Notes de voyage en France, Italie, Espagne, Irlande, Angleterre, Belgique et Hollande/Dédicace

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À LA JEUNESSE CANADIENNE-FRANÇAISE


C’est à la jeunesse canadienne-française que je dédie ce livre. Elle y trouvera, je l’espère, un certain intérêt. Non pas que je me flatte d’avoir écrit des pages d’un grand mérite littéraire ; mais je parle de choses qui offrent par elles-mêmes un puissant attrait aux esprits avides d’agrandir le cercle de leurs connaissances. Or la jeunesse studieuse aime toujours à apprendre, même lorsque celui qui l’entretient n’est pas éloquent.

Pendant mon récent voyage en Europe j’ai écrit, au jour le jour, des notes pour mon journal la Vérité. Ces notes, rédigées souvent à la hâte, après une journée de fatigue passée en chemin de fer ou en diligence, se ressentaient nécessairement de leur origine : la phrase n’était guère soignée, les sujets étaient plutôt effleurés que traités. Cependant des personnes compétentes, de l’Europe aussi bien que du Canada, ont jugé que ces lettres pouvaient, moyennant quelques retouches, faire un livre présentable. C’est pourquoi je les mets aujourd’hui en volume, après les avoir corrigées et augmentées, soit par des additions faites au texte, soit par des notes. Je leur conserve, toutefois, la forme originelle de journal écrit jour par jour et sous l’impression du moment.

Ces lettres ont, au moins, le mérite de la sincérité : je ne parle que de ce que j’ai vu et entendu, et j’en dis ce que je pense, m’occupant assez peu de suivre les sentiers battus, soit en traçant mon itinéraire, soit dans mes appréciations. Je me suis efforcé de faire quelque chose de plus qu’une simple chronique de voyage. D’un autre côté, en cherchant à joindre l’utile à l’agréable, je n’ai pas voulu prendre un ton trop solennel. Procurer à mes lecteurs quelques heures de délassement et leur faire faire, avec moi, des réflexions opportunes sur les hommes et les choses, voilà mon but. À ceux qui voudront bien parcourir ces pages de dire si j’ai réussi à ne le pas manquer tout à fait.

J.-P. Tardivel.


Québec, en la fête de l’Annonciation, le 25 mars 1890.