Ma confession aux frères du témoignage et à leur opposants

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MA CONFESSION

AUX FRÈRES DU TÉMOIGNAGE

ET À LEURS OPPOSANTS.

par

H.-A. BOUCHER.
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VEVEY
imprimerie ch.-f. recordon

1864.
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Ce n’est pas volontairement que j’entre dans une polémique religieuse ; tâche épineuse, labeur difficile, trop souvent l’écueil de nos docteurs. Je me crois appelé à le faire dans l’intérêt des simples, et je m’avance au nom du Seigneur, désireux de parler comme en sa présence. Dans cette position bénie, notre faiblesse devient sa force. Quelques noms propres devront sortir de ma plume. Je laisse au Père des miséricordes le soin d’humilier et de ramener dans sa voie ceux de ses enfants qui doivent rebrousser chemin vers ses témoignages. Mon intention n’est donc pas d’accuser qui que ce soit : Je ne blâmerai que moi-même, en appelant d’abord votre attention sur la merveilleuse patience du Seigneur à mon égard.

Au commencement de l’œuvre du témoignage en Suisse, j’eus l’occasion d’entendre un éminent serviteur de Dieu ; mais les écailles sectaires tenaient mes yeux fermés ; — j’eus la folie de contester, lorsque j’aurais dû écouter et apprendre. Comme déplorable conséquence, mon ignorance me resta ; elle était ma gloire, et je répétais avec complaisance : « Pour faire de moi… un Darbyste, il faudrait mettre ma tête sur une enclume… » Et c’est précisément ce qu’a fait le Sauveur ! À Lui mes actions de grâce, car c’est lui-même qui a fait cette transformation par le marteau de sa Sainte Parole !

Quelques années après, je quittai la Suisse pour m’établir à Cannes ; c’était un milieu peu favorable à la guérison d’un esprit sectaire, entouré, comme je le fus, d’hommes encore plus sectaires que moi. À cette époque, mes principaux auditeurs étaient des anglicans… de la pire espèce… de ces anglicans qui ne voient rien de comparable à leur secte en fait d’église… À les en croire, tout eût été pour le mieux, dans la meilleure des églises possibles, si j’eusse seulement voulu revêtir la robe… et « prier par » leur liturgie. Pour être juste, je dois ajouter qu’ils m’auraient permis de l’abréger en la traduisant. Insigne faveur dont je ne voulus pas profiter !

Après quelques années, un cher serviteur de Dieu vint aussi se fixer à Cannes. M. Bettex devint donc mon collègue, et, nous travaillâmes cordialement ensemble. Ce digne chrétien comprit, plus tard, les précieuses vérités confiées aux frères. Il établit alors, dans sa propre maison, à Cannes, le culte du Seigneur, selon sa parole ; et les âmes les plus spirituelles (je n’étais pas de leur nombre) furent ainsi « rassemblées pour rompre le pain » chaque dimanche. Quel scandale pour les sectaires ! et quelle douleur ! un homme comme M. Bettex, si justement apprécié ! et l’un des deux pasteurs de ces anglicans pur sang, devenir… Darbyste ! Je vois encore les larmes d’une aimable chrétienne de la secte libre d’Écosse (feu la duchesse de G.), lorsqu’elle me parlait de ce douloureux scandale.

Demeuré le seul pasteur de Cannes, je devins tout particulièrement l’objet des bontés et de la vigilance des anglicans. Je leur restais, à défaut de M. Bettex. Un Anglais pieux et honorable m’écrivait un jour, au milieu de mes luttes contre leur despotisme sectaire : « Si vous voulez demeurer notre pasteur, il faut vous engager à réprimer le parti darbyste. »

Ignorant et prévenu comme je l’étais alors, j’avais cependant de la droiture… Que Dieu en soit loué ! et je résistai résolûment lorsqu’on essaya de m’employer à persécuter des chrétiens.

Le Seigneur me donna la grâce qui m’était indispensable dans de telles conjonctures. Je répondis à ces obsessions anglicanes, « que je considérais comme une faveur d’être le serviteur de tous pour l’édification, mais que je ne serais jamais l’instrument d’un parti persécuteur… » Indè iræ !… Je commençai alors à être moi-même suspecté de Darbysme… On ne pouvait pas comprendre qu’un pasteur (hélas ! quel pasteur !) se refusât la joie de « réprimer un parti » contraire au cléricalisme. Il me fallut donc porter un opprobre que je ne méritais ni devant Dieu, ni devant les hommes ; l’opprobre des frères, aujourd’hui pour moi l’opprobre de Christ… un opprobre auquel sa grâce me donne un droit… que je n’abandonnerai jamais, j’en ai « la pleine certitude d’espérance. » Oh ! mon Dieu ! quel amour que le tien ! quelle patience ! quels tendres soins ! Quelles merveilleuses voies sont les tiennes, pour chaque individualité de les heureux enfants !

Quelque temps après avoir reçu les principes des frères, M. Bettex quitta Cannes, et s’établit à Nice, où il devint actif dans un rassemblement selon la Parole. Demeuré seul avec mon peu de lumière, je continuai cependant l’œuvre commencée par lui, et chaque dimanche la table du Seigneur fut dressée au milieu des pauvres, des petits, « des Galiléens… » qui me suivirent sur ce nouveau terrain, lorsque j’eus réjoui mes auditeurs anglais, en envoyant ma démission de délégué du Consistoire de Marseille[1]. Telles étaient les circonstances de l’assemblée dite Darbyste, lorsque M. Espenett nous arriva, il y a 7 ans.

Je n’avais jamais entendu prononcer ce nom ; la renommée m’informa bientôt que M. Espenett était un ouvrier… Darbyste. Dans la première visite qu’il me rendit, je lui offris cordialement (mes actes l’ont prouvé) de l’associer à mon travail, après avoir eu soin de lui dire que je n’avais pas les opinions darbystes, et qu’à l’exception de trois ou quatre sœurs, les autres membres de l’assemblée n’acceptaient pas, non plus, les vues darbystes. M. Espenett comprit et accepta la position, et j’ai le regret de dire aujourd’hui que ma tolérance ne fut jamais mise à l’épreuve par… son Darbysme. Peut-être « le fort » eut-il compassion « du faible ; » car dans nos conversations intimes et fréquentes, je lui déclarais souvent que, « de toutes les fractions du christianisme, c’était la Dénomination Darbyste qui m’inspirait le moins de sympathie… que les Darbystes étaient étroits… que je ne pourrais jamais assez dire combien je les blâmais, quant à leur marche, qui consistait à lever la main contre leurs frères de toutes les autres communions chrétiennes ; qu’enfin, je remportais une victoire sur moi-même, chaque fois que j’accueillais, ou que j’écoutais les Darbystes ! » etc., etc., etc. C’est à un homme ainsi rempli d’ignorance, de préventions méprisables, — c’est à un pauvre sectaire, tel que j’étais alors, que furent demandés une opinion, un témoignage, dans l’ignoble affaire de M. Newton, dont le diable nous affligea alors. Il est vrai que, pour éclairer mon jugement, et apaiser le feu de mon bigotisme, l’Ennemi m’envoyait à cette époque un comte italien, — partisan de Béthesda, malgré la honteuse lettre des Dix… Mon noble visiteur voulut bien me donner, à grands traits, l’exposé d’une question qui m’était entièrement inconnue, et qu’il résumait à peu près en ces termes : « Darby est un pape… Newton est son rival… Le monde n’est pas assez grand pour ces deux rivaux… Au reste, Darby a excommunié Newton plusieurs années avant de l’avoir accusé d’hérésie… » etc., etc. Ce fut pour moi une affaire entendue et jugée. Je dois rappeler ici ma promesse de n’accuser personne que moi ; et j’aurais bien volontiers laissé dans l’oubli ces tristes détails, si la cause du Seigneur ne devait pas l’emporter sur toutes les considérations humaines. Or, il est d’une grande importance, à mes yeux, que tous les frères sachent clairement quelle était alors ma valeur spirituelle, lorsque mon nom (avec mon autorisation) se trouva enrôlé dans le premier plaidoyer que M. Espenett s’est permis d’imprimer en faveur du blasphémateur !

C’est à Nice que résida plusieurs hivers le comte à qui j’étais redevable de ces renseignements… qu’il offrit, sans doute, j’ai lieu de le craindre, à notre bien-aimé frère Bettex. C’est à Nice que les partisans de M. Newton et de Bethesda s’étaient rendus. Enfin c’est à Nice que les admirateurs féminins de M. Newton mirent au jour des traitésM. Espenett se rendit alors à Nice pour s’occuper de cette affaire… à la manière que nous savons tous aujourd’hui. Quant à moi, je ne fis pas une seule visite à Nice. — La chose n’en valait pas la peine à mes yeux. Le comte m’avait si bien renseigné ! Désormais, je pouvais regarder ces choses du haut de ma grandeur… Hélas ! c’est aussi ce que j’ai fait !

À son retour de Nice, M. Espenett me dit qu’interrogé par Miss F., qui désirait savoir s’il avait lu les traités de M. Newton, il avait dû répondre négativement !  !  !M. Espenett ajouta que notre loi ne condamne pas un homme (M. Newton) sans l’avoir entendu ! — Enfin, M. Espenett apportait de Nice les traités, et il me demanda de les lire, comme il allait le faire lui-même pour la première fois, me répétant qu’il ne les avait jamais lus ! — L’Adversaire me présentait la chose comme un acte de justice ; j’acceptai les traités… environ deux cents pages en petit caractère… un style diffus, prétentieux ; une pensée alambiquée… et, encore, dans une langue qui n’est pas la mienne. On avait souligné (probablement à mon usage) tous les passages qui affichaient de l’orthodoxie ; cependant, cet éloquent verbiage m’ennuyait fort. Je me bornai donc à jeter les yeux, çà et là, sur quelques pages, — et je me hâtai de rendre les malencontreux traités à M. Espenett. — Pour moi, c’était alorsune querelle de cuistres. Pouvait-il « venir quelque chose de bon de »… Plymouth ? Exploitant mes coupables préventions et mon sectarianisme, M. Espenett m’apportait des brochures contre les Darbystes… c’était une profusion… Il ne m’épargnait rien… pas même les lettres pastorales de M. Craik, et les autres écrits de Béthesda. Je me rappelle encore qu’une de ces brochures prétendait prouver que les doctrines des frères sont identiques au manichéisme !… — Quel devait être le résultat de ces choses ? Chacun peut le prévoir. Je me débarrassai au plus vite de ces ennuyeux traités, sans les avoir lus, — ne comprenant pas alors la nécessité de le faire, en surmontant la profonde répugnance qu’ils m’inspiraient. — Je n’y avais pas vu les blasphèmes… Comment les aurais-je trouvés, sans lire ? Mes regards ne s’étaient arrêtés que sur les passages habilement préparés… Je ne vis que ceux-là, je fus pris au piége

C’est ainsi que mon témoignage fut gagné à la défense imprimée de M. Newton. Le nom de M. Bettex fut aussi aligné avec le mien, et celui d’une autre personne faisant aujourd’hui partie du presbytère de la secte vaudoise à Nice.

Je ne puis continuer sans exprimer l’humiliation de mon cœur… le Seigneur a vu mes larmes… et m’a guéri du mal même qu’Il avait à me pardonner. Oh ! qu’il est bon et admirable en moyens ! Quelles richesses d’amour et de patience ! Oui, Il m’a nettoyé… si bien nettoyé de mon sectarianisme, de mes déplorables préventions contre ses témoins ! si bien délivré de cette ignorance invétérée qui m’a privé trop longtemps du privilége de porter l’opprobre du Christ, au milieu de l’effroyable apostasie des sectes de l’Anti-Christianisme !

Aujourd’hui, quelle douceur inexprimable pour moi de comprendre que « nous avons tous été baptisés d’un même Esprit, pour être un même corps. » J’en ai fini pour jamais avec les « traditions qui anéantissent la Parole de Dieu. » Il m’a donné des yeux qui voient… et une oreille pour entendre ce que l’Esprit, le Seigneur l’Esprit a dit aux Églises ; Il a fixé mon lot dans un bel héritage, avec ceux « qui gardent sa Parole, et qui n’ont point renié Son Nom. » Il y a pardon par devers Lui, afin que Son Nom soit craint. » J’en fais l’expérience bénie !

Plusieurs années s’écoulèrent sans diminuer mon ignorance et mes préjugés. De temps à autre, je lisais quelques publications des frères… J’étais obligé de me dire à moi-même : il faut convenir que ces Darbystes sont « puissants dans les Écritures. » J’appréciais cordialement les choses d’édification générale ; pour le reste, c’était du Darbysme à mes yeux. Le Seigneur agit alors lui-même.

Par les écrits de ses chers témoins, Il appela ma plus sérieuse attention sur l’étude de « la parole prophétique. » Peu à peu, mes yeux s’ouvrirent… comme malgré moi… car je m’apercevais (à ma grande surprise, et presque avec regret) que la substance du Darbysme… est dans la Parole de Dieu. Oui, c’est la Parole inspirée (elle seule pouvait le faire) qui m’a révélé mon ignorance et mes préjugés. On n’allume point une lumière pour la mettre sous le boisseau. Je commençai alors à expliquer publiquement ce que le Seigneur m’enseignait… Et j’eus bientôt toute ma part de l’opprobre des frères. M. Espenett me censura, d’abord en particulier, me demandant où je conduirais désormais l’assemblée, etc., etc. Bientôt, la voix publique m’apprit que sa bouche me rendait, au dehors, le témoignage que j’étais « plus Darbyste que Darby lui-même. »

Par le moyen d’une âme éclairée, le Dieu, que M. Newton blasphème, brisa le piége où j’étais resté pris.

Ma délivrance s’opéra ainsi :

Certaines publications, dont j’ignorais jusqu’aux titres, furent mises entre mes mains : je lus alors… comme j’aurais dû lire la première fois… Et mon cœur se souleva de dégoût ! Je crus sincèrement que les partisans de M. Newton avaient trompé M. Espenett, à Nice, en lui donnant des traités purgés de blasphèmes. Il me paraissait impossible qu’il en fût autrement. J’écrivis alors moi-même à un digne chrétien, très au courant de cette diabolique question, pour le prier de me procurer les traités mêmes incriminés par les frères, et que M. Newton n’a jamais rétractés. Je reçus ces traités d’Angleterre au milieu du mois d’août dernier.

Contraint, comme je le suis maintenant, dans votre intérêt même, de vous exposer au contact du blasphémateur audacieux, je regrette que la pauvreté du langage humain ne me permette pas d’exprimer devant vous toute la puissance des divers sentiments que j’éprouvai, à la première lecture de ces infamies !… Mon indignation ! mon profond dégoût ! et cependant, nécessité de lire jusqu’au bout, — au milieu des larmes d’un cuisant remords, au souvenir d’avoir prêté mon nom à une apologie de ces choses ! Compassion véritable pour le pauvre vermisseau appelé Newton !… Vif sentiment de sa culpabilité, de son danger !… Et ma douleur devant Dieu ! La responsabilité d’imprimer ces choses ; et la responsabilité bien autrement redoutable de les taire[2]. Après avoir passé le temps nécessaire à lire l’écrivain que vous allez entendre, mon âme était oppressée… c’était une asphyxie spirituelle… Je sortais des anti-chambres de l’enfer… d’une atmosphère viciée, méphytique… Oh ! comme je recherchais et j’appréciais alors l’atmosphère de la Parole de Dieu ! la lecture des saints oracles… de ces Écritures divinement inspirées pour rendre ce témoignage à Jésus, qu’il est Dieu par-dessus toutes choses, béni éternellement ! Et comme je recevais avec reconnaissance les influences bénies du Seigneur l’Esprit… rendant aussi témoignage de Jésus à mon cœur, à ma conscience, à mon entendement, à mon être tout entier. Puisse le même Esprit maintenant « resplendir dans tous vos cœurs, » et les garder dans sa pleine lumière, — la connaissance de la gloire de Dieu en la face de Jésus-Christ ! Vous pourrez alors, sans danger, apprendre comment on traite cette mystérieuse et adorable Personne en qui « la plénitude de la divinité habitait corporellement. » — Écoutez, — mais prenez garde à cette bave du Renan de l’orthodoxie[3].

Ainsi a dit… M. Newton :

« Jésus ne fut pas trouvé à la ressemblance de la chair d’Adam dans le paradis, mais Jésus fut trouvé à la ressemblance de la chair d’Adam après sa chute, le péché seulement excepté. Tout ce qui appartenait à la nature de l’homme en Marie, appartenait à Jésus : sa faiblesse, son déshonneur. Le péché seulement fut excepté… En conséquence, les pénalités de la chute furent en connexion même avec la constitution de la nature humaine de Jésus. Ceci fut la première preuve qu’Il était sous le châtiment de la main de Dieu. Et si Jésus ne fut pas exempt du châtiment de Dieu même dans la constitution de sa propre nature, bien moins encore fut-Il exempt des conséquences qui résultaient de la condition extérieure de la vie humaine autour de lui. (Observations, page 34.)

« J’ai eu raison de dire que Jésus a participé à certaines conséquences du péché d’Adam ; une de ces conséquences fut que Jésus a possédé un corps mortel, ayant été fait d’une femme. (A statement, page 3.)

« Être exposé à certains châtiments ou à des malédictions qui étaient tombées sur la famille humaine ici-bas, telles que la mort du corps, c’est une chose très-différente que d’être personnellement maudit… — Au sujet de la mortalité du corps de Christ, voyez les extraits de l’évêque Pearson, dont j’ai déjà parlé et dont je vais citer les plus importants : « Christ qui prit sur lui toutes nos infirmités, le péché seulement excepté, Christ avait dans sa nature non-seulement une possibilité et une aptitude, mais aussi une nécessité de mourir… Et quant à une violence extérieure quelconque, capable, selon le cours ordinaire de la nature, de détruire et d’anéantir dans le corps cette aptitude qui est indispensablement requise pour en continuer l’union avec l’âme, Christ n’avait aucun préservatif naturel ; et il n’était pas au pouvoir de son âme de continuer son union vitale avec son corps privé d’une disposition vitale… Lorsque, par un acte de sa volonté, Christ s’est soumis à la mort… il n’était plus au pouvoir de son âme de conserver plus longtemps la vitalité au corps dont la vigueur était totalement épuisée… » (Letter, pages 18 et 19).

« Est-ce donc une nouvelle doctrine que Jésus, par sa naissance, devint sujet, c’est-à-dire, exposé à toutes les pénalités sans péché de l’homme déchu ?… Par exemple : à cause de sa relation avec Adam, Jésus fut exposé à cette sentence de mort qui avait été prononcée sur toute la famille humaine. — Relativement, Jésus fut exposé à cette malédiction… Et si Jésus fut exposé à la condamnation de l’homme, ne fut-Il pas également exposé à toutes les pénalités, sans péché, qui étaient tombées sur Israël comme demeurant sous SinaïChâtiments qui vinrent sur Jésus (non pas tous) à cause d’autrui, à cause de sa connexion avec les autres… » (Page 9, Observations.)

« Quoique innocent, cependant à cause de sa position, Jésus était sujet, c’est-à-dire, exposé à tous les châtiments que la main de Dieu pouvait infliger à cette méchante génération. » (Page 8.)

« Par sa naissance, Jésus faisait partie d’une nation qui était exposée à toutes les terreurs de Sinaï. » (Page 15.)

« Si la douleur et les châtiments qui étaient tombés sur Israël sont déclarés dans l’Écriture avoir été le résultat de la malédiction et de la colère, en conséquence, Jésus a bu à une coupe de douleur qui était le résultat d’une telle colère et d’une telle malédiction… Ceci résulte nécessairement de ce qu’Israël était sous de tels châtiments lorsque Jésus devint IsraéliteChâtiments spéciaux, sur un peuple particulier, et qui n’étaient pas, cependant, les souffrances expiatoires de la Croix. » (Page 21. Observations.)

« … Les saints de l’Ancien Testament furent assujettis à la servitude, par la crainte de la mort, tout le temps de leur vie… La mort et le lieu invisible sont naturellement et à juste titre, en horreur à l’homme, comme homme… En conséquence, Jésus naturellement et instinctivement reculait en frissonnant devant la mort et le lieu invisible. Ce fut une partie de l’exercice de son âme ; car Il avait une âme humaine, et Il s’était associé avec la position dans laquelle était l’homme. De là les paroles du Ps. VIme : Dans la mort il n’y a aucun souvenir de Toi ; qui peut Te rendre grâces dans la tombe ?… En outre, les exercices d’âme que ses élus devraient avoir dans leur état d’inconversion… ces exercices d’âme, Jésus les a eus… cependant sans péché. » (Page 26. Observations.)

« Jésus se tenait dans l’association la plus intime avec ceux dont la relation dispensationnelle à l’égard de Dieu était caractérisée par l’obscurité, et par les éclairs, et par les voix de Sinaï… Sinaï caractérisait la relation de Dieu avec Israël, lorsque Jésus vint, et le culte du veau d’or peut être pris comme marquant leur relation avec Dieu (quoique ce culte ne représentât que faiblement la maturité de leur méchanceté)… Nous pourrions être très-certains (même si le témoignage de l’Écriture était moins positif qu’il ne l’est), très-certains que le Seigneur Jésus dut apprécier pleinement la relation dans laquelle Israël et Jésus lui-même, à cause d’Israël, se tenaient devant Dieu… Jésus a réalisé Sinaï comme étant le pouvoir d’une relation actuelle subsistant entre Son peuple et Dieu. Jésus dut vivre au milieu d’Israël, lorsque la seule relation de Dieu avec Israël était la relation de Sinaï. C’est ainsi que des années passèrent sur la tête de Jésus. » (Page 29. Observations.)

« Lorsque Jésus fut ainsi exercé… Il dut sentir que son association avec ceux qui se tenaient ainsi dans leur redoutable distance de Dieu, était une chose réelle, et que Dieu la regardait ainsi. Cette association de Jésus n’était pas supposée, ni imaginaire. » (Page 36. Observations.)

« Lorsque l’homme fut chassé du Paradis, il fut éloigné de Dieu comme il ne l’était pas lorsqu’il était heureux en Éden. Et le Seigneur s’est associé avec l’homme, non pas lorsqu’il était dans la proximité du Paradis, mais lorsque l’homme était dans la distance d’une création gémissant dans la servitude de la corruption. C’était une sorte de distance que le Saint des Saints pouvait connaître, et qu’il a connue. » (A Letter, p. 12).

« Je crois que depuis sa douzième année, Jésus fut élevé et exercé… Si Jésus dut réaliser la distance à laquelle l’homme s’était égaré loin de la présence de Dieu, — et si Jésus réalisa aussi la distance d’Israël ; si jamais l’expérience de Job, comme homme dans la faiblesse devant Dieu, fut imprimée par Dieu sur le cœur de Jésus… ce fut principalement avant son baptême. » (Remarks, p. 24 et 25.)

« Pendant son ministère sur la terre, Jésus se trouva dispensationnellement dans une position inférieure à celle dans laquelle Il a maintenant amené son Église. L’homme était encore dans sa distance loin de Dieu… Et Jésus, comme homme, fut associé à cette position de distance dans laquelle était l’homme en la chair ; et Il dut, par l’obéissance, s’ouvrir un chemin jusqu’à ce point où Dieu put Le rencontrer, comme ayant achevé son œuvre… et ce point fut la mort sur la croix… » (Remarks, p. 31.)

« Jésus eut à réaliser la condition dans laquelle l’homme et Israël étaient tombés. Jésus eut à expérimenter que le monde était pour Lui ténébreux comme la vallée de l’ombre de la mort. » (Remarks, p. 15.)

« Mais pourquoi Jésus fut-Il donc châtié ? Comment cela eut-il lieu, sinon parce que Jésus dut éprouver par expérience la réalité de cette condition dans laquelle d’autres, mais plus spécialement Israël, s’étaient plongés eux-mêmes par leur désobéissance à la sainte loi de Dieu ; condition hors de laquelle Il fut capable de se retirer Soi-même. » (Page 12. Remarks.)

« La manière ou le degré dont le sentiment expérimental de la condition d’Israël fut imprimé sur l’âme du Seigneur Jésus ; ou la manière par laquelle Il éprouva extérieurement les souffrances qui découlaient immédiatement de la malédiction qui demeurait sur Israël, se trouve dans un examen attentif des Psaumes. » (Remarks, p. 13.)

« Jésus n’eut pas une appréciation imparfaite de la position où se trouvait Israël… Et ce qui caractérise, plus que toute autre chose, ces souffrances de Jésus dont je parle, c’est que Dieu imprimait ces choses sur les sentiments de Son âme, selon Son propre pouvoir et selon Sa propre Sainteté ; et Dieu faisait que Jésus sentait comme faisant partie de ce qui était exposé au jugement de Sa pesante main… Nous pouvons facilement comprendre que le Seigneur ait pu s’humilier et dire, pendant que les effets de ces expériences consumaient sa force extérieure et sa force intérieure : Ô Seigneur ! ne me reprends pas dans Ta colère, et ne me châtie pas dans Ton indignation. » (Remarks, p. 14.)

« Après que beaucoup d’années d’une douloureuse expérience au milieu d’Israël rebelle eurent ainsi passé sur la tête du Seigneur Jésus, il y eut une grande intervention de la miséricorde divine en faveur de ce peuple, lorsque Jean-Baptiste prêcha le baptême de repentance pour la rémission des péchés… Le Seigneur Jésus accueillit ce message ; Il l’écouta d’une oreille sage et intelligente… Les péchés de la nation au milieu de laquelle Jésus s’était placé, et dont Il formait une partie, étaient innombrables comme le sable de la mer. Jésus fit donc ce qu’Israël aurait dû faire : Jésus se confessa et s’humilia devant le ciel et devant les hommes ; et Il reçut le baptême de la repentance, non pas comme étant le substitut d’Israël (car ce fut sur la croix seulement qu’Il prit la place de substitut), mais comme étant un d’entre eux… » (Remarks, p. 19.)

Et maintenant, il me semble entendre ce cri de la conscience chrétienne : « Assez ! assez ! c’est beaucoup trop !!! » Frères, dont Christ est la vie, cette protestation de vos cœurs n’est-elle pas la justification des saints qui furent appelés de Dieu, sur la scène même du mal, — à « rendre service à la vérité, » en « signalant les premiers à l’attention des frères les détestables erreurs de M. Newton. » En la présence de ce Seigneur si horriblement blasphémé, je dois demander maintenant aux partisans du schisme de la Suisse, quelle est leur manière de montrer « la reconnaissance qu’ils doivent à ceux qui ont fourni ainsi un moyen de se préserver de ces erreurs, en les discernant chez ceux qui les apporteraient[4] ? » La permanence de votre schisme condamne, — aux yeux du monde et des nombreux ennemis du Témoignage, — la marche suivie par tant de chrétiens d’élite, dont vous avez déserté la cause et abandonné le terrain : « le chemin de Dieu. » En conséquence, le plus habile et le plus respectable de vos apologistes s’attache à démontrer que « la Discipline scripturaire a été dépassée… » Examinons donc ensemble si réellement « les frères, qui ont été une manifestation bénie de l’unité du corps, » ont dépassé la Parole de Dieu[5]. Tout est là.

La Parole de Dieu ne commande-t-elle rien, en fait de discipline publique, à l’égard de « celui qui salue l’hérétique ? » M. Bettex nous affirme que la Parole se borne à dire que celui qui salue l’hérétique participe à ses mauvaises œuvres, « sans prescrire un moyen uniforme de répression qui doive être également et nécessairement appliqué à tous. » — « Niera-t-on, » dit ce frère bien-aimé, « qu’il y ait des degrés dans cette participation aux mauvaises œuvres de l’hérétique ? » — À notre tour de vous répondre : En admettant même votre application d’une théorie des degrés, le moindre degré de participation à des œuvres mauvaises n’est-il pas interdit, condamné et discipliné par les textes les plus clairs et les plus précis ? N’est-il pas écrit, par exemple : « Ne participez pas aux œuvres infructueuses des ténèbres, mais plutôt reprenez-les. » « Ceux qui participent aux péchés de Babylone ne recevront-ils pas de ses plaies ? Ayez en horreur le mal, vous tenant collés au bien. » Et quel est le degré de mal toléré par la Parole qui nous commande de nous « abstenir de toute apparence de mal ? » — Et cette autre défense positive n’est-elle pas solennellement obligatoire pour ceux qui reçoivent légèrement certains docteurs comme compagnons d’œuvres : « N’impose les mains à personne avec précipitation, et ne participe point aux péchés d’autrui ? » — Et n’est-ce pas le Seigneur lui-même qui a donné cet ordre en envoyant les douze : « Dans quelque ville ou bourgade que vous entriez, informez-vous qui y est digne… ? » Dis-moi qui tu fréquentes, je te dirai qui tu es. Avant de « donner la main d’association à Paul et à Barnabas, » ces « apôtres qui étaient considérés comme des colonnes, s’informèrent s’ils étaient « dignes »… et « après avoir reconnu la grâce qui avait été donnée à Paul, ils virent que la bonne nouvelle lui avait été confiée… » Frères du schisme, la main sur la conscience, demandez-vous si les apôtres, « les colonnes et l’appui de la vérité, » auraient donné « la main d’association » à celui qui « est sorti d’entre vous, » pour se donner la coupable mission de justifier publiquement M. Newton par la voie de la presse, — et cela, à diverses reprises. — Les hommes inspirés de Dieu auraient-ils reconnu un tel collègue et un semblable ministère ? N’êtes-vous pas sous le coup d’une terrible responsabilité, en demeurant sur le terrain où l’avocat public du blasphémateur a su vous attirer ? Comment essaierait-on de nier « la participation » de cet homme à des blasphèmes… qu’il a justifiés publiquement ? Rappelez-vous ces déclarations solennelles du même apôtre inspiré pour nous défendre de saluer l’hérétique. « Dieu est lumière, et il n’y a point en lui de ténèbres… » à aucun degré quelconque… « Si nous marchons dans la lumière, comme Il est lui-même dans la lumière, nous avons communion les uns avec les autres. » En conséquence, la Parole nous enseigne que ces disciples qui étaient « un seul cœur et une seule âme persévéraient dans la doctrine des apôtres. Cette doctrine les conservait dans « l’union mutuelle et dans la fraction du pain, » comme « étant un seul corps. » En abandonnant cette doctrine des apôtres qui défend de « participer aux œuvres infructueuses des ténèbres, » et en accueillant au milieu de vous, comme frère et comme docteur, l’homme qui participe publiquement aux œuvres du blasphémateur, vous avez, par cela même, « brisé le vase, » le précieux vase de l’unité du corps ; vous avez cessé « d’avoir le mal en horreur… » vous n’êtes plus collés au bien. Quelle communion, y a-t-il entre la lumière, » — celle de Dieu, qui n’admet aucun degré de ténèbres, « et les ténèbres » déplorables de votre position actuelle ? Comment les frères que vous avez abandonnés pourraient-ils, au moindre degré, s’identifier ou s’associer avec vous, aussi longtemps que l’avocat public du blasphémateur n’est pas condamné officiellement, — et publiquement « retranché du milieu de vous ? »

Quelle discipline publique et officielle vos assemblées ont-elles exercée contre l’avocat public du blasphémateur ? Aucune… Et lorsqu’il lui plaira de rompre le pain avec vous, et d’enseigner dans vos assemblées, quelle mesure pourriez-vous prendre, si vous persistiez à dire que la Parole de Dieu, dans sa divine sagesse, « ne prescrit pas un moyen uniforme de répression qui doive être également et nécessairement appliqué à tous ?… » — Sans se jeter ici dans l’examen de ce qui est applicable à tous… vos frères n’ont-ils pas le droit d’appeler votre attention la plus sérieuse sur le cas spécial de votre schisme ? Vous pensez que « Paul ne mettait pas sous le même anathème tout chrétien qui aurait eu quelque rapport (est-ce l’expression adéquate ?) avec ceux qu’il déclarait anathèmes ! » mais si le chrétien dont vous parlez s’était publiquement, et à diverses reprises, affiché comme le défenseur de ceux que Paul avait anathématisés par le Saint-Esprit, pensez-vous sérieusement, — la main sur la conscience, que Paul n’aurait rien fait ?… comme les assemblées de votre schisme, qui ne font rien ?… Nous pensons au contraire, que Paul, bien loin de « borner sa discipline à la personne de l’hérétique, » Paul aurait « introduit quelque chose de semblable » au fond « de la discipline anglaise… » quelque chose de semblable au point de s’y méprendre… car c’est Paul qui commande, par l’Esprit, de « reprendre ceux qui pèchent, devant tous, afin que les autres aussi aient de la crainte. » C’est encore Paul qui commande, par l’Esprit, de « reprendre sévèrement… » même « les indociles diseurs de rien, afin qu’ils deviennent sains en la foi… » — Et vous, mes frères, pour ne pas « dépasser la Parole, » vous appelez « sain en sa foi… », « irréprochable en la foi… » celui qui transgresse la Parole, dont la divine Sagesse ordonne de « s’abstenir de toute apparence de mal, » en défendant de « participer à ces œuvres infructueuses des ténèbres » qu’Elle commande de reprendre. Faire ce que défend la Parole, — et ne pas pratiquer ce qu’Elle commande ; voilà certainement ce que Paul appelle « pécher… » voilà ce qu’il prescrit de « reprendre sévèrement… » même « les indociles diseurs de rien, » que Paul, parlant par l’Esprit, déclare n’être pas sains en la foi… Cette discipline apostolique et inspirée ne dépasse-t-elle pas même le fond de la discipline anglaise ?

Si nous devons être « soigneux de conserver l’unité de l’Esprit, par le lien de la paix, » n’est-il pas absolument nécessaire qu’il y ait « un moyen de répression qui doive être également et nécessairement appliqué à tous » les cas qui troublent et détruisent cette « paix entre nous ? »

Je suis convaincu, — comme de ma propre existence, — que ce moyen existe… que ce moyen est de Dieu… que ce moyen est applicable à tous les cas, — en tous les lieux, — et en tous les temps. — « Il faut donc bien en revenir toujours à voir si cette discipline est fondée sur la Parole. J’ai entendu citer à cette occasion, Matthieu XVIII, 15 à 20. Mais ici, il est question d’une assemblée jugeant entre un ou plusieurs de ses membres qui ont péché les uns contre les autres… »[6] N’est-il seulement question que de cela ? Comment le croire, lorsque nous lisons : « Tout ce que vous lierez sur la terre, sera lié dans le ciel ; et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel ? Car où deux ou trois sont rassemblés en Mon Nom, Je suis là, au milieu d’eux. — Paix vous soit ! Comme le Père m’a envoyé, moi aussi Je vous envoie. Et quand Il eut dit cela, Il souffla en eux, et leur dit : Recevez l’Esprit-Saint. À ceux à qui vous pardonnerez les péchés, ils seront pardonnés ; à ceux à qui vous les retiendrez, ils seront retenus. — Voici « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à l’achèvement du siècle. »

Il est de la dernière évidence QU’IL Y A ICI ce qui constitue, selon Dieu, « un moyen uniforme de répression qui doit être également et nécessairement appliqué à tous. » Appliquons-le donc au procès en litige. N’arrive-t-il pas fréquemment que les membres d’une assemblée pèchent les uns contre les autres à l’occasion de la doctrine ?… Que doit faire une assemblée dans un tel cas ? qu’a-t-elle le droit de faire ?… Par exemple : Un grand nombre de chrétiens d’élite, des « hommes ayant l’Esprit, » accusent publiquement M. Newton d’avoir imprimé, prêché et fait colporter des « erreurs détestables »[7]. M. Newton réplique que les frères le calomnient… La calomnie est-elle un péché ? Un chrétien calomnié a-t-il le droit de se plaindre à l’assemblée ? Très-certainement. La paix des frères est troublée, il y a querelles, scandales, divisions, etc. Le diable triomphe… dans son œuvre. L’assemblée reste-t-elle désarmée ?… sera-t-elle sans droit pour juger le péché, cette assemblée au milieu de laquelle « Jésus marche » et « habite par l’Esprit ? » — Mais, pour « reprendre » et au besoin « retrancher » le coupable « du milieu d’eux, » les chrétiens de cette assemblée ne sont-ils pas obligés d’examiner en la présence du Seigneur l’Esprit, « les présidant au nom de Jésus-Christ » et « leur expliquant les Écritures, » (Luc XXIV, 32), ne sont-ils pas obligés d’examiner le fond de la querelle, c’est-à-dire les écrits incriminés ? Comment juger que M. Newton est calomnié, à moins de le lire et d’apprécier son enseignement ? Et lorsque cet enseignement de M.  Newton aura été reconnu, à la lumière de l’Esprit et de la Parole, comme renfermant des « erreurs détestables, » le jugement de l’assemblée ne doit-il pas êtrece qu’il a été en Angleterre ?… ― Souvent mis en demeure de se rétracter honnêtement et loyalement, M. Newton (quoi qu’en disent ses partisans avoués ou timides), l’écrivain aux « erreurs détestables » ne les a jamais confessées publiquement, jamais déplorées et jamais rétractées. Ces « erreurs détestables, » cette source empoisonnée, cette cause horrible de scandales et de péchés de toutes sortes… ces blasphèmes contre ce qu’il y a de plus sacré dans le ciel… de plus précieux au cœur des saints… de plus indispensable à leur éternelle paix… ces blasphèmes demeurent la propriété de M. Newton, aux yeux du monde et de l’Église… sa propriété pour l’éternité !… s’il ne se « repent selon Dieu… » Est-ce dans un tel cas qu’il faut introduire la théorie des degrés de culpabilité !… et l’introduire, ― pour ne rien faire publiquement ? Je n’ignore pas quels abus se sont commis à l’occasion des textes disciplinaires que j’ai rappelés, — mais depuis quand l’abus détruirait-il l’usage ? S’il devait en être ainsi, que resterait-il aux saints ! quelle est la doctrine dont on ne puisse abuser ? Abandonnerons-nous la justification par la foi, à cause de la perversité de l’antinomianisme, dont les mille variétés « changent la grâce de notre Dieu en dissolution ? »

En résumé, je ne demande qu’une chose à mes frères ; c’est qu’à chacun des textes déjà cités, et à la lumière de ceux que je vais encore leur rappeler, ils veuillent bien s’adresser cette question : Ceci s’applique-t-il à ceux qui participent aux mauvaises œuvres… « qu’ils doivent reprendre sévèrement… » et « devant tous ?… »

« Diotrèphe, qui aime à être le premier dans l’assemblée, ne nous reçoit point. Je rappellerai les œuvres qu’il pratique en débitant contre nous force mauvaises paroles… » Et si Diotrèphe ne se repent pas, l’apôtre reste-t-il désarmé devant son impénitence et sa révolte ? Écoutons la Parole : « Alexandre m’a fait voir beaucoup de maux. Garde-toi aussi de lui… car il a fortement résisté à nos paroles… » La discipline apostolique se borne-t-elle là ? « J’ai livré Alexandre à Satan… afin qu’il soit corrigé, pour ne pas blasphémer… » ce qu’il faisait en « résistant fortement à nos paroles. » — « Si quelqu’un n’obéit pas à notre parole… signalez-le et ne conversez point avec lui, afin qu’il en ait de la honte… » et qu’il devienne « sain en la foi… » Alors, vous aurez « gagné votre frère. » — « Nous vous recommandons, frères, au Nom de notre Seigneur Jésus-Christ de vous éloigner de tout frère qui ne marche pas dans l’ordre, ni selon l’enseignement qu’il a reçu de nous. » « Un peu de levain fait lever toute la pâte… » Arrière toute théorie qui plaiderait pour des degrés !… « Ne savez-vous pas qu’un peu de levain fait lever toute la pâte ? Ne jugerez-vous pas ceux du dedans ?… Vous ôterez le méchant du milieu de vous. » « Nous sommes prêts à punir toute désobéissance. »

La discipline de la Parole de Dieu n’a donc pas été dépassée… La discipline scripturaire s’applique à tous les cas, à tous les degrés du mal, à tous les temps, dans tous les lieux. Elle est « le moyen uniforme de répression, » dont « la sagesse humaine et le zèle humain » ont souvent abusé… mais la Parole du Seigneur demeure éternellement, et c’est cette parole du Seigneur qui vous a été rappelée ici : « Que Dieu soit vrai, justifié dans Ses Paroles… et tout homme menteur[8]. »

Après avoir solidement établi, par la Parole, que cette discipline anglaise est selon Dieu, j’ai le droit d’emprunter une conclusion au cher frère Bettex : « Vous êtes les représentants de l’Église, si votre discipline est selon Dieu[9]. » Cette conclusion, — qui est aussi la mienne, — devrait avoir le double avantage de rassembler les précieux débris du vase de l’unité, — et de « renverser les forteresses, les raisonnements et toute hauteur qui s’élève contre » les représentants de l’unité du corps par l’unité de l’Esprit.

En effet, puisque les saints d’Angleterre ont été des « représentants » de Dieu, pourquoi rester plus longtemps séparés d’eux ? — C’est à vous de faire cesser votre schisme en revenant sur le terrain que vous avez abandonné, — le terrain des « représentants de l’Église. »

Cannes, février 1864.

H.-A. Boucher.

  1. La ténacité sectaire est connue ; et celle des Anglais ne le cède à nulle autre ; mais Dieu me fit la grâce de résister à tout. Je conseillai moi-même aux hommes de robe et de liturgie de me remplacer par un pasteur selon leur cœur. Alors ces messieurs firent savoir par la voie des Archives du christianisme, « qu’ils demandaient un pasteur pour le poste de Cannes ; il fallait un homme pieux. Un Darbyste ne convenait pas. » — M. Espenett est aujourd’hui pasteur de cette même chapelle.
  2. M. Espenett m’a souvent cité MM.  Guers et François Olivier comme ne voyant pas d’hérésie dans les traités de M. Newton. Les noms de ces deux frères, — « connus pour leur piété et pour leur connaissance de la Parole, » — exercèrent une fâcheuse influence sur moi, lorsque les traités me furent donnés avec leur approbation… (réelle ou prétendue ? …) Je ne comprendrais pas qu’aujourd’hui ces chrétiens respectables se renfermassent plus longtemps dans leur mutisme. — Ils savent trop bien distinguer entre le fait et le droit. — Dire qu’on rejette les doctrines imputées… ne suffit pas, lorsqu’il est question de savoir si les traités de M. Newton renferment ces doctrines.
    J’apprécie beaucoup « la prudence du serpent, » pourvu qu’elle soit unie « à la simplicité de la colombe. »
  3. Voici les titres des traités que je vais citer :
    A statement and acknowledgment respecting certain doctrinal errors. — B. W. Newton, Plymouth, 1847.
    Remarks on the sufferings of the Lord Jesus. By B. W. Newton. (Tract Dépôt, Plymouth, 1847.)
  4. Explications et Rectifications, par M. Bettex, page 6. — Avant d’entrer en discussion avec cet ami chrétien, je sens le besoin de répéter publiquement ce que j’ai souvent dit à des frères dans l’intimité : — M. Bettex est un des chrétiens que j’apprécie le plus… Je l’aime et je le respecte cordialement, — parce que je l’ai vu de près. — Le devoir seul peut me contraindre à lutter aujourd’hui contre lui.
  5. Ibid. pages 17 et 21.
  6. Deux lettres sur la discipline établies par rapport aux difficultés survenues en Angleterre. (Page 28. Neuchâtel, 1858.)
  7. Témoignage de M. Bettex, page 25 des Deux Lettres.
  8. Écoutez M. Espenett de 1858 : « J’ajoute sans difficulté, selon 2 Jean, que quand on montrera un cas clair… de personnes soutenant l’hérétique, nous rejetterions comme également coupables, et l’hérétique et celui qui participerait à ses mauvaises œuvres… Cela ne saurait être douteux pour moi. » (Deux lettres, page 16.)
  9. Deux lettres, page 28.