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Ode de la chasse

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Les Œuvres et Meslanges poétiques
Texte établi par Ch. Marty-Laveaux, Alphonse Lemerre, éditeur (p. 297-321).

ODE DE LA CHASSE 69

AV ROY.


En quoy me ſen-ie ores pouſſer
Dans ce bois, remerquant les places
Où ie t’ay veu ces iours chaſſer
(Sire) eſtant preſent à tes chaſſes ?
Sus quitton noſtre Lyre, allon
Queſter, chaſſer, pourſuiure, ô Muſe,
Suy moy, Deeſſe, & ne refuſe
D’imiter ton ſrère Apollon
Qui bien ſouuent ayant ſonné
Des Dieux la gloire, & la nature,
Et du grand Monde façonné
Par eux la cauſe & la ſtructure :
Ou bien ſonné les fiers Geans,
Qui par ſon père à coups de foudre
Furent en quartiers & en poudre
Eſpars dans les champs Phlegreans :
En ſa main, dont ſi doctement
De ſon archet ſa Lyre il touche,

Accompagnant ſon inſtrument
Des diuins accords de ſa bouche,
Prend ſoudain l’arc d’argent, & va
Chaſſer dans vn bois ſolitaire,
Ou bien quelque monſtre deſſaire,
Ainſi que Python tua.
Comme ce celeſte ſonneur
Ie ſonnoy d’vn grand Dieu les gloires,
Et de mon Roy l’heur & l’honneur,
Attendant ſonner les victoires
Tant d’vn tel Dieu que d’vn tel Roy,
Sur ceux qui leuent leur audace
Contre eux : mais ie ſens d’vne Chaſſe
L’ardeur ores bouillir dans moy.
Dés l’autre iour l’humeur m’en print,
Sire, enſuiuant ton aſſemblee,
Et depuis l’ardeur qui m’éprint
Eſl touſiours en moy redoublee,
Non pas pour ſeulement queſter
Beſles ſauues, noires, ou autres,
Qui repairent aux ſoreſts noſtres,
Mais pour d’autres monſtres domter.
Sans enſuiure pourtant ce Dieu
Chaſſeur, & Harpeur, & ſans prendre
Au lieu de ma Lyre vn épieu,
I’aime mieux ma Lyre retendre,
Et ſur elle chanter ſi bien
La chaſſe qu’ores ie proiette,
Que meſme à l’œil ie te la mette
Pour le proffit & plaiſir tien.
Car en tout ce que i’ay vouloir
(Sire) de rechercher ou ſaire,
De dire, eſcrire, ouïr, & voir,
La ſin qui ſeule m’en peut plaire,
C’eſt d’y pouuoir auecq’plaiſir
Prendre vn proffit d’eſprit enſemble :
Car quand ce double fruit ſ’aſſemble,
C’eſt le but parſait d’vn deſir.

Auſſi meſme en ce que ie veux
Offrir aux grands, ie me propoſe
De leur ſaire enſemble ces deux
Cueillir en vne meſme choſe :
Le plaiſir remuant les cœurs
Leur attrait l’eſprit, & l’oreille,
Et l’autre leur deuoir éueille
Aux conſeils, aux faits, & aux mœurs.
Si dans mes vers tu ne voulois
Chercher que la fueille agreable
Sans fruit, Veſcorce ſans le bois,
Le bois ſans le ſuc proffitable,
I’aimerois mieux te voir touſiours
Baller, courre, eſcrimer, t’eſbatre
A cent ieus, & ſaire combatre
Dans ta court ton Once & tes Ours :
Ou bien chaſſer, non pas ouïr
La Chaſſe qu’ici ie t’ay faite,
La Muſique ouïr, non iouïr
D’vne Muſique plus parfaite,
Par laquelle taſchant chaſſer
A cor & cri noſtre manie,
Ie veux la paiſible harmonie
ſaire à tes ſuiets embraſſer.
Ou bien i’aymeroy mieux te voir
Amuſer d’vne maſquarade,
Vuide de ſens & de ſçauoir,
Te paiſſant de vaine brauade :
Ou t’amuſer par des bouffons
De ce qui par eux Comedie
Se nommeroit, ou Tragedie,
Et des deux n’auroit que les noms.
I’ay le premier de ces deux ci
L’honneur en ta France fait naiſtre,
Qui des Rois, qui du peuple auſſi,
Deux diuers miroirs ſouloyent eſtre :
Si les premieres n’ont eſté
Parfaites pour mon trop ieune age,

Ie me ſuis en ce double ouurage
Moymeſme depuis ſurmonté.
I’ay (pour n’eſloigner mon propos)
Maint grand labeur taſché parfaire,
Pour ce bien du commun repos
Diſtrait de nous, à nous retraire,
Tant pour domter l’opinion,
L’abus, & l’ardeur aueuglee,
Qu’en la police dereiglee
Chercher la reigle & l’vnion.
Mais ſur ma Lyre ie ne veux
Maintenant chantant vne Chaſſe,
Que dreſſer quelques petits vœus
Sur le mal qu’il faut que lon chaſſe,
Et dedans mes vers rapportant
L’vne & l’autre pourſuitte & queſte,
faire que ce chant que i’appreſte
T’aille doublement contentant.
Car comme du plaiſir i’ay dit,
Si en cela que ie te donne
Tu recherchois le ſeul proffit
Et le maintien de ta couronne,
Tu ferois mieux en ton royal
Conſeil, arreſté du langage
D’affaires, & du ſainct viſage
Du graue & docte l’Hoſpital.
La Ieuneſſe, la Royauté,
Et des Princes la nourriture,
font que toute ſeuerité
Répugne fort à leur nature :
Mais ſi faut-il qu’armes & loix,
Honneur, vertu, ſçauoir, prudence,
fuſt-ce entre le feſiin, la dance,
Et le ieu, ſ’apprennent des Rois.
Vn Prince ſe peut deſtourner
Tant de l’amour que de l’eſtude,
De tout ce qui peut plus l’orner,
Que ſon ſceptre : ſoit par trop rude

Couſtume de l’aſſuiettir,
Soit par face, ou façon, ou faute
De pouuoir l’humeur bruſque ou haute,
En y conſentant diuertir :
Par faute de méſler le ieu
Et les gais mots, par la doctrine
Se faire plaire, & peu à peu
Luy faire plaire la diuine
Racine de tout heur & bien,
Faſcheuſe quand on la propoſe :
Mais qui ne ſçait qu’en toute choſe
Qui bien ne gouſte n’aime rien ?
Or ſus donc (Sire) excite toy
D’vne courſe de Cerf, chantee
Brieſuement, & meſme la croy
Vraye, & non pas repreſentee.
Ie te voy ia (Sire) appreſté :
Car ayant ceſte matinee
A la volerie donnee,
A cheual tu es remonté.
Le buiſſon au matin ſ’eſt fait,
Faiſant beau, reuoir & cognoiſtre,
Et qu’vn bon chien eſtoit au trait
Dans la main d’vn veneur adextre,
Qtd voyant, iugeant, defaiſant,
La nuict parlant, & faiſant feſte
Au chien, qui vouloit de la beſte,
Et toujiours çà & là briſant :
Conduit tant par l’aſſentement
Du chien, que par ſa propre veuë,
Soit que par le pied ſeurement,
Le temps, & la route il ait veuë,
Qu’il ait les portees, ou bien
Les foulees, les repoſees,
Ou autres choſes aduiſees,
En ſon meſtier n’oubliant rien :
A deſtourné ſon Cerf, & fait
Son rapport, ſans que les fumees

Apporté dans ſa trompe il ait,
Pource que ſe trouuans ſormees"
En Aouſt & Iuillet ſeulement,
Par troches en Iuin, & encores
Par platteaux en May, du tout ores
Elles font hors de iugement.
Ia départis font les Relais,
Et pendant que moy d’ainſi dire,
Toy d’ainſi m’ouïr tu te plais,
Nous ſommes ia paruenus (Sire),
Au laiſſer-courre, il faut penſer
Dépiquer tant que tout tu voyes :
Voila, le Veneur ſur les voyes
Tient ſon limier preſt à lancer.
Ce limier l’auoit mené droit
Aux briſees, tant il eſt ſage,
Puis a touſiours ſuiui ſon droit :
Tant peut la nature & l’vſage
Les beſtes meſme façonner.
La meute des chiens ne demeure
Gueres loin apres, pour à l’heure
Bien decoupler & bien donner.
Ce Cerf, pauure Cerf qui caché
Dans l’épais du buiſſon ſe penſe,
Où ce matin l’a rembuſché
Ce meſme limier qui le lance,
De ſa vie en ſes pieds diſpos
Se fie, tous ces bois reſonnent
D’vn long gare-gare, & ſe ſonnent
Par ce tien Veneur deux longs mots.
Tout ſoudain que ce lancement
A nos oreilles ſe vient rendre,
On fait le prompt decouplement
Par quatre ou cinq longs mots entendre
Toute ame ſe peut aſſeruir
A ſes ſens : mais l’œil, & l’oreille,
Contens ici, par nompareille
Force nous peut poindre & rauir.

Voy-le-ci (Sire) dans ce fort,
Aller par ces portees meſme :
Il rompt, il briſe, il bruit, il ſort,
Et déſia de viſteſſe extrême
Se court, ſe preſſe à cri & cor,
Suiui de la meute courante,
Tout enſemble apres luy parlante,
Attendu des relais encor.
Tu vois ces prompts piqueurs bruſler
D’ardeur, & tantoſt par bruyeres,
Tantoſt par fuſtayes voler,
Par champs, par forts, & par clairieres :
Des mots de leur trompe animans
Enſemble les chiens & la beſte,
Et au plaiſir de la conqueſte
Plus qu’à la proye ſ’enflammans.
Ie ne m’eſtonne d’Orion,
Ny d’Adonis, ny d’Hippolyte,
Ny du miſerable Acteon,
Ny d’Atalante, ou de la fuite
Que Diane ſouloit mener :
Car ce plaiſir dompteur des vices,
Paſſe tous plaiſirs & delices
Qui ne nous font qu’effeminer.
Tant que ceux-ci, qui nuict & iour
Menans leur vie chaſſereſſe,
Fuyoyent le caſanier ſeiour,
Qui ſe couplant à la pareſſe
Se fait l’engendreur de tous maux,
Outre leur deduit & leur queſte
Auoyent l’heur de la vie honneſte
Pour grand loyer de leurs trauaux.
On feint les plus forts Dieux chaſſeurs,
Ainſi qu’Hercule, Se Phebus meſme :
Car touſiours la grandeur des cœurs,
La force & la Nobleſſe ſ’aime
Aux chaſſes, qui peuuent dreſſer
Beaucoup, & maint les ſçait bien faire,

Qui peut en guerre l’aduerſaire,
Et en paix les crimes chaſſer.
Mais retourner au Cerf il faut,
Qui d’vne longue randonnee
Forlongeant, fait eſtre en defaut
Toute noſtre meute eſtonnee :
Il faut que ces chiens ia branlans
Touſiours en crainte ſe retiennent,
Tant qu’eux-meſme aux voyes reuiennent,
Apres leur Cerf touſiours allans.
Il fait ſes ruſes maintenant
Que luy a peu ſon age apprendre,
Aux hardes des beſtes donnant,
Pour faire aux chiens le change prendre :
Ou bien querir (peut-eſtre) il va
D’autres Cerfs, que touſiours il chaſſe
Deuant ſoy, par ſi long eſpace
Qu’il face ſuiure vn de ceux là.
Ou n’ayant qu’vn ſeul Cerf trouué
Dedans ſa repoſee, à l’heure
Il le chaſſe : & d’où ſ’eſt leué
Ceſt autre, le noſtre demeure :
Ou tout au bout d’vn long ſuyant
Bondiſt au fort, ou bien il vſe
Encores de mainte autre ruſe
Sur luy fuyant & refuyant.
Si pas vn de tes chiens n’a ſceu
Defaire la malice ſienne,
Et que relancer ne l’ait peu,
Il faut que le limier on prenne,
Et qu’on commence à requeſter
Depuis la briſee derniere,
Où l’on a veu les chiens derriere
Leur proye branſler & douter :
Suiure les voyes, aduiſer
Fort bien ſil demeure, ou ſil paſſe
Songer comme il a peu ruſer,
Tant que ſes ruſes on defface :

Et qu’en parlant alors ainſi
Qu’au laiſſer-courre on le relance.
Or ſus donques chacun ſauance
Pour y eſtre, & toy (Sire) auſſi.
De la trompe les meſmes mots
Que i’ay dits parauant, ſe ſonnent :
De meſmes cris, meſmes propos
Tous les lieux d’alentour reſonnent :
On le recourt, rebaudiſſant
Les chiens, grande eſt la randonnee :
Mais la beſte en ſin maumenee
Perd ſon haleine en ſe laſſant.
Ce pauuret preſſé de ſi pres
Par la meute qui le mau-meine,
Veut gaigner quelque eau tout expres,
Pour fraiſcheur reprendre & haleine :
Mais las ! chetiſ il apprendra
Tout au rebours que la viſteſſe
Dedans l’eau nuiſible ſe laiſſe,
Et toſt les abois il rendra.
Quelques Cerfs ſe font par les eaux
Porter, de peur que les chiens viennent
Les aſſentir : dans les roſeaux
Quelques autres cachez ſe tiennent :
Vn autre porter ſe fera
Sur le dos de quelque autre beſte,
Mais de ceſtuy la mort eſt preſte,
Peu apres que ſorti fera.
Aux trouſſes ia les chiens ardans
Le tiennent, il eſt ia par terre,
Ils le tiraſſent de leurs dents,
Iouïſſans du ſruit de leur guerre :
Les larmes luy tombent des yeux :
Et bien que pitié preſqu’il face,
Si faut-il que de telle chaſſe
Sa mort ſoit le pris glorieux.
La mort du Cerf ſe ſonne, alors
Les monts, les vaux, & les bois, rendent

Les bruyans & hautains accors,
Que les trompes dans l’air eſpandent.
On coupe & leue vn des pieds droits,
On abat l’orgueil de ſa teſte,
Qui font (Sire) de ta conqueſte
Les enſeignes & premiers droits.
On ſe met (peut-eſtre) à parler
Voyant ceſte teſte ramee
De frayer, brunir, & perler,
De bien ſommee, & bien paumée,
De bien roüee, & ſi elle a
Marrein, andouilliers, & goutieres
D’vn fort vieux Cerf, & cent manieres
De diſpute outre celles là :
Si lon auoit premierement
Bien iugé qu’il fut Cerf courable,
S’il eſt Cerf dix cors ieunement,
Ou fort vieux Cerf & fort chaſſable :
Si le pied monſtroit bien que c’eſt,
Et tous ſignes qu’on a peu prendre,
En ton retour tu peux entendre,
Tout tel deuis qui aux grands plaiſt.
Là ſouuent du particulier
On tombe à parler de la chaſſe
En commun, comme du Sanglier,
Soit que lors du Vautray lon face,
Ou d’autres façons le diſcours :
Quand par grands leuriers que lon iaque,
Au ſortir du fort il ſ’attaque
Du coſté qu’on a fait l’accours.
Ces animaux grondans, fumans
A gueule ouuerte, armez d’horribles
Deffenſes, bauans, écumans,
Et plus dangereux que terribles,
Se peuuent à cheual tuer
De l’eſpee : mais ie m’aſſeure
Que l’eſpieu eſt l’arme plus ſeure,
Soit pour atteindre ou pour ruer.

On parle des loups que lon prend
A la huee, ou d’autre forte,
Du carnage par qui lon rend
La gloute beſte priſe & morte :
On parle des cheureuls, des daims,
Et d’autres, ſoit pour courre, ou tendre,
Ou pour épiant les ſurprendre
D’vn plomb, ou bien d’vn trait attaints :
Ainſi que l’Ours qui ne court ſus
Aux gens, tant que mal on luy face,
Ains attend le coup de deſſus
Vn haut arbre. Or quand on le chaſſe
De ſes cauernes les grands trous
On bouſche, & bien qu’il grimpe, & ruë
Des pierres, qu’il ſerre, & qu’il tuë,
Cede en fin aux chiens & aux coups.
Puis du caut Renard buiſſonnier,
Qui touſiours entre les chiens vſe
De tours ruſez, mais du leurier
La dent finit en fin ſa ruſe :
Ou de petits chiens lon ſe plaiſt,
Comm’au Blereau luy faire guerre,
On eſcoute, on houë la terre
Droit ſur l’accul quand il y eſt.
Parler auſſi du Lieure on peut
Qu’à force on prend, ou d’vne forte
Rare, quand le Leopard veut
En quatre ou en cinq ſauts l’emporte :
Meſme on peut diſcourir combien
A leuretter on ſe peut plaire,
Quand en plaine raſe on voit faire
Au lieure & aux leuriers fort bien.
Pour le queſter on va marchant
Par rang dedans telle campagne,
Le Pelaud part : on va lachant
Les leuriers, tes cheuaux d’Eſpagne,
Et les viſtes courtaus apres.
Font poudroyer leur longue trace :

Il ſe court, ſ’atteint, ſe bourraſſe,
Tant il a ſon ennemi pres.
Point ne luy fait perdre le cœur
L’atteinte d’atteinte ſuiuie,
Ses pieds font oelez par la peur,
Qui ſeuls peuuent ſauuer ſa vie :
Il eſt mis en fin au noüet,
Dont quelquefois meſme il eſchappe
Par bonds quelquefois il ſe happe,
Et criant roidit le iarret.
Des animaux plus eſtrangers
On peut en bref toucher la chaſſe,
Comme des bien ramez Rangers,
Ou des Lyons qu’au feu lon chaſſe,
Des Tygres qu’on trompe au miroir,
Des Elephans qu’auſſi lon trompe,
Et dont ne peut la forte trompe
Contre l’eſprit humain valoir.
Tels propos ſ’enflent eſtans pleins
De mots propres à ce langage,
Dont les Grecs, & dont les Romains
N’eurent iamais ſi riche vſage :
Là ſonnent ces mots de limier,
Chien-courant, dogue, chien-d’attaque,
Epagneu, chien d’Artois, & braque,
Barbet, turquet, allant, leurier.
Là des chiens oublier ne faut
La race, couleur, & maniere,
Les noms, comme Miraut, Briffaut,
Tirebois, Cleraude, & Legere :
Et en leuriers, Iaſon, Volant,
Cherami, Cigoigne, Cibelle :
Et cent noms dont on les appelle,
De toutes les ſortes parlant.
D’etabler, de rere, d’aller,
De bontems, de fraye, gaignage,
Du contre-pié, duſuraller,
D’os, de pinces, du viandage :

Bref, de tout autre iugement
Qu’il faut que l’on face à toute heure,
D’entree, ſortie, demeure,
Suitte, dreſſement, lancement :
Des diuers langages qu’on doit
Dire aux chiens, diuers mots de trompe,
Et diuerſes voix que lon oit,
Du change, auquel il faut qu’on rompe
Les chiens, ou de leur long defaut,
De bien remeuter, de viſteſſe,
De creance, voire ſageſſe,
Qui ſur tous aux chiens blancs ne faut :
Du cours de Chaſſe, & des abois,
Des teſtes, meulles, cheuilleure,
De perches, couronnes, epois,
Andouilliers, trocheure, & paumeure,
Puis des traces, & du ſouillard,
Des marches, laiſſees, fumees,
Et tant d’autres accouſtumees
Façons de parler en tel art.
On oit de toiles, de haler,
De bloquer, crochetter, d’enceindre
De harts, & de perches, parler,
D’épieux, que diuers ſang peut taindre
Sans en vſer : parler de pans,
De maiſtres, de nappe, de mailles,
Du fauue, du noir, de bichailles,
De layes, marcaſſins, & fans :
De broquars qui les dagues ont,
Puis des beſtes de compagnie,
Ou qui au tiers ou quart an ſont,
Et tous les mots de Venerie :
Ou d’autres chaſſes, ſoit pour voir,
Pour queſter, pour pourſuiure, ou prendre
Et que nul vers ne peut comprendre,
Sont pris là pour vn grand ſçauoir.
Là quelqu’vn (peut-eſtre) ialoux
De ces longs diſcours, & encore

Piqué du plaiſir que ſur tous
Il aime, il exerce & honore,
Subtilement deſtournera
Le propos hors de Venerie,
Et haut & dru de Volerie,
Mais en bref pourtant parlera.
L’occaſion ſe peut choiſir
Sur cela que lon t’a fait prendre
Ce matin aux oiſeaux plaiſir,
Auant que par courſe entreprendre
De forcer ce Cerf, & premier
D’Auſtrucher ſera la parole,
Soit qu’en ſaiſon propre ſe vole
Le perdreau par vn Eſpreuier :
Soit que d’autres oiſeaux de poing
On vole auſſi pour champs, à l’heure
Que ces perdreaux font ia plus loing
Leurs vols, d’aile auſſi roide, & ſeure
Que pere & mere, ou quand ils ſont
Ia perdrix, qui vieilles deuiennent :
Pour tel vol ſur le poing ſe tiennent
Les Autours, qui guerre leur font.
Ou bien leurs Tiercelets qu’on croit
Faire mieux, & que plus on aime,
Meſme ſouuent dreſſer on voit
L’oiſeau de leurre à ce vol meſme :
Vn Lanier dans l’air ſe ſouſtient
Sans fin, & roüant ne ſ’écarte
Iuſqu’à tant que ſon gibbier parte,
Meſme vn faucon long temps ſ’y tient.
Qui plus eſt, vn. Sacre, vn Gerfaut,
Se dreſſe à ceſte meſme proye,
Qu’auparauant ietter ne faut
Que partir leur proye on ne voye :
Tous ces oiſeaux ne bloquent pas
Lors que les perdrix ils remettent :
Mais tous, quand ils ſont bons, les mettent
Au pied, fondans ſoudain en bas.

Soit oiſeau de leurre, ou de poing,
De petits chiens pour la remiſe,
Sages & bons, lon a beſoing,
Que peu ardens, & à la priſe
Iamais aſpres, lon doit choiſir :
Leur deuoir, auec l’aile bonne
De l’oiſeau, aux cuiſines donne
Du gibbier, & aux yeux plaiſir.
Ie te diroy bien comm’apres.
Il ſuiura le volpour riuiere,
Et quand de mares on eſt pres,
Ou ruiſſeaux, en quelle maniere
Les oiſeaux alors decouuerts
Se iettent à mont, là où vaine
Eſt l’attente, ſon ne prend peine
Que leurs gibbiers ſoyent bien couuerts :
De quels cris on vſe, & quels mots,
De quel egard & patience,
Pour faire tourner à propos
D’vn oiſeau la teſte, où lon penſe
Qu’il ait mieux ſur ſa proye l’œil,
De crainte que lon ne foruuide,
Comme on croiſe, comme lon vuide,
Contentant & l’œil & le vueil.
Les Ridanes ſont le gibbier,
Les Varriens, & les Sarcelles,
Sur tout le Canard, qu’vn Lanier,
Ny qu’vn faucon à tire-d’oele
Ne peut r’auoir, ſi quand il part
Il ne l’arreſte, & lors en terre
Fondant roide comme vne pierre,
Aſſomme ſous ſoy le Canard.
Ie te ſeroy encor’iouir
Du plaiſir que telle perſonne
Pourra donner ; faiſant ouïr
Le plaiſir qu’aux grands ſeigneurs donne
La haute Volerie, au lieu
Ou ore pour Milan, & ore

On vole pour Héron encore,
Pour Chat-huan & Fauperdrieu.
Si toſt que le Milan ſe voit
Vn haut cri la veuë accompagne,
Le Duc que porté lon auoit
Eſt ietté deſſus la campagne,
Pour faire le Milan baiſſer,

Au ciel comme luy ſe trouſſer.
Quelques autres Sacres à mont
Sont iettez, & mainte venuë,
Preſque iuſques dans le ciel vont
Donner à leur proye cogneuë,

Quand ceſte meſlee au ciel faite
Se perd quaſi de l’œil, qu’on iette
Apres tous autres le Gerfaut.
L’vn braue & fort, depuis le bas
Iuſqu’au plus haut de pareille aile,
Ne de façon ne monte pas
Que les Sacres : mais en eſchelle
Roide & ſoudain ſe vient hauſſer
Droit au Milan, que par la force
D’vne ſeule venuë, il force
Du haut de trois clochers baiſſer :
Puis hauſſer, & faire on luy voit
Des fuites, mais en toute place
Nouuelle venuë il reçoit,
Tant qu’en fin la cheute ſe face
Souuent bien fort loing : Mais auant
Que commencer, dés que la proye
S’eſt veuë, touſiours on enuoye
Quatre ou cinq piqueurs ſous le vent.
Du Milan la cuiſſe ſe rompt
Auſſi toſt que la cheute eſt faite,
Puis ſoudain la curee ils font,

Et chacun y pique, & ſouhaite
D’arriuer premier, pour auoir
De ce Milan la queuë, pource
Que c’eſt le prix de telle courſe,
Qu’en ſon leurre on fait apres voir.
Or combien le vol pour Milan
A celuy pour Heron reſſemble,
Pour Fauperdrieu, ou Chat-huan :
Et combien tout differe enſemble,
Par ce meſme homme ſe diroit,
Et I’en reciteroy la ſorte :
Meſme puis qu’au faire elle apporte
Plaiſir, le récit en plairoit.
Ie diroy qu’vn Heron ſouuent
Dans l’air, ſouuent ſe trouue en terre,
D’où l’on le fait partir, auant
Que dans l’air on luy face guerre :
Et qu’on peut de Faucons ſ’aider
Pour vne telle volerie,
Ou de Sacres comme lon crie
Pour de ſon bec faire garder.
Ie diroy qu’en ce vol il faut
Des leuriers, pour le Heron prendre,
Et qu’à l’heure qu’il chet d’enhaut,
Les oiſeaux que lon a peu rendre
Si ſages, crainte aucune n’ont
Des Chiens : & ces chiens qui ſe dreſſent
Ainſi ſi bien, iamais ne bleſſent
Ces oiſeaux qui communs leur font.
Ie diroy cela qu’eſtans pris
Par leur bec, quelques Herons rendent,
Puis la curee, & puis le pris
Que les mieux faiſans en attendent :
Les bouts des ailes de l’oiſeau
Pour ſon leurre quelqu’vn remporte,
Et au Seigneur la houpe on porte
Pour en decorer ſon chappeau.
Le Fauperdrieu, & l’autre auſſi,

Dont l’vn comme vn Milan ſ’arreſte
Bien peu en terre : l’autre ainſi
Qu’vn Lieure par les champs ſe queſte,
Dans la terre où il ſe blottit,
Et leurs vols ne different guere
De l’vne & de l’autre maniere,
Dont en bref par mes vers i’ay dit.
Ie pourroy toucher nonobſtant
Les differences qui ſe treuuent :
Puis d’ordre i’iroy recitant
Tous les autres vols, qui ſe peuuent
Par vn tel homme raconter,
Comme du Geay, de la Corneille,
De la Pie, qui fait merueille
De craqueter & caqueter :
Mais bien de l’Alloüette, eſtant
Meſme au nombre du haut vol miſe,
Qui ſe perd de tout œil, montant
Droit dans les cieux, où elle eſt priſe
Par le gentil Emerillon :
Bref, de tout vol depuis la Gruë,
Qui quelquefois voler ſ’eſt veuë
Iuſqu’à ce petit oiſillon.
I’exprimeroy meſme les mots,
Dont comm’vn autre en Venerie,
Celuy farcira ſon propos
Parlant de la fauconnerie.
Comme de *
Paſſager, oiſeau d’vne nuë,
Ou de pluſieurs choſes cogneuë
Tant ſeulement à ceux de l’art.
Comme curer, paiſtre, tenir,
Auoir bonne gorge, & enduire,
Emeutir, poiurer, deuenir
Pantois, & d’autres qu’on peut dire
Du traitement de tels oiſeaux :
Comme il ſe iardine, il ſ’eſſore,
Pannage, main, & ferre, encore

Les longues pannes & cerceaux.
Perche, gand d’oiſeau, chaperons,
Longes, iets, veruelles, ſonnettes,
Et tant d’autres ſi propres noms
Des choſes ou d’actions faites :
Et or’pour dire en general,
Ie comprendroy toutes les choſes
Qui ſont en tout tel ſçauoir cloſes,
Des Nobles ſçauoir principal.
Mais ie me ſen ia trop laſſé
De ma longue courſe, égaree
Hors du propos : l’ay trop laiſſé
Mon Cerf ſans en faire curee :
La longueur du propos deduit,
Le chemin de ton retour paſſe,
Puis, peut-eſtre, quelque autre chaſſe
T’amuſera iuſqu’à la nuict :
Qui gardera qu’en ton retour
Ta Maieſté tel diſcours oye :
Il faut que ce reſte de iour
A mon premier deſſein ſ’employe :
Ie reuien, ce me ſemble, au lieu
Où ce CerF couché Lon deſpouille,
Sur ſa chaſſe, mort, & deſpoüille,
Faiſant maint & maint iuſte vœu.
Je luy voy couper les
Puis ſon cuir oſter ils luy viennent,
Les *
Auecques *



On fend ſon cœur pour vne croix,
Ainſi comme lon dit, y prendre,
On cherche en luy tes menus droits
Qu’en ton crochet (Sire) on vient pendre,
Entre leſquels les filets ſont,

Et le francboyau qu’on aſſemble
A pluſieurs deſia mis enſemble :
D’autres droits les veneurs y ont.
Tout le ſang dont ce corps eſt plein
Se raſſemble hors de la beſte.
On met par morceaux tout le pain,
Cependant qu’il faut que la teſte
On ſepare, & qu’on leue auant
La hampe, & puis que lon partiſſe
Le reſte, l’vne & l’autre cuiſſe
Et les deux eſpaules leuant.
Les coſtes, le petit ſimier,
Que le cinq & quatre on appelle,
La piece du ſimier dernier
Qui la venaiſon monſtre en elle :
Le pain trempé au ſang ſ’eſtend
Sur le cuir, la curee on ſonne,
Qui auant qu’aux chiens on la donne,
Tant qu’ils y ſoyent tous, ſe deffend.
Tout cela qui nous rend ardans
A le ſuiure, & qui pour la gloire
Nous poind, & nous ard au dedans,
Nous, trauaillant pour la victoire,
Donne aux vainqueurs vne ſierté,
Tant ſoit de petit pris la priſe,
Vn triomphe, vne ioye épriſe,
Qui ſ’entremeſle d’aſpreté :
De cela tous ces chiens ſe font
Vn exemple aſſez conuenable,
Qui plus aſpres & plus ſiers ſont :
Et de mainte façon merquable
Semblent recognoiſtre leur fait,
Triomphans du pris de leur peine :
Ceſte meſme victoire ameine
Les Veneurs à pareil effect :
Qui plus reſiouis, plus gaillards,
Et brauans de leur peine priſe,
Sont plus ardans d’auoir leur parts,

Que ſi grand’choſe eſtoit conquiſe :
Chacun n’oublie à ſe vanter
De cela qu’il a ſceu mieux faire,
Tâchant pour ſon plus grand ſallaire
La gloire chez ſoy remporter.
Or ie voy qu’en ce temps diuers
Ta principale Chaſſe (Sire)
Doit eſtre des Diſcords peruers,
Renuerſeurs de tout grand Empire,
Pour en les pourchaſſant chaſſer
La ruine qui nous menace,
Comme ia telle heureuſe chaſſe
Dieu t’a fait ſi bien commencer.
Ie ſçay meſme qu’en émouuant
Tant ſoit peu quelque eau croupiſſante,
Sort grand’puanteur  : & qu’vn vent
D’vn peu de braiſe languiſſante
Excite ſouuent grand’s ardeurs,
Et pour tels dangers ie ne cuide
Qu’encor’noſtre France ſoit vuide
De ſouffleurs & de remueurs.
Ie ſuis ſeur que les grands ſont pleins
Souuent de grande haine & pique,
Ne ſuiuant pas de ces Romains
La doctrine & la gloire antique,
Qui moins de triomphe auoient mis
A vaincre les forts aduerſaires,
Qu’à vaincre les propres choleres,
Nos plus familiers ennemis.
I’ay grand’peur qu’vne Ambition
Soit d’Ambition reſuiuie :
Ie ſçay qu’en noſtre nation
Naturelle & propre eſt l’enuie,
Et que tout cela qui en vn
Nous doit eſtreindre d’auantage,
CHRIST, le Païs, le parentage,
Et d’vn Roy le lien commun :
C’eſt cela qui ſeul au rebours

Nourriſt en nous la haine & noiſe,
Par ce monſtre Enuie, touſiours
Maniant noſtre humeur Françoiſe,
Nous piquant plus contre la loy
De tous ces liens qu’on ſepare,
Que contre le Iuiſ, le Barbare,
L’Incogneu, l’ennemi du Roy.
Ce vice à nous particulier,
Comme aux autres païs vn vice
Eſt touſiours propre &f amilier,
Nous fait (voulant faire ſeruice
Au Roy) luy nuire : car ialoux
Et piquez à qui eſtre, & faire
Pourra le plus, par vn contraire
Diſcord, nous perdans luy & nous.
Outre encor, ie voy (car ie veux
Preſque toutes les cauſes rendre,
Qui me font conceuoir ces vœus
Sur ce Cerf que tu viens de prendre)
Que mainte perſuaſion
Qu’en tout on croit & ſaincte & bonne,
Soit par zele ou ruſe, ſe donne
Pour l’vne & l’autre faction.
Qui (peut-eſtre) trouuant deſia
En nous la rencontre opportune,
Qui eſt l’ambition qu’on a,
Compagne de ceſte rancune :
Nous eguiſant, nous defermant
L’eſprit & l’œil, au ſouſtien d’elle
Et toutes choſes, fors icelle,
Va nos ſens & nos yeux charmant.
C’eſt ce qui fait que nous trouuons
Du tout bon ce qui eſt des noſtres,
Que nous hayons & dédaignons,
Fut-il bon, ce qui eſt des autres :
Puis les vns ſe voulant hauſſer,
Peut-eſtre, ſur les proches Princes,
Et tant du Roy que des prouinces

Toutes les charges embraſſer :
Les autres ſe voulant ſentir
Du meſpris qu’on fait à leur race
Pour les premiers aneantir
Affrontent l’audace à l’audace :
Et CHRIST (qui n’en peut mais) eſt pris
Pour bon droit, ou pour couleur belle :
Nos brouilleurs ſont de la querelle,
Par icelle épians leur pris.
Meſme ainſi que maint enflammeur,
Aſpre & plein de pedanterie,
Retenant de ſa vieille humeur
D’eſchole ou bien de moynerie :
Ou d’autre coſté maint criart,
Qui dedans ſa chaire extermine
Et bruſle vn chacun, & mutine
Le peuple, par zele ou par art :
Ou taſche à faire des diſcords
Des grands, leur proffit, & leur gloire,
Et du ſang des grands hommes morts,
Couronner en fin leur victoire.
Pluſieurs ſeigneurs (peut-eſtre) auſſi
Ont taſché par telle diſpute,
De frapper le blanc de la butte,
Où ils tiroyent deuant ceci.
Les aucuns pour hauſſer leur rang,
Les autres pour chercher vengeance :
Les vns pour ſ’aſſouuir de ſang,
Dont meſme l’enorme abondance
Aſſez encor ne les repaiſt :
Ceux-ci ont la mutinerie
De nature, & la pillerie
Plus que Dieu meſme à ceux-là plaiſt.
Quant à maint autre, ou à credit,
Ou par quelque pique legere,
Ou par des grands n’eſtre point dit
Auoir vne ame caſaniere :
Ou par vn deuoir, dont il ſent

Sa vie à vn ſeigneur eſtreinte :
Ou par la force, ou la contrainte
Des crimes qu’il void ou entend :
Ou pour la deffence du bien
Que ſa maiſon tient en l’Egliſe :
L’Auarice trouue moyen
De ſe couurir ſous la feintiſe :
Ou par vn éguillonnement
De femmes, d’amis, de lignage,
Ou bien pour quelque autre auantage,
Ruſe, égard, ou tranſportement,
A ſans rien poiſer eſpouſé
Soudain l’vne ou l’autre querelle :
Et quant à ceux qui ont vſé
En cela d’vn bon & vray zele,
Le nombre eſt grand, mais ie ne ſçay
Si des autres le nombre ils paſſent :
Et quoy qu’ils prétendent ou facent.
En eſtime ie ne les ay.
Car quant aux vns ils ſçauent bien
Que CHRIST eſt vn Roy paciſique,
Dieu de paix, & ſeul entretien
D’vnité dans ſon corps myſtique :
Que CHRIST veut puis qu’il n’eſt permis
(Diſent-ils) gloſer l’Eſcriture,
Que nous aimions ceux qui iniure
Nous font, & nous font ennemis :
Qu’à celuy qui va ſouffletant
L’vne des iouës, l’autre on baille :
Que quand on nous va tourmentant
D’vne ville en l’autre on ſ’en aille :
Que les ſaincts anciens n’ont pas
Deffendu leur cauſe par armes,
Mais leur ieuſne, priere & larmes,
Et leur mort eſtoyent leurs combats.
Que ceux-ci meſmes
Nagueres ceux, qui d’vn courage
Trop charnel en auant mettoyent,

Qu’il falloit repouſſer l’outrage,
Diſans, que bien qu’en l’ancien
Teſtament guerre & reſiſtence
Fut permiſe, telle licence
N’eſt point du Teſtament Chreſtien :
Mais que Christ par afflictions,
Par tourmens, croix, & vitupere,
Veut qu’en l’enſuiuant nous entrion
Au royaume de Dieu ſon pere :
Du ſang des ſaincts l’effuſion,
Et ſemence continuelle
De l’Egliſe, & la merque d’elle,
N’eſt que ſa perſecution.
Tant que par leur dire voulans
Faire ceſſer par force & armes,
Les maux, les aſſauts violens,
Perſecutions, & alarmes
En leur Egliſe, ils font ceſſer
La merque qui la fait cognoiſtre :
Et ce nom en eux ne peut eſtre
Qu’à eux ſeuls ils vouloyent laiſſer.