Nuit de Juin (Haag)

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Anonyme ()
Le Livre d’un inconnuAlphonse Lemerre (p. 10-11).


VI

NUIT DE JUIN


Viens, amoureuse Nuit, viens étendre tes voiles
Sur le ciel embaumé par les parfums du soir,
Et que la fleur pâmée ouvre vers les étoiles
De son calice obscur le mystique encensoir.

Que l’arbre lève aux cieux sa sombre chevelure
Et que l’étang blanchi, couvert de nénuphar,
Montre dans son miroir la noire découpure
Des épais peupliers sur l’occident blafard.


Que dans la haie en fleur le ver luisant s’allume,
Et qu’au grillon caché dans l’herbe, haute forêt,
Réponde, cri lointain qui se perd dans la brume,
La grenouille tapie au fond de son marais.

Viens, Nuit, viens ; du soleil la Terre enfin lassée
Fuit les ardents baisers d’un amant trop puissant ;
Que la paix de tes sombres urnes soit versée,
Bienfaisante rosée, en son sein languissant.