Odes (Horace, Leconte de Lisle)/I/4

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1er siècle av. J.-C.
Traduction Leconte de Lisle, 1873
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Ode IV. — À L. SESTIUS.


L’âpre hiver est dissous par l’heureux retour du printemps et du Favonius, et les machines traînent les carènes mises à sec, et déjà le troupeau ne se réjouit plus des étables, ni le laboureur du feu, et les prairies ne sont plus blanches de gelées.

Déjà Vénus Cythéréenne conduit les chœurs, sous la lune qui monte ; et les Grâces décentes, unies aux Nymphes, frappent la terre d’un pied alterné, tandis que l’ardent Vulcanus allume les sombres forges des Cyclopes.

Maintenant, il convient d’enlacer sa tête luisante de myrte vert ou des fleurs que porte la terre amollie ; maintenant, il convient de sacrifier à Faunus dans les bois sacrés et ombreux, soit qu’il demande une jeune brebis, soit qu’il préfère un chevreau.

La pâle Mort heurte d’un pied égal les tavernes des pauvres et les tours des rois. Ô heureux Sestius, le cours de la vie est bref et nous défend les longues espérances. Bientôt te comprimeront la Nuit, et les Mânes vains,

Et la misérable demeure Plutonienne. Là tu ne tireras plus au sort la royauté du vin, et tu n’admireras plus le gracieux Lycidas pour qui, maintenant, briilent tous les jeunes hommes, et, bientôt, s’échaufferont les vierges.