Aller au contenu

Marmion/Defauconpret, 1830/Chant 4

La bibliothèque libre.
Traduction par Auguste-Jean-Baptiste Defauconpret.
Œuvres de Walter Scott, tome 1Furne, Libraire-éditeurTome I. — Ballades, etc (p. 245-264).


CHANT QUATRIÈME.

Le Camp.

A JAMES SKENE, ESQ.
Ashestiel, Ettrick Forest.


Un ancien ménestrel disait sagement : — Où sont les jours de notre vie qui viennent de s’écouler ? — Ce paysan de la forêt des Ardennes[1] que le plaisant Jacques voyait avec un œil jaloux, ne pourrait pas faire un aussi long commentaire que moi sur ce texte trivial. Voici onze ans que nous sommes amis : notre intimité commença sous les drapeaux où nous portions volontairement les armes : et jamais, depuis lors, aucun nuage ne l’a troublée dans les sentiers variés de la vie que nous avons parcourus. Ces onze années se sont envolées rapidement, et ont été se réunir à la masse des siècles. Elles furent remarquables par les alternatives de la joie et de la douleur : tu as vu les climats lointains, les ruines des anciennes cités et les vicissitudes des empires ; tandis que moi, dans une sphère plus étroite, je me suis contenté d’observer les mœurs et les tommes de ma patrie. Mais, malgré la variété des désirs, des espérances et des craintes qui se sont succédé pour nous, aujourd’hui tous ces jours, toutes ces semaines, tous ces mois ne nous semblent que le souvenir d’un songe, tant le courant de la vie nous entraîne avec vitesse vers la mer immense de l’éternité.

Il me semble même que c’était hier que je commençai ce poëme qui a quelquefois occupé mes loisirs, et que j’ai si souvent négligé quand des soins plus graves venaient m’interrompre. Il me semble que c’est ce même vent de novembre, dont la voix triste inspira mon premier chant, qui soulève encore les feuilles desséchées sur le rivage de l’Yarrow, agite les bouleaux dépouillés de leur verdure, et soupire comme alors entre leurs branches flétries ; les hauteurs de Black-House et la forêt d’Ettriek sont couronnées des vapeurs de l’hiver ; l’orage qui gronde sur la montagne, et l’inondation de la prairie, nous avertissent de fuir des rives de la Tweed les flocons de neige voltigent déjà sur l’aile de l’ouragan. Le berger nous avait paru digne d’envie dans la saison de l’été, alors que nous retracions les paysages de la colline et du vallon, toi avec le pinceau et moi avec la plume. Etendu tout le long du jour au milieu de la bruyère, il suivait d’un œil distrait le vol des nuages, ou s’endormait sur son havresac déchiré. Quelquefois aussi sa main oisive guidait un hameçon dans l’onde rare du ruisseau… Mais la neige qui va tomber pendant la nuit dans la plaine prépare des travaux plus pénibles au berger.

Le soleil s’est couché au milieu d’une vapeur épaisse et rougeâtre, et le laboureur, à peine endormi, entend dans sa chaumière l’orage qui commence à pousser la grêle et la pluie contre les carreaux de sa fenêtre. Le même vent qui force le daim et le renard à se réfugier dans les taillis et sous l’abri des cavernes, appelle le berger à une tâche dangereuse. Il tourne souvent les yeux vers le ciel, et espère en vain que la tempête s’épuisera en pluie bienfaisante. Bientôt l’horizon nébuleux et la terre déjà blanchie par la neige le forcent de se mettre en marche : ses chiens gémissans, et l’œil baissé, quittent à regret le foyer domestique ; le berger siffle et les encourage en repliant son manteau autour de son corps ; il rassemble son troupeau, et le conduit dans les plaines découvertes et sur la pente des montagnes. Là, quoique la tempête soit plus violente, cependant la neige encombre moins les sentiers. Le vent qui souffle sur les rochers convertit les boucles de ses cheveux en glaçons ; il tourne souvent : la tête et aperçoit la clarté de sa lampe qui brille comme une étoile à travers la croisée de sa cabane ; quand il l’a perdue de vue, il se résigne ; et, bravant avec patience les frimas de la nuit, il guide à pas lents son troupeau paresseux. Si son cœur se décourage, si ses membres faiblissent, le froid lui donne la mort : il s’égare, et vient tomber sur le sciait de sa demeure. Le matin luira sur son cadavre glacé et sans vie ; sa veuve entendra, au retour de la pâle aurore, ses enfans orphelins redemander leur père, et trouvera le chien fidèle qui, partageant leur douleur, s’est couché au milieu de la neige sur le sein de son maître, et lèche son visage pour le réveiller.

Qui envie dans cette saison le sort du berger, sa santé robuste, sa paisible chaumière, sa couche de gazon sur la colline, ses chants joyeux sous l’ombrage, adressés aux beaux yeux de sa fraîche Marion sa houlette, sa gourde, son chalumeau et tous les attributs de l’Arcadie ?

Hélas ! cher Skene, notre vie n’est-elle pas également soumise à ces vicissitudes ? Nous voyons souvent notre printemps embelli par les jeux et la gaieté, tandis que l’orage nous prépare ses fureurs pour l’hiver de nos jours. Tel le vieux monarque de Troie avait passé l’été de sa vie dans la paix et la gloire ; mais les feux des Grecs et les alarmes de la guerre affligèrent ses cheveux blancs. Heureux donc, puisque chacun doit avoir sa part de plaisir et de peine, heureux les protégés du ciel, dont la coupe contient le mélange des deux liqueurs ; heureux ceux qui trouvent des consolations dans leurs chagrins, et à qui quelques revers apprennent le prix de la modération dans le bonheur. Telle fut ta destinée, mon ami ; tu te vis condamné à mêler le cyprès à la couronne de myrte, lorsqu’à peine tu venais de former les doux nœuds de l’hymen. Le père de ta fiancée avait souri à l’époux choisi par sa fille ; l’amour fut forcé de prendre des habits de deuil et d’essuyer les larmes de la piété filiale. Hélas ! il avait été aussi bon ami que bon père[2]. A peine Forbes, objet de nos regrets, venait de payer son tribut à l’ombre de son ménestrel ; à peine venait-il de terminer l’histoire de son ami, que le cœur de l’historien lui-même fut glacé par la mort. Où trouverons-nous un cœur aussi noble et aussi bienfaisant ? Ses amis et sa famille ne seront pas les seuls à pleurer sur son urne honorée : tous ceux dont il a séché les larmes en verseront de plus amères en entendant prononcer son nom ; la reconnaissance proclamera enfin des bienfaits ignorés jusqu’ici. Si la charité des mortels osait prendre les titres du Très-Haut, nous graverions sur sa tombe qu’il fut le bouclier de la veuve et l’appui de l’orphelin. Quoique cet hommage de ma muse doive réveiller tes douleurs, elle ne sera pas blâmée de choisir un sujet aussi triste : elle est sacrée pour moi la plume qui traça cette maxime :

N’OUBLIE JAMAIS L’AMI DE TON PÈRE.

Moi aussi je puis dire que j’ai reçu de lui des bienfaits et des conseils généreux ; moi aussi j’ai un tribut à porter sur sa tombe…… C’est peu de chose ; mais c’est tout ce que je possède.

Pour toi, peut-être ces vers te rappelleront nos promenades de l’été, ces jours où, tous deux oisifs, et, je l’avoue, peu jaloux de rien faire, nous errions sur les collines, et passant du grave au doux, et de l’utile à l’agréable, nous tenions des discours aussi variés et aussi peu suivis que les sites qui s’offraient à nous. Souvent aussi nous trouvions du charme à poursuivre silencieusement nos travaux paisibles, toi dessinant les formes fantastiques d’un chêne, et moi lisant avec extase la légende de cet antique chevalier, surnommé Tyran-le-Blanc. A nos pieds, deux écuyers fidèles,. Pandour et Camp, s’observaient d’un œil jaloux, et avaient peine à ne pas renouveler d’anciennes querelles. L’alouette gazouillait du haut de son nuage : le ruisseau murmurait doucement. L’aubépine couronnait nos fronts de ses guirlandes parfumées. Ariel[3] ne vivait pas plus heureux que nous sous son ombrage fleuri.

Il est aussi des nuits charmantes dont le souvenir doit nous être cher. Lorsque l’hiver dépouillait les bosquets de la parure de leurs feuilles, nous écoutions sans inquiétude, comme je fais aujourd’hui, le gémissement de la bise. Auprès d’un bon foyer, autour d’une lampe joyeuse, nous prêtions une oreille attentive aux romances d’une jeune beauté, et nos railleries faisaient rougir celui d’entre nous qui reculait devant la flamme azurée du punch. Nous avions alors des amis qui nous aidaient à rire des menaces de la tempête ; cet aimable voyageur qui respire l’air pur des rives du Devon, et dont nous trouvons l’absence si longue ; le tendre R***, et un autre encore que je ne puis nommer, car la délicate sensitive ne repousse pas avec plus de crainte une indiscrète main, que lui une louange méritée. Une gaieté franche présidait à nos fêtes ; le souci en était exclu, et se dépitait à la porte ; non que quelque grave discours ne vint parfois captiver aussi notre attention, comme, par exemple, sur ce qu’on exige d’un coursier pour être bien fait, sur son jarret, sa croupe ou sa crinière ; car, semblables à ce fou de Tom 1, notre principale affaire était de monter à cheval et de faire la guerre au gibier. Tels étaient nos plaisirs dans cet heureux temps, et quoique l’âge mur nous ait un peu changés, et nous fasse accorder moins d’importance à la chasse et aux ruisseaux, cependant ne perdons pas l’espoir de renouveler ces douces occupations. Cette pensée seule inspire ma muse, et le chevalier Marmion va se mettre en marche.



i.

J’ai dit qu’Eustace entendit avec joie les premiers chants de l’alouette. Réveillé par le coq matinal et les fanfares des cors, les archers de Marmion et ses valets accourent à l’écurie, en sifflant gaiement ; mais bientôt on les entend se plaindre de tous côtés du désordre de leurs équipages. Les uns réclament leurs armes perdues, les autres vont chercher querelle à l’hôtelier. — Par les reliques de saint Becket ! s’écrie l’un, je crois que quelque fourbe d’Écossais m’a volé ma lance ! Le jeune Blount, second écuyer de Marmion, s’étonne de trouver son cheval couvert de fange et de sueur : il menace le palefrenier, qui jure par tous les saints qu’il l’a étrillé la veille avec soin. Pendant que l’écuyer s’impatiente, le vieux Hubert pousse des cris de surprise et de terreur. — Blount ! dit-il, ca- marades ! au secours ! Bevis se meurt sur la litière ; comment annoncer à Marmion la perte du coursier qu’il aime tant ! Ils voient en effet avec douleur le pauvre Bevis haletant et près d’expirer ! Un des vassaux, qui croit avoir deviné le secret de tous ces prodiges, s’écrie tout à coup : — Comment tous ces malheurs ne nous seraient-ils pas arrivés, avec un guide comme ce maudit pèlerin ? il nous eût mieux valu suivre, à travers les broussailles et les marais, la lanterne du moine Rush[4].

ii.

Fitz-Eustace, qui devinait seulement la cause de ce désordre, sans trop la comprendre, imposa silence à ses compagnons, car il connaissait l’humeur bizarre de son maître. Il alla le trouver avant de se mettre en route, et le vit plongé dans une sombre rêverie. Il lui raconta ce qui arrivait, mais simplement comme s’il ne se doutait de rien. Lord Marmion l’écouta avec une froide indifférence, sans témoigner la moindre surprise, comme si on ne lui parlait que d’accidens ordinaires en voyage, et il ordonna aux trompettes de sonner le boute-selle.

iii.

Le jeune Henry Blount paya la dépense de l’auberge, et, en jetant l’argent sur la table, il dit à l’hôte écossais : — Maraud, tu mériterais bien de ne pas toucher un shilling : vois-tu dans quel état se trouve mon cheval ? des Esprits l’ont fait galoper toute la nuit, et l’ont laissé tout couvert d’écume. J’espère qu’une armée anglaise viendra bientôt conjurer tous les diables de l’Écosse, et les forcer à coups d’épée de retourner bien vite dans leur asile de l’enfer. Quant à cette maison, je me souviendrai qu’elle en est pleine ! — Grand merci, répondit l’hôte, qui regardait en souriant l’argent qu’il recevait ; grand merci, messire écuyer, et si vous êtes du nombre de ces Anglais qui doivent venir se livrer aux épées d’Ecosse, je souhaite que celle qui vous percera soit bien aiguisée et vous épargne une longue agonie. Leur entretien en resta là, car Marmion avait déjà fait donner le signal du départ. Le pèlerin continua de leur montrer la route, et ils voyagèrent toute la matinée.

iv.

Ils traversèrent les bois de Humbie et de Saltoun, dont les sentiers leur offraient un doux tapis de gazon. La route était variée : ici la vue pouvait s’étendre sur des vallons et des collines ; là les arbres, se rapprochant de nouveau, entrelaçaient leurs rameaux en voûtes de verdure.

— Ce bois est charmant, dit Fitz-Eustace, et ressemble à ceux où les chevaliers errans rencontraient leurs grandes aventures. Une gente damoiselle, fugitive éperdue, et les cheveux en désordre, venait soudain chercher un refuge à leurs pieds, et le paladin courtois s’empressait d’aller rompre une lance pour elle. Je vois aussi de ces grottes romantiques, éclairées par un demi-jour mystérieux, comme celles où la belle inconnue témoignait sa reconnaissance au brave défenseur que le ciel lui avait envoyé. — Ainsi parlait Eustace, pour distraire lord Marmion, peut-être aussi pour montrer sa science, car Eustace avait feuilleté près de la croisée du château paternel maints gros volumes de romans imprimés par Caxton ou De Worde. Mais en vain attendit-il une réponse ; Marmion gardait un morne silence.

v.

Tout à coup les échos de la forêt et des collines répètent les sons de plusieurs clairons encore éloignés. Les archers saisissent leurs armes, mais ils reconnaissent bientôt que ces fanfares n’annonçaient rien d’hostile. Prudent toutefois comme on doit l’être dans un pays ennemi, Marmion ordonne à sa troupe de gagner un terrain plus découvert. A quelques stades plus loin, les arbres s’écartaient soudain et formaient comme le rempart d’une petite plaine : Marmion fit ranger ses archers en bataille, et vit bientôt sortir du côté opposé un brillant escadron.

vi.

A la tête marchaient les trompettes qui avaient fait naguère retentir toute la forêt. Ils s’avançaient, sur des coursiers fringans, et portaient un manteau écarlate sur leur veste bleue. Chaque clairon était orné d’une bannière avec l’écusson royal d’Ecosse. Les hérauts et les poursuivans, Bute, Islay, Marehmont, Rothsay, venaient ensuite avec leurs cottes d’armes peintes et brillantes d’argent, d’or, d’azur et de gueules ; ils formaient le cortège du roi d’armes. Celui-ci tenait à la main le sceptre héraldique, qui avait souvent éteint les plus violentes querelles de la féodalité.

vii.

C’était un homme d’un âge moyen, d’un aspect noble, grave et sage, comme il convient à l’ambassadeur d’un roi. Mais ses regards exprimaient aussi la finesse, la pénétration, et quelque chose de cet esprit satirique qui frondait les vices du siècle, et commençait à miner l’autorité de Rome. Sa toque de cérémonie était couronnée par une aigrette de héron ; les housses qui couvraient son blanc palefroi pendaient jusqu’à terre ; elles étaient brodées tout autour, et on y admirait les armoiries et devises d’Ecosse : le double trescheur[5], qu’Achaius porta le premier, le chardon, la fleur-de-lis et la noble licorne.

Ces riches armoiries éblouissaient tellement les yeux, qu’on pouvait à peine distinguer le lion blasonné d’où venait le titre du roi d’armes. Une suite convenable à ses fonctions formait son cortège. Ton nom est encore renommé, et tes vers ont encore des charmes, sir David Lindesay du Mont, lord Lion-Roi-d’Armes.

viii.

Marmion mit pied à terre aussitôt qu’il aperçut l’envoyé du roi Jacques ; car le noble baron n’ignorait pas que cette marque de déférence était due à celui que le monarque avait couronné de ses propres mains de l’ancien diadème d’Ecosse, après lui avoir oint le front avec le vin sacré, et avoir confié à son doigt l’anneau emblématique,

Après des félicitations mutuelles, le Roi-Lion exposa son message en ces termes

— Le roi mon maître avait juré de ne plus former d’alliance avec Henry, et de ne plus permettre qu’aucun député d’Angleterre parût à sa cour ; cependant, comme il connaît lord Marmion et qu’il honore sa renommée guerrière, mon souverain aurait cru manquer à la courtoisie s’il avait refusé de le voir. Je suis chargé d’être votre guide et de vous traiter selon votre rang, jusqu’à ce que Sa Majesté désigne le jour où elle daignera admettre en sa présence la fleur de la chevalerie anglaise.

ix.

Quoique contrarié de ce retard, Marmion feignit de s’en consoler. Le pèlerin, son guide mystérieux, voyant qu’il n’était plus nécessaire, voulut vainement prendre congé de lui. L’ordre exprès du roi d’armes était qu’aucun des gens de Marmion ne pût s’écarter. — L’Angleterre, dit tout bas David Lindesay à Marchmont, a bien assez des yeux perfides de Lady Heron pour nous espionner en Ecosse. Mais il donna au chevalier anglais des prétextes spécieux. Les deux troupes réunies suivirent les rives de la Tyne.

x.

Enfin ils arrivent dans ce vallon où le château de Crichtoun s’élève sur les bords de la rivière ; c’était là que le Lion-Roi-d’Armes avait préparé un logement digne de Marmion ; de là vous entendez murmurer les ondes de la Tyne, qui d’abord s’étend en nappe pour former un lac majestueux, et puis, resserrée dans un lit plus étroit, arrose les racines du sureau et du saule pleureur. Le château est l’ouvrage de plusieurs siècles, comme l’atteste son architecture variée ; c’est un vaste et solide monument qui résista aux soldats des Douglas, armés par la haine et la vengeance.

xi.

Crichtoun ! aujourd’hui ta cour fangeuse ne reçoit plus que le bœuf paresseux et les troupeaux bêlans ; mais le ménestrel aima long-temps à visiter tes tours gothiques et ton donjon en ruines. J’ai souvent pris plaisir à deviner le sens mystérieux des devises sur les armoiries et les écussons rouillés, restes d’une ancienne magnificence, qui parent encore tes antiques murailles. Le temps a respecté la galerie où étaient suspendus jadis les portraits des preux ; on admire encore la sculpture de ton superbe escalier, orné de ses rosaces et de ses festons entrelacés. Le portique élégant de ta cour est encore debout, et au-dessus de la corniche les pierres taillées en facettes conservent leurs formes de diamans, mais les troupeaux vont seuls y chercher un’abri contre l’orage. On peut encore descendre en frissonnant dans les sombres caveaux où gémissaient jadis les captifs, privés de la lumière du jour. Mais je préfère suivre, du haut de tes créneaux recouverts de gazon, les détours de la Tyne, qui semble fuir à regret le vallon ravissant où serpentent ses ondes.

xii.

Crichtoun était dans toute sa splendeur quand Marmion y fut reçu ; mais son entrée s’y fit sans éclat, car il n’y avait dans le châteaux que des femmes, des enfans et des vieillards ; les yeux encore humides des larmes qu’elle venait de verser, la noble châtelaine alla d’un air triste à sa rencontre : ce fut son fils, à peine âgé de douze ans, qui tint les rênes de son coursier ; car tous les vassaux en état de porter les armes étaient partis le matin même avec leur seigneur, le comte Adam Hepburn, celui qui périt à la bataille de Flodden, à côté de son souverain : sa veuve désolée montera long-temps sur la tour pour tâcher de reconnaître dans le lointain le panache de son époux ; elle ne doit plus le voir revenir à la tête de sa vaillante troupe. Honneur au comte Hepburn ! ce nom fut glorieux jusqu’à ce que l’odieux Bothwell l’eût porté.

xiii.

Marmion demeura deux jours dans ce château, comblé de tous les honneurs dus aux chevaliers et servi comme l’hôte du roi. Ainsi l’avait ordonné le monarque d’Ecosse, qui passait alors en revue toutes ses troupes dans la plaine de Borough-Moor. Peut-être ce prince ne voulait-il pas qu’un ennemi vît son armée, jusqu’à ce que chaque corps fût en état de marcher contre les forces de l’Angleterre.

Cependant Lindesay parvint plusieurs fois à égayer, par son esprit, l’humeur sombre de Marmion, et il apprit à son tour, à estimer les talens du baron anglais, qui était versé dans tous les arts de la Grèce et de Rome, et dans toutes les sciences de la guerre et de la paix.

xiv.

Ils se promenaient ensemble le soir du second jour sur les remparts du château, et s’entretenaient au clair de la lune sur différens sujets ; le roi d’armes, comme par distraction, dit à Marmion qu’il aurait bien pu se dispenser d’entreprendre son voyage, car un messager du ciel avait déjà parlé au roi Jacques pour le dissuader de faire la guerre. Pressé par les questions de Marmion, Lindesay lui raconta cette histoire, que les vieilles chroniques de l’Ecosse nous ont conservée (1) :

xv.
RÉCIT DE SIR DAVID LINDESAY.

— De tous les beaux palais qui ont été construits par les souverains de l’Ecosse, le plus beau, sans comparaison, c’est celui de Linlithgow. Qu’il est doux, au mois charmant de juin, d’aller y écouter les chants de la linotte et les sifflemens joyeux du merle ? le daim sauvage brame dans le taillis, et la poule d’eau plonge dans l’onde limpide du lac. Le cœur le plus triste y partagerait le bonheur qui réjouit alors toute la nature ; mais de tous les mois de l’année, c’est le mois de juin qui est le plus odieux au roi Jacques. Vous ne devez pas ignorer que ce fut pendant ce mois qu’arriva la défaite de son père (2). Malheur aux traîtres qui armèrent l’héritier du trône contre l’auteur de ses jours ! La conscience lui fait encore sentir le trait douloureux du remords ! Le mois de juin est toujours consacré par le roi à des pratiques aussi austères que celles du carême.

xvi.

Cette année-ci, le roi passait, selon son usage, ce mois fatal à Linlithgow ; l’anniversaire de la mort de son père était arrivé ; les hymnes des morts retentissaient dans le temple ; les cloches faisaient entendre leurs sons lugubres ; l’évêque célébrait la messe ; le monarque, agenouillé dans la chapelle de Sainte-Catherine, revêtu de la haire et de son ceinturon de fer, versait des larmes de douleur ; autour de lui les chevaliers de l’ordre du Chardon étaient placés dans les stalles qui leur sont réservées, avec leurs bannières flottantes. J’étais aussi présent ; et, je l’avouerai, étourdi par le bruit continuel des cloches, j’avais les yeux fixés sur les vitraux que le soleil dorais de ses rayons ; mais bientôt, témoin de ce qui arriva, je crus rêver… Un fantôme en tunique bleue avec une ceinture blanche fend la foule d’un pas grave. Son front était chauve, sa tête découverte ; une blonde chevelure tombait en boucles sur ses épaules… Ne riez pas de ma crédulité, seigneur Marmion ; je vous jure, sur l’honneur, qu’en voyant sa grace paisible, la simple majesté de son visage et sa démarche solennelle, je crus avoir devant les yeux l’image parfaite de cet apôtre qui soutint la Vierge dans son évanouissement, l’image de Jean, le disciple chéri du Christ.

xvii.

Il s’avance jusqu’auprès du roi, s’arrête avec une franchise rustique, ne fait aucun salut au monarque, et, appuyant son bras sur le pupitre, il lui adresse ces paroles d’un ton peu élevé ; mais jamais paroles ne firent comme les siennes frémir tous ceux qui les écoutaient :

— Ma mère céleste, dit-il, m’envoie pour te prévenir de ne point faire la guerre. Un grand malheur t’attend ; mais si tu te refuses à cet avis, défie-toi doublement, roi d’Ecosse, des attraits d’une femme et de ses embûches au milieu des voluptés. Que Dieu daigne veiller sur toi.

— Le monarque surpris semblait chercher une réponse sans pouvoir en trouver une ; et, lorsqu’il releva la tête pour parler, l’envoyé céleste était déjà loin. Le maréchal d’Ecosse et moi nous avions couru pour l’arrêter à la porte : mais il disparut aussi rapide que le vent de l’orage, et comme un rayon du soleil qui tombe sur une vague et s’évanouit aussitôt. —

xviii.

Pendant que Lindesay faisait cet étrange récit, la nuit commençait à être si obscure qu’il ne put voir le trouble de Marmion. Après un moment de silence, le baron anglais répondit :

— Je croyais les lois de la nature si fortes, qu’il me semblait impossible que jamais leur cours pût être interrompu ; et il y a trois jours que j’aurais traité votre histoire de mauvaise plaisanterie ; mais depuis que j’ai passé la Tweed, j’ai des raisons pour tenir moins à mon scepticisme, et je suis devenu un peu plus crédule. Marmion s’arrêta, et parut fâché d’en avoir trop dit ; cependant pressé par cette émotion irrésistible qui nous fait un besoin d’épancher notre aine, alors même que nous ne pouvons révéler nos secrets qu’avec douleur, il raconta au roi d’armes la merveilleuse histoire de l’hôtelier villageois ; mais il ne dit pas un mot du pèlerin, de Constance et de Clara ; il n’attribua qu’à un rêve inquiétant les pensées qui avaient troublé son sommeil à Giffort.

xix.

— Vainement, dit-il, j’essayai de goûter un moment de repos : les mêmes pensées m’assiégeaient sans cesse et portaient dans mon cœur l’agitation d’une fièvre brûlante. Pour échapper à cette espèce de délire, je montai sur mon coursier : la lune brillait ; je me rendis à l’ancien camp des Pictes. J’entrai par la porte du sud, et je sonnai du cor ; il me sembla en entendre un autre qui me répondait ; le son en était si faible, que ce pouvait bien être l’écho lointain du mien.

xx.

— Dans cette idée, je me préparais à revenir sur mes pas ; mais soudain un cavalier m’apparaît dans cette enceinte. J’avais peine à en croire mes yeux ; et je doute encore s’ils ne m’ont pas trompé… J’ai prouvé mon sang-froid, lord Lion, dans maint combat particulier et dans mainte bataille ; oui, j’ose dire que je m’y suis toujours comporté avec le courage qui convient à un noble chevalier ; mais, lorsque cet ennemi inattendu sembla sortir tout à coup des entrailles de la terre, je dois dire la vérité… je frissonnai de terreur ; et, en mettent ma lance en arrêt, mon bras tremblait tellement que je pus à peine me tenir sur la défensive.

xxi.

— Ai-je besoin de vous dire quelle fut l’issue, de notre combat ? nous courûmes l’un sur l’autre… mon cheval s’abattit… que pouvait-il faire contre un champion de l’enfer ?… je roulai sur la lice ; le spectre brandissait son glaive nu sur ma tête. Mais voici le plus extraordinaire : je levai les yeux… la vue des gouffres où rugissent les démons ne m’eût pas épouvanté comme le visage que je reconnus… La lune éclairait des traits qui ne me sont que trop familiers : c’étaient ceux d’un chevalier ennemi qui, exilé depuis long-temps dans des climats lointains, y a perdu la vie. Je ne doutais plus qu’il n’eût péri en effet, lorsque levant sa visière il fixa sur moi les regards effrayans d’un fantôme irrité ; trois fois il tourna contre mon sein son glaive vengeur, mais il le laissa retomber dans le fourreau lorsque, pour la première fois de ma vie, j’implorai l’intercession de saint George ; s’élançant avec légèreté sur un coursier, il sembla disparaître à l’instant même, car la lune fut soudain cachée par un nuage, et les ténèbres de la nuit couvrirent toute la bruyère… Il serait trop long de vous dire comment je connais si bien ce chevalier que la haine a évoqué de son tombeau ; mort ou vivant, il a de puissans motifs pour être mon ennemi. —

xxii.

Sir David du Mont témoigna sa surprise ; mais, très-versé dans l’histoire, il se mit à raconter qu’un semblable événement était arrivé autrefois près de Norham, où un fantôme infernal, sous la forme d’un chevalier écossais, avait vaincu Brian Bulmer, et l’avait presque forcé de désavouer son baptême. — Un autre fantôme de ce genre, ajouta-t-il, se voit dans la clairière de Rothiemurcus ; il est couvert du plaid, de la targe et de la claymore des Highlands ; ses mains sont teintes de sang ; on le rencontre encore sous les pins qui ombragent le sombre Tomantoul, Achnaslaid, Dromouchty et Glenmore[6].

Cependant quoi que racontent les légendes à propos de ces démons guerriers, ennemis véritables ou fantômes des montagnes et des plaines, toujours loyal et toujours brave, un vrai fils de la chevalerie doit regarder ces terreurs nocturnes comme de vaines superstitions. Ces esprits malveillans n’ont guère le pouvoir de nous nuire que lorsque, égarés par nos passions, nous méditons un crime ou nous étouffons un remords.

Lord Marmion détourna la tête ; deux fois il essaya vainement de raffermir l’accent de sa voix… Enfin, pour toute réponse, il pressa la main de sir David, et leur entretien en resta là. Chacun d’eux alla commander à sa troupe d’être prête au retour de l’aurore, pour se rendre au camp du roi d’Ecosse, car tel était l’ordre de la cour.

xxiii.

Ils prirent de bon matin la route de Dun-Edin. Je pourrais décrire toutes les collines et tous les vallons qu’ils parcoururent, tous les ruisseaux qu’ils traversèrent ; ils me sont tous familiers ; mais, pour éviter de longues digressions, je dirai seulement qu’ils se dirigèrent à travers les bruyères de Braid, et que, traversant la vallée de ce nom, ils franchirent la petite rivière qui l’arrose, et s’arrêtèrent sur la colline de Blackford.

xxiv.

O Blackford, j’ai souvent erré aux jours de mon enfance sur ton sommet inculte, cherchant les nids d’oiseaux parmi les buissons et les touffes du genêt. J’aimais aussi à écouter, mollement étendu, le murmure lointain de la ville, et l’harmonie solennelle des cloches de Saint-Giles, que m’apportait une brise légère. Aujourd’hui mes yeux aperçoivent depuis la colline jusqu’à la plaine les épis dorés de la moisson ondoyante ; tout est changé pour moi dans le paysage que je contemple, tout, excepté les rochers, et le ruisseau qui gazouille en fuyant. Hélas ! je crois entendre la voix plaintive de mes premières affections, depuis long-temps éteintes.

xxv.

Ces lieux sont bien plus changés encore depuis le jour où Marmion contempla, du haut de la colline de Blackford, les tentes guerrières qui couvraient la plaine de Borough-Moor. Plus de mille pavillons s’étendaient jusqu’à la ville, et formaient une enceinte irrégulière ; çà et là quelques chênes, derniers restes de l’ancienne forêt, dominaient par leur cime touffue ce rendez-vous de tous les soldats de l’Ecosse ; et, par la teinte de leur feuillage, reposaient l’œil fatigué de la blancheur uniforme du camp.

xxvi.

Depuis la contrée nébuleuse des Hébudes jusqu’aux plaines fertiles de Lodon, depuis la côte rocailleuse de Ross jusqu’aux forêts plus méridionales de Redswire, l’Ecosse avait envoyé tous ses guerriers. Marmion pouvait entendre le bruit sourd de cette multitude, le galop des chevaux et leurs hennissemens qui se mêlaient aux fanfares des clairons. Pendant que les Chefs passaient en revue leurs vassaux armés, il pouvait voir la forêt mobile des lances et les éclairs fréquens que renvoyaient les boucliers sur lesquels les rayons du soleil venaient se réfléchir.

xxvii.

Les légers nuages de fumée qui s’élèvent aux premiers rayons du jour, annoncent que les feux allumés par les sentinelles vont bientôt s’éteindre. Maint chariot de bagage roule pesamment sur la plaine, et les bœufs traînent les équipages bruyans de l’artillerie. On remarque surtout les sept sœurs de Borthwick[7] et les couleuvrines que la France avait données à l’Ecosse, funestes présens qui orneront bientôt le triomphe des vainqueurs de Flodden.

xxviii.

Mille étendards (3) se déployaient dans les airs, différens de forme et de couleurs, verts, cramoisis, rouges ou bleus, avant chacun leur devise, et ombrageant les pavillons de leurs plis déroulés par la brise[8]. Le plus large et le plus élevé était l’étendard royal ; un pin planté dans une pierre massive qui existe encore lui servait de soutien et fléchissait sous le poids de la bannière ; déployée par le vent de l’ouest, elle faisait admirer l’écusson de la couronne, au milieu duquel le lion d’Ecosse rampait sur un champ d’or (4).

xxix.

Marmion contempla ce beau spectacle avec la noble émotion d’un guerrier… Enfin son cœur s’enflamme, ses yeux étincellent comme dans un jour de bataille, plus terribles que ceux du faucon qui se précipite sur sa proie : — Lord Lion, vous avez eu bien raison de me dire, s’écria-t-il, que l’on tenterait vainement de dissuader votre roi de la guerre ; car, par saint George, si je me voyais à la tête de cette armée, aucun pouvoir infernal ou divin ne pourrait me faire penser à la paix jusqu’à ce qu’un glorieux combat eût terni l’éclat resplendissant de ces armes.

Le barde d’Ecosse qui était d’une humeur moins belliqueuse, lui répondit : — Ce spectacle est beau sans doute ; … mais il serait heureux que les princes qui gouvernent un royaume dans la paix et l’opulence, apprissent qu’il est plus digne d’eux de respecter le repos de leurs peuples que de s’exposer à tout perdre en voulant monter trop haut.

xxx.

Marmion ne pouvait abandonner ce site ; jamais plus brillante perspective n’avait charmé ses regards. Quand l’œil était rassasié du spectacle de cette magnificence guerrière et du mouvement de la plaine, il pouvait franchir l’espace et contempler la ville, brillante d’une splendeur un peu rembrunie. Les vapeurs qui voltigeaient sur ses noires tourelles étaient colorées par l’aube matinale, d’une teinte rouge semblable à celle des nuages qui recèlent la foudre. Telle était la sombre majesté dont était revêtue la hauteur où le château se montre avec orgueil ; tel était l’aspect offert par cette pente escarpée, couverte depuis sa cime aérienne de ces édifices massifs, serrés et d’une prodigieuse élévation, qui forment ma ville romantique. Mais, vers le nord, les rayons du soleil versaient une lumière plus pure sur les monts d’Ochill, et chaque sommet dont ils effleuraient la bruyère, brillait comme une améthyste empourprée. Plus loin, on distinguait les rivages de Fife, de Preston ou Berwick-Law, et au milieu coulait le Firth, dont les îles semblaient flotter sur le sein de l’onde comme des émeraudes enchâssées dans l’or. Fitz-Eustace sentit bondir son cœur ; et, comme pour donner un libre essor à son enthousiasme, il enfonça ses éperons dans les flancs de son coursier, et fit une demi-volte en agitant sa bride : — Où est le lâche, s’écria-t-il, qui n’oserait combattre pour une telle patrie ! Lindesay sourit en voyant : ce transport, que Marmion ne chercha pas à réprimer par un regard sévère.

xxxi.

Cependant une musique guerrière vint réveiller soudain les échos de la montagne ; c’étaient les sons réunis du clairon et du cor, du fifre et du tambour, du psaltérion et des cymbales ; en même temps l’airain des cloches invitait les fidèles à prier. Lindesay dit à Marmion : — Cette musique se fait entendre chaque jour, lorsque le roi va assister au saint sacrifice soit à l’église de Sainte-Catherine-de-Sienne, soit à la chapelle de Saint-Roch ; ces concerts belliqueux sont pour vous la voix de la gloire, ils ne me rappellent à moi que les plaisirs moins dangereux de la chasse et les fanfares de nos cors dans les bois de Falkland, alors que chaque cavalier se faisait un point d’honneur d’arriver le premier à la défaite du cerf.

xxxii.

— Je ne puis d’ailleurs m’empêcher de gémir, ajouta-t-il, quand je contemple cette reine du nord sur les collines qui lui servent de trône, l’enceinte royale de son palais, son château inexpugnable, ses vastes édifices et ses temples saints ; je ne puis m’empêcher, dis-je, de gémir en pensant que peut-être la fortune nous prépare des désastres funestes, et que ces mêmes cloches annonceront les funérailles de notre prince valeureux, ou appelleront aux armes les citoyens paisibles… — Mais n’allez pas croire, chevalier, malgré ce sinistre pressentiment, que la conquête de l’Ecosse soit assurée ou facile : non sans doute, non… Dieu est le maître de la victoire, il brise la lance et le bouclier des conquérans ; vous-même, lord Marmion, vous reconnaîtrez, quand vous attaquerez cette armée de sujets fidèles, vous reconnaîtrez qu’elle est assez redoutable pour faire verser bien des larmes aux veuves d’Albion ; jamais guerriers ne furent plus fiers que les nôtres, jamais prince n’égala Jacques en bravoure.

Mais, déjà descendus dans la plaine, Marmion et Lindesay arrivent aux barrières du camp, et y font une halte.

Le ménestrel s’arrête avec eux ; il va monter le ton de sa harpe assez haut pour célébrer dignement le monarque et l’ancienne cour d’Ecosse.


Notes


CHANT IV.

Note 1. — Paragraphe xiv.Apparition de saint Jean.

Cette histoire est rapportée par Piscottie avec une simplicité vraiment caractéristique.

Note 2. — Paragraphe xv.

La révolte qui eut lieu contre Jacques III fut signalée par une circonstance bien cruelle pour lui, la présence de son fils dans l’armée ennemie. Lorsque le roi vit sa propre bannière déployée contre lui-même, et son fils uni avec ses ennemis, il perdit le peu de courage qu’il avait, se sauva du champ de bataille, tomba de son cheval, qui se cabra à la vue d’une cruche d’eau que portait une femme ; et il fut tué, on ne sait pas bien par qui.

Jacques IV, après la bataille, passa à Stirling ; et entendant les moines de la chapelle royale déplorer la mort de son père, leur fondateur, il fut saisi d’un profond remords qu’il manifesta par une austère pénitence.

Note 3. — Paragraphe xxviii.

Voyez dans Patten (de l’Expédition de Sommerset), la description curieuse d’un camp écossais après la bataille de Pinkey.

Note 4. — Paragraphe xxviii.

Selon Bœtius et Buchanan, le double trescheur autour du bouclier, contrefteurdelisé ou lampassé et armé d’azur, fut adopté pour la première fois par Achaius, roi d’Ecosse, contemporain de Charlemagne.

  1. Shakespeare, Comme il vous plaira. — Ed.
  2. Voyez la note sur William Forbes de Pistligo, auteur de la vie de Reattie. — Ed.
  3. L’Ariel de la Tempête de Shakespeare. — Ed.
  4. Feu follet. Voyez la note 2. — Ed.
  5. Espèce d’orle ou filet au bord de l’eau. — Ed.
  6. Voir une note du ch. III au sujet de ce fantôme merveilleux.
  7. C’étaient sept pièces de canon qu’on appelait ainsi ; elles avaient été fondues par un nommé Borthwick.
  8. Chacune de ces enseignes féodales désignait les grades différens de ceux qui avaient le droit d’en porter.