Page:Œuvres philosophiques de Leibniz, Alcan, 1900, tome 2.djvu/135

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un ingrédient de la substance même, c’est-à-dire la force qui n’est point primitive, mais dérivative, est une qualité qui est distincte et séparable de la substance. J’ai montré aussi comment on peut concevoir que l’âme est une force primitive qui est modifiée et variée par les forces dérivatives ou qualités, et exercée dans les actions.

88 Or les philosophes se sont fort tourmentés au sujet de l’origine des formes substantielles. Car de dire que le composé de forme et de matière est produit, et que la forme n’est que comproduite, ce n’était rien dire. L’opinion commune a été que les formes étaient tirées de la puissance de la matière, ce qu’on appelle éduction : ce n’était encore rien dire en effet, mais on l’éclaircissait en quelque façon par la comparaison des figures ; car celle d’une statue n’est produite qu’en ôtant le marbre superflu. Cette comparaison pourrait avoir lieu si la forme consistait dans une simple limitation, comme la figure. Quelques-uns ont cru que les formes étaient envoyées du ciel, et même créées exprès, lorsque les corps sont produits. Jules Scaliger a insinué qu’il se pouvait que les formes fussent plutôt tirées de la puissance active de la cause efficiente (c’est-à-dire, ou de celle de Dieu en cas de création, ou de celle des autres formes en cas de génération) que de la puissance passive de la matière, et c’était revenir à la traduction, lorsqu’une génération se fait. Daniel Sennert, médecin et physicien célèbre à Wittemberg, a cultivé ce sentiment, surtout par rapport aux corps animés qui sont multipliés par les semences. Un certain Jules-César della Galla, Italien, demeurant aux Pays-Bas, et un médecin de Groningue, nommé Jean Freitag[1], ont écrit contre lui d’une manière fort violente ; et Jean Sperling[2], professeur à Wittemberg, a fait l’apologie de son maître, et a été enfin aux prises avec Jean Zeisold[3], professeur à Iéna, qui défendait la création de l’âme humaine.

89 Mais la traduction et l’éduction sont également inexplicables,

  1. Freitag (Jean), médecin, né à 'Niedenvesel, dans le grand-duché de-Clèves, en 1581, mort en 1641, a écrit un traité De Formarum origine. V. J.
  2. Sperling (Jean), né àLouclifeld, en Thuringe, en 1603, mort en 1658, recteur de l’Université de Wurtemberg, a écrit De Origine formarum De Morbis totius sub.stantùe pro D. Semuirto eunlra Joau. Freitagium Defensionciii tr. 1)<: Origine formant !» pro D. Seiinerto contra J. Freitagium De Calido innato pro D. Seimerlo contra J. Freilagium. P. J.
  3. Zeisold, né près d’Altenbuurg en 1599, fut professeur de physique à léna, mourut en 1667, a écrit Dissert, de animœ humance propagalione AiUhropologiain physieam Responsionem ad Zo, Sperlingii programma 1650 editum De Cratione anim<e rationalis, etc. P. J.