Monographie ou Histoire Naturelle du Genre Groseillier/Avant-propos

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AVANT-PROPOS.


Quel est ce fruit qui, depuis quelques années, orne nos marchés publics, décore les tables les plus somptueuses, qu’on présente aux dames, à Londres, à Édimbourg, dans des corbeilles élégantes, soit à l’Opéra, soit dans les promenades publiques ? C’est la modeste groseille. La culture a opéré sa métamorphose, et les fruits les plus petits, les plus négligés parmi ceux qui composaient nos desserts, en sont devenus l’ornement par leur immense diamètre, souvent de plus d’un pouce, et présente pour ainsi dire l’aspect de fruits nouveaux ; ils excitent en effet l’admiration par leurs belles formes, leurs couleurs variées, et l’arbrisseau qui les produit commence à se montrer dans les collections de quelques jardinistes.

Malheureusement, le nombre des personnes qui s’occupent de la culture et du perfectionnement d’un fruit si nécessaire à la santé des hommes, est encore très limité, et ses belles variétés ne sont point encore appréciées en France comme elles le sont dans les îles Britanniques. C’est pour engager les cultivateurs à se livrer à sa culture, aussi utile qu’intéressante, que je me suis décidé à publier ce petit Traité, et à donner les figures de celles des groseilles de nos jardins les plus curieuses par leur volume et leur couleur.

Il contiendra l’histoire naturelle du Groseillier avec autant de détails que les connaissances acquises sur cet arbrisseau le permettront ; sa culture d’après ma propre expérience, la monographie de toutes les variétés connues de ce genre, la nomenclature des ouvrages les plus remarquables dans lesquels on en a décrit ou indiqué un nombre d’espèces plus ou moins considérable, ainsi que l’indication des lieux où on les trouve dans leur état sauvage.

Enfin je traiterai de leurs usages dans l’économie domestique, en donnant les recettes les plus usitées, et d’autres nouvelles qui me sont propres, pour utiliser les fruits de cet arbrisseau.

Tel est le cadre de ce petit ouvrage : je l’offre au public sans aucune prétention ; j’ai voulu y réunir, autant que je l’ai pu, tout ce qui concerne le Groseillier, arbrisseau si intéressant et si négligé jusqu’aujourd’hui. J’ose espérer que le public daignera l’accueillir avec l’indulgence qu’il a eue pour ma Monographie du genre Rosier.