Mathilde, Mémoires d’une jeune femme/Partie IV/17

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Gosselin (Tome VIp. 1-19).
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Quatrième partie


CHAPITRE XVII

RÉVÉLATION.


J’étais là seule… seule avec Emma, attendant son réveil… attendant un moment lucide de son agonie pour interroger son cœur… pour lui révéler un amour qu’elle ressentait et qu’elle ignorait peut-être…

Moi… moi… lui révéler cet amour !

Et cet amour… elle l’éprouvait.

Une fois cette terrible voie ouverte à ma pensée, j’y marchai avec une effrayante rapidité : je ne pouvais concevoir mon aveuglement passé.

Je m’expliquai certaines bizarreries de la conduite et des paroles d’Emma. Mille ressouvenirs me frappèrent alors… ainsi, entre autres, elle éprouvait une émotion pénible en voyant tomber de la neige… et la neige avait failli servir de linceul à M. de Rochegune.

Enfin, dernière preuve, fatale preuve ! depuis quelque temps n’éprouvait-elle pas, à son insu sans doute, un vif sentiment de jalousie contre moi ?

Ce premier mouvement de répulsion que je lui inspirais, auquel Emma cédait d’abord en rougissant, puis qu’elle surmontait ensuite, ne démontrait-il pas la force de son amour ?

Et d’ailleurs cet amour n’était-il pas probable, inévitable ?… cette enfant voyant chaque jour un homme tel que M. de Rochegune, n’entendant que ses louanges pouvait-elle s’empêcher de l’aimer ?

Un moment j’accusai amèrement madame de Richeville d’imprudence… Pauvre malheureuse mère !…

Ensuite ce fut sur M. Lugarto que tomba tout le poids de mon exécration.

Oh ! il se vengeait du mal qu’il m’avait déjà fait… il s’en vengeait d’une manière bien atroce…

Mais comment lui, qui ne voyait jamais Emma, avait-il pénétré un secret que madame de Richeville et moi nous ignorions, un secret que le docteur Gérard soupçonnait seulement ?

La duchesse se croyait sûre de ses gens ; mais M. Lugarto n’avait-il pu en corrompre quelques-uns ? et d’ailleurs comment ses gens mêmes avaient-ils lu dans le cœur d’Emma mieux que sa mère, mieux que moi ?

En y songeant, cela ne se concevait que trop… J’étais constamment préoccupée de mon amour, madame de Richeville portait elle-même un vif intérêt à cet amour ; certaines remarques, certaines évidences avaient dû nous échapper : le soupçon de la passion d’Emma était à mille lieues de notre pensée…

Emma avait-elle donc une confidente parmi les femmes de madame de Richeville ? Cela n’était pas dans son caractère, et ces femmes semblaient toutes dévouées à sa mère. Quant à ce dévouement… l’or est, hélas ! un puissant corrupteur… et M. Lugarto était bien riche.

Ces réflexions paraissent calmes, froides, presque puériles, en présence du coup dont j’étais menacée : mais elles ne m’empêchaient pas d’être en même temps assaillie de terreurs bien déchirantes.

Comme l’œil de Dieu embrasse à la fois toutes choses, j’embrassais en un instant et d’un seul regard tous les mondes de la douleur… tous les espaces du désespoir… depuis les causes les plus formidables jusqu’aux effets les plus infimes.

D’autres fois je ne pouvais pas moralement croire à cet anéantissement foudroyant de mes espérances.

Cela me paraissait surnaturel. C’était le contraire des miracles ; si palpable que fût la réalité… je me refusais d’y croire.

J’opposai à l’évidence des faits, des raisons qui me semblaient aussi puissantes, aussi immuables que les lois de la nature.

— Non… non… me disais-je, Emma ne peut pas aimer M. de Rochegune ; elle ne le peut pas : cet amour causerait ou sa mort ou mon malheur éternel… et je ne veux pas la mort de cette jeune fille, et je ne veux pas être éternellement malheureuse.

Il est impossible que je renonce à mon amour, que je retourne auprès de M. de Lancry ; il est impossible que j’aie touché de si près le bonheur pour le voir ainsi s’abîmer à mes yeux… il est impossible que je me voue à un avenir aussi affreux que serait le mien…

L’accomplissement de ces craintes m’eût semblé un rêve monstrueux. Cette accumulation de malheurs sur une seule créature ne passait-elle pas les bornes du possible ?

Dieu ne pouvait pas vouloir cela : c’était damner trop sûrement et trop facilement une âme… Je me révoltais contre cette implacable persécution de la destinée… Je demandais ce que j’avais fait… moi, pour que le sort me fût si fatal !

Alors je ne sais quelle voix à la fois sévère et paternelle me répondait :

« Et cette enfant, cet ange qui agonise, qu’a-t-elle fait ? et elle meurt… Son âme est si pure, qu’elle ignore même l’amour qu’elle ressent… Elle ne l’a dit à personne… elle a langui… elle a souffert, elle ne s’est jamais plainte, elle ne se plaindra jamais, et elle meurt !…

« Comme les fleurs qui se flétrissent quand le soleil leur manque, et qui ignorent ce que c’est que le soleil… elle a senti l’amour qui ferait sa vie lui manquer… et elle s’est flétrie… Elle n’avait pas besoin… elle… de sophismes, de subtilités, pour justifier son amour… Elle était jeune et libre… Elle a aimé un homme jeune et libre comme elle… Son amour a été selon les lois de Dieu et des hommes… Elle a seize ans, et elle meurt…

« Ferme à jamais les yeux, pauvre enfant ; ton amour virginal sera enseveli avec toi… Ne crains rien… tout le monde l’ignorera comme toi. À voir tes deux petites mains pâles et amaigries croisées sur ton sein, on dirait que ton pudique instinct veut cacher cet amour, comme si on pouvait le deviner à travers la limpidité de ton âme… Dors… dors du sommeil éternel… Pauvre enfant… »

Et alors je me sentais attendrie malgré moi. Je jetais des yeux humides sur la douce et mourante figure d’Emma… La nuit était proche ; son beau visage, blanc comme de l’albâtre, semblait resplendir au milieu des ombres qui envahissaient son alcôve.

Elle sommeillait légèrement : sa pauvre figure, endolorie, abattue, avait en ce moment une magnifique expression de résignation et de souffrance candide…

Ô mon Dieu ! mon Dieu ! m’écriai-je en tombant à genoux, elle est bien affreusement malheureuse ! Mais au moins elle ignore la cause de ses maux ; elle mourrait sans regrets… et moi, je ne vivrais pas dans un désespoir éternel…

Puis songeant à ce que ce vœu avait d’horrible, comprimant mes sanglots, je demandais pardon à Emma.

Dans mon remords d’avoir conçu cette criminelle pensée, je m’exaltais jusqu’à l’héroïsme. J’entendis de nouveau la voix mystérieuse, elle faisait vibrer presque malgré moi les plus généreuses cordes de mon âme.

« Courage… courage… pauvre femme… — me disait-elle — ta croix est lourde ; courage, un pas encore, et tu auras gravi la dernière cime de ton calvaire…

« Alors… de là… du haut de ton renoncement sublime, comme le Christ du haut de sa croix, placée entre les hommes et Dieu, tu contempleras au-dessous de toi cette enfant que tu auras sauvée, sa mère qui te bénira… Quant à l’homme si digne de toi, que tu aimais si dignement… tu diras en cachant tes larmes… s’il savait

« Courage… oh ! il faut une résolution plus qu’humaine pour ceindre ainsi volontairement la couronne saignante d’un martyre ignoré. Mais aussi quel baume épandront sur tes blessures les ineffables, les maternelles consolations de ta conscience !

« Oh ! tu ne sais pas encore, pauvre femme, ce que c’est que d’avoir acquis, à force de sacrifices, le droit de pleurer sur soi !

« Oh ! tu ne sais pas la pieuse douceur de ces larmes saintes et fécondes… Tu ne sais pas avec quel miséricordieux orgueil on les sent couler en sachant que d’autres les verseraient… mais plus âcres, mais plus brûlantes encore…

« Tu ne sais pas les religieuses voluptés de la douleur ! Tu ne sais pas comme on souffre et comme on jouit à la fois, en se disant, le cœur brisé, les yeux noyés de larmes, les lèvres tressaillantes de sanglots : Je suis bien malheureuse, oh ! bien affreusement malheureuse !… mais au moins ils sont heureux… ceux-là pour qui je souffre tant…

« Oh ! oui… sois fière de cet amour, au nom duquel tu vas t’immoler… Sois-en fière… c’est ton premier, ton seul, ton noble amour. Vois les pensées qu’il t’inspire, vois ce que tu ressens, au lieu d’une jalousie grossière comme celle qui autrefois t’animait contre Ursule…

« Qu’éprouves-tu pour Emma ? Les plus hautes, les plus touchantes aspirations… Elle meurt d’amour pour celui que tu chéris… tu vas arracher ce pudique secret à ses lèvres défaillantes… tu renonceras toi-même en sa faveur à ton rêve d’or, à ton ciel.. et tu n’as pour Emma que des larmes de tendresse et de pitié.

« Oui… oui… Mathilde, ton amour est grand, ton amant te le disait… — De cet amour doivent jaillir un jour de magnifiques dévouements, de sublimes exemples.

« Autrefois tu n’as su que passivement souffrir pour une cause indigne… l’heure est venue de souffrir et d’agir pour la plus sainte des causes. Garde ta divine auréole de vertu ; ne déchois ni à tes yeux, ni aux yeux de ceux que tu aimes ; sacrifie-toi pour une enfant innocente et pure, sauve-la de la mort… travaille à son bonheur… Courage… Dieu te voit… Dieu te sourit dans son éternité. »

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Et ainsi qu’on cherche à résister à une fascination coupable, à l’entraînement de honteux conseils, je tâchais de fermer mon cœur aux accents de cette voix généreuse.

J’étais lasse de souffrir.

Pourquoi donner à cette malheureuse enfant une espérance que M. de Rochegune ne réaliserait jamais ? car il m’aimait, moi… il m’aimait éperdument, et mon épouvantable sacrifice serait vain pour le bonheur de cette jeune fille.

Au milieu de ces réflexions si poignantes, Emma fit un léger mouvement, tourna languissamment la tête de mon côté, ouvrit les yeux en soupirant, et me regarda.

Oh ! je le vois encore, ce regard profond, à la fois si doux, si triste, si résigné…

Il me sembla qu’il m’implorait, qu’il me demandait la vie, le bonheur…

Après m’avoir un instant contemplée avec étonnement, elle ferma ses longues paupières ; deux larmes roulèrent sur ses joues, qui se colorèrent un instant d’un rose pâle.

— Emma, qu’avez-vous — lui dis-je doucement — vous pleurez !… souffrez-vous ?

— Oui — me dit-elle d’une voix faible sans ouvrir les yeux — je vous aime… et pourtant votre présence me fait mal… ne m’en voulez pas… il faut avoir pitié des mourants.

— Que dites-vous !… n’ayez pas de pareilles idées, pauvre enfant, vous affligeriez et moi et votre bonne amie.

— Je sais bien que je vais mourir… dans mon rêve, Dieu me l’a dit.

— Quel rêve ?

— Oh ! un rêve étrange — continua-t-elle tenant toujours ses yeux fermés — je n’ose pas vous le dire.

— Emma, je vous en prie…

— Je me sentais mourir ; je sentais en moi comme une grande force qui voulait m’enlever aux cieux… et puis.. il m’a semblé entendre une voix qui disait : Faut-il qu’elle meure, faut-il qu’elle meure ?

— Et à qui parlait cette voix, mon enfant ?

— Oh ! c’est la fièvre… qui me donnait ces idées… Elles sont folles.

— Mais a qui cette voix disait-elle : Faut-il qu’elle meure ?

— Elle le disait… à une femme… à une femme dont je ne voyais pas la figure… — se hâta de dire Emma.

Je compris… la malheureuse enfant me trompait ; c’était moi qu’elle avait vue en songe.

— Et cette femme ? — lui dis-je.

— Elle n’a rien répondu, et la voix a dit : — Emma, il faut mourir !

Puis se reprochant sans doute en elle-même d’avoir été impressionnée contre moi par ce rêve, et revenant à son doux et charmant naturel, elle ouvrit les yeux, et me regarda cette fois avec une expression de tendresse, de repentir, si ingénue, que je ne pus retenir mes larmes.

Elle se pencha vers moi, prit ma main dans les siennes, la porta à ses lèvres, hélas ! froides, bien froides… puis elle la posa sur son sein en me disant :

— Il me semble que la chaleur de votre main va réchauffer mon cœur, qui s’était glacé tout-à-l’heure…

— Emma, vous m’aimez donc bien ?

— Maintenant… oui… après ma seconde mère… je n’aime rien au monde plus que vous…

— Vous n’aimez personne autant que moi… mon enfant ?

— Personne… J’aurais voulu vous ressembler en tout… être vous-même…

— Et pourtant quelquefois… vous me haïssez — dis-je assez vivement.

Elle fit un brusque mouvement, pressa davantage encore ma main sur son cœur, je sentis ses faibles battements s’accélérer un peu.

Emma reprit en souriant douloureusement :

— Voyez quel mal vous me faites en me disant cela.. Je vous assure que je vous aime… Ces mouvements… que je ne pouvais quelquefois réprimer en vous voyant, j’ai découvert ce que c’était… — et elle tâcha de sourire encore…

— Vraiment… Et qu’était-ce ?

— C’était l’instinct de mon cœur qui m’avertissait qu’à mon insu je vous avais causé quelque chagrin… Alors j’osais à peine m’approcher de vous, j’éprouvais comme un remords de ma faute ; mais votre tendre bonté le faisait bien vite évanouir, et je me jetais dans vos bras.

Comment n’aurais-je pas été attendrie en entendant Emma s’efforcer d’interpréter ainsi cette jalousie qu’elle se reprochait, et dont elle ne pouvait s’expliquer la cause ?…

— Vous me croyez, n’est-ce pas ? — ajouta-t-elle… — Je vous jure que je ne vous hais pas… Au moment d’aller devant Dieu, je ne voudrais pas mentir…

— Vous parlez toujours de mourir, mon enfant… Heureusement il n’en est rien… Ne seriez-vous donc pas désolée de quitter ceux qui vous aiment, de quitter la vie ?…

— Oh !… oui, je serais désolée de quitter madame de Richeville, vous ; mais la vie… je ne la regrette pas.

— Et pourquoi cela ?

— Parce que… sans raison… oh ! sans aucune raison, je me sentais chaque jour plus malheureuse… Tout devenait sombre autour de moi… toutes mes pensées se brisaient contre un obstacle invisible.

— Mais avant d’être ainsi malheureuse ?

— Oh ! dit-elle en joignant ses deux mains, et en levant au ciel ses beaux yeux rayonnant d’une sorte d’extase, de ressouvenir — oh ! avant cela il me semblait que je devais vivre toujours, le temps passait comme un songe béni, j’avais les idées les plus riantes… J’étais si heureuse… si heureuse, qu’il me semblait qu’un jour… je retrouverais ma mère… quoique je susse qu’elle était morte…

— Et au couvent, étiez-vous aussi heureuse, chère enfant ?…

— Au couvent, c’était un autre bonheur, c’était l’amitié de mes compagnes, la bonté de madame de Richeville ; ce bonheur-là, ainsi que mes chagrins d’alors, je me l’expliquais… L’autre bonheur… bien plus vif, bien plus grand, je le ressentais sans me l’expliquer… non plus que les chagrins qui l’ont suivi.

— Mais… c’était peut-être la joie d’être sortie du couvent qui vous rendait si contente ?

— Non… j’ai regretté mes compagnes, et, au couvent, je voyais madame de Richeville comme je la vois maintenant.

— Tâchez de vous rappeler à peu près quand a commencé pour vous cette félicité qui a presque changé l’aspect de votre vie… qui a donné un but à votre existence… qui a jeté sur tout, n’est-ce pas ? comme une clarté plus brillante et plus belle.

— Oui… oui… c’est bien cela… que j’ai ressenti…

Après un mouvement d’indécision terrible, j’ajoutai d’une voix tremblante, altérée :

— Ce bonheur… n’a-t-il pas commencé peu de temps après le retour… de M. de Rochegune à Paris, alors que vous le voyiez tous les jours ?

Elle me regarda avec une expression de candeur et de céleste ravissement.

Je sentis son cœur battre plus vite qu’il n’avait encore battu, et elle me dit avec une sorte de joie à la fois étonnée, reconnaissante, et passionnée :

— Oui… oui… c’est vrai… Oh ! mon Dieu !… c’est vrai !

— Et votre malheur ! votre malheur !! n’a-t-il pas commencé peu de temps après mon arrivée… à moi ?

Hélas ! le désespoir donna sans doute à mes paroles, à ma physionomie, un accent de reproche à la fois effrayant et cruel ; car Emma, se levant à demi, se précipita dans mes bras en fondant en larmes, et cacha sa tête dans mon sein en s’écriant d’une voix déchirante :

— Pardon !… pardon !…

Puis, après m’avoir étreinte avec une force convulsive, je la sentis défaillir…

Épouvantée, je la replaçai sur son oreiller et je courus prendre un flacon.

Elle était d’une pâleur mortelle, ses joues livides… ses mains froides comme du marbre.

Les sels que je lui fis respirer ne la ranimèrent pas ; je mis ma main sur son cœur, il ne battait plus.

J’approchai ma joue de ses lèvres entr’ouvertes… je ne sentis pas un souffle…

Je crus l’avoir tuée.

Ce fut un moment horrible ; je tombai à genoux en m’écriant :

— Pardon ! pardon ! mon Dieu ! rappelez-la à la vie ; je fais vœu de me sacrifier pour elle, d’employer tout ce qui me restera de forces à travailler à son bonheur, comme si elle était ma sœur… ma fille… Seigneur, je vous le jure… je me sacrifierai… dût-il m’en coûter la vie ! mais faites que je ne l’aie pas tuée… Mon Dieu !… faites que je ne l’aie pas tuée !…

Après quelques minutes d’effrayantes angoisses pendant lesquelles, penchée sur Emma, j’épiais son moindre souffle, son moindre mouvement, Dieu m’exauça…

Elle soupira légèrement… la circulation du sang, un moment suspendue, reprit son cours. De livides, ses joues redevinrent pâles… Elle vivait… Dieu avait entendu mon serment…

Je devais me dévouer… tout était consommé, tout était fini pour moi… tout…

De ce moment il fallait ensevelir mon amour, mon pauvre et triste amour, au plus profond de mon cœur comme dans un sépulcre… Il me fallait éclairer cette malheureuse enfant, tâcher de la rattacher à la vie par l’espérance…

Je n’en pouvais plus douter, l’infortunée se mourait d’amour et de jalousie.

Mais lui… lui, pour qui elle se mourait… Comment le détacher de moi ?… comment l’intéresser à l’amour d’Emma ? comment le lui faire partager ?

Alors, je l’avoue… la pensée me manquait… il me restait à peine assez de force pour instruire Emma de ce qui pouvait la sauver… Avant tout il fallait la sauver.