Mœurs des diurnales/1/05

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Loyson-Bridet ()
Mœurs des Diurnales : Traité de journalisme
Société du Mercure de France (p. 107-109).


DE L’HYPERBOLE


Ne craignez pas, au siècle où nous vivons, d’exagérer votre pensée ou plutôt vos expressions (car c’est encore une question de savoir si nous pensons sans signes, ou plutôt sans mots) ; et afin de ne point nous égarer en d’inutiles subtilités, qu’il vous suffise d’exagérer les mots ou les choses, sans vous préoccuper de la pensée, que nous laisserons aux psychologues. Il est nécessaire, comme on vous l’a dit, d’étonner le public ; et ce n’est pas chose aisée par le temps qui court. Si par extraordinaire vous deveniez invraisemblable, consolez-vous en vous rappelant ce que Boileau (qui s’y connaissait) a dit du vrai.


Soudain la porte s’ouvrit et on apporta au duc un message télégraphique sur papier jaune. Il le décacheta, le lut. Sa figure se contracta aussitôt, et cet homme d’une correction si exquise, d’un sang-froid si hautain, ne put réprimer un geste de violence qui brisa la queue de billard entre ses mains.

(Le Matin, Premier Paris, oct. 1902.)


D. Syndon, si demain quelque parent de M. David vous rencontrait et vous tuait à coups de revolver, que diriez-vous !

(Le Gaulois, 30 novembre 1902.)


Le pays de Tadichmalka est infecté de lions.

(Écho de Paris, 10 nov. 1902.)


Vous avez entendu parler des Boërs et de leur résistance énergique. Les belles troupes anglaises sont tombées comme des mouches sous les balles de ces paysans héroïques qui étaient habitués au tir.

(Le Gaulois, 21 nov. 1902.)


On voit que « ministère » n’est pas pris dans le sens de « cabinet », comme on l’avait cru ou dit tout d’abord.

(Le Temps, 28 oct. 1902.)


On les a traités en pestiférés, on leur a tendu les huit sièges avec des pincettes !

(Le Temps, 31 oct. 1902.)


Le pauvre globe, étranglé par ce lien chaque jour plus étroit qui lui entrera dans les terres, se séparera peu à peu en deux moitiés sensiblement égales.

(Le Figaro, 3 nov. 1902.)


..... Ce n’est pas seulement une exhumation, c’est la vie même…

(ernest daudet. — Le Figaro, 15 nov. 1902.)


— Quelle énergie dans la rapidité !

Le papillon de l’assassinat impudique !

(j. de bonnefon. — Le Journal, 6 nov. 1902.)