Manuel lexique ou Dictionnaire portatif des mots françois/1re éd., 1750

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Manuel lexique ou Dictionnaire portatif des mots françois


Fac-simile Tome unique



Index alphabétique


ABCDEFGHIJKLM
NOPQRSTUVWXYZ




MANUEL LEXIQUE,
ou
DICTIONNAIRE
PORTATIF
DES MOTS FRANÇOIS
DONT LA SIGNIFICATION N’EST PAS FAMILIERE
a tout le Monde.
OUVRAGE FORT UTILE A CEUX QUI NE SONT PAS
verse’s dans les Langues anciennes et modernes,
et dans toutes les connoissances qui s’acquierent
par l’etude et le travail ;
Pour donner aux Mots leur sens juste & exact, dans la lecture &
dans le langage & dans le style :
Recueilli des Explications de divers Auteurs,
A PARIS,
Chez DIDOT, Libraire, Quai des Augustins,
à la Bible d’or.
____________________
M. DCC. L.
Avec Approbation & Privilege du Roy,
________________________________________________

AVERTISSEMENT.


CE petit Dictionnaire doit le jour à l’opinion qu’on a de son utilité. Ce n'étoit 3 dans son origine, que le Répertoire d’un Homme de Lettres
([1]), qui se trouvant engagé par le cours de ses études, à traiter quantité de matières différentes, jettoit par écrit les mots obscurs ou douteux, à mesure qu'il avoit occasion de les éclaircir, & ne se proposoit que la facilité de les retrouver au besoin, pour son propre usage. Ce soin, continué long-tems avec quelque méthode, n'avoit pu manquer de grossir son Recueil, lorsque le hasard fit tomber entre ses mains le Dictionnairc Anglois de Thomas Dyche. Il fut surpris d'y reconnaître comme l'image du sien, & d'apprendre en même-tems que cet Ouvrage avoit tant de succès à Londres, qu'il s'en étoit déjà fait sept Editions. Les Libraires, dont le zèle est toujours ardent pour la publication des Livres qui se vendent bien, prirent ce moment pour lui proposer de donner Dyche en François. Il s'y engagea d'autant plus volontiers, qu'il se trouvait en état de l'enrichir par des Additions considérables, & de le perfectionner par de nouveaux soins.

Mais il conçut aussi que pour le rendre véritablement utile, il falloit le réduire à de justes bornes, qui en fissent un Livre commode & portatif. Le succès extraordinaire du petit Dictionnaire Géographique le confirma dans cette idée. C'est pour la remplir, en lui donnant à peu près la même forme & la même grosseur, qu'il a retranché de l'Ouvrage de Dyche les mots dont le sens n'est véritablement ignoré de personne ; & qu'au lieu de s'étendre sur les étymologies des autres mots, la plupart fort incertaines, il s'est réduit à marquer de quelle langue ils sont tirés. Ce soin de supprimer les choses qui n'appartiennent pas à son objet, lui a facilité le moien de suppléer aux omissions de Dyche, par quantité de mots qu'il a recueillis d'ailleurs, & qui occupent avantageusement la place de ceux qu'il a supprimés.

En un mot, il s'est proposé de donner un Livre dont l'utilité soit toujours prefente : i°. Par sa forme, qui le rend facile à transporter : 2 °. Par son usage, qui est de tous les lieux & de toutes les occasions, puisqu'en y prenant la véritable idée des mots dont la signification n'est pas familière à tout le monde, on y apprend à penser, à entendre, à écrire, & à parler juste, dans les parties du moins que ces expressions regardent, & qui s'étendent beaucoup plus loin qu'on ne pense : 3°. Par son agrément ; car, sans aucun rapport même aux besoins mutuels de la Société, n'est-il pas agréable de pouvoir se rendre compte à soi-même, de ce qu'on voit, de ce qu'on lit, & de ce qu'on entend ? Ceux à qui l'instruction manque, y apprendront des choses nouvelles. Ceux qui sont mieux instruits, y trouveront le moien toujours prêt de rafraîchir, de confirmer, & d'augmenter leurs lumières. Le titre de Manuel Lexique, qui signifie un Vocabulaire qu'on peut avoir souvent à la main, a moins été choisi parce qu'il réunit assez toutes ces idées, que pour distinguer l'Ouvrage par un nom qui lui soit propre.

L'Auteur Anglois comprenant qu'une partie des Lecteurs n'a pas eu les principes d'éducation qu'on reçoit au Collège, ou ne les a pas toujours assez présens pour se rappeller la signification de certains termes, qui régnent dans tout le cours d'un Dictionnaire, & qui servent à exprimer la nature ou la qualité des mots, tels que Substantif, adjectif, pronom, preposition, conjonction, verbe, verbe actif, verbe neutre, verbe passif, adverbe, &c. a jugé à propos de commencer par une espece d'introduction, qui contient les Èlémens de la Grammaire. Mais comme ce détail n'ajoute rien aux explications de chacun de ces termes, qui se trouvent distribuées dans le corps de l'Ouvrage, on ne l'a crû propre qu'à grossir inutilement un Livre, qu'on s'est efforcé au contraire de reserrer pour la commodité du Public. L'excellente Grammaire de M. Restaut, qui est entre les mains de tout le monde, est un guide qu'on peut toujours consulter.

Il sufira d'expliquer ici les abbréviations de l'Imprimeur.

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TABLE DES ABBREVIATIONS.

Adj. ou adject.

adv.

Adjectif.

adverbe

g. ou gr.

l. ou lat. .

grec.

latin.

prép. preposition.

sub. masc. ou s. m. substantif masculin.

ss. mm. substantifs masculins.

s. s. substantif féminin.

ff. ff. substantifs féminins.

subst. & adject. substantif & adjectif.

y. ( v. a. ou v. act. ; verbe. (verbe actif.)

v. n. verbe neutre.

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MANUEL,
ou
DICTIONNAIRE
PORTATIF
DES MOTS FRANÇOIS DONT LA SIGNIFICATION
n’est pas familière à tout le monde.
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A Est la première lettre de l'alphabeth dans presque toutes les langues connues, & la première des cinq voyelles. On est porté à croire que c'est la plus simple expression de la nature, non-seulement parce qu'il se prononce par la simple ouverture des lèvres, mais encore parce que c'est le premier ion qui sort de la bouche des enfans, & le premier qui échappe à tous les hommes dans les mouvemens soudains de la douleur, de la joie, de la surprise, de l'admiration, &c. C'étoit parmi les anciens Romains une lettre numérale, qui sîgnifioit 500. Surmontée d'une ligne, dans cette forme, Ā, elle sîgnifioit 5000. Outre les usages grammaticaux dans toutes les langues, elle en a d'autres en Europe, tels que de servir pour abreger Anno Domini, A. D. pour Artium Magister, A. M. &c. Les Médecins Anglois se servenr du mot Ana, abrégé dans cette forme, Ã ou ĀĀ, pour signifier que les drogues qu'ils prescrivent doivent être employées en égales quantités.

AB, s. Neuvième mois de l'année civile, suivant le calcul des Hébreux, & le cinquième de leur année Ecclésiastique qui commence par Nisan. Le mois Ab répond à notre mois de Juillet. Il est composé de trente jours.

Ab, au commencement des noms Anglois - Saxons, est toujours une cointraction d' Abbot ou d' Abbey, deux


mots dont l'un signifie Abbé & l'autre Abbaie ; d'où l'on conclud qu'il y avoir anciennement un Monastere dans les lieux qui commencent par cette syllabe, tels qu' Abington, Abergavary, Abardeca, &c.

ABACOT, s. m. Nom de l'ancienne parure de tête des Rois d'Angleterre, qui avoit la forme de deux couronnes.

ABACUS, f, m. Mo : purement Latin. Les anciens Mathématiciens donnoient ce nom à une certaine table couverte de quelque enduit, sur laquelle ils traçoient leurs figures. Abacus signifie quelquefois la table de multiplication qu'on appelle Pythagorique, du nom de son Inventeur. Les Romains donnoient aussi ce nom à leurs buffets.

ABADA, s. m. Animal du Royaume de Benguela, sur la Côte méridionale d'Afrique, armé de deux cornes, l'une sur le front, l'autre sur la nuque du col. Sa grosseur est celle d'un poulain de deux ans. Il a la queue d'un bœuf, quoique moins longue, & le crin d'un cheval, mais plus épais & plus rude. Il lui ressemble aussi par la tête, qui est seulement plus plate & plus courte. Ses pieds sont fendus comme ceux du cerf & beaucoup plus gros. De ses deux cornes, celle du front est longue de trois ou quatre pieds, mince, de l'épaisseur de la jambe humaine vers la racine, aiguë par la pointe, & droite dans la jeunesse de l'animal ; mais à mesure qu'il croît, elle se recourbe en devant. Celle de la nuque est plus courte & plus plate. Les Nègres tuent l'Abada pour lui enlever les cornes, dont on vante la vertu contre plusieurs maladies.

ABADDON, s. m. Nom que St Jean donne dans le Livre de l'Apocal. au Roi des Sauterelles, Esprit infernal qu'il appelle Destructeur. Ainsi c'est un des noms de Satan ou du Diable.

ABADIR, s. m. Nom d'une pierre qui fut présentée à Saturne enveloppée dans des langes, & qu'il avalla dans l'opinion que c'étoit un fils dont Ops sa femme venoit d'accoucher, résolu de ne point élever d'enfans, parce que le Destin lui avoit annoncé qu'il seroit détrôné par un de ses fils. Cette pierre se conservoit à Delphes dans le Temple d'Apollon. Quelques Anciens ont cru que cette pierre étoit le Dieu Terme ; & d'autres prétendent qu' Abadir signifioit autrefois Dieu.

ABAISSE, s. f. Nom de la pâte, dont on fait le fond des pièces de pâtisserie.

ABANDONNER, v. act. Terme de Fauconnerie. Abandonner un oiseau signifie le lâcher en campagne.

ABAQUE, s. f. Nom formé du Latin. Les Architectes donnent ce nom à la table quarrée qui fait le couronnement du chapiteau des colonnes. Voyez ci-dessus Abacus.

ABASSI, s. m. Monnoie orientale, de la valeur d'environ deux réales d'Espagne.

ABAT-JOUR, s. m. Sorte de fenêtre , qui communique un jour d'en-haut , pour éclairer des lieux bas, où l'on ne peut faire de croisées ordinaires. Les Marchands ont aussi des Abat-jours dans leurs Magasins, pour y faire entrer un faux-jour qui est favorable au débit de leurs marcbandises.

ABAT-VENT, s. m. Charpente ordinairement couverte de plomb ou d'ardoise, qui garantit de la pluie & du vent les ouvertures des édifices, sur-tout des clochers, dans lesquels elle sert aussi à faire descendre le son des cloches, pour empêcher qu'il ne se dissipe en l'air.

ABAZE'E, s. f. Fête payenne dont


on attribue l'institution à Denys, fils de Caprio, Roi d'Asie. Elle se nomme aussi Sabazie. On la célébroit en silence, suivant la signification de ce nom, avec de grandes apparences de mélancolie.

ABBA, s. f. Mot Syrien, qui signifie père dans l'Ecriture. Ab signifie la même chose en Hébreu.

ABBAIE, s. f. Maison de retraire pour la vie religieuse , gouvernée sous une certaine Règle par un Abbé ou une Abbesse, suivant le sexe de ses Habitans. La plupart ont de grands privilèges, & jouissent d'un revenu considérable, dont elles ont l'obligation à la pieté de leurs Fondateurs. En Angleterre où elles sont abolies depuis la réformation, elles étoient exemptes de la Jurisdiction & de la visite des Evêques Diocesains, libres d'impôts & d'autres charges publiques, impénétrables à la justice séculiere, & le Roi Henri VIII. en détruisit 190, dont le revenu annuel montoit à 1 653 000 liv. sterl. Elles n'étoient pas moins favorisées en France, mais il y est arrivé de grands changement depuis le Concordat du Pape Léon X & de François I, en vertu duquel le Roi y nomme en Commande ; c'est-à-dire, qu'au lieu des anciennes Elections, qui appartenoient aux Religieux de chaque Abbaie, il donne la qualité d'Abbé à des Ecclésiastiques séculiers, qui sans aucune autorité spirituelle jouissent d'un tiers du revenu, dont les deux autres tiers doivent être partagés entre la Communauté & les réparations des terres ou des édifices. Le gouvernement intérieur demeure aux Religieux, suivant les Constitutions de leur ordre ; avec cette différence que les Abbaies qui se font réunies en Congrégation dépendent d'un Supérieur général du même Ordre, qui doit résider en France, & que celles qui se sont conservées dans leur ancien état dépendent de l'Evèque Dioces. Il s'en trouve néanmoins quelques-unes de cette dernière espece qui ne dépendent que du Saint-Siège, & qui sont distinguées par le titre d'Exemptions. On compte en France environ 800 Abbaies.

ABBAISSER, v. Terme de Fauconnerie & de Jardinage. Dans le premier sens, on dit abbaisser l’oiseau, pour signifier le faire jeûner ou retrancher quelque chose de sa nourriture lorsqu’il devient trop gras. Dans le sens du Jardinage, abbaisser une branche signifie la couper proche du tronc.

ABBAISSE, adj . Terme de Blazon. On dit Vol abbaissé lorsque la pointe des aîles d’une aigle ou de tout autre oiseau descend vers la pointe de l’écu, au lieu qu’elle doit tendre naturellement vers le chef ou les angles. On se sert du même terme lorsque les aîles sont pliées. Pal abbaissé, Chevron abbaissé, Bande abbaissée, se disent aussi lorsque la pointe finit au centre ou au-dessous de sa situation naturelle.

ABBAISSEUR, adj. Terme de Médecine. On appelle Abbaisseur le second muscle des yeux qui les fait mouvoir en bas.

ABBATE’E, s. f. Terme de Marine, qui signifie le mouvement d’un vaisseau en pane, lorsqu’il va de lui-même jusqu’à un certain point avant que de revenir au vent.

ABBATIS, s. m. Mot formé d’abbatre. Outre sa signification ordinaire, ce mot signifie, en terme de chasse, les sentiers que font les jeunes loups en traversant souvent l’herbe pour aller aux lieux où ils trouvent leur nourriture. On appelle aussi Abbatis les issues & petits membres des animaux qu’on tue pour les manger. Un abbatis d’agneau. Un abbatis d’oie ou de poulet-d’inde. On dit encore d’un chasseur, qu’il a fait un grand abbatis de gibier, pour dire qu’il a fait une chasse abondante.

ABBATRE, v. ad. Ce mot a plusieurs significations différentes. En terme de Marine, abbatre signifie dériver, ou se trouver écarté de sa route par la force des courans ou par celle du vent. On dit, dans ce sens, le vaisseau abbat. On emploie la même expression pour signifier qu’il arrive au vent, après que l’ancre a quitté le fond. Les pilotes abbatent un vaisseau d’un quart de rumb, lorsqu’ils veulent changer de course ; c’est à-dire, qu’ils se gouvernent sous un nouveau rumb.


Enfin, abbattre un vaisseau, c’est le mettre sur le côté pour le radouber.

Abbattre un cheval. C’est le couper. Abbattre un cochon, c’est le languyer ou le saigner. Abbattre le cuir d’un animal, c’est l’écorcher.

ABBATURES, s. f. Terme de Vénerie, qui signifie les désordres ou les foulures qu’un cerf laisse dans les brossailles après y avoir passé. Les abbatures d’un cerf.

ABBE’, s. m. Chef ou Supérieur d’une Abbaie d’hommes. Dans les premiers tems de l’Ordre monastique, les Abbés étoient des laïques, fournis à l’Evêque ou aux Pasteurs ordinaires. Les Monasteres étant bâtis dans des lieux déserts, & souvent fort écartés, avoient un Prêtre séculier pour l’administration des sacremens. Mais par degrés on leur accorda des Prêtres de leur propre corps, qui étoient ordinairement les Abbés. Ensuite quelques-uns firent tant de progrès dans les sciences, qu’ayant rendu de grands services à l’Eglise contre les hérésies naissantes, ils furent invités à s’établir près des Villes ou dans l’intérieur des murs, sous prétexte d’avoir plus de facilité à les consulter. On leur donna des biens, des titres, & jufques aux ornemens épiscopaux, tels que la mître, la crosse, &c. L’ancienne simplicité disparut bien-tôt, & fit place à la soif de l’autorité & des honneurs.

ABDICATION, s. f. cace par lequel on renonce à la possession d’un office, pour soi-même & pour ses héritiers. On confond ordinairement ce terme avec celui de Résignation. Mais à parler exactement, l’abdication est un renoncement simple & absolu ; au lieu que la réfignation fe fait en faveur d’un autre.

ABDOMEN, s. m. En termes d’Anatomie, ce mot, qui est latin, signifie la Partie basse du ventre, entre le nombril & les parties naturelles. Les Médecins s’en servent pour signifier la partie intérieure du bas-ventre qui est depuis les cuisses jufqu’au diaphragme.

ABDUCTEURS, adj. C’est un nom commun à tous les muscles dont l’office est de tirer, d’ouvrir & de resserrer les parties auxquelles ils appartiennent. On appelle particulièrement abdutUur le quatrième raufcle des yeux, qui les fait mouvoir en dehors pour regarder de côté.

ABECEDAIRE, adj. Ce nom, qui est formé des quatre premières lettres de l’alphabet, signifioit anciennement les compositions dont chaque strophe, & quelquefois chaque Vers, commençoit dans l’ordre alphabétique. De ce genre sont le Pseaume 118 & les Lamentations de Jéremie. On croit que les Juifs inventèrent cette sorte de poësie pour aider la mémoire.

ABEILLE, s. f. Nom d’un insecte ailé qui produit la cire & le miel. Les Latins l’ont nommé Apis parce qu’il naît sans pieds. Ceux qui ont écrit sur les opérations & le gouvernement des abeilles, prétendent qu’elles ont un roi femelle, ou si l’on veut, une reine, qui jette environ 6000 œufs par an, qui a les jambes courtes, les ailes droites, & qui est deux fois plus grosse que les autres. On distingue des abeilles de diverses especes & de différentes couleurs. Celles d’Ethiopie & des Antilles n’ont pas d’aiguillon ; ce qui fait qu’étant comme désarmées, elles s’obstinent à faire leur miel dans des lieux déserts, sans qu’il soit possible de les apprivoiser.

ABER, s. m. Mot de l’ancien Breton, qui signifie la chute d’un ruisseau dans une Rivière ; d’où sont venus les noms de quantité de Confluens de cette nature, & ceux de plusieurs Villes qui y ont été bâties, telles qu’Aberconvvay, Aberdeen, Abergavenny, &c.

ABERRATION, s. f. Terme d’Astronomie, qui signifie quelque changement de situation dans un corps céleste. L’aberration d’une étoile fixe.

ABIB, s. m. Ce mot, qui signifie en Hébreu des épis de bled verd ou des fruits frais, étoit le nom du premier mois de l’année ecclésiastique des Juifs, & répondoit a une partie de notre mois de Mars & d’Avril. C’étoit dans ce mois que le bled meurissoit en Judée. On lui donnoit quelquefois aussi le nom de Nisan, qui avoit eté le septiéme mois de l’année avant que


les Israëlites fussent sortis de l’Egypte, mais qui fut ensuite compté le premier par un ordre exprès de Dieu, du moins dans le calcul ecclésiastique, car le premier mois de l’année civile se nommoit Tizri.

ABJECT, adj. Mot tiré du latin, qui signifie vil, bas, méprisable.

ABJECTION, s. f. Vivre dans l’abjection, c’est-à-dire dans la pauvreté, l’abbaissement & la misere.

ABIENA, s. f. Nom d’une Déesse, qui présidoit parmi les Romains à la bonne ou à la mauvaise fortune.

AB-INTESTAT. Terme de Jurisprudence. On appelle héritier ab-intestat, l’héritier naturel d’un homme qui est mort sans avoir pourvu à sa succession par un testament.

ABJURATION, s. f. Renoncement solemnel à quelqu’opinion ou à quelque parti. On applique particulièrement ce mot à ceux qui quittent une religion pour en embrasser une autre. Il a fait son abjuration. Dans les anciens usages d’Angleterre, abjuration signifioit le bannissement volontaire d’un homme qui sortoit de l’Isle à perpétuité ; ce que la loi permettoit expressément aux criminels, lorsqu’ils s’étoient retirés dans une Eglise ou un cimetière après un crime qui meritoit la mort. Cette loi dura dans toute sa force depuis le règne d’Edouard le Confesseur jusqu’à la réformation, c’est-à-dire, l’espace d’environ cinq cens ans. Le coupable qui avoit ainsi recours aux aziles ecclésiastiques, en étoit quitte pour confesser fon crime aux Juges & pour abjurer le Royaume. On lui donnoit ensuite une croix, qu’il étoit obligé de porter à la main pour se rendre au port par lequel il devoit sortir des Etats du Roi. Cet abus fut encore porté plus loin ; car l’abjuration du Rovaume fut restrainte par degrés à l’abjuration civile, qui consistoit à promettre de demeurer perpétuellement dans le lieu ecclésiastique ou l’on s’étoit retiré. Quantité de criminels, jouissant des privilèges de leur azile, en sortoient pour voler & piller, & vivoient en sûreté lorsqu’ils y pouvoient rentrer avec leur proie.

  1. (*) M. l'Abbé PRE'VOST.

A B

ABJURER, v. act.

C’eft-à-dire, défavouer folemnellement quelque chofe, y renoncer par un ferment. Ce mot vient du latin.

ABLAB, f. m.

Arbriffeau d’Egypte, dont les rameaux s’étendent comme la vigne. Il porte deux fois l’année une efpecede fèves d’un noir rougeàtre, dont les Egyptiens fe nourriffent, & dont on vante les propriétés contre la toux & la rétention d’urine. On prétend qu’il fubfifte un fiécle, & que fes feuilles, qui reffemblent à celles de nos fèves de Turquie, font toujours vertes.

ABLAIS, f. m.

Mot en ufage dans quelques Provinces de France, pour fignifier la dépouille des bleds. Il paroît venir d’Ablata, mot latin qui fignifie chofes emportées.

ABLATIF, f. m.

Sixième cas de la déclinaifon des Noms, dans les Méthodes de Grammaire.

ABLE, f. m.

Poiffon de rivière qui s’appelle auffi Ablette, dont l’écaille fert à la composition d’un vernis blanc, avec lequel on contrefait les perles. Il a le ventre blanc & le dos verd. Sa grandeur eft d’environ celle du doigt.

ABLERAT, f. m.

Filet de-pêche, qui fert à prendre de petits poiffons, furtout des ables.On l’attache au bout d’une perche, & fa forme eft quarrée.

ABLUTION, f. f.

Mot tiré du latin, qui fignifie l’action de laver, de nettoier ou de purifier quelque chofe. Les Juifs & les Mahometans fe purifient le corps par des Ablutions. On appelle Ablution l’eau & le vin. que les Prêtres prennent à la Méfie, pour fe nettoier les doigts après la Communion. Autrefois, dans les grandes cérémonies, le Prélat officiant nommoit des perfonnes de la première dignité pour lui préfenter les Ablutions de la MefTe. En termes de Pharmacie, on appelle Ablution la préparation qui fe fait d’un médicament en le lavant dans l’eau ou dans quelque autre fluide, pour le purger de fes impuretés naturelles.

ABNEGATION, f. f.

Mot en ufage dans la vie fpirituelle, pour fignifier le renoncement à quelque chofe

A B

de cher. Abnégation de foi-même & des biens fenfibles. Il vient du latin.

ABOLIR, v. act. ABOLITION.

Mots tirés du latin, qui fignifient la celfation de quelque chofe, foit par une deftru-ction violente, foit par l’effet du tems, ou le défaut d’ufage. L’abolition des Loix. Un Temple, un Culte aboli. Abolir une Coutume.

ABOMINATION, ABOMINABLE.

Mots qui appartiennent proprement à la Religion, fuivant leur origine latine, pour exprimer quelque chofe de fort criminel ou de fort impur, c’eft-à-dire, extrêmement déteftable.

ABONDANCE, f. f.

Terme qui fignifie, dans les Collèges, du vin mêlé de beaucoup d’eau, tel qu’on le donne aux Pensionnaires.

ABONNER, v. act.

s’abonner avec un Marchand pour le prix d’une chofe, c’eft convenir d’un prix confiant & indépendant des événemens cafuels. Le Marchand y trouve fon compte par la durée, & l’acheteur par la qualité du prix qui eft ordinairement médiocre. On s’abonne aux Spectacles, & pour toute dépenfe qui fe renouvelle fouvent.

ABORDER, v. act.

Terme de Marine & de Fauconnerie. Dans le premier fens, on dit aborder un vaiffeau de bout au corps, pour fignifier mettre l’éperon dans le flanc d’un vaiffeau. Deux vaiffeaux s’abordent de franc étable, c’eft-à-dire, que s’approchant en droite ligne ils s’enferrent par leurs éperons. Aller à l’abordage, fignifie s’approcher d’un vaiffeau ennemi, le heurter, y jetter le grapon pour fe donner le moyen d’y entrer & de l’enlever. En Fauconnerie, on dit aborder la remife fous le vent, lorfqu’on s’approche d’une haie où l’oifeau a forcé une perdrix de fe réfugier.

ABORIGENES, f. m.

Terme venu du latin, qui fignifie les premiers habitans, les habitans naturels d’un pays, par opposition aux colonies & aux nouvelles races qui viennent s’y établir. Ce titre étoit fort refpecté parmi les Anciens. C’étoit auffi le nom particulier de certains peuples de

A iij

A B

l’Italie, dont l’origine étoit inconnue, & qui fe prétendoient immédiatement defcendfis des Dieux.

ABOUGRI ou RABOUGRI, adj.

On appelle ainfi ce qui n’a pas une forme heureufe dans fon efpece. On dit un petit Rabougri, en parlant d’un petit homme mal fait, un arbre ou d’un bois abougri.

ABOUMENT, f. m.

Terme de Menuiferie. L’Affemblage d’aboument eft celui dont la plus grande partie eft quarrée, & le refte à onglet.

ABOUQUEMENT, f. m. ABOUQUER.

Termes qu’on employé dans les Salines, & qui fignifient une addition de nouveau fel fur le vieux.

ABOUT, f. m.

Les Charpentiers donnent le nom d’About à L’extrémité de toutes les pièces qu’ils ont employées.

ABOUTE’, adj.

Terme de Blazon. On dit aboutées en cœur, de quatre hermines, dont les bouts fe répondent & fe joignent en croix.

ABOUTIR, v. act.

Ce verbe, outre fa fignification commune, eft employé par les Plombiers dans ce fens : aboutir une corniche ou quelque autre faillie de fculpture, c’eft la revêtir de tables minces de plomb. Quelques- uns difent amboutir. Les Chirurgiens fe fervent d’aboutir, pour fignifier qu’un apoftume ou un abfcès approche de la fuppuration. Il eft prêt d aboutir.

ABOYEUR, adj.

Terme de Chaffe. On appelle Aboyeurs une efpece de chiens qui aboient à la vue du fanglier, mais qui n’en approchent point.

ABRACADABRA, adj.

Caractère ou charme auquel on attribuoit anciennement des vertus magiques pour guérir diverfes maladies, & particulièrement la fièvre, en les portant autour du cou écrit dans cette forme.

ABRACADABRA

ABRACADABR

ABRACADAB

ABRACADA

ABRACAD

ABRACA

ABRAC

ABRA

ABR

AB

A

A B

ABRAHAM, f. m.

Nom d’homme, qui fignifie Père d’une multitude, & nom d’un Patriarche qui s’étoit d’abord nommé Abram, c’eft-à-dire glorieux. L’Hiftorien Jofeph prétend qu’il apprit aux Egyptiens l’arithmétique & l’aftronomie.

ABRAXAS, f. m.

Bafilides, qui vivoit au fecond fiecle, du tems de l’Empereur Adrien, prétendoit que ce mot renfermoit de grands myfteres, parce que les fept lettres dont il eft compofé formoient en grec le nombre de trois cens foixante-cinq, qui eft celui des jours de l’année. Il appelloit Dieu de ce nom, & lui attribuoit autant de vertus qu’il y a de jours dans l’an. C’eft apparemment de-là qu’eft venu le mot d’Abracadabra & l’idée que la fuperftition y faifoit attacher. Les Bafilidiens étoient d’ailleurs des hérétiques, qui croyoient que Jefus Chrift n’avoit été qu’un fantôme envoyé fur terre par Abraxas.

ABREGE’, f. m.

Terme d’Organifte. C’eft une certaine réduction des touches du clavier, qui fait que chaque touche fe rapporte à chaque foupape des fommiers, quoique la longueur des touches & des fommiers foit fort inégale. Il arrive de-là qu’une marche du clavier fait fouvent parler un tuiau fort éloigné. C’eft une des grandes perfections de l’orgue que les Abregés foient bien faits.

ABREVIATION, ABREVIATEUR.

L’écriture par abréviation fe fait communément en retranchant de chaque mot quelques lettres, dont on fe fait une habitude de reconnoitre la fuppreffion. Les Romains avoient un art particulier d’abréviation, par des caractères propies, dont Gruter a publié une grande partic. Les Anglois ont auffi des caractères particuliers pour le même art. Abreviateur fignifie, en terme de Banque, un Officier du fecond Banc de la Chancellerie de Rome, qui dreffe avec des mots abrégés la minute des Bulles, &c.

ABREUVER, v. act.

On a tranfporté l’ufage de ce mot, qui fignifie pro-

A B

prement faire boire, à tout ce qui fe remplie de quelque fluide ; ainfi la terre s’abreuve d’eau par la pluie, le papier s’abreuve d’encre, le bois s’abreuve de vernis, &c.

ABREUVOIR, f. m.

Outre les lieux où l’on fait boire les beftiaux, on donne ce nom à certaines ouvertures que les Maçons biffent entre les joints des groffes pierres, pour y faire entrer du mortier.

ABRI, f. m.

Terme de Marine, qui fignifie A couvert du vent. On dit auffi, A l’abri du foleil, & de toutes fortes d’incommodités phyfiques & morales. Il vient du latin.

ABROGATION, f. f. ABROGER, v. act.

Ces termes qui font latins dans leur origine, s’emploient particulièrement pour les Loix & les ufages. Abroger une loi, c’eft la caffer, lui ôter fa force.

ABRUPTO, (ab Abrupto.)

Expreffion latine qui s’eft introduite dans la langue françoife, pour fignifier quelque chofe qui commence brufquement & fans préparation.

ABSCISSE, adj.

Ligne géométrique qui eft relative à la ligne ordonnée. Elle fait la partie du diamètre d’une courbe, qui eft comprife entre l’extrémité où ce diamètre coupe la courbe, & une ordonnée à ce même diamètre.

ABSINTHE, f. m.

Plante médicinale fi amere, comme fon nom l’exprime en grec, qu’on lui compare tout ce qui eft capable de jetter de l’amertume dans la vie, c’eft-à-dire, de la rendre trifte & fâcheufe. Il y a quatre fortes d’Abfinthes ; le fantonique, le marin ou le fcriphium, le grand & le petit pontique. L’abfinthe a d’excellentes propriétés contre plusieurs maladies.

ABSOLU, adj.

Ce mot a diverfes fignifications. Proprement il fignifie ce qui eft libre & indépendant de tout pouvoir & de tout être. Dans cette acception il ne convient qu’à Dieu. Mais il est reftraint à plusieurs autres fens. Une idée abfolue eft celle qui peut être confédérée fans aucune relation, comme celle de l’homme en général, au lieu que celle de créature,

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de père, de fils, &c. font des idées relatives. Un Roi exerce le pouvoir abfolu, lorfqu’il gouverne par fa feule volonté, & qu’il n’a pas pour frein la Conftitution de l’Etat. Absolu, en matière de prédeftination, eft oppofé à conditionel. En Mathématiques, un nombre abfolu eft la quantité connue qui occupe le côté d’une équation, &c qui est le rectangle ou le folide dont il faut trouver la racine. En Agronomie, une équation abfolue eft la fomme des équations optiques & excentriques. En Grammaire, l’ablatif abfolu eft une partie de la phrafe qui ne gouverne rien & qui n’eft pas gouvernée, quoiqu’elle foit neceffaire pour l’intelligence du fens. On comprendra mieux la force du mot abfolu par fon origine : le mot latin fignifie ce qui eft délié & féparé ; de-là vient absolution, qui fignifie l’acte de pardonner, de délier, de difpenfer d’une peine ou d’une loi.

ABSOLUTION, f. f.

Outre la fignification commune, qui eft la remiffion des péchés par les Prêtres, ce mot fignifie, dans le Bréviaire, une certaine prière que l’Officiant récite à Matines, & quelques prières qui ne font en ufage que pendant le Carême. On donne le même nom aux cérémonies que l’on fait fur le corps des Princes à leur enterrement, telles que les afperfions d’eau bénite, les encenfemens, &c.

ABSORBENT, f. m.

Certains remèdes qui par leur douceur & leur porofité, émouffent la pointe des humeurs aiguës & piquantes. Tels font la poudre de corne de cerf, de pattes d’écreviffe, de corail, &c. On appelle auffi abforbens, certains vaiffeaux par lefquels fe fait la pénétration des liquides au travers de quelque partie folide.

ABSTERGER, v. ABSTERSIF, adj.

Les Médecins nomment abfterfive une purgation qui nettoie les inteftins, & les Chirurgiens difent, abfterger une plaie, pour dire la nettoyer.

ABSTINENCE, f. f.

En termes Eccléfiaftiques, c’eft la privation de quelque chofe d’agréable, par des vues de religion. En Médecine, c’eft

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l’ufage modéré de quelque liqueur ou de quelque aliment.

ABSTINENS, f. m.

Efpece d’Hérétiques rejettons des Gnoftiques & des Manichéens, qui furent ainfi nommés parce qu’ils renonçoient au mariage & à l’ufage des viandes, qu’ils regardoient comme l’ouvrage du diable.

ABSTRACT, f. m.

Ce mot, qui eft oppofé à Concret, fignifie quelque qualité ou quelque mode qu’on détache de fon fujet par la penfée. Ainfi la figure d’un corps eft un abftract, quand on la confidere en elle-même fans aucune attention au corps ; les nombres, lorfqu’on recherche leurs propriétés, fans application à l’argent, aux hommes, aux marchandises, &c.

ABSTRACTION, f. f.

Eft un mot qui vient de la même fource, & qui s’emploie dans un fens plus étendu pour fignifier l’action de l’efprit qui s’attache fortement à une chofe comme fi elle n’avoir de rapport à rien. De-là vient auffi abfiraii, qui fe dit également des chofes & des perfonnes. Un homme abstrait, eft celui dont l’attention fe fixe fur un objet avec une efpece d’oubli pour tout le refte ; ce qui le rend peu propre au commerce de la fociété. Des matières abftraites font des fujets de méditation qui demandent toute l’attention de l’efprit, parce que les fens n’y ont aucune part.

ABSTRUS, adj.

Difficile, obfcur, qui ne fe comprend point aifément.

ABSURDE, adj.

Contraire au fens commun, directement oppofé à la vérité. Ce terme eft fort en ufage dans les Mathématiques, où la démonftration fe fait quelquefois en montrant l’abfurdité de la proposition contraire à celle qu’on veut établir.

ABSUS, f. m.

Herbe d’Egypte, dont les fleurs font blanches & d’un jaune pâle. Sa hauteur eft d’environ quatre doigts, & fes feuilles reffemblent à celles du triolet.

ABUS, f. m.

C’eft le mauvais emploi d’une bonne chofe, ou un emploi contraire à fon ufage naturel.

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L’appel comme ci abus eft un droit établi en France d’appeller des fentences éccéfiaftiques au tribunal féculier, fous prétexte de l’abus que les Supérieurs Eccléfiaftiques ont pu faire de leur autorité.

ABYSME ; ABIME, f. m.

Profondeur qui ne peut être mefurée. L’Ecriture fainte donne ce nom à l’enfer, à la mer, & au chaos, qui au commencement du monde étoit couvert de ténèbres fur lefquelles l’Efprit faint fe promenoit. En terme de blazon, l’abîme eft le centre de l’écu ; mais c’eft feulement lorfque l’écu eft rempli de plufieurs pièces ou figures qu’on fuppofe en relief, & au milieu defquelles une plus petite eft abimée, comme le bâton alezé de Bourbon. Abîme eft auffi en ufage parmi les Chandeliers, pour fignifier un vaiffeau en forme de prifme renverfé, dans lequel ils fondent leur fuif & trempent leur mêche.

ACABIT, f. m.

Bonne ou mauvaiie nature d’une chofe.

ACACALIS, f. m.

Fruit d’Egypte qui reffemble à la graine du Tamaris ; il croit fur un arbriffeau. Entr’autres propriétés, on lui attribue celle d’éclaircir la vue.

ACACIA, f. m.

Arbre dont on fait de belles allées dans les jardins. Il eft épineux, fa feuille eft menue, & fes fleurs, qui font blanches, rendenc une odeur fort agréable. On diftingue un autre Acacia, de la femence duquel on tire un fuc, qui porte le nom de fuc d’Acacia, & qui entre dans la compofition de la Thériaque.

ACADEMIE, f. f.

Nom du lieu où Platon enfeignoit la Philofophie dans un fauxbourg d’Athènes. On l’a donné depuis à tous les lieux ou les gens de Lettres & les Artiftes s’affemblent pour leurs exercices. Il s’eft formé quantité d’Académies en Europe, furtout en France & en Italie. Celles d’Italie font diftinguées par differens noms.

ACAJOU, f. m.

Arbre de l’Amérique, dont la feuille reffemble à celle du chêne, & l’écorce à celle du chêne. Il devient fi haut & fi gros, que de fon tronc on compofe des ca-

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nots tout d’une pièce, longs de quarante pieds fur cinq ou fix de largeur. Il pourrit difficilement dans l’eau, & jamais les vers ne s’y attachent.

Au milieu de fes fleurs, qui forment de grands bouquets, il porte une efpece de gland dont les perroquets fe nourrirent, & qui donne le goût de l’ail à leur chair. Il y a différentes efpeces d’Acajous, les unes qui portent du fruit, d’autres ftériles.

ACANACE’, adj.

Toute plante épineufe, eft du genre Acanacé.

ACANTHE, f. f.

Plante, à laquelle on donne auffi le nom de Branche urfine. La hauteur de fa tige eft d’environ deux coudées, fa tête fe forme en houpe, & fes feuilles qui font plus larges & plus longues que celles des laitues, diminuent vers fa cime. Elles fervent à divers ufages de la Médecine. En Architecture, on nomme Acanthe, un ornement de la figure de cette plante, qui appartient à l’ordre Corinthien, Un chapiteau taillé a feuilles d Acanthe.

ACAPATLI, f. m.

Plante qui produit le poivre long dans la nouvelle Efpagne. Ses feuilles reuemblent à celles dû poivre blanc, mais font plus longues & plus aiguës ; l’odeur en eft forte, & le goût acre & piquant.

ACCASTILLAGE, f. m.

Terme de Marine, pour fignifier les châteaux qui font fur l’avant ou fur l’arriére des vaiffeaux. On appelle un vaiffeau accaftillé, celui qui a un château fur fon avant & un autre fur fon arrière.

ACCELERATION, f. f. ACCELERER.

Termes de Phyfique qui fignifient des augmentations de viteffe. Ces deux mots ont été reçus dans le langage ordinaire.

ACCENT, f. m.

Un ton, une manière de parler ou de lire, qui eft propre à chaque nation, & même à chaque province du même pays. L’accent Normand, l’accent Provençal. En Rhétorique, l’accent ou le ton fignifie une certaine manière de prononcer, qui donne à l’exprelfion un fens tout oppofé â celui qu’elle préfente ; ainfl la manière dont on prononcera,

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cet homme eft fort favant, fera comprendre qu’il eft d’une ignorance extrême, et formera la figure qui s’appelle ironie. Les Grammairiens emploient des accens dans l’écriture, c’eft-à-dire, de petites marques fur les voyelles, qui fervent à faire connoître leur nature. L’accent aigu fignifie qu’il faut lever la voix, & fe marque ainfi (ʹ). L’accent grave marque qu’il faut bailler la voix, & fa figure eft (ˋ). Le circonflexe les réunit tous deux fous cette forme (ˆ). On l’appelle auffi chevron brifé. L’accent long & le bref, appartiennent proprement à la Poëfie, dans les langues où la diftinction des voyelles longues ou brèves établie pour chaque mot, fert à la mefure des pieds. La marque du premier eft (-), & celle du fecond (˞). L’apoftrophe (‘) eft auffi une efpece d’accent qui marque le retranchement d’une voyelle lorfqu’elle en précède une autre. Ainfi l’on écrit l’oifeau, au lieu de le oifeau, pour fignifier que la voyelle e eft retranchée dans l’article le. Accentuer & accentuation expriment l’emploi des accens.

ACCEPTION & ACCEPTATION, f. f.

Sont deux mots dont le fens eft différent, quoiqu’ils viennent de la même fource. Acception de perfonne, fignifie grâce, faveur, préférence, accordée à quelqu’un fans qu’il l’ait méritée par fes actions. Dieu ne fait point d’acception de perfonne. Acceptation fignifie fimplement l’action de celui qui accepte quelque chofe. L’acceptation d’un préfent.

ACCE’S, f. m.

Liberté ou permiffion d’approcher d’une perfonne ou d’un lieu. Un accès libre. Un accès difficile. Accès fe dit auffi de l’arrivée de quelque maladie fimple ou périodique. Un accès de fièvre, de frénefie, &c.

ACCESSION, f. f.

Ce qui furvient de plus, ce qui augmente quelque chofe. Acceffion de droit. Acceffion de richeffe, d’héritage, &c. Acceffion fe dit auffi fimplement pour arrivée : L’acceffion au trône.

ACCESSIT.

Terme d’Académie & de Collège, pour exprimer ce qui

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approche du premier degré de la ou de la récompenfe. C’eft un mot latin qui fignifie, il s’est approché. On dit de quelqu’un, il a obtenu le premier, le fécond acceffit.

ACCESSOIRE, f. m.

Ce qu’on ajoute ou qu’on joint à quelque chofe, mais qui n’appartient point au fond. On diftingue le principal & l’acceffoire.

ACCIDENT, f. m.

Outre la fignification commune de hazard, ou d’événement fâcheux, ce mot fignifie en Médecine, fymptôme, c’eft-à-dire, ce qui furvient de nouveau à l’état d’un malade. En Philofophie, il fignifie les qualités d’un corps qui ne lui font point effentielles, & qui peuvent changer fucceffivement, telles que la forme, la couleur, la faveur, &c.

ACCLAMATION, f. f.

Témoignage public de joie ou d’applaudiffement, par des cris & d’autres marques.

ACCLAMPER, v. act.

Terme de Marine.

Acclamper un mât, c’eft le fortifier par diverfes pièces de bois.

ACCOINTANCE, f. f.

Mot ancien qui fignifie façon familière, & qui eft encore d’ufage dans le ftile badin.

ACCOLADE, f. f.

Ancien terme de Chevalerie. Le Prince qui créoit des Chevaliers, leur donnoit l’accolade, c’eft-à-dire, qu’en leur mettant le baudrier & la ceinture dorée, il les fcaifoit à la joue gauche, & prononçait cette bénédiction : Au nom du Père, & du Fils, & du faint Efprit. Enfuite il leur donnoit un petit coup du plat de l’épée fur l’épaule.