Mœurs des diurnales/2/07

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Loyson-Bridet ()
Mœurs des Diurnales : Traité de journalisme
Société du Mercure de France (p. 153-154).


DES OPINIONS PHILOSOPHIQUES ET RELIGIEUSES


(Simple indication)


Vous n’en devez point avoir de précises, attendu que, s’il est nécessaire de faire voir que vous marchez avec le siècle, et que vous avez foi dans l’avenir de la science, certains disent aussi que cette science a fait banqueroute et que mieux vaut encore s’en tenir à la simple religion du charbonnier. Si donc de dangereuses expressions se glissaient sous votre plume, accoutumez-vous à les neutraliser d’avance, afin de ne jamais être surpris, quand le temps vous manque pour revoir vos épreuves. Conciliez jusque dans les faits-divers le déterminisme et la liberté, le matérialisme et la croyance en Dieu ; et si une femme tombe du cinquième étage dans la rue sans se faire de mal, écrivez hardiment :


Par un hasard providentiel, elle ne s’est fait que des contusions sans gravité.

(Écho de Paris, 16 novembre 1902.)


Conservez la même impartialité entre les « préjugés de caste » et les « immortels principes de 89 » :


Le Tsar, bon prince ou bonhomme, consentait à servir de parrain (à l’orthodoxe) au mariage de la reine.

(Le Temps, 25 novembre 1902.)