sont perdus ; ayez soin d’aimer le peuple.

Il l’avertit en lui montrant comment Tcheou s’était perdu ; c’était en se livrant à la débauche par le vin ; grâce aux fautes que lui fit commettre le vin, ce furent les femmes dont il suivit les avis ; ainsi les désordres de Tcheou eurent cette origine. (Le duc de Tcheou) prit l’exemple du bois de catalpa pour montrer que le sage devait être considéré comme la loi et la règle. Ainsi, pour lui donner ses enseignements, il prononça (les discours intitulés) « l’allocution au (prince de) K’ang, « l’allocution sur le vin », « le bois de catalpa » (104).

Lorsque le puîné (prince de) K’ang se fut rendu dans son royaume, il put, grâce à ces enseignements, maintenir l’harmonie et la tranquillité dans son peuple ; le peuple en fut très satisfait. Lorsque le roi Tch’eng fut devenu grand et qu’il exerça le gouvernement, il promut le puîné (prince de) K’ang à la dignité de ministre de la justice des Tcheou ; il fit présent au (prince de) Wei d’objets précieux et d’ustensiles destinés aux sacrifices (105), afin de rendre illustre sa vertu.

Le puîné (prince de) K’ang mourut. Son fils, le comte K’ang (106), prit le pouvoir à sa place. A la mort du comte p.192 K’ang, son fils, le comte Hiao, prit le pouvoir. A la mort du comte Hiao, son fils, le comte Se, prit le pouvoir. A la mort du comte Se, son fils, le comte Tsie, prit le pouvoir. A la mort du comte Tsie, son fils, le comte Tsing, prit le pouvoir. A la mort du comte Tsing, son fils, le comte Tcheng, prit le pouvoir. A la mort du comte Tcheng, son fils, le marquis K’ing, prit le pouvoir ; le marquis K’ing fit des présents considérables au roi I, de (la dynastie) Tcheou, (et c’est pourquoi) le roi I décréta que (les princes de) Wei auraient le titre de marquis. Le marquis K’ing mourut dans la douzième année de son règne (855). Son fils, le marquis Hi, prit le pouvoir.

La treizième année (842) du marquis Hi, le roi Li, de (la dynastie) Tcheou, sortit (de sa capitale) et s’enfuit à Tche ; (la régence) kong-ho exerça le gouvernement. La vingt-huitième année (827), le roi Siuen, de (la dynastie) Tcheou, monta sur le trône. La quarante-deuxième année (813), le marquis Hi mourut. L’héritier présomptif, Yu, qui fut le comte Kong, prit le pouvoir et devint prince ; Ho, frère cadet du comte Kong, avait été le favori du marquis Hi qui lui avait fait une grande quantité de présents ; Ho se servit de ces présents pour faire des cadeaux aux officiers ; il put ainsi attaquer à l’improviste le comte Kong (au moment où il se trouvait) sur la tombe (de son père) ; le comte Kong entra dans le couloir (107) qui menait à la sépulture du marquis Hi et se tua (107e) ; les gens de Wei l’enterrèrent donc à côté du marquis Hi et lui décernèrent le nom posthume de comte Kong (108) ; puis ils mirent Ho sur le trône pour qu’il fût marquis de Wei ; ce fut le duc Ou.

p.193 Quand le duc Ou fut monté sur le trône, il pratiqua le bon gouvernement du puîné (prince de) K’ang ; les cent familles vécurent dans la concorde et la tranquillité. La quarante-deuxième année (771), les K’iuen-jong tuèrent le roi Yeou, de (la dynastie) Tcheou. Le duc Ou se mit à la tête de ses soldats et alla aider les Tcheou à pacifier les Jong ; il rendit des services signalés ; le roi P’ing, de (la dynastie) Tcheou, décréta que le duc Ou aurait le titre de duc. La cinquante-cinquième année (758), il mourut. Son fils, Yang, qui fut le duc Tchoang, prit le pouvoir.

La cinquième année de son règne (753), le duc Tchoang prit pour épouse une fille (du prince) de Ts’i (109) ; elle était belle, mais n’eut pas de fils. Il prit encore pour épouse une fille (du prince) de Tch’en ; elle enfanta un fils qui mourut en bas âge. La sœur cadette de la fille (du prince) de Tch’en jouit aussi de la faveur du duc Tchoang et enfanta un fils nommé Hoan ; la mère de Hoan étant morte, le duc Tchoang ordonna à son épouse, la fille (du prince) de Ts’i, de l’adopter pour fils ; il le nomma héritier présomptif. Le duc Tchoang avait (aussi) une concubine favorite qui enfanta un fils nommé Tcheou-hiu. La dix-huitième année (740), Tcheou-hiu étant devenu grand et aimant la guerre, le duc Tchoang le chargea de commander (une armée). Che Ts’io reprit le duc Tchoang, disant :

— Lorsqu’un fils de naissance secondaire aime la guerre et qu’on lui confie un commandement, ce sera l’origine p.194 de troubles.

Cet avis ne fut pas écouté. La vingt-troisième année (735), le duc Tchoang mourut. L’héritier présomptif Hoan prit le pouvoir ; ce fut le duc Hoan.

La deuxième année (733) du duc Hoan, son frère cadet Tcheou-hiu s’étant montré arrogant et fastueux, le duc Hoan le dégrada. Tcheou-hiu sortit (du pays) et s’enfuit. La treizième année (722), Toan, frère cadet du comte de Tcheng, attaqua son frère aîné ; il ne fut pas vainqueur et s’exila ; alors Tcheou-hiu travailla à devenir son ami. La seizième année (719), Tcheou-hiu qui avait recueilli et rassemblé tous les exilés du pays de Wei, se servit d’eux pour attaquer par surprise et tuer le duc Hoan ; Tcheou-hiu s’attribua le pouvoir et devint prince de Wei. En faveur de Toan, frère cadet du comte de Tcheng, il se proposa d’attaquer (le pays de) Tcheng ; il demanda (aux princes de) Song, Tch’en et Ts’ai de se joindre à lui ; ces trois royaumes accordèrent tous à Tcheou-hiu (ce qu’il désirait). (Cependant) Tcheou-hiu venait de prendre le pouvoir ; il aimait la guerre ; il avait assassiné le duc Hoan ; les gens de Wei étaient unanimes à ne pas l’aimer. Che Ts’io profita donc du fait que la mère du duc Hoan avait sa famille dans (le pays de) Tch’en (110) ; il feignit d’être dans les meilleurs termes avec Tcheou-hiu ; il se rendit à la frontière (du pays) de Tcheng (111) ; Che Ts’io arrêta un plan en commun avec le prince de Tch’en ; il chargea le ministre de droite, Tch’eou, d’apporter à manger à p.195 Tcheou-hiu et d’en profiter pour le tuer auprès de (la rivière) Pou (112). Ensuite il alla à Hing (113) chercher Tsin, frère cadet du duc Hoan, et le mit sur le trône ; ce fut le duc Siuen.

La septième année (712) du duc Siuen, (les gens de) Lou assassinèrent leur prince, le duc Yn. — La neuvième année (710), (Hoa-fou) Tou, (du pays) de Song, assassina son prince, le duc Chang, et Kong-fou (Kia) (114). — La dixième année (709), le comte Tchoang (115), de K’iu-ou (116), assassina son prince, le marquis Ngai. — # La dix-huitième année (701), (survinrent les événements suivants) : le duc Siuen avait d’abord aimé son épouse I-Kiang (117) ; I-Kiang avait enfanté un fils nommé Ki ; (le duc Siuen) le nomma héritier présomptif et ordonna que le kong-tse (118) de droite p.196 serait son précepteur ; le kong-tse de droite alla prendre une fille (du prince) de Ts’i pour en faire la femme de l’héritier présomptif ; avant qu’elle fut arrivée à sa demeure, le duc Siuen vit celle qu’il destinait pour femme à l’héritier présomptif ; elle était belle ; elle lui plut et il la prit pour lui ; il choisit une autre fille pour l’héritier présomptif. Après que le duc Siuen eut eu la fille (du prince) de Ts’i, celle-ci enfanta un fils nommé Cheou et un fils nommé Cho ; (le duc Siuen) ordonna que le kong-tse de gauche serait leur précepteur. La mère de l’héritier présomptif Ki étant morte (119), l’épouse principale du duc Siuen s’entendit avec Cho pour dire du mal de l’héritier présomptif Ki. Depuis que le duc Siuen avait enlevé sa femme à l’héritier présomptif, il le détestait dans son cœur et désirait le dégrader ; quand il apprit du mal de lui, il fut fort irrité ; il chargea donc l’héritier présomptif Ki de se rendre dans (le pays de) Ts’i et il ordonna à des brigands de lui intercepter le passage à la frontière et de le tuer ; il donna à l’héritier présomptif un guidon blanc et avertit les brigands de la frontière qu’ils eussent à tuer celui qu’ils verraient porter un guidon blanc. Quand (l’héritier présomptif) fut sur le point de partir, Cheou, frère aîné de Cho et frère cadet de l’héritier présomptif, mais né d’une autre mère que lui, sachant que Cho avait mal parlé de l’héritier présomptif et que le prince voulait le tuer, dit à l’héritier présomptif :

— Quand les brigands de la frontière verront votre guidon blanc, ils vous tueront ; vous devriez ne pas partir.

L’héritier présomptif dit :

— Contrevenir à l’ordre de mon père pour sauver ma vie, c’est ce que je ne saurais faire.

Il p.197 se mit donc en route. Cheou, voyant que l’héritier présomptif ne s’arrêtait pas, lui enleva son guidon blanc et galopa en avant ; lorsqu’il arriva à la frontière, les brigands de la frontière virent le signe distinctif qui leur avait été indiqué et le tuèrent. Après que Cheou fut mort, l’héritier présomptif Ki survint ; il dit aux brigands :

— Celui qu’il fallait tuer, c’était moi. 

Les brigands tuèrent aussi l’héritier présomptif Ki et annoncèrent la chose au duc Siuen ; le duc Siuen nomma alors le prince Cho héritier présomptif. — La dix-neuvième année (700), le duc Siuen mourut. L’héritier présomptif Cho prit le pouvoir ; ce fut le duc Hoei.

Le kong-tse de gauche et celui de droite supportaient impatiemment que Cho eût pris le pouvoir. La quatrième année (696) du duc Hoei, le kong-tse de gauche et celui de droite, irrités de ce que le duc Hoei avait calomnié et tué le précédent héritier présomptif Ki et avait pris le pouvoir à sa place, se révoltèrent ; ils nommèrent prince K’ien-meou, frère cadet de l’héritier présomptif Ki. Le duc Hoei s’enfuit (dans le pays de) Ts’i. Le prince de Wei, K’ien-meou, prit le pouvoir. Huit ans après (688), le duc Siang, de Ts’i, se mit à la tête des seigneurs et reçut le mandat royal d’attaquer avec eux (le pays de) Wei ; il réintégra le duc Hoei ; il fit périr le kong-tse de gauche et celui de droite ; le prince de Wei, K’ien-meou, s’enfuit (dans le pays de) Tcheou. Le duc Hoei monta de nouveau sur le trône. Le duc Hoei avait pris le pouvoir depuis trois ans lorsqu’il sortit (du pays) et s’exila ; après avoir été huit ans en exil, il rentra ; avec les années précédentes, cela fait un total de treize années (120).

p.198 La vingt-cinquième année (675), le duc Hoei, irrité de ce que (le roi de la dynastie) Tcheou avait volontiers donné asile à K’ien-meou, s’unit (au prince de) Yen pour attaquer Tcheou. Le roi Hoei, de (la dynastie) Tcheou, s’enfuit à Wen (121). (Les princes de) Wei et de Yen donnèrent le titre de roi à T’oei, frère cadet du roi Hoei. — La vingt-neuvième année (671), (le prince de) Tcheng restaura le roi Hoei. — La trente et unième année (669), le duc Hoei mourut. Son fils, Tch’e, qui fut le duc I, prit le pouvoir.

Quand le duc I fut monté sur le trône, il aima les grues ; il se livra à la débauche et aux plaisirs, aux prodigalités et aux excès. La neuvième année (660), les Ti attaquèrent. Wei. Le duc I, de Wei, voulut mettre des soldats en campagne ; il y eut des soldats qui se révoltèrent ; ses principaux ministres lui dirent :

— Votre Altesse aime les grues ; les grues doivent recevoir de vous l’ordre de combattre les Ti (122).

Les Ti pénétrèrent alors (dans la capitale) ; ils tuèrent le duc I (123). — Quand le duc I avait pris le pouvoir, le peuple et les principaux p.199 ministres ne lui avaient point été soumis. Depuis le temps où Cho, duc Hoei, père du duc I, avait calomnié et tué l’héritier présomptif Ki et avait pris le pouvoir à sa place, jusqu’à l’époque du duc I, (le peuple et les ministres) avaient toujours désiré renverser (ces deux princes) ; en définitive, ils anéantirent tous les descendants du duc Hoei et donnèrent le titre de prince à Chen, fils de Wan, (dont le nom posthume fut) Tchao-po, lequel était le frère cadet de K’ien-meou ; ce fut le duc Tai.

Chen, duc Tai, mourut dans la première année de son règne (660). Le duc Hoan, de Ts’i, considérant que (le pays de) Wei avait été à plusieurs reprises troublé par des révolutions, se mit à la tête des seigneurs pour attaquer les Ti, et construisit pour le compte de Wei (les remparts de la ville de) Tch’ou-k’ieou (124). Il donna à Hoei, frère cadet du duc Tai, le titre de prince de Wei ; ce fut le duc Wen. Le duc Wen, à cause des troubles, s’était enfui (dans le pays de) Ts’i ; ce furent les gens de Ts’i qui le firent rentrer (à Wei).

Le duc I avait été autrefois tué par les Ti ; les gens de Wei eurent compassion de lui ; ils songèrent à mettre de nouveau sur le trône un descendant de Ki, le défunt héritier présomptif du duc Siuen ; cependant le fils de Ki était aussi mort ; quant au prince Cheou, qui était mort à la place de Ki, il n’avait pas eu de fils ; il y avait eu deux frères cadets de l’héritier présomptif Ki, nés de la même mère que lui ; l’un s’appelait K’ien-meou ; il avait été prince à la place du duc Hoei, mais, au bout de huit ans, il était de nouveau parti ; l’autre (frère cadet) s’appelait Tchao po. Tchao po et K’ien-meou étaient tous deux déjà morts ; c’est pourquoi on donna le pouvoir à p.200 Chen, fils de Tchao-po, qui fut le duc Tai ; le duc Tai étant mort, on donna derechef le pouvoir à son frère cadet, Hoei, qui fut le duc Wen.

Dès que le duc Wen eut pris le pouvoir, il allégea les impôts et adoucit les châtiments ; il se donna personnellement beaucoup de peine ; il partagea les fatigues des cent familles ; par cette conduite, il se concilia le peuple de Wei. — La seizième année (644), Tch’ong-eul, kong-tse de Tsin, passa (par le pays de Wei) et y fut traité sans égards. — La dix-septième année (643), le duc Hoan, de Ts’i, mourut. — La vingt-cinquième année (635), le duc Wen mourut. Son fils, Tcheng, qui fut le duc Tch’eng, prit le pouvoir.

La troisième année (632) du duc Tch’eng, Tsin désira obtenir le droit de passer à travers (le pays de) Wei, afin de secourir Song ; le duc Tch’eng n’y consentit pas. Tsin, changeant de plan, vint au secours de Song en prenant le passage du (Hoang)-ho qui est au sud (de Wei) ; il réquisitionna des soldats de Wei ; les grands officiers de Wei voulaient y consentir, mais le duc Tch’eng s’y refusa ; le grand officier Yuen Hiuen attaqua le duc Tch’eng qui sortit (de sa capitale) et s’enfuit (125). Tch’ong-eul, duc Wen, de Tsin, attaqua Wei et donna une partie de son territoire à Song ; il le punit ainsi de l’avoir traité sans égards lorsqu’il avait passé auparavant (par ce pays), et de n’avoir point secouru Song quand il était en détresse.

Le duc Tch’eng, de Wei, sortit alors (du pays de Tch’ou) et s’enfuit dans celui de Tch’en. Deux ans plus tard (630), il se rendit (auprès du roi de la dynastie) Tcheou et lui demanda de le réintégrer (dans son royaume) ; il se p.201 rencontra avec le duc Wen, de Tsin ; celui-ci chargea des gens d’empoisonner le duc Tch’eng, de Wei. Le duc Tch’eng avait des relations secrètes (126) avec le préposé aux poisons (de la cour) des Tcheou ; il lui fit faire (un breuvage) faible et put (ainsi) échapper à la mort. Après cela, (le roi de la dynastie) Tcheou intercéda en sa faveur auprès du duc Wen, de Tsin, et, en définitive, il le fit rentrer dans (le pays de) Wei. Alors (le duc Tch’eng) extermina Yuen Hiuen et les siens ; Hia, qui était prince de Wei, sortit (du royaume) et s’enfuit (127).

La septième année (628), le duc Wen, de Tsin, mourut. — La douzième année (623), le duc Tch’eng alla rendre hommage au duc Siang, de Tsin. — La quatorzième année (621), le duc Mou, de Ts’in, mourut. La vingt-sixième année (609), Ping Tch’ou, (du pays) de Ts’i, assassina son prince, le duc I. — La trente-cinquième année (600), le duc Tch’eng mourut. Son fils, Sou, qui fut le duc Mou, prit le pouvoir.

La deuxième année (598) du duc Mou, le roi Tchoang, de Tch’ou, attaqua Tch’en et tua Hia Tcheng-chou. — La troisième année (597), le roi Tchoang, de Tch’ou, assiégea (la capitale de) Tcheng ; (le prince de) Tcheng s’étant rendu, il le remit en liberté. — La onzième année (589), Suen Leang-fou (128) aida Lou à attaquer Ts’i et à récupérer tout le territoire qui lui avait été enlevé. — Le duc Mou mourut. Son fils, Tsang, qui fut le duc Ting, prit le pouvoir.

Le duc Ting mourut dans la douzième année de son p.202 règne (577). Son fils K’an, qui fut le duc Hien, prit le pouvoir.

La treizième année (564) du duc Hien, le duc ordonna au maître de musique Ts’ao d’apprendre à une concubine de son harem à jouer du luth ; comme cette concubine ne jouait pas bien, Ts’ao la battit ; elle profita du moment où le duc lui accordait ses faveurs pour lui dire du mal de Ts’ao ; le duc, à son tour, fit frapper Ts’ao de trois cents coups. — La dix-huitième année (559), le duc Hien avait donné avis à Suen Wen-tse (129) et à Ning Hoei-tse (130) (qu’il voulait) manger avec eux ; tous deux vinrent ; lorsque le soir arriva, il ne les avait point encore mandés et était allé chasser les oies sauvages dans son parc ; les deux officiers l’y suivirent ; le duc n’enleva pas ses vêtements de chasse (131) pour leur parler ; les deux officiers, irrités, se rendirent à Ts’i. Chou (132), fils de Suen Wen-tse, se trouvant assister à un banquet du duc, (le duc) invita le maître de musique Ts’ao à chanter la dernière strophe de l’ode K’iao-yen (133). Le maître de musique Ts’ao était p.203 encore irrité de ce que le duc l’avait fait battre de trois cents coups ; il chanta donc cette strophe, car il espérait, en excitant la colère de Suen Wen-tse, se venger du duc Hien, de Wei. (Suen) Wen-tse (134) s’entretint avec K’iu Po yu (135) qui lui dit :

— Je ne sais point (ce qu’il faut faire).

Alors (Suen Wen-tse) attaqua et fit sortir (de sa capitale) le duc Hien qui s’enfuit dans (le pays de) Ts’i ; (le duc de) Ts’i installa le duc Hien, de Wei, à Tsiu-i (136). Suen Wen-tse et Ning Hoei-tse s’entendirent pour donner le titre de prince de Wei à Ts’ieou, frère cadet du duc Ting ; ce fut le duc Chang. Quand Ts’ieou, duc Chang, eut pris le pouvoir, il donna en fief à Suen Wen-tse Lin-fou (la ville de) Ts’i (137).

La douzième année (547), Ning Hi et Suen Lin-fou se disputèrent la faveur (du duc) et se prirent l’un l’autre en aversion. Le duc Chang chargea Ning Hi d’attaquer Suen Lin-fou ; celui-ci s’enfuit dans (le pays de) Tsin ; il demanda derechef à faire rentrer (dans ses États) l’ex-duc Hien, de Wei ; le duc Hien était (dans le pays de) Ts’i ; le duc King, de Ts’i, apprenant ce qui se passait, se rendit dans (le pays de) Tsin avec le duc Hien de Wei, et demanda qu’on le restaurât. (Le duc de) Tsin attaqua Wei pour cette cause ; il l’attira par ruse à une p.204 réunion où on devait faire une convention ; le duc Chang, de Wei, eut donc une entrevue avec le duc P’ing, de Tsin ; le duc P’ing fit prisonnier le duc Chan, ainsi que Ning Hi ; puis il réintégra le duc Hien, de Wei, (dans sa capitale). Le duc Hien avait été exilé à l’étranger pendant douze années, lorsqu’il rentra.

La première année (546) du second règne du duc Hien, celui-ci extermina Ning Hi et les siens. — La troisième année (544), Ki-tse, (prince de) Yen-ling, (du pays) de Ou, étant envoyé en mission, passa par (le pays de) Wei ; il vit K’iu Po-yu et Che Ts’ieou et dit :

— Wei possède beaucoup de sages ; ce royaume n’aura pas de difficultés.

Il passa par Ts’i (138) ; Suen Lin-fou lui joua de l’instrument en pierre sonore ; (Ki-tse) dit :

— Il n’est pas heureux ; les sons musicaux sont fort tristes ; celui qui a causé des troubles dans (le pays de) Wei, c’est cet homme (139).

— Cette année-là, le duc Hien mourut. Son fils, Ngo, qui fut le duc Siang, prit le pouvoir.

La sixième année (538) du duc Siang, le roi Ling, de Tch’ou, rassembla les seigneurs ; le duc Siang se dit malade et n’alla pas. — La neuvième année (535), le duc Siang mourut. Auparavant, le duc Siang avait eu une concubine de rang inférieur à qui il avait accordé ses faveurs et qui était devenue enceinte ; elle rêva qu’un homme lui disait :

— Je suis le puîné (prince de) K’ang ; je ferai que votre fils aura certainement (le royaume de) Hei ; appelez votre fils du nom de Yuen.

La concubine trouva (ce songe) extraordinaire et interrogea Kong p.205 Tch’eng-tse qui lui répondit :

— Le puîné (prince de) K’ang est l’ancêtre de (la maison de) Wei.

Puis elle eut un enfant ; ce fut un fils ; elle annonça au duc Siang ce qui s’était passé ; le duc Siang dit :

— C’est le Ciel qui a arrangé cela.

On donna (à l’enfant) le nom de Yuen ; les épouses du duc Siang n’ayant pas de fils, on nomma Yuen successeur (du duc Siang) ; ce fut le duc Ling.

La cinquième année (530) de son règne, le duc Ling alla rendre hommage au duc Tchao, de Tsin. — La sixième année (529), le kong-tse de Tch’ou, K’i-tsi, assassina le roi Ling et prit lui-même le pouvoir ; ce fut le roi P’ing. — La onzième année (524), il y eut un incendie. — La trente-huitième année (497), K’ong-tse vint (dans le pays de Wei) ; on lui donna les mêmes appointements que (ceux qu’il avait eus dans le pays de) Lou ; puis il y eut un dissentiment et K’ong-tse s’en alla ; ensuite il revint. — La trente-neuvième année (496), l’héritier présomptif K’oai-wai, qui avait de l’animosité contre Nan-tse (140), femme du duc Ling, voulut la tuer ; avec son compagnon Hi-yang Sou, il projeta de lui faire tuer cette femme en pleine cour ; Hi-yang (Sou) regretta ensuite (sa promesse) et ne la mit pas à exécution ; K’oai-wai lui lança à plusieurs reprises des regards ; la femme (du duc) s’en aperçut, et, prise de peur, elle s’écria :

— L’héritier présomptif veut me tuer.

Le duc Ling entra en fureur ; l’héritier présomptif K’oai-wai s’enfuit dans (le pays de) Song ; ensuite, il alla dans le pays de Tsin, auprès du chef de la famille Tchao. — La quarante-deuxième année (493), au printemps, le duc Ling alla faire une promenade hors de la ville et ordonna p.206 à son fils Yng de conduire son char ; Yng était un fils cadet du duc Ling ; son appellation était Tse-nan. Le duc Ling, qui était irrité de ce que l’héritier présomptif était sorti (du pays) et s’était enfui, dit à Yng :

— Je vais vous nommer mon successeur.

Yng répondit :

— Je suis indigne et je ferais honte aux dieux du sol et des moissons ; que Votre Altesse forme un autre projet.

En été, le duc Ling mourut ; sa femme décréta que le prince Yng était l’héritier présomptif, disant :

— C’est l’ordre qu’a donné le duc Ling.

Yng répondit :

— Tcho, fils de l’héritier présomptif exilé K’oai-wai, est en vie ; je ne saurais me charger (du royaume).

Alors (les gens de) Wei nommèrent Tcho leur prince ; ce fut le duc Tch’ou.

Le sixième mois, au jour i-yeou, Tchao Kien-tse (141) voulut faire rentrer K’oai-wai (dans le pays de Wei) ; sur son invitation, Yang Hou ordonna par ruse à une dizaine d’hommes de Wei de revenir (dans leur pays) avec le pectoral et la ceinture de deuil (142). (Cependant, Tchao) Kien-tse ramenait K’oai-wai ; les gens de Wei l’apprirent et envoyèrent des gens combattre K’oai-wai ; celui-ci ne put pénétrer (dans la capitale), mais il entra à Ts’i (143) et s’y garda. Les gens de Wei, de leur côté, cessèrent les hostilités.

La quatrième année (489) de Tcho, duc Tch’ou, T’ien K’i, (du pays) de Ts’i, assassina son prince, Jou-tse. — La huitième année (485), Pao-tse, (du pays) de Ts’i, p.207 assassina son prince, le duc Tao. — K’ong-tse, venant de Tch’en, entra dans (le pays de) Wei. — La neuvième année (84), K’ong Wen-tse interrogea Tchong-ni sur la guerre ; Tchong-ni ne lui répondit pas. Après cela, Lou envoya chercher Tchong-ni qui revint dans (le pays de) Lou.

La douzième année (481), (survinrent les événements suivants) : Auparavant, K’ong Yu Wen-tse avait épousé la sœur aînée de l’héritier présomptif K’oai-wai et celle-ci avait enfanté (K’ong) K’oei. Un serviteur de la famille K’ong, nommé Hoen Leang-fou, était fort bel homme ; à la mort de K’ong Wen-tse, il entretint des relations avec la mère de (K’ong) K’oei. L’héritier présomptif se trouvant à Ts’i, la mère de (K’ong) K’oei envoya (Hoen) Leang-fou auprès de lui ; l’héritier présomptif causa avec (Hoen) Leang-fou et lui dit :

— Si vous pouvez réellement me faire rentrer dans mon royaume, je vous récompenserai en vous faisant monter dans un char de grand officier, et je vous pardonnerai trois crimes capitaux sans vous infliger aucun (châtiment).

Il fit avec lui une convention par serment et l’autorisa à prendre pour femme la mère de (K’ong) K’oei. Au mois intercalaire, (Hoen) Leang-fou et l’héritier présomptif entrèrent (dans la capitale du pays de) Wei et s’établirent dans le jardin extérieur de la famille K’ong. Le soir venu, ces deux hommes revêtirent un déguisement (144) et montèrent en char ; un eunuque nommé Lo les conduisait ; ils entrèrent (dans l’habitation de) la famille K’ong ; un intendant de la famille K’ong, nommé Loan Ning, leur demanda qui ils étaient ; ils répondirent en disant qu’ils étaient des parentes par alliance ; ils entrèrent donc et se rendirent p.208 auprès de Po-Ki. Quand ils eurent mangé, la mère de (K’ong) K’oei se saisit d’une lance et les précéda ; l’héritier présomptif et cinq hommes, revêtus de cuirasses, et portant un porc (145), la suivirent. Po-Ki se saisit de (K’ong) K’oei dans les latrines et l’obligea à prêter serment ; puis on le força à monter sur la tour (146). Loan Ning allait servir à boire le vin ; mais, avant que le rôti fut cuit, il apprit qu’il se passait des troubles et envoya avertir Tchong Yeou (147). Chao Houo attela un char ordinaire et, après avoir fait passer la coupe de vin et avoir mangé le rôti, il se chargea de faire fuir Tcho, duc Tch’ou, (dans le pays de) Lou. Tchong Yeou allait entrer (dans la capitale) lorsqu’il rencontra Tse-kao (148) qui en sortait et qui lui dit :

— La porte est déjà fermée.

Tse-lou dit :

— Pour le moment, (je désire) arriver (jusqu’à la porte).

Tse-kao répliqua :

— (Ces événements) ne vous touchent pas ; n’allez pas vous mettre dans ces difficultés.

Tse-lou répliqua :

— J’ai mangé (les appointements que me payait le prince) ; je n’esquiverai pas ces difficultés.

Tse-kao sortit alors et Tse-lou entra ; lorsqu’il arriva à la porte, Kong-suen Kan, qui la tenait fermée, lui dit :

— Entrer n’est d’aucune utilité.

Tse-lou répliqua :

— Tel est Kong-suen ; il recherche son intérêt et fuit les difficultés (qui atteignent son maître). Moi, (Tchong) Yeou, je n’agis pas ainsi ; p.209 quand j’ai profité des appointements (de mon prince), je ne manque pas de le secourir dans la détresse.

Un émissaire étant venu à sortir, Tse-lou put entrer. Il dit :

— Pourquoi l’héritier présomptif se sert-il de K’ong-K’oei ? même s’il le tuait, il se trouverait certainement des gens pour continuer son œuvre (149).

Il dit même :

— L’héritier présomptif n’est pas brave ; si on incendiait la tour, il laisserait certainement là Kong Chou.

L’héritier présomptif apprit ces propos ; il eut peur et descendit (de la tour). Che K’i et Mong Yen combattirent contre Tse-lou ; ils le frappèrent de leurs lances et coupèrent les cordons de son bonnet. Tse-lou dit :

— Quand le sage meurt, il n’ôte point son bonnet (150).

Il rattacha les cordons et mourut. — Quand K’ong-tse avait appris les troubles de Wei, il avait dit :

— Hélas ! Pour ce qui est de Tch’ai (151), il viendra ici ; pour ce qui est de Yeou (152), il mourra.

— En définitive, K’ong K’oei mit sur le trône l’héritier présomptif K’oai-wai ; ce fut le duc Tchoang. K’oai-wai, duc Tchoang, était le père du duc Tch’ou.

Quand il demeurait à l’étranger, (le duc Tchoang) avait été irrité de voir qu’aucun grand officier ne vînt le chercher pour le mettre sur le trône. La première année (480), ayant pris le pouvoir, il voulait exterminer tous les principaux ministres, disant :

— J’ai demeuré à l’étranger pendant fort longtemps ; vous, de votre côté, ne le saviez-vous pas ?

Tous les ministres voulurent p.210 susciter des troubles ; alors (le duc Tchoang) renonça (à son projet). — La deuxième année (479), K’ong K’ieou, du pays de Lou, mourut. — La troisième année (478), le duc Tchoang, étant monté sur le rempart, aperçut (la ville de) Jong-tcheou (153) et dit :

— Qu’ont à faire là des barbares Jong ?

(Les habitants de) Jong-tcheou furent blessés (de ce propos). Le dixième mois, (les habitants de) Jong-tcheou se plaignirent à Tchao Kien-tse qui vint assiéger (la capitale de) Wei ; le onzième mois, le duc Tchoang sortit (de la ville) et s’enfuit. Les gens de Wei donnèrent le titre de prince de Wei au kong-tse Pan-che (154). Ts’i attaqua Wei, fit prisonnier Pan-che et nomma à sa place le kong-tse K’i (155) prince de Wei.

La première année (477) de K’i, prince de Wei, Che Wan-tchoan, (du pays) de Wei, chassa son prince, K’i, qui s’enfuit dans (le pays de) Ts’i. Tcho, duc Tch’ou (156), revint (du pays) de Ts’i et reprit le pouvoir. Le duc Tch’ou avait d’abord été au pouvoir douze années (492-481), puis s’était exilé ; il était resté exilé à l’étranger quatre années (480-477), quand il rentra (dans son royaume).

La première année (476) de son second règne, le duc Tch’ou récompensa ceux qui l’avaient suivi en exil. Il mourut après avoir été sur le trône vingt et un ans (456).

p.211 K’ien, frère cadet du père du duc Tch’ou, attaqua le fils du duc Tch’ou et s’arrogea le pouvoir ; ce fut le duc Tao. Le duc Tao mourut dans la cinquième année de son règne (451). Son frère cadet, Fou, qui fut le duc King, prit le pouvoir. — Le duc King mourut dans la dix-neuvième année de son règne (432). Son fils, T’eou, qui fut le duc Tchao, prit le pouvoir. En ce temps, les trois Tsin étaient puissants ; Wei dépendait d’eux comme un petit seigneur.

La sixième année (426) du duc Tchao, le kong-tse Wei l’assassina et prit le pouvoir à sa place ; ce fut le duc Hoai. — La onzième année (415) du duc Hoai, le kong-tse T’oei l’assassina et prit le pouvoir à sa place ; ce fut le duc Chen. Le père du duc Chen était le kong-tse Che ; le père de Che était le duc King. — Le duc Chen mourut dans la quarante-deuxième année de son règne (373). Son fils, Hiun, qui fut le duc Cheng, prit le pouvoir. — Le duc Cheng mourut dans la onzième année de son règne (362). Son fils, Sou, qui fut le marquis Tch’eng, prit le pouvoir. — La onzième année (351) du marquis Tch’eng, Kong-suen Yang (157), entra dans (le pays de) Ts’in. La seizième année (346), (le prince de) Wei abaissa son titre et s’intitula marquis. La vingt-neuvième année (333), le marquis Tch’eng mourut. Son fils, le marquis P’ing, prit le pouvoir. — Le marquis P’ing mourut dans la huitième année de son règne (325). Son fils, le prince Se, prit le pouvoir. — La cinquième année (320) de son règne, le prince Se abaissa son titre et s’intitula prince ; il ne possédait plus que Pou-yang. La quarante-deuxième année (283), il mourut. Son fils, le prince Hoai, prit le pouvoir. — La trente et unième année (252) de son règne, le prince Hoai alla rendre visite à Wei ; Wei emprisonna et tua le prince Hoai. Wei nomma à sa place le frère cadet du prince Se ; ce fut le prince Yuen. Le prince Yuen était le gendre (du roi) de Wei ; c’est pourquoi celui-ci le mit sur le trône.

La quatorzième année (158) du prince Yuen, Ts’in s’empara du territoire oriental de Wei et établit pour la première fois la commanderie de Tong ; on transféra (la capitale de) Wei dans la ville préfectorale de Ye-wang (159). Puis (Ts’in) annexa Pou-yang (160) à la commanderie de Tong. La vingt-cinquième année (161), le prince Yuen mourut ; son fils, le prince Kio, prit le pouvoir.

La neuvième année du prince Kio (221), (le roi de) Ts’in s’annexa tout l’empire et prit le titre de Che hoang-ti. La vingt et unième année (209), Eul-che dégrada le prince Kio et le réduisit à n’être qu’un homme du commun. Wei vit ses sacrifices interrompus.

p.213 Le duc grand astrologue dit : Lorsque je lisais ce qu’on dit sur cette maison héréditaire (162) et que je suis arrivé (au passage où on raconte comment) l’héritier présomptif du duc Siuen fut mis à mort à cause de (celle qui aurait dû être) sa femme, et comment son frère cadet Cheou s’efforça de mourir, en sorte qu’ils firent assaut de générosité (163), (j’ai trouvé) cela semblable à (la conduite de) Chen-cheng, héritier présomptif de Tsin, qui n’osa pas dévoiler les fautes de Li-Ki (164). Tous deux (165) répugnèrent à blesser la volonté de leur père ; cependant en définitive ils moururent et allèrent à leur perte. Mais, s’il arrive que des pères et des fils s’entretuent, ou que des frères aînés et des frères cadets s’exterminent, de cela aussi que pourrait-on dire (166) ?

Notes

(101. ) Les princes de Wei appartiennent au clan Ki. Leur capitale fut d’abord la ville de Tchao-ko, au nord-est de la sous-préfecture de Ki, préfecture de Wei-hoei, province de Ho-nan ; cette localité passe pour avoir été auparavant la capitale de Tcheou, dernier souverain de la dynastie Yn (cf. tome II, p. 228, n. 7), et c’est pourquoi, quelques lignes plus bas, Se-ma Ts’ien dit que le fief de Wei occupait l’ancienne résidence des Chang. — Le duc Wen (659-635) transféra sa capitale à Tch’ou-k’ieou, qui correspond à la sous-préfecture actuelle de Hoa, préfecture de Wei-hoei, province de Ho-nan, — Le duc Tch’eng (634-600) se transporta à Ti-k’ieou, qui est aujourd’hui la ville de Tchoan-hiu, dans la préfecture secondaire de K’ai, préfecture de Ta-ming, province de Tche-li. — Les derniers princes de Wei n’eurent plus que le titre de kiun et occupèrent seulement le territoire de P’ou-yang qui correspond à la sous-préfecture de Hoa.

(102. ) La ville de Lo-yang ; cf. tome I, n. 04.293.

(103. ) Le mot []est défini par le dictionnaire de Kang-hi comme signifiant une ancienne ville murée.

(104. ) Ces trois chapitres du Chou king nous ont été conservés.

(105. ) Cf. Tso tchoan, 4e année du duc Ting : « To K’ang Shuh (the first marquis of Wei) there were given a grand carriage, four flags, — of various coloured silks, of red, of plain silk, and ornamented with feathers, — and [the bell] Ta-leu...  » (trad. Legge, C. C., vol. V, p. 754).

(106. ) K’ang paraît être ici un nom posthume, mais on peut mettre en doute son exactitude. Ts’iao Tcheou appelle ce personnage le comte Meou et on l’identifie avec le Wang-suen Meou-fou qui est mentionné dans le Tso tchoan.

(107. ) Sur cet emploi du mot, cf. tome II, n. 06.424.

(107. e) La femme de l’héritier présomptif Kong était une princesse de Ts’i et appartenait donc au clan Kiang ; aussi est-elle nommée Kong Kiang. Quand son mari eut mis fin à ses jours dans les conditions que rapporte Se-ma Ts’ien, elle fit un chant intitulé « la barque de cyprès » pour affirmer sa volonté de ne pas se remarier ; on rencontre souvent en Chine, sur les arcs de triomphe élevés en l’honneur des femmes qui sont restées fidèles à la mémoire de leur mari défunt, l’inscription [] « résolution inflexible de (faire comme la femme qui composa le chant intitulé) la barque de cyprès. » Cf. « Le mariage chinois » par le P. Hoang, p. 247.

(108. ) Kong signifie « ensemble, réuni » ; ce nom posthume fait donc allusion à la sépulture qui réunit le fils avec son père. — Se-ma Tcheng nie que le duc Ou ait assassiné son frère.

(109. ) Cette femme appartenait au clan des princes de Ts’i, c’est-à-dire au clan Kiang, et, comme elle était l’épouse du duc Tchoang, elle est souvent désignée sous le nom de Tchoang Kiang ; une ode du Che king loue sa beauté et ses mérites ; une autre exprime sa tristesse lorsqu’elle se vit préférer une concubine (section Kouo fong, livre III, ode 2 et livre V, ode 3).

(110. ) On a vu plus haut que la mère du duc Hoan était une fille du prince de Tch’en ; le duc Hoan ayant été assassiné par Tcheou-hiu, qui avait pris ensuite le pouvoir, Che Ts’io recherche naturellement l’appui du prince de Tch’en pour punir l’usurpateur.

(111. ) Le pays de Tcheng était situé entre le pays de Wei et celui de Tch’en ; en se rendant à la frontière méridionale du pays de Tcheng, Che Ts’io se trouvait à la limite du pays de Tch’en et pouvait se rencontrer avec le prince de cet État.

(112. ) La rivière Pou passait dans le pays de Wei ; elle se jetait dans la rivière Tsi près de la sous-préfecture actuelle de Kiu-ye, préfecture de Ts’ao-tcheou, province de Chan-tong.

(113. ) Les princes de Hing passaient pour être des descendants du duc de Tcheou ; leur première résidence correspond à la sous-préfecture de Hing-t’ai, préfecture de Choen-, province de Tche-li ; ensuite ils se transportèrent à 12 li au sud-ouest de la ville préfectorale de Tong-tch’ang, province de Chan-tong.

(114. ) Cf. p. 164, où cet événement est rapporté à l’année 711. La date de 710 avant J.-C. est celle qui est indiquée par les Tableaux chronologiques.

(115. ) D’après le Tso tchoan, il s’agirait ici, non du comte Tchoang, mais de son fils, le duc Ou.

(116. ) Cf. tome II, n. 05.170.

(117. ) D’après le Tso tchoan, I-Kiang avait été une concubine du père du duc Siuen ; c’était, dans les idées chinoises, par un véritable inceste que le duc Siuen l’avait prise pour femme.

(118. ) D’après les commentateurs du Tso tchoan, le kong-tse de gauche et celui de droite étaient des frères du duc Siuen ; ils sont appelés « de gauche » et « de droite » parce que leurs mères respectives devaient se tenir, l’une à la gauche, l’autre à la droite de l’épouse principale.

(119. ) D’après le Tso tchoan, I-Kiang s’était étranglée ; elle l’avait fait par désespoir d’avoir perdu la faveur du duc Siuen.

(120. ) Ce texte est inexact ; le duc Hoei s’enfuit après quatre ans de règne ; ces quatre années ajoutées aux huit années de son exil donnent un total de douze années. D’après les tableaux chronologiques, K’ien-meou aurait exercé le pouvoir pendant dix ans.

(121. ) Cf. tome I, n. 04.445.

(122. ) Cf. Tso tchoan, 2e année du duc Min :

« Le duc I aimait les grues ; il y en avait qu’il faisait monter dans des chars officiels. Quand il voulut combattre, les gens du pays à qui il faisait donner des cuirasses lui dirent tous :

— Employez les grues ; les grues en vérité ont leurs appointements et leurs dignités. Nous, comment pourrions-nous combattre ?

— L’ancienne ville de Ho-tch’eng, dont le nom signifie « la ville des grues », passe pour être celle où le duc I se livrait à l’élevage de ses oiseaux favoris ; elle était à quelque distance au sud-ouest de la sous-préfecture actuelle de Tch’ang-yuen, préfecture de Ta-ming, province de Tche-li.

(123. ) La défaite de Wei fut totale ; d’après le Tso tchoan (2e année du duc Min), il ne restait plus que 730 personnes du peuple de Wei.

(124. ) Cf. n. 101.

(125. ) Il s’enfuit dans le pays de Tch’ou.

(126. ) C’est-à-dire qu’il lui fit des largesses.

(127. ) D’après le Tch’oen ts’ieou (30e année du duc Hi), Hia fut mis à mort par le duc Tch’eng.

(128. ) Général du pays de Wei.

(129. ) Suen Lin-fou.

(130. ) Ning Che.

(131. ) D’après le Tso tchoan (14e année du duc Siang), le duc n’enleva pas le bonnet de peau qu’il portait pour chasser. Ce manquement aux rites blessa fort les deux officiers qui étaient déjà irrités de ce que le duc, après les avoir invités à dîner, n’était pas venu les recevoir à sa table.

(132. ) Le Tso tchoan appelle ce personnage Suen K’oai.

(133. ) Che-king, Siao ya, ode 4 de la 5e décade. La première moitié de cette strophe est ainsi conçue :

« Qui sont ces hommes ? — Ils demeurent sur les berges du Fleuve ; — ils n’ont ni force ni bravoure ; — ils s’occupent à fomenter des désordres qui s’élèvent de degré en degré.

— La ville de Ts’i, dans laquelle s’était retiré Suen Wen-tse, était située au bord du Fleuve ; c’est donc à Suen Wen-tse que le duc veut appliquer ces vers peu flatteurs. Le fils de Suen Wen-tse ne pouvait manquer de raconter cet incident à son père qui devait s’en irriter.

(134. ) Suen Wen-tse, après avoir appris le nouvel affront qui lui a été fait, projette de combattre le duc et s’en ouvre à K’iu Po-yu ; celui-ci refuse de le conseiller.

(135. ) K’iu Yuen.

(136. ) D’après le Tso tchoan, le duc Hien fut logé dans la ville de Lai.

(137. ) Cf. n. 31.153. .

(138. ) idem.

(139. ) Quoique Ki-tse ne connût pas Suen Lin-fou, il devine, en entendant sa musique, que cet homme a été un fauteur de troubles.

(140. ) Sur Nan-tse, cf. tome II, n. 06.398 ; Luen yu, VI, 26 ; Tso tchouan, 14e année du duc Ting ; Mém. hist., chap. XLVII.

(141. ) Tchao Yang, le chef de la famille Tchao, dans le pays de Tsin.

(142. ) D’après ce texte, le stratagème, qui d’ailleurs ne réussit pas, aurait consisté à faire croire aux habitants de la capitale du pays de Wei que K’oai-wai était mort et que, par conséquent, ils n’avaient plus rien à en craindre. Dans le Tso tchoan (2e année du duc Ngai), le récit est fort différent.

(143. ) Cf. n. 31.153. .

(144. ) Ils prirent des vêtements de femme.

(145. ) Nom de la femme de K’ong Wen-tse, mère de K’ong K’oei, qui était leur complice dans cette affaire.

(146. ) Le porc était la victime qu’on devait immoler pour faire prêter serment à K’ong K’oei. Cette tour se trouvait dans la ville ; du haut de ce bâtiment, K’ong K’oei devait haranguer les principaux habitants de la capitale et les exhorter à se soumettre à l’héritier présomptif.

(147. ) Appellation Tse-lou ; un des principaux disciples de Confucius ; cf. Mém. hist., chap. LXVII.

(148. ) Appellation de Kao Tch’ai, disciple de Confucius.

(149. ) Si K’ong K’oei voulait résister et si K’oai-wai le tuait, les gens ne manqueraient pas pour reprendre l’œuvre de K’ong K’oei et pour empêcher l’héritier présomptif de réussir.

(150. ) C’est une prescription rituelle ; cf. Li ki, chap. K’iu li ; Legge, S. B. E., vol. XXVII, p. 76, § 26. — Tse-lou observant les rites au moment où il va mourir est un exemple classique d’héroïsme en Chine.

(151. ) Kao Tch’ai Tse-kao, qui, en effet, évita le danger en sortant de la ville.

(152. ) Tchong Yeou Tse-lou.

(153. ) D’après Tou Yu, la ville des Jong ou Jong-tch’eng était au sud-est de l’ancienne sous-préfecture de Tsi-yang laquelle était elle-même à 50 li au nord de la sous-préfecture de Lan-i, préfecture de K’ai-fong, province de Ho-nan. — Le nom de cette ville rappelait le souvenir des Jong qui avaient autrefois habité ce territoire ; mais, au temps du duc Tchoang, les habitants de Jong-tcheou n’avaient plus rien de commun avec les Jong, et c’était leur faire injure que de les traiter de barbares.

(154. ) Petit-fils du duc Siang (543-535).

(155. ) Fils du duc Ling (534-493).

(156. ) Cf. p. 208, ligne 11.

(157. ) Cf. tome II, n. 05.321. Dans ce texte, la venue de Kong-suen Yang dans le pays de Ts’in est assignée à l’année 361.

(158. ) Cette date correspondrait à l’année 239 avant J.-C. ; mais, d’après les Annales principales, il s’agirait ici de l’année 241 ; cf. tome II, p. 105.

(159. ) Cf. tome II, n. 06.126.

(160. ) Cf. n. 101, ad fin.

(161. ) Cette date correspondrait à l’année 228 ; mais les Tableaux chronologiques rapportent le commencement du règne du prince Kio à l’année 229.

(162. ) Cf. Introduction, p. CLXXIII, n. 281.

(163. ) Cf. p. 196.

(164. ) Voyez le chapitre XXXVIII des Mémoires historiques, à la date de 656 avant J.-C.

(165. ) C’est-à-dire l’héritier présomptif du duc Siuen et Chen-cheng, héritier présomptif de Tsin.

(166. ) La pensée de Se-ma Ts’ien est celle-ci : s’il est déplorable que deux hommes de valeur aient péri parce qu’aucun d’eux n’a voulu entrer en lutte avec son père, n’aurait-il pas été plus regrettable encore de voir le père tué par son fils ?