La Maison de la Courtisane (recueil)/Pétales de lotus

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PÉTALES DE LOTUS

nemessômchi ge meu oudeu chlaiein o ; che thanêsi brotôu chai potmou epispê touto un chai geraz oion oizuroisi brotoisi cheirasthai te chomên baleein t’apo dchchru pareiôn.

Il n’est point de paix sous le soleil de midi. — Ah ! Y a-t il de la paix dans ces prairies, ou ceinte d’une toison argentée, comme une belle bergère, s’égare la lune ?

Reine des jardins du ciel, où les étoiles, pareilles à des lis, blanches et belles, brillent à travers les brouillards de l’air glacé. Oh ! reste encore, car l’aube approche.

Oh ! reste encore, car le jour envieux tend de longues mains pour saisir tes pieds ! Mais hélas ! tu as le pas trop rapide. Hélas ! je sais que tu ne t’arrêteras pas.

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Le soleil monta d’un bond pour accomplir sa course, la brise souffla doucement sur pâturages et prairies ; mais il me sembla voir à l’ouest l’apparence d’une face humaine.

Une linotte, sur la mousse de l’épine-vinette, chantait les gloires du printemps, et faisait retentir les bosquets en fleurs de la gaîté du jour nouveau-né.

Une alouette partit effarée de la terre que je foulais, et disparut aux regards dans le grand voile bleu, sans couture, qui est suspendu devant la face de Dieu.

Au-dessus de ma tête, le saule disait tout bas que la mort n’est qu’une vie plus nouvelle, et que par de vaines paroles de discorde nous apportons le déshonneur aux morts.

J’arrachai une branche à l’arbre, et des fleurs de l’épine-vinette toutes trempées de rosée, et je les liai avec un rameau d’osier et en fis une guirlande belle à voir.

Je portai les fleurs là où Il repose (feuilles et fleurs toutes chaudes sur la pierre). Quelle joie ce fut pour moi, de m’asseoir seul jusqu’à ce que le soir vint sur mes yeux fatigués.

Jusqu’à ce que les nuages mobiles eussent tissé une robe d’or que Dieu portera, et que dans les flots de l’air empourpré, disparût la brillante galère du soleil.

Aurai-je de la joie pour la journée, et laisserai-je mon coeur s’émouvoir, jusqu’en ses profondeurs, du murmure de l’arbre ou du chant de l’oiseau, ou de la mélancolie des jeux du vent indocile ?

Non, non ! les vains rêves de cette sorte sont le lot d’âmes moins profondes que la mienne. Je sens que je suis à moitié divin, je sais que je suis grand et fort.

Je sais que c’est par l’effort que tout arbre de la forêt surgit de la racine, je sais que nul ne récoltera du fruit, en faisant voile sur la mer inféconde.