Page:Aristote - La Politique.djvu/212

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une plus grande échelle ; mais cette progression, je le répète, a des bornes. Les faits eux-mêmes nous apprendront sans peine ce qu’elles doivent être. Dans la cité, les actes politiques sont de deux espèces : autorité, obéissance. Le magistrat commande et juge. Pour juger les affaires litigieuses, pour répartir les fonctions suivant le mérite, il faut que les citoyens se connaissent et • s’apprécient mutuellement. Partout où ces conditions n’existent pas, élections et sentences juridiques sont nécessairement mauvaises. À ces deux égards, toute résolution prise à la légère est funeste, et elle ne peut évidemment manquer de l’être dans une masse innombrable.

§ 8. D’autre part, il sera très facile aux domiciliés, aux étrangers, d’usurper le droit de cité, et leur fraude passera sans peine inaperçue au milieu de la multitude assemblée. On peut donc avancer que la juste proportion pour le corps politique, c’est évidemment la plus grande quantité possible de citoyens capables de satisfaire aux besoins de leur existence, mais point assez nombreux cependant pour se soustraire à une facile surveillance.

§ 9. Tels sont nos principes sur la grandeur de l’État.