Notes Argonautiques/Livre I

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Traduction par divers traducteurs sous la direction de Charles Nisard.
Lucrèce, Virgile, Valérius Flaccus - Œuvres complètesFirmin Didot (p. 595-597).
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NOTES
SUR VALÉRIUS FLACCUS.
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LIVRE I.[modifier]

Vers 2. Fatidicam. Ce vaisseau était doué, suivant Apollonius, iv, 580, d’une voix humaine. Quelques auteurs font dériver son nom de celui d’Argus, qui le construisit ; d’autres, d’ἀργὸς, vite, léger, rapide.

v. 3. Juga concita. Tous les anciens, Pindare, Euripide et même Hérodote, iv, ch. 85, rapportent que ces rochers étaient jadis flottants. Pline, iv, ch. 13, explique assez bien l’origine de cette fable ; mais les célèbres voyageurs Choiseul et Olivier l’expliquent encore mieux, en disant que ces rochers étaient volcaniques.

v. 4. Flaminifero. Le vaisseau des Argonautes forme une des plus belles constellations australes.

v. 5. Cymææ vatis. La prêtresse de Cumes, la Sibylle.

v. 6. Cortina domo. Valérius était quindécemvir. Les quindécemvirs gardaient les livres sibyllins. La cortine, cortina, était proprement le couvercle du trépied.

v. 7. Tuque. Le poëte s’adresse à Vespasien, et plus bas veut parler de J. César, qui, à son retour de la Grande-Bretagne, perdit dans une tempête une partie de sa flotte.

v. 12. Versam proles. Domitien, qui faisait des vers dans sa jeunesse.

v. 15. Ille. Titus, au rapport de Pline le jeune, Panég. ch. 11, décerna l’apothéose à Vespasien qui triompha de la Judée, et prit Jérusalem. Ce n’est pas que Domitien n’élevât aussi des temples, et n’accordât les honneurs divins à son père : aussi quelques critiques veulent-ils voir dans les faits dont nous attribuons une part à chacun d’eux, les faits du seul Domitien. Mais il n’est pas probable que le poëte s’en soit tenu à une flatterie tronquée ; il a eu un peu d’encens pour toute la famille.

v. 17. Cynosura. La petite Ourse.

v. 18. Helice. La grande Ourse.

v. 22. Hæmoniam. La Thessalie, ainsi appelée d’Hæmon, fils de Pélasgus. Hæmon eut pour fils Thessalus, qui donna son nom au pays.

Pelias. Pélias était fils de Tyro, fille de Salmonée et de Neptune ; il remontait jusqu’à Deucalion. Celui-ci eut pour fils Hellen ; Hellen, Éolus ; Éolus, Créthée, Athamas et Salmonée, qui donna le jour à Tyro, mère de Pélias. Valérius et Apollonius lui donnent pour fils Acaste ; Diodore de Sicile, pour filles, Alceste, Évadné et Amphinome. Il passait pour avoir été nourri de lait de jument, et était très-cruel.

v. 23. Illius amnes. Il s’en fallait que le très-petit État de Pélias, qui bordait la mer Égée, s’étendît jusqu’à la mer Ionienne ; mais les rivières qui s’y rendent prenaient leur source dans son pays. — L’Othrys, l’Hémus et l’Olympe sont des montagnes de la Thessalie, chantées par tous les poëtes de l’antiquité.

v. 27. Divumque minas. Un oracle d’Apollon avait dit que Pélias périrait par la main d’un homme chaussé d’un seul pied ; or ce fut dans cet état que Jason se présenta un jour à Pélias, pendant un sacrifice. Jason avait perdu son autre chaussure dans l’Énipée, lorsqu’allant au secours de Junon, qu’il ne reconnaissait pas sous un déguisement de vieille, il la tira du péril qu’elle courait, au milieu du débordement de ce fleuve. Voyez Pindare, ive Pyth., v. 124 et suiv., que Valérius a beaucoup imité dans le commencement de ce chant.

v. 29. Super ipsius. Jason, le chef des Argonautes, était fils d’Éson ; sa mère fut Alcimédé. Créthée, son aïeul, avait bâti Iolcos ; Éson, fils de celui-ci et père de Jason, devait y régner, après la mort de son père ; Pélias, frère utérin d’Éson, usurpa sur lui la royauté.

v. 34. Cleonæo. Cléonée, petite ville près de la forêt de Némée, théâtre d’un des douze travaux d’Hercule,

v. 36. Arcas ; et ambobus.... juvencis. Le marais de Lerne, où Hercule tua l’hydre, était en Arcadie. — Ces deux taureaux sont le taureau de Marathon, le même que celui de Crète, et le Minotaure, tous deux tués par Thésée.

v. 40. Hanc mihi. Valérius a imité de Pindare, iv, 277, tout le commencement de ce discours, en transposant seulement les idées.

v. 4 1. Nostri de sanguine. Comme il est souvent question dans ce poëme de l’histoire de Phrixus et de sa sœur, il ne sera pas inutile de la rapporter ici tout entière.

Athamas, fils d’Éolus, frère de Créthée, et oncle d’Éson et de Pélias, eut de sa première femme Néphélé, Phrixus et Hellé. Néphélé ayant été changée en nuage, il épousa lno, fille de Cadmus et d’Harmonie : mais bientôt celle-ci prit en haine les enfants de Néphélé, et, par un horrible artifice, persuada aux femmes du pays de faire rôtir le blé destine à ensemencer les terres. L’année suivante, ces grains brûlés n’ayant pas levé, il y eut une grande disette. On envoya des prêtres consulter l’oracle d’Apollon. Ceuxci, gagnés par les dons d’Ino, déclarèrent que l’oracle ordonnait de sacrifier Phrixus et Hellé. Athamas s’y refusa longtemps. Enfin, contraint par la nécessité, il les fit placer devant l’autel, pour y être immolés. Néphélé, leur mère, portée sur un nuage, vint alors les trouver, les exhorta à s’enfuir, et leur donna un bélier revêtu d’une toison d’or, qui devait leur faire traverser les mers. Mais Hellé ayant glissé sur le dos du bélier, tomba dans le détroit qui prit dès lors le nom d’Hellespont. Phrixus arriva en Colchide, où il sacrifia le bélier dans le temple de Mars, selon l’ordre qu’il en avait reçu d’un oracle. Là, il épousa la fille du roi Éétès, qu’Hérodote, Apollonius, Ovide et Valérius nomment Chalciope ; il en eut quatre enfants, Argus, Phrontis, Mélas et Cytisore.

v. 43. Ferus Æetes. Homère et Hésiode donnent à Éétès et à Circé le Soleil pour père, et pour mère Perséis, fille de l’Océan. Éétès eut deux filles, Médée et Chalciope, et un fils, Absyrte. Selon Apollonius et Hésiode, il épousa d’abord Astérodie, nymphe du Caucase, et en secondes noces, Idya, fille de l’Océan et de Téthys. Hyginus, fab. 3, et Pindare, ive Pyth., rapportent qu’Éétès ayant été averti par des oracles qu’un étranger, fils d’Éolus, le chasserait de son trône, fit périr Phrixus et exila ses enfants. Valérius fait allusion à cette tradition.

Une grande partie de la Colchide, dit Strabon, ii, est bordée par la mer. Elle est arrosée par le Phase, fleuve qui prend sa source en Arménie, et sur lequel on a bâti une ville du même nom, qui est le marché de toute la Colchide. Il y eut, au rapport de Pline, vi, c. 4, plusieurs autres villes sur les rives de ce fleuve ; la plus célèbre de toutes fut Éa, située à 15,000 pas de la mer. La Colchide est aujourd’hui la Mingrélie.

v. 60. Helle. Voy. la note du v. 41.

v. 50. Nephelæi. Voy. id. ibid. Quant au bélier, Isidore, Orig. iii, et Hyginus nous apprennent qu’il était fils de Neptune et de Théophane ; que Neptune le transporta dans l’île de Crionisse, et le transforma en brebis. Il fut mis au nombre des constellations.

v. 61. Quem filia. Médée, fille d’Éétès. Voy. note du v. 43.

v. 67. Plantaria. Persée, prétendu petit-fils d’Acrise, mais réellement fils de Jupiter et de Danaé, se servit des talonnières de Mercure pour aller en Libye tuer la Gorgone.

v. 68. Aut currum. Triptolème était fils d’Éleusinus et de Cothonée ; il fut nourri par Cérès qui lui donna l’immortalité, et lui confia son char attelé de dragons, afin qu’il semât les blés sur tout le globe, et qu’il répandît le goût de l’agriculture.

v. 82. Æthera cæruleum. Homère, au ier ch. de l’Iliade, parle d’une conspiration de Neptune, Pallas et Junon contre Jupiter, qu’ils voulaient détrôner et enchaîner. Thétis, aidée de Briarée, le sauva. C’est alors que Junon, craignant le ressentiment de son époux, se réfugia en Thessalie, déguisée en vieille, et que Jason la tira du péril où l’avait jetée le débordement subit de l’Énipée.

v. 93. Thespiaca... Argum. La Grèce avait deux villes du nom de Thespies, l’une en Béotie, l’autre en Thessalie ; c’est de celle-ci qu’il est question. — Il y eut aussi deux Argonautes du nom d’Argus : l’un, fils d’Arestor, suivant Apollonius, fut le constructeur du navire ; l’autre, fils de Phrixus et de Chalciope, fille d’Éétès. C’est celui-ci que Valérius fait rencontrer par les Argonautes à la cour de ce roi. Il faut encore distinguer ces deux Argus d’un troisième aux cent yeux, fils aussi d’Arestor, qui vivait douze générations avant le second, et dont Orphée raconte l’histoire dans Valérius, iv.

v. 110. Gestat Hylas. Hylas était fils de Théodamas et de la nymphe Ménodice. Hercule l’adopta tout enfant, après avoir vaincu et tué son père. Voy. le scholiaste d’Apollonius, i, v. 1212.

v. 131. Peleos. Jupiter, épris d’amour pour Thétis, avait résolu de la séduire. Mais il en fut détourné par Prométhée, qui lui prédit que de leur union naîtrait un fils qui serait plus grand que son père et qui lui ravirait l’empire, comme il l’avait ravi lui-même à Saturne. Thétis épousa donc Pélée, dont elle eut Achille.

v. 134. Panope, Doto. Panope et Doto, nymphes de la mer, compagnes de Thétis, filles de Nérée et de Doris.

v. 135. Galatea. Galatée, fille de Nérée et de Doris, aimait Acis, et n’avait que du dégoût pour le cyclope Polyphème. Celui-ci les ayant un jour surpris ensemble, écrasa sous le poids d’un rocher Acis, qui fut changé en fleuve.

v. 139. Chiron. Chiron, fils de Philyre et de Saturne. Il apprit aux hommes la médecine, fut l’inventeur de l’astronomie, et le précepteur de Jason, d’Aristée, de Patrocle et d’Achille. Il est au nombre des constellations.

v. 140. Pholoe. Montagne de Thessalie, ainsi nommée du centaure Pholus, qui y fut enseveli.

v. 141. Rhœtus. Ovide attribue à Rhétus l’exploit que Valérius attribue à Clanis. Celui-ci combattait avec un tison ardent contre Actor, prince thessalien. — Atraciæ virgine. Hippodamie, ainsi appelée d’Atrax, ville de Thessalie.

v. 146. Monychus. Voyez, sur ce centaure et ceux qui sont cités dans les deux vers suiv., Ovide, Métam., liv. xii, v. 345, 308, 317.

v. 153. Acastum. Acaste, fils de Pélias et d’Anaxibie, ou de Philomaché, fille de Bias. Il eut pour fille Laodadamie, femme de Protésilas.

v. 166. Telamon, etc. Télamon, fils d’Éaque et roi de Salamine. — Canthus, fils d’Abas. — Idas, dont on ne connaît pas l’origine. — Tyndariusque puer. Castor et Pollux.

v. 184. Minyæ. Les Argonautes étaient ainsi appelés de Minyas, roi d’une ville de Thessalie, des filles duquel la plupart des Argonautes tiraient leur origine. Voy. Apollonius, i, v. 230.

v. 190. Glauco. Voyez Ovide, Métam. ; xiii, v. 898.

v. 191. Ancæus. C’était le sacrificateur des Argonautes. C’est toujours lui qui, dans Apollonius, remplit ce ministère. Voyez le détail des cérémonies du sacrifice dans Orphée, Argon., v. 306 et suiv.

v. 207. Mopsus. Quelques-uns le disent fils d’Ampycus et de la nymphe Chloris. Valérius le fait fils d’Apollon. Ce dieu instruisit lui-même Mopsus, et le rendit le plus habile des augures.

v. 219. Hylas. Hylas ayant été enlevé par une Naïade, le poëte lui donne les attributs d’une divinité des mers.

v. 220. Pollux. Il combattit au ceste contre Amycus, roi des Bébryces, et fut blessé.

v. 221. Quantus io ! Le poëte fait prophétiser à Mopsus tous les événements du voyage des Argonautes : les taureaux aux narines enflammées, les guerriers qui naissent des dents d’un dragon, l’enlèvement de la toison, l’histoire de Médée ; mais il les cache sous l’obscurité ordinaire du style des oracles.

v. 228. Idmon. Fils d’Apollon et de Cyrène.

v. 256. Clamantem. Celle image est empruntée au poëme d’Apollonius, i, v. 557. Virgile et Valérius la lui ont aussi empruntée. — Du reste, l’histoire d’Achille est si connue, que nous n’en ferons pas l’objet d’une note. Voyez d’ailleurs Apollonius, iv, v. 816, et le scholiaste d’Homère, xvi, v. 36.

v. 270. Ad hastam. C’est cette lance fameuse que, si l’on en croit Homère, Chiron avait faite du bois d’un frêne du mont Pélion. Pausanias rapporte qu’au siècle de Périclès, on conservait encore cette lance, la massue d’Hercule et le sceptre d’Agamemnon.

v. 280. Inoo. Athamas, rendu furieux par Tisiphone, tua son fils Léarque dans les bras d’Ino, son épouse.

v. 352. Dant sua. Nous ne nous étendrons pas sur l’histoire et la généalogie des Argonautes. On pourra consulter Burmann et Khrause, qui en ont dressé le catalogue.

v. 493. Amano. Montagne située aux confins de la Cilicie et de la Syrie, appelée aujourd’hui al Lucan. D’Anville, t. ii, p. 94, Géog. anc.

v. 510. Improba. Improba arva, expression hardie, mais vraie ; terres qui produisent toujours, qui ne se fatiguent jamais. Improbus est aussi employé dans le sens d’ingens. Improbus mons, dans Virgile, Enéid., xii, veut dire un mont immense, selon Heyne.

v. 511-512. Teucer. Fondateur de l’empire des Troyens et aïeul de Tros, ne doit pas être confondu avec Teucer, fils de Télamon et d’Hésione. — Libys. Fille de Jupiter et de Cassiopée ; elle donna son nom à la Libye. — Pelopis domus. Pélops, le vainqueur d’Œnomaüs, le père de Tantale, qui laissa son nom au Péloponnèse.

v. 521. Inoas. lno, belle-mère de Phrixus.

v. 527. Silva Padi. Allusion à la mort de Phaéton, foudroyé par Jupiter sur les bords de l’Éridan, et dont les sœurs furent changées en peupliers qui distillaient des larmes d’ambre aux rayons du soleil.

v. 547. Virgine rapta. Enlèvement d’Hélène par Pâris, fils de Priam, qui faisait paitre les troupeaux de son père sur le mont Ida.

v. 555. Gentesque fovebo. Le poëte parle ici des Romains.

v. 564. Japeti post bella. Voyez la peinture de la guerre des dieux contre les Titans, dans la Théogonie d’Hésiode, v. 628 et suivants.

v. 567. Liber… Apollo. Bacchus parcourut le monde entier et conquit les Indes avant de monter aux cieux. Apollon fut exilé des cieux pour avoir tué les Cyclopes, et garda sur la terre les troupeaux d’Admète, roi de Thessalie.

v. 572. Lumen. Le feu Saint-Elme.

v. 575. Pangæa. Le Pangée, montagne de la Macédoine ; on l’appelle aujourd’hui Castagnats. D’Anv., Geogr. anc, t. i, p. 243.

v. 576. Æoliam. Aujourd’hui Stromboli. C’était une des îles Éoliennes, qu’on appelait Vulcaniennes et Lipariennes, situées dans la mer de Tyrrhène ou d’Étrurie.

v. 579. Pelori. Le Pélore, aujourd’hui le cap Faro.

v. 583. Acamas, Pyracmon. Cyclopes.

v. 588, 589. Calpen. Calpé était en Europe, Abila en Afrique. Calpé est aujourd’hui Gibraltar. — Œnotria. Ancien nom de l’Italie, qui lui venait des Œnotriens Pélasges, peuples de la Grèce qui vinrent l’habiter.

v. 605. Mea pignora. Calaïs et Zétès, fils d’Éole, qui étaient sur l’Argo.

v. 610, 611. Hippotades. Éole, fils d’Hippotas. — Thraces equi. Les coursiers de Thrace, pour dire les vents du nord. Horace dit :

Vel Eurus, et siculas equitavit undas. Od. iv, 4.


C’était une métaphore communément employée chez les Grecs. Euripide, Phœn, v. 220, dit : Ζεφύρου… Ιππεύσαντος.

v. 647. Orion… Pliade. Orion, fils de Neptune et d’Euryalé, fille de Minos. — Les Pléiades font partie de la constellation du Taureau.

v, 662. Salmoneus. Salmonée, roi d’Élide, fils d’Éolus, qui, avec le bruit de ses chars roulant sur des planches, voulait imiter le tonnerre, et se fabriqua un foudre quadruple de celui de Jupiter. Voyez Virgile, Énéid., vi, v. 585.

v. 664. Atho… Rhodopen. Montagnes de la Thrace. — Pisæ. Pise, ville de l’Élide.

v. 704. Dædalus. L’histoire de Dédale est trop connue pour que nous la rapportions ici.

v. 708. Gortyna. Gortyne, ville de Crète, qui prit son nom du héros Gortys.

v. 726. Thyoneus. Nom de Bacchus, de θύειν, être furieux.

v. 727. Hæmus. Nom d’une montagne de la Thrace. Ce vers fait allusion au meurtre d’Orphée et à la férocité des habitants de cette contrée.

v. 729. Lycurgum. Ce Lycurgue, qu’il ne faut pas confondre avec le Lycurgue, père d’Ancée et vainqueur d’Éreuthalion, dont parlent Apollonius et Homère, ni avec le législateur de Sparte, était fils de Dryas et roi de Thrace. Il voulut chasser Bacchus de ses États, et refusa de reconnaître sa divinité. Le dieu l’ayant enivré, il chercha, dans son ivresse, à violer sa mère, tua sa femme et son fils, et fut ensuite déchiré sur le Rhodope par les panthères de Bacchus.

v. 736. Grandæva. Il s’agit ici d’une vieille magicienne de Thessalie, et non pas d’Alcimédé, comme tous les traducteurs et la plupart des commentateurs de Valérius l’ont pensé. On pourra s’en convaincre, en se reportant au vers 780, où l’on voit la magicienne recommencer le sacrifice interrompu, et flétrie par le poëte au vers 779, ainsi que toutes les femmes de son espèce, de l’épithète de nefanda. D’ailleurs, les magiciennes de la Thessalie sont célèbres de toute antiquité. II n’est pas un poëte grec ou latin qui n’en fasse mention.

v. 756. Præcipitat Nous pensons, comme Burmann, que le mot præcipitat, veut dire ici, accélère le sacrifice, et non pas, précipite, renverse les autels. Éson se hâte seulement, et fait hâter les assistants ; il cède au premier mouvement de la frayeur : puis, devenu plus calme, ou plutôt ayant un peu honte de lui-même, il fait recommencer le sacrifice, ergo sacra novat, v. 774, qui n’avait été que suspendu ; et la magicienne, v. 780, s’apprête à égorger un taureau qu’elle avait en réserve, et dont la terreur générale avait retardé un moment l’exécution.

v. 782. Retro. Ce mot veut dire ici, à reculons, à rebours. La magicienne prononce ainsi, pour le cas particulier de l’égorgement du taureau, la formule de ses imprécations ; peut-être aussi marche-telle à reculons en débitant cette formule, comme c’était l’usage dans les cérémonies magiques. Voy. Virgile, Eclog. viii, v. 101.

v. 797. Pœna. Les anciens alliaient souvent les Érinnyes et les Peines ; mais le premier mot désigne plutôt toutes les déesses vengeresses, et le second, les déesses chargées particulièrement de venger le meurtre.

v. 831. Chaos. Par le mot Chaos, Valérius entend ici les enfers et le palais même de Pluton. Il faut bien se garder de l’entendre dans le sens général, car alors le commencement et la suite de ce morceau impliqueraient contradiction.

v. 842. Progenies Atlantis. Mercure, fils de Maïa, fille d’Atlas et de Pléione. Toute cette description des champs Élysées est presque rigoureusement imitée d’Homère, Odys., iv, v. 563 et suiv.