Nostradamus (Bonnellier)/Tome 1/Pauvre Laure !

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Abel Ledoux (1p. 223-244).


XIII.

PAUVRE LAURE !


La vivacité d’esprit d’Antoine Minard, écolier de Boncourt, s’allioit à une chaleur d’ame bien réelle ; aussi les bons sentimens qui devoient résulter de l’une étoient-ils promptement mis à l’œuvre par la première de ces facultés ; possible qu’il en résultât quelquefois un inconvénient d’irréflexion, de nature même à compromettre le but louable qu’il s’étoit proposé, mais c’était un tort de jeunesse. — La puissance musculaire, la force de la raison n’appartiennent qu’à la virilité.

L’impression produite sur le cœur de l’enfant par les soins de Michel de Nostredame, tandis qu’il gisoit malade sur un lit de l’hôpital de Montpellier, avoit été profonde et sincère ; préoccupation peu ordinaire chez l’extrême jeunesse, qui croit toujours que la durée de l’existence est un bien qui lui est dû, et dont aucun événement ne peut interrompre la jouissance, — Le jeune Minard avoit pesé le bienfait de la vie de manière à en apprécier l’importance, et sa reconnoissance n’en étoit que plus grande par la science du jeune maître en la faculté.

Lorsqu’il fut arrivé à Agen, il employa toutes les formules pour faire l’éloge du médecin qu’il appeloit son bienfaiteur, et, dans une circonstance dont tout autre que lui n’auroit osé tirer parti, il crut trouver l’occasion de rendre service pour service. Le sire de Beauvoisin, son oncle, étoit le tuteur d’une orpheline ayant en patrimoine une fortune honorable ; elle étoit jeune, jolie, de couleur blonde, laissoit deviner dans son regard, dans l’ensemble de ses habitudes, toutes les conditions d’un tempérament lymphatique, sorte d’organisation faite pour le repos, la vie domestique et le silence de la pensée. Sans avoir précisément réfléchi sur les avantages d’une telle nature, mise en rapport avec celle de Nostredame, le jeune clerc, tout à l’heure basochien, s’étoit plu à croire que la possession de la pupille du sire de Beauvoisin seroit plus profitable aux intérêts de son ami que celle de la belle et puissante Laure, dont l’expressive passion avoit de quoi déconcerter la timidité naturelle aux savans, et absorber les heures si utiles à l’étude. À cette idée se joignoit, par l’effet d’un inexplicable instinct, une volonté de résistance à l’empire de la nièce du greffier au bailliage d’Arles ; elle n’avoit pas eu, sous son voile, l’art de plaire à l’écolier, lorsqu’il l’aborda près de la niche de saint Pierre, et peut-être des propos hasardés recueillis dans le voisinage de Nostredame, ajoutant des préventions à cette disposition hostile, le chaleureux Minard résolut de ruiner l’amour de Laure pour faciliter le mariage d’Anice Mollard, pupille de son oncle.

La lettre qui réclamoit les secours de Michel fut, à tout hasard, inventée comme premier moyen de réussite ; l’aveu en fut fait à Scaliger et au sire de Beauvoisin lorsqu’il n’était plus temps de revenir sur cette démarche, d’ailleurs justifiée par les considérans les plus habilement présentés : il n’y eut que la peu pensive Anice Mollard qui ignorât le motif réel du mensonge de l’écolier.

Scaliger consentit à entrer avec toute l’autorité de son nom dans les conséquences du mensonge, et, satisfait d’ailleurs de connoître une des jeunes gloires de la faculté de Montpellier, il assura Nostredame que le désir qu’il avoit de le voir lui rendroit excusable même une tromperie dont sa venue seroit le résultat. Les satisfactions de l’amour-propre sont absorbantes, et l’amant de Laure eut peu de persévérance dans son mécontentement lorsqu’il vit l’illustre Scaliger si empressé à lui demander son amitié.

C’étoit une année avant que Scaliger sollicitât ses lettres de naturalisation et révélât par conséquent la simplicité de son origine ; à sa célébrité comme philosophe, comme savant, comme médecin et comme écrivain, se joignoit donc encore, à cette époque, l’éclat qui se rattache aux illustres naissances, et qu’avoit emprunté le fils du peintre Bordoni, avec la puérilité dont auroit fait preuve un esprit médiocre.

Michel de Nostredame saluoit de bonne foi le fils de Benoît de la Scala et de Bérénice, fille du comte Pâris Lodronio ; il accorda une oreille complaisante et des regards admiratifs aux récits de guerre de l’ancien page de Maximilien, échappé comme par miracle à la bataille de Ravenne, et serviteur distingué de la France dans la guerre de Piémont ; c’est même avec respect qu’il accueillit cette arrogante proposition du protégé du cardinal Larovère : « Tâchez de rassembler Massinissa, Xénophon et Platon, — et vous aurez mon portrait. » Mérites difficiles à rassembler dans une seule individualité, et dont la réunion résumoit d’une manière d’autant plus ingénieuse, sinon authentique, les titres de Scaliger à l’immortalité. Quoi qu’il en fût, le talent de l’homme brilla plus que ne dura sa vanité, et l’éleva plus haut que ne l’auroit pu faire sa noblesse imaginaire. Michel de Nostredame ne se donnoit-il pas les Issachar pour aïeux ?

Manie qui n’appartient pas qu’aux hommes du seizième siècle de revêtir la livrée d’un nom pour en emprunter l’éclat ou les priviléges ; manie qui prend sa source dans l’amour de la célébrité, et qui s’éteint ordinairement le jour où celle-ci se trouve être justement acquise ! Heureux ceux qui du moins ne s’en donnent le tort que pour s’inspirer à bien faire ; quant aux niais qui n’ambitionnent en cela qu’un parchemin ou un habit, l’opinion les a bientôt fait descendre à l’égal du laquais, revêtu du costume du maître.

Plusieurs jours s’écoulèrent, pendant lesquels Nostredame but avidement à la coupe de l’éloquence de Scaliger. Le philosophe étoit alors en travail de son attaque du livre de la Subtilité, par Jérôme Cardan de Milan ; il élaboroit l’Histoire des animaux, par Aristote ; et comme il restoit encore dans ce commencement du seizième siècle quelque peu de ce travers de dispute qui anima le quinzième, il y eut, de la part du sardonique Jules César, de brillans élans contre les nominaux et les réalistes à propos d’Aristote ; le cordelier anglois Ocham, chef des premiers, Scot, appui des réalistes, les vaines subtilités de ces écoles, aussi bien que le style cicéronien dont Érasme prodiguoit l’emploi, furent passés au crible de sa pressante argumentation.

L’intelligence de Nostredame, créée pour apprendre et savoir, s’agrandissoit en présence de ces neuves et belles théories dont Scaliger parsemoit sa discussion. Ce que ne disoit pas le philosophe, il le devinoit ; ce qu’il n’achevoit pas, il le comprenoit ; et, dans cette laborieuse récréation de la pensée, qui le replaçoit dans les émotions généreuses de sa passion première, celle de la science, il oublioit presque, on le concevra, sa passion seconde, celle de Laure de la Viloutrelle.

… — Et pour descendre des hauteurs où vous entraîne notre Scaliger, — lui dit un jour Antoine Minard, — nous avons en cette maison une Anice Mollard, aux yeux bleus, que vous en semble ?

— Sa beauté est gracieuse et sa grâce intéresse, répondit Michel avec réserve.

— Aussi bonne que belle, affirme mon oncle.

— Aussi belle que modeste, continua Michel.

— Son patrimoine est clair et net, sous la garde du respectable sire de Beauvoisin, frère de ma mère.

— Son éducation est parfaite.

Et nobili genere nata, diroit mons Cicéron.

Et enitescit pulchrior multò, diroit Horace.

— Voilà l’épouse qu’il vous faudroit, maître ! s’écria Minard avec abandon.

— Silence, enfant, n’excitez personne au parjure.

— Non, mais à être heureux.

— Le bonheur qui ne s’obtient qu’au prix du malheur d’autrui est empoisonné par le remords.

— Ce malheur, quel est-il ?

— Silence, vous dis-je, cette matière n’appartient pas à votre lexicon.

— Mon lexicon renferme les mots reconnoissance, amitié… et ces mots combinés dans mon cœur inspirent à mon esprit un projet qui peut assurer votre bonheur et que d’avance mon oncle approuve.

— L’indiscret qui cita Pétrarque derrière la niche de saint Pierre, a peu de mémoire !

— Fi ! maître de Nostredame, fi !

— Qu’est-ce à dire ? demanda Michel avec sévérité. — Je ne comprends pas un mépris qui s’adresse à moi, je ne vous comprends pas.

— Fi ! maître, de refuser ainsi le combat de science et d’immortalité ? Et quand déjà, dans l’arène, votre armure a étincelé au soleil, comme une belle renommée, vous dépouiller du brassard, mettre bas le morion, le haubert, les gantelets et la fine dague ? Vous transformer, d’ardent et généreux chevalier, en jouvencel désarmé ? Secouer timidement l’olympicum pulverem qui couvre vos brodequins, les déchausser, et vous réfugier sous les rideaux d’une alcôve, comme un vieillard qui a froid, ou comme un sybarite, que le tintement de l’acier fait pâlir, qui n’a de hardiesse que dans les bras d’une femme… Vrai Dieu ! maître, mon confesseur peut trouver ma jeunesse précoce à l’endroit des amourettes ; plus que ne le commandent les statuts de nos écoles, je casse des cruches, quand les filles qui les portent sont jolies… Mais vienne le moment de paroître dans la lice, et Dieu m’accorde comme à vous de si beaux commencemens !… je parferai ma besogne, je marcherai, je combattrai, et sans cesse, et toujours…

— Noble émulation ! — dit Michel, entraîné dans le cercle d’idées où vouloit le placer Antoine Minard ; car le jeune philosophe, descendu des hauteurs de sa raison, pour se mettre à la portée d’un amour de femme et d’une voix d’enfant, laissoit faire à l’éloquence de l’écolier, et à son insu se trouvoit disposé à en accueillir les paroles avec une docilité due à la maturité d’un autre âge.

— Oh, maître Michel de Nostredame ! — reprit le docte élève de Boncourt, accompagnant son langage austère d’une physionomie sérieuse. — Vous ne pouvez ainsi renoncer à ce qui est inné en vous, la passion de l’étude… Non, vous ne le pouvez, vous ne le ferez pas… Vous ne briserez pas, ingrat et sacrilége, les récipiens, les vases, les fourneaux éprouvés et consacrés par le feu scientifique entretenu dans vos veilles ; — vous ne déchirerez pas ces livres qui vous ont servi de flambeaux dans la route tortueuse et profonde où vous êtes engagé… ; vous ne consentirez pas à vivre de la vie commune, à n’avoir que le nom de votre père, au lieu d’un nom qui seroit le vôtre ! qui, prôné par la postérité, retentiroit comme l’airain…

— Mais qui vous dit, enfant, que je veuille déchausser mes brodequins, me réfugier dans l’ombre d’une alcôve, et renoncer à la gloire décevante que promettent l’étude et la science ?…

— Qui me le dit ?… Si j’étois votre frère, maître Michel, si l’épanchement de la confidence fraternelle m’étoit permis !…

— Parlez donc, et dites-moi ce que votre inexpérience a prévu, ce qu’a pu voir votre regard, trop prompt pour n’être pas incertain.

— Mon regard, trop prompt pour n’être pas incertain…, mon regard, a vu derrière la gaze noire d’un voile deux étincelles éblouissantes, deux de ces lueurs vives et acérées qui, la nuit, voltigent sur les tombeaux, fascinent la vue de qui les observe, attirent à elles, fuient, s’arrêtent pour attirer encore… Et, le lendemain d’une de ces rencontres, maître Michel, lorsqu’un ami, inquiet de l’absence de son ami, parcourt les lieux où s’étoit montrée la lueur du follet, il trouve sous ses pas du sang ; il en suit la trace… Le sang aboutit à une fosse toute récente, ou aux abîmes d’une fondrière, ou aux profondeurs d’un fleuve…

— Et derrière la gaze noire d’un voile, vous avez vu cette lueur ?

— J’ai vu encore un visage mille fois plus joli que celui de la Laurette, dont le père est goutteux et boit de l’eau de saint Caprais… Mais, dans l’ovale de ce visage, j’ai reconnu toutes les lignes qui un jour m’ont tant frappé, lorsque j’examinois une fille de l’enfer, tentatrice de saint Antoine, représentée dans un tableau qui ornoit l’oratoire secret de notre illustre Pierre Galant, directeur de Boncourt… Seulement la fille d’enfer étoit nue. — Elle avoit mêmement teint brun et pâle, bouche pincée… ; puis, mes oreilles ont entendu la femme d’un sacristain qui venoit de coudre le suaire d’un riche… Mais, qu’ai-je besoin de vous redire cela ? » dit, en s’interrompant, le malin enfant.

— Oh ! dites, dites toujours, s’écria Nostredame.

— Il s’agit d’une légende, peut-être.

— Que disoit la femme du sacristain ?

— Appuyée contre l’orme souffreteux qui étendoit ses rameaux amaigris près de la fenêtre de votre chambre, à Montpellier, cette femme devisoit avec une autre vieille, tandis que je me promenois en sifflant l’air d’un cantique : D’abord, ce furent des réflexions sur la taille et l’embonpoint du mort que l’on venoit de coudre en son plus mauvais drap… Il avoit grandi de trois pouces en se débarrassant de son ame… ; ses mains étoient restées crochues comme celles d’un procureur au Châtelet de Paris. — Il est vrai, que pendant sa vie, il avoit fait le négoce. Tout à coup, la femme du sacristain élevant ses regards vers la fenêtre au-dessus de la vôtre, maître Michel… et je vous rends fidèlement les mots qui furent dits :

« Enfin, dame Gabulard, ma voisine, le bon Dieu n’a pas permis que l’habitante de cette petite maison damnât complétement l’ame de notre jeune maître en la faculté, qui a tant de science.

— Par sainte Mamye, la vierge, — avoit repris la voisine, — n’étoit cependant pas sans profit une damnation trouvée dans d’aussi jolis yeux !

— Et dans les enlacemens de bras aussi ronds, dans l’étreinte d’un corps aussi parfait, allez-vous dire, dame Gabulard ; car êtes tant soit peu lubrique, en dédommagement de ne pouvoir plus pécher, heure des amours venue.

— Et vous, tant soit peu caustique et intolérante, comme une sainte femme de sacristain, mais restons ce que nous sommes, et dites-moi pourquoi vous prévoyez une damnation au bout de l’amour de ces jeunes gens ?

— Pourquoi ? vous avez donc oublié ce petit noirot, qui avoit des cheveux blancs comme neige, des yeux grands comme ma main, une bouche si terrible quand il laissoit voir ses longues dents toutes pointues, — c’est Marianos qu’il s’appeloit. Il avoit servi le grand-père de madame de la Viloutrelle, et racontoit des choses à faire frémir sur les femmes de cette famille qui étoit espagnole… Figurez-vous, me disoit-il, que les Almida ont mis du sang sur tous les noms qui se sont associés à leurs femmes… Vous voyez bien cette petite brunette, — il vouloit parler de la demoiselle Laure, encore enfant, — il y a dans ses yeux noirs la pensée qui porta sa grand’mère à tuer, avec un verre de Xérès, San-Carlos, un page de la reine Isabelle…

— Cette femme dit cela, Antoine Minard ? demanda Nostredame avec tristesse.

— Elle l’a dit.

— Ce n’est point une raison pour y croire.

— Non, maître, mais c’en est une pour ne pas envier le sort du page San-Carlos. D’ailleurs, n’y auroit-il pas mort corporelle, il y aura mort de l’esprit… Cette Laure de la Viloutrelle, si séduisante et si belle, ne seroit-elle pas inquiète, exigeante et jalouse, vous dira à toute heure de la vie : tu veux la gloire, tu veux la science qui la donne, mais la science veut la solitude, le recueillement ; descendre ou monter, mais ne plus rester sur terre, c’est là, l’illusion de l’étude. — Et moi, qui me suis donnée à toi, moi, qui t’aime ; moi, qui n’ai que toi, je ne veux pas de ta gloire, je ne veux pas de ta science…, et son pied brisera les appareils de physique et de chimie si péniblement préparés, et sa main déchirera ces livres si amoureusement aimés de vous…

— Possible, ingénieux enfant, que ces peines me soient réservées ! » dit Michel en soupirant.

— Et j’ajouterois… si l’épanchement de la confidence fraternelle m’étoit permis, si la reconnoissance, l’amitié que je vous porte pouvoient donner à mon visage une ride caractéristique du bon sens et de la raison, — j’ajouterois… : mais la constante solitude vous livre parfois à d’étranges tristesses, mais cette existence de philosophe et de savant, vous rendant inhabile aux soins de la vie commune, exige une pensée intelligente qui prévienne vos désirs sans les avoir questionnés, qui, soumise aux ordres de votre esprit, ne lèvera la portière de votre sanctuaire qu’à l’appel de votre voix, ne vous montrera le sourire que quand vos regards, fatigués de travail, voudront se reposer sur une bouche discrètement rieuse, ne vous parlera d’amour qu’à l’heure où s’éteindra la lampe de l’étude…

— Où en voulez-vous venir ? demanda Nostredame tout troublé.

— Moi, à rien ; moi, enfant ignorant, je ne puis rien vouloir, rien conseiller, rien donner… Mais, mon oncle, qui le premier a dit ce que je viens de vous dire, mon oncle, qui vous aime pour le bien que vous m’avez fait, pour le noble caractère que vous lui avez montré, mon oncle qui veut vous voir heureux… et peut disposer de sa pupille…

— Silence ! oh, silence ! bon et spirituel jeune homme… Défiez-vous de vos bonnes intentions… Plus de prudence, ne jetez pas ainsi femme contre femme…

— Anice Mollard est si douce ! si docile ! si discrète ! si habile à ces bons soins du ménage !

— Silence ! vous dis-je.

— Et l’or de ses blonds cheveux accompagne bien son gracieux et délicat visage.

— Oh ! taisez-vous, Antoine Minard…

— Et fût-elle assise près de la niche de saint Pierre, elle est de ces beautés auxquelles on peut aussi redire :


Era ’l ch’ sol ſi scoloraro
Per la pietà del suo fattore i rai,
Quand’ io fui preso, e non me ne gardai ;
Che i bé vost occhi…


« Achevez donc, maître :


Che i bé vost occhi Donna, mi legaro.


— Je ne devois pas m’attendre à recevoir l’influence d’une pareille idée, » dit Nostredame vraiment confus de cette inopportune confidence.

— Est-ce la faute de la pauvre Clémence, si, lorsque mon oncle a consulté son cœur, elle a répondu : ce qui fera son bonheur, me rendra heureuse ! »