Monographie ou Histoire Naturelle du Genre Groseillier/Chapitre III

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CHAPITRE III.

De la Culture du Groseillier.


INTRODUCTION.

Un savant distingué, connu des horticulteurs par ses recherches sur la Botanique appliquée à l’Agriculture et aux Arts, M. Dutour a dit, en parlant du Groseillier à grappes rouges (R. rubrum) : « Quelque cultivée que soit cette espèce, elle ne l’est pas encore assez en raison des avantages diététiques qu’on peut retirer de ses fruits, soit frais, soit desséchés, soit en confitures, en sirops, etc. »

D’après cette autorité, et celle d’autres naturalistes, on se demande avec étonnement pourquoi un arbrisseau si utile est pour ainsi dire dédaigné dans nos jardins, et abandonné pour sa culture, à l’arbitraire de jardiniers qui l’estiment moins qu’une plante du potager ? En recherchant les causes de cet abandon, nous avons cru les trouver dans les différens ouvrages d’agriculture ou d’horticulture qui ont été publiés jusqu’aujourd’hui, dans lesquels il n’est fait qu’une mention très succincte de notre arbrisseau, avec des instructions bannales sur la manière de le conduire ; instructions que les dernières personnes qui les ont données, ont empruntées, même copiées dans des écrits qui ont précédé leurs ouvrages. C’est ainsi que les principes d’une mauvaise culture se sont perpétués parmi nos jardinistes.

En effet, si l’on s’en rapporte à la plupart des ouvrages d’agriculture, les Groseilliers poussent et donnent leurs fruits partout ; ils ne demandent aucun soin : toutes les expositions leur conviennent ; ils s’accommodent de tous les terrains. Il faut les planter dans les jardins aux lieux abrités, sous les arbres et à des places privées des rayons solaires ou d’autres plantes ne réussiraient pas, ou végéteraient péniblement, etc.

Nous le dirons hautement, et l’expérience le démontre tous les jours, ces théories sont mensongères, et l’arbrisseau placé et dirigé d’après ces principes languit, perd ses feuilles avant la maturité de ses fruits ; ses grappes peu fournies, et ses baies très petites et aigres viennent tromper l’espoir du cultivateur trop confiant, que l’expérience ne corrige pas, et que la routine entraîne toujours. Nous ne voulons parler ici que des Groseilliers cultivés dans nos jardins, car la culture de ceux qu’on traite en grand, aux environs des villes, est mieux entendue, quoique imparfaite encore.

Aujourd’hui que l’art du jardinier est fondé sur le raisonnement et l’expérience, qu’il s’est éclairé des découvertes de nos botanistes sur la physiologie des végétaux, tous ces préjugés ont disparu, et l’on est convaincu que, pour obtenir des arbrisseaux vigoureux et de beaux fruits, il faut donner aux Groseilliers une culture raisonnée et conforme à celle qu’on a, jusqu’à présent, réservée à nos plus beaux arbres à fruit.

C’est pour contribuer à détruire ce qui pourrait rester de vieux préjugés sur la culture de cet arbrisseau et l’art de le conduire que nous avons entrepris ce Traité

Nous dirons ce que nous avons appris et ce que nous avons vu : nous exposerons les résultats de notre culture. Puissent les jardinistes apprendre qu’on peut, en cultivant bien le groseillier, obtenir des résultats tels qu’ils deviendront l’ornement des jardins par leurs beaux fruits, et qu’ils pourront procurer un grand avantage aux propriétaires qui envoient leurs récoltes dans les marchés publics.

On ne cultive généralement dans les jardins que quatre espèces de Groseilliers pour leurs fruits, savoir :

Le Groseillier commun (Ribes rubrum) et ses variétés.

Le Cassis (Ribes nigrum).

Le Groseillier à maquereau (Ribes uva crispa) et ses précieuses variétés.

On ne cultive, pour l’ornement, que le Groseillier des Alpes (Ribes alpinum).

Le Groseillier doré (Ribes aureum).

Le Groseillier à feuilles palmées (Ribes palmatum).

Tous les autres sont de simple curiosité. Les trois derniers servent à orner les massifs ; ils n’exigent pas d’autre culture que celle qu’on donne aux arbustes qui parent cette partie de nos jardins ; c’est pourquoi nous n’en parlerons pas. Nous ne nous occuperons que des trois autres dont les produits doivent former une branche intéressante de l’économie rurale.


TERRE, ENGRAIS, EXPOSITION QUI CONVIENNENT AUX GROSEILLIERS.

Terre.

Quoi qu’en disent les écrivains agronomes, le Groseillier, pour prendre tout l’accroissement dont il est susceptible, donner des fruits sucrés et beaux, exige une bonne terre, bien ameublie et analogue à celle qui lui a été destinée par la nature.

Avant de faire une plantation de Groseilliers, un horticulteur instruit doit savoir dans quels lieux croissent ces plantes, dans quels terrains elles végètent, à quelle sorte de terre enfin la nature les a affectées. Un des grands avantages de la science, est de faire connaître au cultivateur la terre la plus propre à la culture qu’il entreprend : elle lui enseigne à trouver les principes nutritifs, nécessaires à ces arbrisseaux, quand il ne les rencontre pas dans son terrain.

Les sols humides ne conviennent pas au Groseillier, parce que les arbrisseaux s’y couvrent de mousses et de lichens, et que les champignons les font périr.

Les terres blanches et crayeuses ne sont pas fertiles et renferment peu d’humus. Les terrains caillouteux ne sont fertiles que dans les années humides et chaudes en général, mais la bêche y pénètre difficilement.

Les terres argileuses ne lui conviennent pas davantage, il n’y vit pas long-temps.

Mais quelle est donc la terre qui convient à notre arbrisseau ? Étudions la nature, et nous la connaîtrons bientôt. La question sera résolue par la recherche des lieux où il croît, et la terre dans laquelle il végète naturellement.

Le Groseillier croît spontanément partout.

Non seulement la France, l’Angleterre et l’Écosse l’offrent aux regards des naturalistes, mais on le trouve encore dans les pays situés sous les tropiques d’Asie, d’Afrique et d’Amérique ; dans toute l’Europe, au nord et au midi : la Hongrie, la Laponie, la Suède, la Russie, la Sibérie, la Tartarie, et ailleurs. Le capitaine Herbert, lors de son voyage dans l’Hymalia et aux frontières de la Chine[1] fait en 1819, trouva, dans ces contrées, une immense quantité de Groseilliers à fruits rouges. Son expédition avait un but militaire ; on voulait savoir en Angleterre, si les montagnes du Thibet, couvertes, près des tropiques, de neiges éternelles, étaient une barrière destinée par la nature à séparer perpétuellement les empires de l’Asie, ou si une troupe armée pouvait les franchir. Il établit son camp à 5400 mètres au-dessus du niveau de la mer. Là les forêts avaient disparu ; mais les genévriers, les Groseilliers noirs et rouges donnaient encore leurs baies. On remarqua dans cette station une nouvelle variété de groseilles rouges dont les fruits étaient très doux et sans aucune acidité. Le lendemain, les voyageurs atteignirent 4000 mètres. Mais là il n’y avait plus de végétation.

Le capitaine Herbert a encore trouvé d’excellentes groseilles autours d’un village nommé Tachigang, de la domination chinoise, situé sur le penchant de la montagne Pierkyul.

On rencontra moins fréquemment à la vérité le Groseillier dans les vallées des montagnes des pays très chauds. L’Espagne, l’Italie, le Portugal, la Médie et l’Arménie le présentent plus rarement.

Mais dans quels sols les Michaux, les Pallas et les autres intrépides voyageurs les ont-ils donc trouvés ? Dans quelle terre végétaient ces arbrisseaux ? Leurs ouvrages vont nous répondre. C’est dans les vallées des montagnes, les fentes des rochers, la lisière des forêts, les troncs d’arbres abandonnés, le creux des vieux saules, enfin partout où la nature et les diverses révolutions du globe ont accumulé et accumulent encore tous les jours de nombreux dépôts de feuilles, d’immenses débris de végétaux.

Ce qui précède démontre suffisamment, 1°. que notre arbrisseau, pour prospérer, a besoin d’air, de lumière et de chaleur, puisque la nature l’a déposé dans des lieux propres à recevoir leur influence, que, privé de ces trois agens, et placé sous des arbres à l’ombre, il sera toujours faible, et, sinon stérile, au moins pourvu de peu de fruits ; 2°. que, plus la terre à laquelle on confiera le Groseillier aura d’épaisseur, plus on y ajoutera d’humus végétal ou animal, plus elle donnera de chance de succès, parce que les racines pourront s’y enfoncer et y circuler librement.

Le Groseillier demande donc une terre franche, douce, légère et fraîche sans être humide ; lorsque le jardin ne présente pas ces avantages, quand la terre n’est pas convenable à sa plantation, l’horticulteur doit en composer une.

Si l’argile domine dans la terre du jardin, ou si le fond est de terre forte, il devra le préparer par des labours multipliés et l’améliorer par des engrais. Ces terres, en général, conservent peu l’eau des pluies, et, ainsi que nous l’avons dit, le Groseillier a besoin d’une terre fraîche.

Nous n’entreprendrons pas ici de détailler tout ce qu’il convient de considérer lorsqu’on prépare une terre propre à recevoir une plantation de Groseilliers. Les horticulteurs instruits, qui auront étudié la marche de la nature, le comprendront assez. Nous nous contenterons d’exposer dans la suite les travaux que nous avons fait exécuter à cet égard.

Engrais.

Les engrais qu’on emploie, soit pour composer les terres, soit pour rendre au sol sa vertu végétative, et obtenir de meilleurs produits, sont en grand nombre. Nous indiquerons ceux qui, dans notre culture, nous ont conduits à accélérer la végétation et améliorer le produit de nos Groseilliers. Les engrais dont nous avons vu faire usage sont :

Le fumier de cheval, d’âne, de cochon, de bœuf, de vache, de lapin, de pigeon, ou la colombine ;

La poudrette qui provient de substances végétales, animales, ou des excrémens de l’homme ;

L’urate ou l’urine dont l’eau est absorbée avec du plâtre ;

Enfin, en général, le terreau qui est le résultat de la décomposition de toutes les substances animales et végétales.

Les terres légères heureusement combinées n’exigeront qu’une petite quantité de ces substances. Mais celles qui sont infertiles et médiocres seront infailliblement améliorées par un mélange bien entendu de l’un ou de plusieurs de ces engrais.

On a reniarqué que le terreau neuf est celui qu’on emploie le plus avantageusement pour allégir les terres fortes et les rendre plus propres au succès de cette culture.

Ainsi, moitié terre franche, un quart de terreau bien consommé et neuf, un quart de sable de bruyère, formeront un engrais très propre à mélanger avec les terres fortes, et à les alléger de manière a laisser les racines des Groseilliers s’étendre de toute part. Ils se fortifieront du pied et pousseront facilement des tiges de leur racine.

Exposition.

À quelle exposition plantera-t-on ces arbrisseaux ? Les mettra-t-on au nord et dans une position ombragée, ainsi que le conseillent quelques uns ? Nous proscrivons ce procédé comme nuisible aux arbrisseaux et à leur produit. Toute plante ombragée ne pousse pas ou s’étiole ; elle perd ses feuilles, et n’obtient tout au plus qu’une végétation imparfaite. L’exposition à un trop grand soleil ne conviendrait pas au Groseillier ; ainsi placé, il se défeuille promptement, et les fruits se dessèchent souvent au moment de leur maturité. Le nord ne lui convient pas davantage. Ainsi exposé, ses grains coulent souvent, ou les grappes sont maigres et les fruits plus acides.

Il faut, pour éviter ces inconvéuiens, le planter au levant, mais l’éloigner nécessairement des arbres qui l’ombrageraient et le priveraient de lumière, d’air et de la chaleur nécessaire à la maturité du fruit. On croit, parce qu’il ne gèle jamais, devoir le planter aux lieux couverts et abrités, c’est une erreur : par ce procédé on n’obtient que de petits fruits, et une récolte moins abondante.


MULTIPLICATION DU GROSEILLIER.

Le Groseillier se multiplie,

1°. Par les semis ;

2°. Par éclat ou séparation des racines ;

3°. Par marcotte ;

4°. Par bouture ;

5°. Par la greffe.

Nous allons successivement passer en revue ces divers modes.

Semis.

La multiplication du Groseillier par le moyen du semis de ses pépins est, ainsi que le dit Bosc, le seul moyen de conserver à l’espèce la vertu prolifique, et de se procurer des variétés nouvelles. Jamais, en effet, sans le semis nous n’eussions obtenu ces groseilles blanches dont les baies sont si belles et beaucoup plus douces que celles de l’espèce. Les confiseurs, à Paris, n’auraient pas la petite groseille rousse de Croissy, la meilleure pour faire les gelées, parce qu’elle est la plus sucrée de toutes : nous l’avons figurée dans cet ouvrage.

Quelle est encore la cause de cette négligence ? Il faut l’attribuer, nous l’avons déjà dit, aux ouvrages généraux d’agriculture. « On n’emploie jamais celui des semences, disent-ils, parce qu’on jouit plus promptement par le moyen des boutures et des marcottes si faciles à faire. » Mais ce moyen reproduit servilement les mêmes fleurs, les mêmes fruits, et enlève tout espoir d’en obtenir de nouveaux. « Généralement on ne sème pas le Groseillier », dit un auteur justement renommé d’ailleurs par de très bons ouvrages horticulture, « parce qu’il suffit au printemps ou à l’automne de couper une branche, de la planter à quatre ou cinq pouces, même l’extrémité haute de la branche en bas, pour qu’elle donne du fruit dans la même année. »

Il est vrai que dans la période qui suit celle que nous venons de transcrire, il dit : « En semant le Groseillier, à la volée ou en rayons à l’automne, ou aussitôt la maturité dans une terre bien meuble, et de manière à ce que les semences soient très légèrement couvertes de cette terre (deux à trois lignes), on obtient des variétés intéressantes, et toujours plus vigoureuses. »

Tous les principes de la reproduction du Groseillier par les semis se trouvent dans ces lignes. On voit que l’auteur, dans la première période, a voulu nous indiquer l’usage général, et que dans la seconde il nous a exprimé toute sa pensée.

À quoi bon, pourtant, accréditer des théories qui, quoiqu’usitées et bonnes en elles-mêmes, tendent à détourner l’agriculteur du moyen des semis, en lui donnant celui des boutures, comme plus prompt et dans l’intérêt de celui qui plante ?

Mais le moyen des boutures accélère-t-il les jouissances du cultivateur ? Nous allons démontrer qu’il est d’un avantage presque nul, en comparant les résultats des deux procédés, celui du semis et celui de la bouture. Ils nous sont très familiers, nous les employons depuis longtemps.

Au commencement de l’automne de 1820, nous avons semé des pépins du Groseillier dans une terre forte, mélangée de terreau bien consommé. Ce semis a été fait dans des caisses longues de trois pieds sur une largeur de dix-huit pouces, un pied de profondeur, et nous les avons fait placer au pied d’un mur au couchant.

Les graines ont levé la première année, c’est-à-dire au printemps de 1821. Nous les avons entretenues fraîches pendant tout le cours de l’été, et nous les avons éclaircies.

Au printemps de 1822, le plan ayant acquis la hauteur de quatre à cinq pouces, nous l’avons fait lever avec les précautions usitées, et mettre en place à quatre pieds de distance, dans une plate-bande bien amendée.

Au commencement de 1823, le plan avait acquis de la force, le pied principal était vigoureux, et des drageons étaient sortis circulairement de la racine.

L’année suivante, 1824, nous avons obtenu quelques branches latérales, et quelques grappes sur le bois de l’année précédente.

En 1825, nos arbrisseaux étaient pleins de vigueur, couverts de fruits, qui ont fourni amplement à tous les usages domestiques.

Ce ne fut qu’en 1824 que nous fîmes donner un labour à la bêche et couvrir d’engrais les racines : d’ailleurs la plate-bande avait été binée et entretenue propre depuis la plantation.

Ainsi, notre expérience nous a appris qu’on jouit déjà des fruits du Groseillier semé la quatrième année, et qu’il est en plein rapport, branchu et vigoureux, la cinquième.

Examinons maintenant les résultats de la multiplication de notre arbrisseau par bouture.

Une bouture faite dans une terre bien préparée, de manière que les yeux qu’on laissera sortir de terre soient au nombre de deux ou trois, au plus, prendra racine au printemps. De quelque manière qu’elle soit plantée, soit dans sa position naturelle, soit la tête de la branche en terre et le talon en dehors, elle ne donnera pas de fruits la première année de la reprise. C’est une erreur de croire qu’il en peut être autrement. Si cela est, le cas doit être extrêmement rare, nous ne l’avons jamais observé.

La seconde année, la plante prendra de la force ; elle buissonnera en raison de l’étendue et du bon état de ses racines ; elle est en état d’être transplantée. Elle donnera quelques grappes cette année.

La troisième année, si elle est confiée à un terrain bien préparé, elle aura pris de la force, elle poussera des drageons de la racine ; des branches latérales sortiront de la tige principale, et le bois des deux années précédentes donnera des fruits peu abondans à la vérité.

En supposant que dans l’hiver qui suivra cette troisième année on ait labouré, découvert et fumé les racines, exactement biné le terrain, la bouture deviendra au printemps suivant, ou la quatrième année, un buisson parfait et touffu, susceptible de donner beaucoup de grappes.

Cet arbrisseau toutefois ne sera en pleine récolte, c’est-à-dire susceptible de donner au propriétaire six à sept livres de groseilles, que la cinquième année.

On peut, d’après cela, juger quelle différence existe entre le semis et les boutures. Nous l’établirons dans le tableau suivant.


Tableau de comparaison entre la multiplication du Groseillier, par le procédé des semis ou celui des boutures.
SEMIS.
 BOUTURE.
1re Année : Point de fruits. 1re Année : Pas de fruits.
2e Année : idem. 2e Année : Quelques grappes.
3e Année : idem. 3e Année : Plusieurs grappes, mais peu abondantes.
4e Année : Quelques fruits. 4e Année : Buisson parfait susceptible de produire des grappes abondantes.
5e Année : Pleine récolte. 5e Année : Pleine récolte.

À la lecture de ce tableau, ou pourra juger de la différence des produits qu’on obtiendra de ces deux manières de multiplier le Groseillier. On voit que dans la quatrième année la bouture aura produit un buisson parfait, qui donnera d’abondantes grappes, lorsque la semence n’aura produit qu’un buisson et quelques fruits, mais que la cinquième année les deux buissons sont en plein rapport : la différence est trop petite pour que le cultivateur néglige le moyen des semis.

Il y a plus, c’est que la cinquième année, le buisson venu de semis est plus gros et mieux fourni de branches que celui venu de boutures. Nous l’engageons donc à essayer les semis, et à s’écarter de la routine à cet égard. Il aura la chance d’obtenir des baies plus grosses, peut-être la gloire de fournir aux botanistes des espèces nouvelles, enfin de conserver au Groseillier sa vertu germinative.[2]

Cette digression nous a écarté de notre sujet, nous allons le reprendre.

On sème les pépins du Groseillier à l’automne ou au printemps.

Les semis d’automne seront faits aussitôt la cueillette des fruits dans leur plus parfait état de maturité. Pour cela, on les écrasera dans un tamis de toile. Le jus et la pulpe étant ôtés, on les sèmera en rayons dans une plate-bande au couchant, on les couvrira de peu de terre, qu’on unira légèrement avec un petit râteau. On répandra sur le semis un lit de terreau, et on les arrosera.

Les semis du printemps se feront de même, mais il faudra stratifier les pépins.

Ces semis exigent de fréquens binages.

Au printemps, on pourra semer ces pépins à la volée, mais alors les mauvaises herbes seront soigneusement arrachées à la main, et le semis sera arrosé souvent.

Si le cultivateur craint l’attaque des animaux nuisibles, il pourra semer en pots ou en terrines, et mieux encore dans des caisses longues et étroites, et disposées pour l’écoulement facile des eaux pluviales. C’est ce dernier moyen que nous avons toujours employé avec succès ; il faut garnir le fond de la caisse de sable et de cailloux de l’épaisseur d’un pouce.

Les semis bien conduits lèveront l’année suivante, et les jeunes plants pourront être mis en place à la fin de la seconde année.

Éclats ou séparation des racines.

Le Groseillier produisant un très grand nombre de tiges qui partent du collet de sa racine, peut être éclaté en totalité ou en partie.

Si on éclate l’arbrisseau pour en former plusieurs autres, on sera obligé de l’arracher tout entier pour le déchirer. On aura soin que les pieds, souvent très nombreux, que cette opération produira au cultivateur, soient munis d’une portion de racines, et surtout de chevelu.

Si l’on ne veut avoir qu’un ou deux pieds, alors on les éclatera sur l’un des côtés de l’arbrisseau, et sans l’arracher. Cette opération sera faite avec précaution, et de manière à ne pas blesser les racines.

Les pieds ainsi éclatés seront mis immédiatement en place : ils donneront des fruits l’année suivante.

On éclate le Groseillier au printemps et à l’automme : cette dernière saison est préférable.

Si l’on veut faire passer à l’étranger des éclats de Groseilliers, il sera prudent de tremper les racines dans une espèce de boue liquide, composée de terre franche et de bouse de vache bien mélangées. Quand les racines seront bien imprégnées de ce mélange, on laissera sécher les éclats ; avec un emballage solide on pourra expédier les paquets dans les hivers les plus rigoureux, sans craindre la gelée pour les chevelus. Nous en avons envoyé ainsi, à des amis, dans l’Amérique septentrionale et à Saint-Pétersbourg.

Marcottes.

Ce genre de multiplication est celui qu’on emploie le plus généralement dans les pépinières en Angleterre et en Écosse.

Provins, couchage, en termes de jardinage, sont les synonyme de marcotte.

Marcotter, c’est coucher une branche d’un arbre quelconque pour qu’elle prenne racine. C’est un moyen qui accélère la jouissance des amateurs, car une branche de Groseillier, marcottée à l’automne, donne des fleurs au printemps et quelques fruits en été. Tous les arbrisseaux de ce genre, que la Société d’Horticulture de Londres nous a envoyés, étaient des marcottes de l’année précédente, bien enracinées, lesquelles nous ont donné quelques fruits dans l’année même de leur plantation.

On emploie la marcotte simple pour multiplier le Groseillier. Cet arbrisseau drageonnant beaucoup, elle est facile à exécuter. Pour cela, on prend une branche, sur laquelle on enlève toutes les feuilles de la partie destinée à être enterrée, après avoir eu soin de la tordre ; on la couche ensuite avec une main, et on la fixe dans la terre au moyen d’un fort crochet qu’on tient de l’autre main : on recouvre avec de la terre. Cela fait, on redresse la portion de la branche qui est hors de terre avec précaution, et on l’attache à un petit tuteur si cela est nécessaire ; on arrose, et on met de la mousse au pied marcotté pour entretenir l’humidité.

Boutures.

Ainsi que tous les arbres à bois tendre et poreux, le Groseillier se multiplie de bouture[3]. Ce moyen est employé depuis long-temps pour conserver les espèces précieuses ; et, en peu d’années, on peut remplacer ceux des arbrisseaux de la groseilleraie qui deviennent souvent mousseux, donnent peu de fruits dans cet état, et finissent par périr.

Les boutures demandent un terrain frais et amendé. On devra préalablement labourer profondément la plate-bande qu’on leur destine, et en ôter exactement les pierres et les cailloux qui pourraient empêcher les racines de s’étendre. Quelques cultivateurs passent la terre à la claie. Cela fait, on arrachera un talon, ou l’on coupera un tronçon de la tige du Groseillier, de la longueur d’environ six pouces ; on en ôtera toutes les feuilles un peu au-dessus de la base du pétiole, avec des ciseaux, c’est-à-dire qu’il n’y a aucun inconvénient à laisser sur la branche coupée une portion de cet organe. On fera, avec un plantoir, un trou dans la terre, à une profondeur de trois pouces, pour y placer la bouture, en ayant l’attention de ne laisser que deux ou trois yeux sur la partie du tronçon qui se trouvera dehors. On les plantera, en rigole, à un pied de distance, de manière qu’on puisse facilement biner et enlever les mauvaises herbes. On arrosera pour rapprocher la terre des boutures. On couvrira la plate-bande de paille courte de l’épaisseur d’un pouce, et on la tiendra fraiche.

On emploie encore, pour multiplier le Groseillier, la bouture en rameau, indiquée par Thouin comme propre à cet arbrisseau. On choisit une jeune branche ramifiée, on l’enterre à trois pouces dans toute sa longueur, excepté le gros bout qu’on laisse saillir sur la terre. Elle est en usage, suivant le savant professeur, pour le Groseillier et pour beaucoup d’arbres en pleine terre.

Greffe.

Quoique, dans notre opinion, le Groseillier puisse être soumis à beaucoup de genres de greffe, trois principales paraissent particulièrement lui être affectées ; au moins ce sont celles que nous avons vu réussir jusqu’à présent.

La greffe en approche.

La greffe en fente.

La greffe en écusson.

Ces greffes sont peu usitées, à cause de l’extrême facilité avec laquelle le Groseillier se reproduit par les moyens dont nous avons parlé. Cependant elles intéresseront l’horticulteur qui, par des expériences en ce genre, pourra découvrir s’il est possible de fixer ainsi les jeux de la nature, d’améliorer les fruits, de les obtenir plus gros avec plus de saveur, peut-être d’embellir les fleurs du Groseillier, car tel doit être son but principal : ce moyen n’est d’ailleurs, il faut en convenir, d’aucune utilité pour augmenter les profits du cultivateur.

Nous ne connaissons aucun auteur qui, jusqu’à présent, ait conseillé la multiplication des Groseilliers par le procédé de la greffe, sous le rapport des avantages qu’elle peut procurer dans certains cas où il est utile et agréable de l’appliquer. Bosc est le seul qui, en parlant des clôtures composées de ces arbrisseaux dont les pieds meurent ou languissent, dit qu’on peut les remplacer en greffant des pieds voisins par approche.

C’est cette indication du savant professeur qui nous a donné l’idée d’essayer sur ces arbrisseaux les trois espèces de greffes dont nous allons parler.

Toute leur théorie se réduit à ceci :

Ne greffer le Groseillier que sur les individus de son espèce ;

Ne point soumettre à cette opération des individus trop faibles ;

Choisir toujours des branches en rapport pour la grosseur ;

Placer les espèces vigoureuses sur les sujets les plus forts. Plus le sujet qui recevra la greffe sera vigoureux, plus la greffe tardera à montrer des fruits, mais aussi elle en donnera plus long-temps.

Greffe en approche.

Il y a beaucoup de rapport entre une marcotte et la greffe par approche ; l’une est confiée à la terre, l’autre est placée sur un sujet de son espèce. Cette greffe peut se pratiquer en tout temps, pourvu que l’arbrisseau se trouve en sève, qu’elle soit montante ou descendante.

On fera, à chacune des branches qu’on voudra approcher, des plaies d’une longueur analogue à leur grosseur, depuis l’épiderme jusqu’aux couches corticales, et dans leur épaisseur. On joindra ces plaies de manière que les libers soient parfaitement rapprochés ; on fixera ces parties au moyen d’une ligature attachée solidement. L’air, les rayons solaires, même la lumière et l’eau feraient périr ces greffes ; il faudra donc les abriter, soit avec l’onguent de Saint-Fiacre, soit avec de la cire à greffer, soit enfin avec de la filasse, bien préférable au linge que l’hiver fait pourrir.

On ne devra sevrer les greffes de leurs pieds naturels que lorsqu’on sera assuré de leur reprise. À cet égard les apparences sont souvent trompeuses : il est prudent d’attendre deux ans. Au lieu de séparer la greffe dans le moment même, il faut la couper peu à peu.

Cette sorte de greffe est la plus facile de toutes. On la rencontre souvent dans les forêts et les bois touffus, où elle s’opère par le frottement fortuit et continu des branches : c’est pourquoi Thouin l’a nommée greffe Sylvain.

Greffe en fente.

La greffe en fente ou en poupée se fait ordinairement au printemps, moment de l’ascension de la sève du Groseillier. Ce moyen de multiplication peut être exécuté sur une racine comme sur une tige ; comme il est plus facile que le précédent, on peut l’employer fréquemment.

Pour cette greffe on doit couper, à la fin de l’automne, des ramilles ou des jeunes pousses du Groseillier qu’on veut multiplier, munies de deux ou trois yeux ; on les dépose, au nord, dans une terre, où elles attendront le moment de la sève montante de notre arbrisseau. Cette époque arrivée, il s’agira de placer la ramille sur le sujet qu’on aura choisi. Pour cela, on coupera avec un instrument bien tranchant, et horizontalement, la tête de ce dernier, et on fera immédiatement à sa partie supérieure, avec la serpette, une fente longitudinale : on couvre le tout d’un cornet de papier, pour éviter le contact de l’air.

À cette opération doit succéder l’autre. On coupera l’extrémité inférieure de la ramille qu’on aura retirée de terre, et on l’affilera, par le gros bout, en biseau ou en forme de lame, et on lui conservera deux ou trois yeux, après quoi on l’insérera dans la fente à l’aide de la serpette. Si les deux branches sont en rapport de grosseur, et si les écorces sont bien en contact, le succès est infaillible ; ensuite on fera une ligature pour rapprocher les parties et les maintenir jusqu’à ce que, la nature les ayant soudées, la ramille fasse corps avec le sujet.

Si celui-ci est plus gros que la ramille, on peut en insérer deux dans la fente, qu’on enveloppera, quand elle sera liée, d’une lanière de feuilles ou de toile forte, et le tout sera recouvert de cire molle ou de tout autre emplâtre. Les ramilles seront assujetties à une petite branche qu’on fixera au corps du sujet pour éviter l’action du vent : au moyen de toutes ces précautions, la reprise sera assurée.

Ce genre de greffe est très utile aux horticulteurs qui veulent transporter dans leurs jardins les espèces étrangères, dont souvent ils ne peuvent obtenir des possesseurs que de petites ramilles peu propres à faire des boutures, et qu’ils utilisent de cette manière. Dans une campagne que nous possédions à Clignancourt, près Paris, il y a vingt ans, nous avens greffé par ce procédé le ribes alpinum sur un ribes rubrum, et nous avons obtenu un plein succès.

Greffe en ecusson.

C’est au bas des tiges du sujet, et près des racines, que les Groseilliers seront écussonnés. à œil dormant, depuis le commencement d’août jusqu’à la fin de septembre.

Nous invitons à placer les écussons près de terre, pour donner le moyen de drageonner aux rameaux qui proviendront de la greffe. On choisira des yeux bien formés ; on rejettera ceux qui seraient plats et cachés sous le pétiole de la feuille. On pourra placer sur la même tige du sujet deux écussons opposés, qu’on fixera avec la même ligature. En faisant cette opération on ne retranchera aucune de ses branches ; cependant, si quelques unes gênaient, on pourrait les supprimer, seulement au moment où l’on posera les écussons. L’année suivante, les rameaux du sujet qui pousseraient du collet de la racine, au-dessous de la greffe, seront retranchés ; et la troisième année, époque où les greffe seront en pleine végétation, on supprimera le reste des branches de l’arbrisseau greffé.

Quoique la greffe à œil dormant soit celle que les horticulteurs doivent préférer, on peut aussi greffer le Groseillier à œil poussant, et au moment de l’ascension de la sève, c’est-à-dire au mois de juin ; mais alors on retranchera, de suite, toutes les branches du sujet, pour ne laisser que celle qui aura reçu la greffe.

Nous ne nous étendrons pas davantage sur la multiplication de notre arbrisseau par la greffe en écusson ; elle est très connue et usitée dans les jardins ; nous nous contenterons de dire qu’il est de toute nécessité de faire un bassin au pied du sujet, et de l’arroser modérément pendant deux ou trois jours, si le temps est sec.

Nous répétons ici que toutes ces expériences par la greffe ne doivent avoir pour but principal que d’éclaircir plusieurs points de physique végétale. En semant les fruits qu’on aura obtenus ainsi, on saura si véritablement les semences des fruits, récoltées sur un arbre greffé, participent plus du sujet que de la greffe ; si l’on peut ainsi bonifier les produits du Groseillier, obtenir des fruits d’un plus gros volume, et d’une saveur plus agréable encore.

arrosement.

Dans les printemps et les étés pluvieux, le Groseillier pousse vigoureusement. Les grappes sont mieux fournies et les baies plus grosses, pourvu cependant que les pluies ne soient pas extrêmes, car, nous l’avons déjà dit, il ne faut au Groseillier qu’un terrain frais, et la trop grande humidité, comme une sécheresse continue, produit une altération dans la grosseur des fruits et dans leur saveur.

L’horticulteur devra donc faire arroser les Groseilliers de son jardin dans le printemps et les étés secs et arides. Cette opération sera renouvelée tous les trois à quatre jours. Les eaux de pluie, celles auxquelles se trouvent mélangées des matières animales, celles qui ont servi à des bains seront préférées à l’eau trop crue des puits, à moins que celles-ci, déposées dans des bassins, ne soient exposées aux influences de l’air et de la lumière. L’arrosement fait, on déposera au pied de l’arbrisseau un peu de paille courte qui conservera l’humidité.

C’est surtout au moment où les fruits nouent qu’on devra arroser plus abondamment et plus fréquemment.

Au milieu d’octobre, le terrain sera dépouillé à plusieurs pouces de profondeur, les racines seront déchaussées, et toute la terre provenant de ce pelage sera réunie en petites buttes au pied des arbrisseaux. On sait qu’ils bravent les plus grands froids, et qu’il n’y a aucun inconvénient à laisser les racines et leur chevelu découverts pendant la saison rigoureuse. C’est là ce que les cultivateurs appellent le labour d’hiver. C’est à ce moment qu’il sera nécessaire d’enlever sur les branches des arbrisseaux les mousses et les lichens qui vivent à ses dépens, ainsi que les champignons subéreux (Fig. 1, Z), qui s’emparent des jeunes pousses au collet de la racine, et tuent le Groseillier.

Au printemps suivant, avant les premières gelées de cette saison, on couvrira les racines avec la terre environnante, qu’on remplacera par celle des buttes. Par ce procédé, les racines seront couvertes de nouvelle terre très meuble. Quelques horticulteurs y ajoutent encore de la terre mélangée de terreau dont ils couvrent les racines, avant d’y répandre la terre qui les entoure. On sent que ce moyen n’est applicable qu’aux arbrisseaux cultivés dans les jardins, et qu’il serait impraticable dans une grande culture.

À quelque époque qu’on juge nécessaire de labourer les plants des Groseilliers, le jardinier aura grand soin de ne le faire qu’au printemps, avant les premières gelées et lorsque les pluies sont moins abondantes et plus rares, et de ne jamais labourer au moment de la floraison.

Dans les climats chauds et les terres légères, il ne faut pas labourer l’été, parce qu’alors il se fait une évaporation abondante d’humidité, et qu’on enlève ainsi au Groseillier tout l’avantage qu’il obtient d’un terrain frais.

Dans les jardins composés de terres fortes il faudra souvent répéter le labourage au premier printemps, pour rendre de nouveau meuble la terre que les pluies auront plombée, ou que le hâle ou le soleil auront desséchée.

Mais, dans tous les cas, il sera nécessaire de biner souvent, et ne souffrir aucune herbe parasite jusqu’après la récolte des fruits.

taille.

Dans la plupart des jardins on ne taille pas le Groseillier, ou bien on le coupe au ciseau pour l’arrondir en boule.

Ne pas tailler, c’est abandonner l’arbrisseau à lui-même, et dans ce cas il peut donner beaucoup de grappes, mais les fruits seront petits et dédaignés.

Tailler au ciseau, pour l’arrondir, sans s’inquiéter des rameaux qui doivent donner le fruit, les abattre ou les laisser indifféremment, c’est agir contre les règles de la physiologie végétale. Un tel arbrisseau sera muni de beaucoup de feuilles et de peu de grappes, ou d’un grand nombre de fruits et de très peu de feuilles, selon que le hasard qui a dirigé le ciseau de celui qui opère. Il lui suffira, pour l’ornement de son jardin, d’avoir formé une boule bien régulière, tandis qu’il serait parvenu au même résultat, et à obtenir beaucoup de fruit en se servant de la serpette, et en combinant sa taille d’après l’organisation naturelle du Groseillier.

Pour bien tailler le Groseillier, il faut connaître sa nature (modus crescendi). Cet arbrisseau croît toujours en buisson. C’est artificiellement et pour orner les parterres qu’on l’élève en quenouille, ou sur des tiges plus ou moins hautes, qu’on le cultive en boules, en vases, etc. Pour peu qu’on l’oublie dans ces différens états, il buissonnera, et du collet de ses racines sortiront de nouvelles branches. C’est le cas de lui appliquer ce que dit La Fontaine :

« Chassez le naturel, il revient au galop. »

En faisant croître chaque année de nouvelles tiges, la nature indique au jardinier qu’elles sont destinées à remplacer les anciennes, et semble lui dire : les vieilles branches grossiront, et dans peu d’années, ou elles périront, ou elles deviendront infertiles, il faut donc les retrancher et les remplacer par de nouvelles.

En second lieu, le jardinier doit observer que le bois de quatre ans ne produit rien ou presque rien ; que celui de trois ans donne des fruits ; que c’est sur les jeunes branches de la seconde année que le Groseillier les présente en plus grande abondance, et plus gros ; d’où il doit naturellement conclure que tout le bois qui a plus de trois ans doit être supprimé.[4]

Cette théorie constitue donc tous les principes de la taille, et c’est la nature elle-même qui les a indiqués.

Au commencement de l’hiver on visitera tous les Groseilliers, on retranchera le bois mort. Ensuite, si le jardinier sait son arbre par cœur, comme le dit Rosier, il reconnaîtra facilement les branches âgées de plus de trois ans, et les supprimera, soit rez-terre, soit à quelques pouces de la souche, s’il ne peut faire autrement. Il les distinguera d’autant mieux que celles-là sont assez généralement couvertes de mousses et de lichens. Il les remplacera par les tiges nouvelles, et ne conservera, de celles sorties du collet de la racine, que les branches qui lui seront nécessaires pour donner à son arbrisseau une forme évasée, qui seule convient à l’épanouissement des fleurs, à la beauté et à la maturité des fruits.

On aura soin d’arrêter les branches que s’élèvent au-dessus des autres, ainsi que celles qui s’écartent du centre. Cela fait, il ne restera plus sur le buisson que des branches de trois ou de deux ans, plus celles sorties, soit de la tige, soit des rameaux qui n’auront pas produit l’année précédente, mais qui, dans celle qui doit suivre la taille, sont destinées à donner du fruit.

Si, dans cet état, le Groseillier est abandonné à lui-même, il donnera une grande quantité de grappes.

Si l’horticulteur tient plus à la qualité qu’à la quantité, il fera abattre les branches nouvelles. Pour obtenir de beaux fruits, on devra tailler à deux ou trois jeux au plus, mais on peut laisser les branches un peu plus longues si cela est nécessaire pour donner une belle forme à l’arbrisseau. Dans les jardins, et même dans la grande culture, on lui laisse prendre de la hauteur ; mais les bons cultivateurs le tiennent bas. On a reconnu que les fruits sont plus beaux et plus abondans sur les arbrisseaux maintenus à deux pieds ou environ de hauteur. Par tout ce que nous avons dit, on doit voir que si la taille est bien calculée, il restera sur l’arbrisseau des branches de trois, de deux, et d’un an, toutes destinées à porter fruit l’année suivante.

Ici nous ferons observer que quelques jardiniers ne retranchent que le bois de la cinquième année, en laissant celui de la quatrième. Cette méthode est vicieuse, en ce qu’elle tend à affaiblir l’arbrisseau, et que le peu de fruits qu’on obtient de ces branches nuit à la beauté de ceux qu’on attend du reste des rameaux du Groseillier.

Les branches nouvelles du Cassis se taillent un peu plus long que celles du Groseillier commun.

Telle est toute la théorie de la taille du Groseillier ; nous croyons l’avoir expliquée assez clairement pour la mettre à portée de ceux qui l’ignorent.

Il nous reste à parler des Groseilliers communs, qui servent à la décoration des parterres. Ceux-ci sont dressés sur une seule branche qui part du pied, qu’on taille long et qu’on allonge tous les ans jusqu’à une hauteur déterminée ; alors on s’applique à lui former une tête, en supprimant tous les bourgeons qui se montrent, soit au collet de la racine, soit sur la branche allongée dont on veut former une tige. Quand la tête sera formée, on la tiendra en boule et on lui procurera ainsi l’air et la lumière nécessaires pour faire allonger les grappes, grossir les fruits, et leur donner plus de saveur.

On les dispose encore en pyramide et de toute autre façon, selon le goût de l’horticulteur. Cette manière de conduire l’arbrisseau donne des facilités pour l’empailler, et conserver les fruits jusqu’au mois de novembre.

Le Cassis se conduit comme le Groseillier commun ; il faut le tenir bas comme ce dernier, et lui donner les mêmes soins. On ne s’en sert jamais pour l’ornement des parterres, parce qu’il serait très difficile de le tenir sur un brin et d’en faire une tête : l’odeur équivoque qu’il répand d’ailleurs de toutes ses parties l’a fait reléguer dans les coins du jardin.

CULTURE EN GRAND.

Aux environs de Paris, et principalement dans les communes de Puteaux, de Saint-Germain-en-Laye, de Montreuil, de Bagnolet, Belleville, Menil-Montant, Clamart-sous-Meudon, etc., etc., et encore ailleurs, dans les environs des grandes villes de la France, on cultive en grand notre arbrisseau comme un objet de commerce. Nous avons visité cette culture avec soin, et nous avons en général remarqué,

1°. Que les cultivateurs le placent trop à l’ombre des grands arbres ;

2°. Que toutes ou presque toutes les grappes coulent sur les plants exposés au nord ;

3°. Qu’on le tient trop élevé, et qu’à la taille on ne le rabat pas assez ; d’où il résulte que les fruits sont petits : nous avons vu des buissons élevés de près de cinq pieds ;

4°. Qu’on ne supprime qu’une partie du vieux bois, et que souvent on trouve des branches âgées de cinq ou six ans et plus, qui sont absolument infertiles.

5°. Nous avons remarqué encore que les binages, si avantageux à cette culture, sont généralement négligés ;

6°. Et enfin, nous avons été amenés à penser que si les cultivateurs conduisaient le Groseillier suivant les principes que nous avons exposés, les grappes seraient plus longues et plus nombreuses, les fruits plus gros, et les profits plus grands.

Toutes ces considérations nous ont engagé à faire une culture expérimentale du Groseillier, et à joindre la pratique à toutes les théories.

Pour y parvenir, à l’automne de 1808 nous avons fait piquer au plantoir une grande quantité de boutures de Groseillier commun.

Dans l’hiver de la même année, nous avons fait labourer profondément, et engraisser avec du fumier de cheval, d’âne et de lapin, un arpent de terre de grande mesure, c’est-à-dire cent perches, celles-ci de vingt pieds. Les pierres ont été soigneusement enlevées. Cet arpent de terre était situé à l’exposition du levant, éloigné de tous arbres qui pouvaient porter ombré et nuire à nos projets.

Au mois de novembre 1809, nos boutures, qui alors étaient âgées de treize mois, et bien enracinées, ont été plantées en rigole, à la distance de quatre pieds, ce qui en a employé cinq cents. Pendant toute cette année la terre a été soigneusement sarclée et entretenue propre ; nos boutures n’ont rien produit.

En 1810, seconde année de la plantation, nous avons obtenu quelques grappes qui ont servi aux usages économiques de la maison. Des branches étaient sorties des collets des racines, nous les avons fait tailler à trois ou quatre yeux.

En 1811, troisième année, nos arbrisseaux étaient vigoureux ; les branches sorties du collet, comme celles sorties des rameaux, étaient très allongées. Nous avons obtenu quarante — cinq paniers contenant chacun onze à douze livres de groseilles, que nous avons fait vendre, savoir : les premières cueillies, à raison de dix-sept à dix-huit sous le panier, et les dernières vingt-cinq sous ; prix moyen, à peu près vingt sous.

À l’automne, nous avons ordonné un simple labour à la bêche, mais sans découvrir les racines, et, dans l’hiver, les Groseilliers ont été taillés à deux et trois yeux au plus, suivant la circonstance ; les drageons mutiles ont été arrachés, les gourmands ont été supprimés, et nous avons fait évaser l’arbrisseau autant qu’il nous a été possible.

C’est dans cette année que nous fîmes donner à nos arbrisseaux la culture ordinaire, telle que nous l’avons indiquée. Après les vendanges, le terrain fut entièrement pelé à trois ou quatre pouces, les racines furent découvertes et recouvertes, ainsi que nous l’avons dit, avec la terre environnante, etc.

Ici nous ferons observer que quelques cultivateurs, avant de la porter la terre meuble sur les racines, y font répandre du terreau, croyant activer la végétation et augmenter le produit ; mais c’est une erreur qu’il importe de détruire. À la vérité, le terreau fait sortir des branches beaucoup de chevelu, mais les vides qu’il laisse toujours entre les racines fait naître, dans les sécheresses, une sorte de végétation blanche, semblable à du blanc de champignon, qui, lorsque la terre devient humide, occasionne des chancres qui font périr l’arbrisseau. La terre qui l’environne lui suffit.

La cinquième année, en 1815, même succès, et peut-être plus complet, parce que, outre les fruits qui furent employés aux besoins du ménage, nous eûmes encore deux cent cinquante paniers de groseilles semblables aux autres. Mais nous avons obtenu un autre avantage sur lequel nous ne comptions pas : c’est que des confiseurs de Paris, frappés de la beauté et du peu d’acidité de nos fruits, vinrent traiter de la récolte, en se chargeant de l’enlever. Nous fumes ainsi affranchis des frais de transport, et des soins de la vente dans un marché public.

Les événemens politiques de l’année suivante, 1814, nous forcèrent d’abandonner cette culture.

Le Cassis, ou le Groseillier noir, se cultive par les mêmes procédés, et il n’est pas rare de voir la récolte d’un arpent de ses fruits rapporter trois cents francs au cultivateur. Les grappes sont moins fournies, à la vérité, mais elles sont recherchées pour certains usages auxquels on n’emploie pas la groseille, et leur prix est plus élevé.

Pour obtenir des fruits du Groseillier épineux, tels que ceux qu’on apporte dans les marchés au mois de mai de chaque année, qu’on vend aux enfans, avant leur maturité, dans les places publiques, et aux cuisinières, à défaut de verjus, assurément il suffira de suivre les principes de culture que nous donnent encore les auteurs des ouvrages d’horticulture. Il suffira de les placer dans des lieux ombragés, dans des terrains secs et pierreux, de les moins tailler que les autres, etc.

Telle est, en effet, la manière de conduire en grand le Groseillier épineux dans les terroirs de Belleville, des Prés-Saint-Gervais, de Bagnolet, et dans beaucoup d’autres lieux qui environnent les grandes villes.

Toutefois, à ne considérer cet arbrisseau que comme un objet de produit, et eu égard à la destination que le peuple, en France, donne à son fruit, cette culture en elle même doit paraître suffisante ; et même, puisqu’il s’agit uniquement d’obtenir beaucoup de fruits, les cultivateurs, en ne le taillant pas, mais en se contentant d’ôter les bois morts, auraient encore des récoltes plus abondantes.

On doit sentir que la partie sucrée n’existant qu’en très petite quantité par le défaut de l’influence des rayons solaires, il n’existe que le ligneux des grains, plus nuisible qu’utile à la santé, et de l’eau acidulée.[5]

Mais si nous voulons obtenir ces belles variétés qui, en Angleterre et en Écosse, ornent la table des grands, qu’on présente aux dames, à Londres et à Édimbourg, dans les spectacles ou dans les promenades publiques ; dont on fabrique des vins, des eaux-de-vie, des liqueurs, des vinaigres, qui produisent chaque année au commerce anglais des sommes considérables, assurément le Groseillier épineux demandera une tout autre culture : ce peuple est aussi fier de ses groseilles que nous le sommes de nos raisins, et on doit dire qu’avec ce fruit il est parvenu à imiter nos vins, et surtout celui de Champagne.

Le Groseillier épineux est naturel aux montagnes de l’Écosse ; mais est-il originaire de ces contrées ? Nos voyageurs en ont trouvé plusieurs espèces dans des pays très éloignés : Pallas dans la Sibérie, Michaux au Canada ; on le trouve dans les vallées de toutes les montagnes de l’Europe, etc. Quoi qu’il en soit, il est vrai de dire que ces arbrisseaux sont plus communs dans l’Écosse et dans l’Angleterre que partout ailleurs, mais que les fruits ne sont pas beaucoup plus gros que ceux que donnent nos arbrisseaux en France, soit qu’ils aient été produits par des individus sauvages, soit qu’ils aient été l’objet d’une culture particulière faite à l’instar de celle que lui donnent nos cultivateurs.

Bauhin, dans son Historia generalis Plantarum, s’exprime ainsi, vol. Il, à l’égard de la variété rouge du Ribes uva crispa, qu’il appelle monocarpa. (Nous traduisons littéralement ce passage.)

« Charles De Tassis envoya à Clusius, en 1598, une espèce de Groseillier, qu’il avait reçu d’Angleterre, et que l’on avait désignée sous le nom de Ribes uva crispa fructu rubro. Cependant il apprit par une lettre de Londres, que lui adressa Jean Garet, que le fruit de ce Groseillier était semblable à celui du Groseillier ordinaire, mais un peu plus gros, et que la différence consistait en ce qu’il ne poussait point en grappes sur une seule tige, mais isolé comme ceux de l’uva crispa. »

Il est clair que du temps de Clusius et de Jean Bauhin, les fruits du Groseillier à maquereau, en Angleterre, n’étaient pas plus gros que les nôtres en France.

Mais ce fait se trouva confirmé par une Anglaise elle-même. Élisabeth Blackelle, dans son Curions Herhal, l’un des plus grands ouvrages d’histoire naturelle qu’ait produits l’Angleterre, donne (Fig. 277, pag. 276) la figure d’une branche de l’arbrisseau, avec sa fleur et un fruit séparé, de grandeur naturelle, telle qu’on les récoltait alors. On voit que ce fruit n’a guère plus de volume qu’une noisette ordinaire. Nous devons dire que l’ouvrage de cette intéressante dame parut en 1737.

C’est donc postérieurement à cette année que les horticulteurs anglais se livrèrent à une culture plus soignée de cet arbrisseau, et qu’ils ont créé, pour ainsi dire, ce nouveau genre d’industrie. Assurément si cette dame eût connu les belles variétés qu’on cultive maintenant en Angleterre avec tant de succès, elle n’eût pas manqué d’en ajouter une à son dessin.

De tout ceci, il faut conclure que les semis seuls ont pu donner les magnifiques groseilles si répandues aujourd’hui dans les îles Britanniques, et que l’opinion qu’on s’est faite, en France, que les gros fruits qu’on admire à Londres, et qu’on prendrait pour du fruit nouveau, viennent sans une culture très soignée, est absolument fausse ; enfin que ce n’est qu’avec beaucoup de peines et de soins que nos raisins sont parvenus à de si beaux résultats.

Champignons, lichens, mousses qui épuisent ou font périr le Groseillier.

Parmi les causes qui contribuent à faire périr le Groseillier rouge, il faut compter deux bolets coriaces et subéreux, qui se développent au collet de sa racine, enveloppent ses jeunes pousses sur lesquelles ils se moulent aux dépens de l’arbrisseau.

Le premier est le Boletus corticularis, coriaceo-suberosus, sessilis, dimidiatus, è fulvo fucescens ; carne tenuissimâ ; tubis longiusculis. Bulliard, pag. 550, Planche 462. Ce Bolet est vivace, ordinairement solitaire. Dans sa jeunesse, il est d’un jaune roux, et sa surface supérieur est tomenteuse et douce au toucher. Dans un âge avancé, il est d’une couleur bistrée plus ou moins foncée. Dans sa vieillesse, il est d’un brun noirâtre, et sa surface est comme cardée et égratignée par des zones. Quel que soit son âge et son développement, ses tubes sont de la même couleur que le dessus de son chapeau. Bull. l. c.

Le second est le Boletus igniarius (l’amadouvier), qui, lorsqu’il vient au rez de terre, s’attache à différens arbrisseaux dont le bois est tendre, tels que le Groseillier, le rosier et le lilas ; il a sa chair subéreuse et jaune, ses tubes extrêmement étroits, réguliers, et jamais séparés par des crevasses. Voici comment Bulliard le décrit, pag. 361, et Fig. 454 et 82.

Boletus coriaceus, sessilis, dimidiatus ; carne ferruginea è suberoso sub-lignea ; tubis brevissimis æqualibus.

Ce Bolet, dit l’auteur, se trouve sur beaucoup d’arbres et d’arbrisseaux. Il persiste un grand nombre d’années, et varie extraordinairement dans sa forme, ses couleurs et sa dimension. Lorsqu’il vient sur quelques arbres et arbustes dont le bois est tendre, tel que le Groseillier, il est d’une couleur fauve, et sa chair reste subéreuse quel que soit son âge, et il y a certains arbustes sur lesquels il acquiert la dureté du buis… Ses tubes forment chaque année une nouvelle couche, etc. Bull., pag. 362.

Ces champignons font le plus grand tort aux Groseilliers, surtout l’amadouvier dont l’existence se prolonge un si grand nombre d’années, qu’on n’en connaît pas encore le tenue[6]. Dans celui-ci, comme dans le premier, l’accroissement se fait par intussusception, c’est-à-dire qu’au moyen de leurs racines ou des organes qui en remplissent les fonctions, ils tirent des corps sur lesquels ils ont pris naissance la sève de l’arbrisseau en même temps qu’ils accroissent en longueur et en largeur ; le Groseillier, privé des sucs nutritifs qu’ils absorbent, périt promptement. Il n’est pas rare d’en trouver de quatre à cinq pouces de diamètre au pied des arbrisseaux cultivés dans la campagne.

Les lichens et les mousses absorbent une partie de la sève du Groseillier, et nuisent à sa végétation.

Le bissus botryoïdes verdit le pied du Groseillier.

Insectes qui vivent sur les Groseilliers.

On trouve sur le Groseillier à grappes, Ribes rubrum :

Papilio C. album, Linné, p. 2314. Fabricius, 2, p. 50, n. 494. Geoffroi, 2, p. 38, n. 5. Réaumur, 1, Tab. 27, fig. 9, 10.

Phalœna purpurea, Linné, p. 2432. Fabricius, 2, p. 127, n. 162. Geoffroi, 2, p. 105, n. 6.

Phalœna prunata, Linné, p. 2476. Fabricius, 2, p. 201, n. 142.

Thenthredo caprœ, Linné, p. 2663. Fabricius, 1, p. 255, n. 42. Geoffroi, 2, p. 281. Réaumur, I, Tab. 1, fig. 1-8, et tom. v, Tab. 11, fig. 10. …rihein rubrum et grossulariam, larva quotannis destruens.

Aphis ribis, Linné, p. 2201. Fabricius, 2, p. 315, n. 7. Réaumur, III, Tab. 22, fig. 7, 10. …in foliis monstrosis pustulatis frequens.

On trouve sur le Groseillier épineux, Ribes uva crispa :

Tenthredo ribis, Linné, p. 2664. In superiori Austria : hujus, et ribis rubri, folia ad latera exedit.

Phalœna wavaria, Linné, p. 2463. Fabricius, 2, p. 191, n. 63.

Phalœna grossulariata, Linné, p. 2472. Fabricius, 2, p. 200, n. 132. Geoffroi, 2, p. 137, n. 56.

Phalœna satellitia, Linné, p. 2573. Fabricius, 2, p. 165, n. 205.

Acarus baccarum, Linné, p. 2929. Fabricius, 2, p. 373, n. 30. …In baccis ribis hujus, grossulariæ, et aliorum.

Sphinx tipuliformis, Linné, p. 2390. Fabricius, 2, p. 100, n. 18 …In medulla plantæ.

Phalæna wavaria, Linné, p. 2463. Fabricius, 2, p. 191, n. 63.

Acarus baccarum, Linné, p. 2929. Fabricius, 2, p. 373, n. 30. …In variis baccis hospitans. Jacques Brez, Flore des Insectophiles, I vol. in-8o, 1791, p. 175.


  1. Revue britannique, n° 19, Janvier 1827, p. 119.

    Les monts Hymalia séparent l’Indoustan du Thibet et de la Tartarie : c’est au milieu de ces aspérités que se trouvent les trois sommets les plus élevés du globe. L’Hymalia, à cause de sa prodigieuse hauteur, jouit d’une température semblable à celle de l’Europe.

  2. Nous ignorons trop sans doute jusqu’à quel point nous parviendrons à diriger et modifier ce que l’on appelle hasard ou jeu de la nature. Les semis offrant des créations et des combinaisons infinies, les effets ont dû ètre souvent, pour l’homme cultivateur, des sujets d’observation et de profondes méditations ; mais la durée de la vie est si courte, si traversée, qu’elle ne nous permet pas toujours de conduire jusqu’à leur dernier résultat les plus simples expériences. (Lelieur, De la Culture du Rosier, p. 61).
  3. Les Groseilliers sont fournis, dans toutes leurs parties, de principes radicaux ; toutes les boutures qu’on en fait réussissent parfaitement, mais particulièrement celles qu’on pratique en automne ou en hiver. Cette voie de multiplication est bien meilleure que celle des pieds éclatés, parce qu’elle donne de jeunes individus qui portent la seconde ou la troisième année. (Dumont de Courcel, Bot. cult. éd. 1, 5, p. 307.)
  4. Il faut renouveler les Groseilliers lorsqu’ils deviennent vieux et mousseux, et pendant l’hiver retrancher les vieux bois, c’est-à-dire ceux qui ont plus de trois ans. (Dum. de Courcel, Bot. cult. 5, 307.)
  5. Nous croyons cependant que dans cet état la groseille à maquereau pourrait, au moyen de l’addition d’une dose quelconque de partie sucrée, donner une boisson très salutaire analogue au poiré. En effet, suivant M. le professeur Bérard, en divisant les fruits du Groseillier en cent parties, on trouve qu’elles donnent, étant vertes,
    Matière animale 
     0,76
    Matière colorante verte 
     0,3
    Ligneux de graines 
     8,45
    Gomme 
     1,36
    Sucre 
     0,52
    Acide malique 
     1,80
    Acide citrique 
     0,12
    Chaux 
     0,24
    Eau 
     86,41
     
    100

    Les poires mûres, soumises aux mêmes expériences, donnent :

    Matière animale 
     0,21
    Matière colorante verte 
     0,01
    Ligneux 
     2,19
    Gomme 
     2,7
    Sucre 
     11,52
    Acide malique 
     0,18
    Chaux 
     0,4
    Eau 
     83,88
     
    100

    Par ces analyses chimiques de M. Bérard, on voit que la différence n’est considérable que dans la partie sucrée dont nous conseillons une addition. (Annales de Chimie et de Physique, vol. XIV.)

  6. Bulliard, Histoire des Champignons, p. 81.