Notes 1870 (Les Châtiments)

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Les ChâtimentsHetzel-QuantinO.C. tome 4 (p. 454-456).
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1870

NOTE I


L’édition de 1870, la première publiée en France après la chute de l’empire, est précédée de l’Avertissement que voici :


AVERTISSEMENT DE L’ÉDITEUR


Chacun sait que l’immortel livre que nous réimprimons ici est né dans l’exil. Une seule édition y fut imprimée en 1853 sous les yeux de l’auteur et par nos soins. Depuis, d’innombrables contrefaçons en ont été faites, dont le moindre défaut était souvent l’incorrection la plus grossière. La législation imposée par l’empire avait ses contre-coups même sur les pays circonvoisins. Elle était telle, que, pour être assuré du secret, il fallut créer une imprimerie et un imprimeur, et que l’auteur, se trouvant n’avoir nulle part aucun droit sur son livre, n’a jamais, non plus que son éditeur, tiré un sou de son énorme débit, depuis la première édition publiée à ses frais pour la plus grande partie, puis aux frais du colonel Charras, de Victor Schœlcher, et aux miens pour le reste. C’est à nos dépens que nous avons tous, par une cotisation de nos ressources d’exilés, pu faire entendre à l’empire les premières paroles de vérité.

Cette édition de 1853 faite, l’auteur n’a pu même essayer de revoir les éditions de contrefaçon de son œuvre et les empêcher de se substituer à l’édition primitive. Un nombre immense d’exemplaires des Châtiments dans ces éditions ultra-défectueuses se sont ainsi répandus dans le monde entier, et, récemment, car la contrefaçon a toujours été attentive, elle n’aime nulle part à perdre son temps, ils ont fait irruption en France, et y demeureraient si l’éditeur primitif du livre, d’accord avec l’auteur, n’avait pour devoir de les arrêter. La spéculation en était venue même à ce point d’effronterie de vendre sous le nom de Victor Hugo des rapsodies telles que le Christ au Vatican. Quelques contrefaçons des Châtiments portent cet appendice inepte. L’heure est enfin venue de donner une édition complète des Châtiments, digne de l’œuvre et digne de la France.

L’édition que nous publions, augmentée de plusieurs pièces, est donc plus complète qu’aucune autre et que l’édition primitive elle-même.

Lue ou relue avec l’esprit de vérité qui souffle enfin sur notre pays, l’œuvre de Victor Hugo semblera nouvelle aujourd’hui. Elle apparaîtra telle à ceux mêmes qui la savent par cœur ; elle montrera aux temps futurs qu’il y a eu, dès l’empire, la justice anticipée de la poésie sur l’histoire.

Les Châtiments resteront comme une de ces œuvres éternelles qui plaident aux yeux de l’avenir pour les faiblesses d’un peuple aveugle, et qui finalement les rachètent. « La lumière était donc quelque part. Il y avait donc quelque part un flambeau qu’aucune tempête n’avait pu éteindre, se diront nos enfants. Rien n’était dès lors tout à fait perdu, puisque, du milieu des abaissements les plus extrêmes, une telle voix parlait encore. »

J. Hetzel.

NOTE II

patria. Musique de Beethoven.

Livre VII. — vii.

Ce chant en l’honneur de la France a deux auteurs ; l’un français, pour les paroles, l’autre allemand pour la musique ; symbole de cette sainte fraternité de la France et de l’Allemagne que les rois ne parviendront point à détruire. Voici l’admirable musique de Beethoven :


  \relative c' {
  \override Rest #'style = #'classical
  \set fontSize = #-1
  \key f \major
  \time 2/4
  \tempo "Andante." 4=80
  \set Score.tempoHideNote = ##t
  \autoBeamOff
  \set Staff.midiInstrument = #"piccolo"

  \mark \markup { \musicglyph #"scripts.segno" }
  f8. g16 a8. g16 | f8. g16 a8. f16
  e8. e16 g8. a16 | c8. \( [d16] c4 \) | f,8. g16 a8. g16
  f8. g16 a8. f16 | e8. e16 g8. a16
  bes8. \( [d16] c \) c, d e | f4 r \bar "||"

  f8 a16 c f8 e | d16 d, f a bes8 d
  c16 e, g b c8 bes | a16 c, f a g4
  f8 a16 c f8 e | d16 d, f a bes8 d
  c16 e, g b d8 bes | a16 c, f a g4
  \bar "||" \mark \markup { \musicglyph #"scripts.segno" }

}
\addlyrics {

Là haut, qui sou -- rit_?
Est-ce un es -- prit_?
Est-ce u -- ne fem -- me_?
Quel front sombre et doux_!
Peuple, à ge -- noux_!
Est -- ce notre â -- me
Qui vient à nous_?
Cet -- te fi -- gure en deuil
Pa -- raît sur no -- tre seuil,
Et notre an -- tique or -- gueil
Sort du cer -- cueil.
Ses fiers re -- gards vain -- queurs
Ré -- veil -- lent tous les cœurs,
Les nids dans les buis -- sons
Et les chan -- sons.
}
\layout {
  indent = #0
  line-width = #120
  \context {
    \Score
    \remove "Bar_number_engraver"
  }
}